24 septembre 2021

The Passage (Le Passage)

Série The Passage (Le Passage), tome 1

Dans cet excellent roman à la frontière de la SF (à cause du côté post-apocalyptique) et du Fantastique (des monstres, des humains avec des pouvoirs surnaturels), Justin Cronin réussit à combiner de multiples influences pour obtenir un résultat d'une grande originalité, ce qui n'est quand même pas évident.  Ainsi, on trouve dans la recette une bonne louche de Stephen King (surtout Le Fléau, mais aussi La Ligne verte avec le personnage de Carter, le condamné à mort), une cuillerée de la bande dessinée Walking Dead, un soupçon de I am Legend (le roman de Richard Matheson ou une de ses adaptations cinématographiques) et probablement d'autres ingrédients que je n'ai pas détectés.

Ces éléments parfaitement dosés nous donnent un roman extrêmement prenant (mais avec quelques scènes très violentes, j'aime mieux prévenir les âmes sensibles).  Les personnages, en particulier, sont bien développés et attachants ou détestables à souhait sans être caricaturaux.  Il y a peut-être une petite longueur au milieu du livre, mais en général le rythme est parfait, avec des périodes calmes, où la tension s'installe peu à peu, aboutissant à des scènes où l'action ne nous laisse aucun répit.  L'intrigue est assez exigeante, prouvant que l'auteur ne prend pas ses lecteurs pour des imbéciles.  

Vraiment, une très belle découverte, un titre qui pourrait bien se retrouver dans mon Top 3 annuel!  De plus, l'histoire reste en suspens à la fin, il va falloir que je me procure le tome 2 très bientôt!  


The Passage de Justin Cronin, 2010, 879 p.  Titre de la traduction française: Le Passage.

17 septembre 2021

Ulysse ou chronique d'un échec annoncé...

«Ah ben voilà qui est décevant...»
Eh oui!  Certains qui me connaissent dans la «vraie vie» ou sur le forum Livradddict en ont entendu parler...  C'est officiel!  J'abandonne Ulysse

Entre le vieil argot de la traduction (d'Auguste Morel; peut-être aurais-je dû choisir la traduction plus récente?), les changements de narrateur sans avertissement et les multiples personnages qui arrivent comme des cheveux sur la soupe et repartent sans même nous avoir été présentés pour revenir cent pages plus loin, je n'y comprends rien!  S'il y a un fil rouge dans les pérégrinations de ces Dublinois, je ne l'ai pas détecté; tout cela me semble complètement sans queue ni tête. 

Il y a bien quelques passages que j'ai trouvés beaux ou amusants.  Mais j'ai toujours un doute: n'est-ce pas surtout dû au soulagement d'y comprendre enfin, brièvement, quelque chose?

Non seulement l'idée de reprendre ce roman était de plus en plus pesante, mais surtout, je me suis aperçue que je n'osais pas entreprendre d'autres lectures un peu costaudes, pour ne pas en avoir deux en même temps, comme ce fut le cas durant ma lecture d'Ovide ce printemps.  Si bien que je n'ai pas encore emprunté les fameux feuillets retrouvés de Proust, alors que je guettais leur parution au Québec avec impatience!  C'est cette constatation qui est venu clouer le cercueil de ce pauvre Joyce.

Premier échec à l'un de mes défis annuels!  Bouhou! 


Ulysse de James Joyce, traduit de l'anglais, 1929, 1135 pages.  Titre de la version originale: Ulysses, 1922.

07 septembre 2021

Le Mystère Sherlock

Voici un petit polar amusant malgré ses quelques défauts.

Il s'agit en fait d'un pastiche des romans policiers classiques de style «huis-clos», avec de nombreuses références à Sherlock Holmes, vous l'aurez deviné, mais aussi à Agatha Christie (et petit avertissement en passant, J.M. Erre se permet de divulgâcher sans vergogne l'intrigue de Dix Petits Négres/Ils étaient Dix!  C'est à la page 204 et de nouveau brièvement à la page 231 de l'édition Pocket, si jamais vous voulez sauter ces passages.  Heureusement pour moi, j'ai déjà lu ce roman considéré comme un des meilleurs de Christie.  Il y a aussi des divulgâcheurs sur de nombreuses œuvres d'Arthur Conan Doyle que je n'ai pas encore lues, mais avec ma mémoire de poisson rouge je devrais les oublier rapidement.)

J'aime bien l'humour de J.M. Erre (déjà apprécié dans Prenez soin du chien) et j'ai ri plusieurs fois durant ma lecture, mais j'ai l'impression qu'avec un roman plus long, j'aurais facilement pu m'en lasser; heureusement que celui-ci ne fait que 260 pages.  J'ai également trouvé que les personnages étaient beaucoup trop caricaturaux, même si c'est attendu dans ce genre de parodies.  Les deux personnages féminins qui n'arrêtent pas de se crêper le chignon étaient parfaitement insupportables.  Je vous jure, on en prendrait une pour frapper l'autre!

Enfin, j'ai trouvé la conclusion satisfaisante dans l'ensemble, mais l'invraisemblance de certains détails m'a fait tiquer!

À lire, donc, pour l'humour, les multiples références et les réflexions sur la fiction en général et sur les polars en particulier, mais seulement si les petits défauts que j'ai soulignés ne sont pas du genre à trop vous incommoder.  Quand à moi, j'ai passé un agréable moment, mais je n'en garderai pas un souvenir impérissable. 


Le Mystère Sherlock de J.M. Erre, 2012, 260 p.

01 septembre 2021

Ce qu'il advint du sauvage blanc

Moi qui aime les romans du style «naufragé sur une île déserte», me voilà servie!  Ce livre inspiré d'une histoire vraie raconte l'abandon d'un matelot sur les côtes de l'Australie, encore très peu explorée au milieu du XIXe siècle, et son accueil au sein d'une tribu d'indigènes.  Le tout est entrecoupé des lettres d'un géographe français qui tente, dix-huit ans plus tard, d'aider ce matelot à retourner à la vie civilisée.  

Mais qu'est-ce qu'être civilisé?  On retrouve ici le même genre de questionnements que dans Lord of the Flies (Sa Majesté des mouches) de William Golding, avec en plus le thème du choc des cultures, de l'apprentissage d'une langue, de l'identité.

La mentalité des scientifiques de l'époque est fort bien représentée:  pour l'intérêt de la science, tout est justifié et on ne demande jamais l'avis des principaux intéressés (ou cobayes); de toute façon, on sait mieux qu'eux ce qui est bien pour eux.

Je craignais une idéalisation des «bons sauvages», mais quelques scènes violentes viennent rétablir l'équilibre.  Cela dit, si j'ai bien compris, François Garde ne s'est pas basé sur des recherches anthropologiques précises pour décrire les moeurs de la tribu.  Ce sont donc un peu des «sauvages imaginaires» et de ce point de vue, la mention «inspiré d'une histoire vraie» est à prendre avec un grain de sel. 

Malgré ce petit bémol, c'est une excellente lecture, à la fois divertissante et stimulante grâce aux réflexions qu'elle provoque. 


Ce qu'il advint du sauvage blanc de François Garde, 2012, 381 p.