29 mai 2023

Le Royaume immobile

Le Paris des Merveilles, tome 3

Quel délice de retrouver ce Paris enchanté imaginé par Pierre Pevel!  Et quel bonheur de retrouver ce beau couple que forment Griffont le mage et Isabel l'enchanteresse (surtout que cette dernière est beaucoup plus à l'avant-plan dans ce tome, jouant les héroïnes de film d'action!)

J'ai toutefois trouvé ce tome légèrement inférieur aux deux premiers.  Il y a beaucoup moins de petits clins d’œil à des personnages historiques, littéraires ou cinématographiques (Arsène Lupin, Méliès, Valentin des Brigades du Tigre, etc).  De plus, il me semble que quelques fils de l'intrigue restent en suspens (par exemple, les rencontres des clans de chats ailés, l'absence de Lord Dunsany au rendez-vous avec la Baronne).  

Par contre, il y a beaucoup d'action et on ne s'ennuie pas une seconde!  J'aurais pris quelques tomes de plus dans cette série (il y a bien quelques recueils de nouvelles, mais ils ne m'attirent pas, sachant que ce sont principalement des nouvelles écrites par d'autres auteurs...).


Le Royaume immobile (Le Paris des Merveilles, tome 3) de Pierre Pevel, 2015, 377 p.

27 mai 2023

Mes contes de Perrault

Ma première rencontre avec Tahar Ben Jelloun ne s'était pas bien déroulée.  J'ai tenté de lire La Nuit de l'erreur il y a quelques années et cela s'est soldé par un abandon, car ce n'était tout simplement pas le genre d'histoire que j'avais envie de lire à ce moment-là.  Toutefois, j'avais plutôt aimé sa plume et m'étais dit que je lui donnerais une deuxième chance un jour.  L'occasion s'est présentée lorsque ce recueil a été choisi pour le club de lecture du forum Livraddict (thème: réécriture de contes).

Comme l'auteur l'explique en avant-propos, il a voulu rendre un hommage aux contes de Perrault qu'il a lus à l'école en leur donnant une saveur arabe, genre «Mille et une nuits».

Je m'attendais à une transposition plus complète... Il y a bien quelques clins d’œil amusants (La petite à la burqa rouge!), mais dans la plupart des cas, seuls les noms des personnages ont une consonance arabe, pour le reste on ne sent pas tellement l'ambiance «Mille et une nuits». Il aurait fallu plus de descriptions d'éléments typiques (nourriture, architecture, habillement, etc).

Dans certains des contes, Ben Jelloun ajoute un message d'inclusion et d'égalité (par exemple, le Petit Poucet a les traits physiques d'un trisomique), mais dans d'autres, la misogynie traditionnelle n'est même pas dénoncée.  J'ai donc trouvé la démarche de l'auteur incohérente de ce point de vue là également.

Pour ne rien vous cacher, j'ai lu les deux derniers contes en diagonale, car il y avait sur ma liseuse un petit Steinbeck qui me faisait de l’œil...

Bref, c'est un deuxième rendez-vous raté, et ça risque d'en rester là! 


Mes contes de Perrault de Tahar Ben Jelloun, 2014, 291 p.

17 mai 2023

The Pearl (La Perle)

Quelle intensité dans ce très court roman!  Le genre où il faut se souvenir de respirer de temps en temps...  Surtout vers la fin, quel suspense! 

Un pêcheur de perles mexicain trouve une perle énorme et parfaite qui viendra bouleverser la vie de sa famille... Steinbeck dénonce la cupidité des hommes, l'hypocrisie des prêtres se rangeant du côté des puissants, l'exploitation de l'ignorance des petites gens.  Cela m'a beaucoup rappelé des pans de l'histoire du Québec, j'en rageais!

Et toujours, cette plume absolument magnifique!  La perle est transformée sous nos yeux en un objet maléfique qui m'a rappelé l'Anneau unique du Seigneur des anneaux (sachant que le roman de Tolkien est l'un de mes préférés à vie), c'est vous dire!


The Pearl de John Steinbeck, 1947, 96 p.  Titre de la traduction française: La Perle.

14 mai 2023

Quand viendra l'aube

Dans la même veine que Pour Mémoire, Dominique Fortier a rassemblé ici des petites vignettes, des images, des impressions de l'été passé au bord de la mer puis du début d'automne à Montréal, dans les mois qui ont suivi la mort de son père.

Il y a des passages magnifiques sur le deuil, l'écriture, et je ne me lasserai jamais de sa plume tout en délicatesse, mais il m'a tout de même manqué un fil rouge reliant tous ces fragments décousus.

Ce recueil est donc à lire comme on lit de la poésie, selon moi, sans nécessairement chercher à voir ce que représente le casse-tête une fois les morceaux assemblés.


Quand viendra l'aube de Dominique Fortier, 2022, 104 p.

12 mai 2023

Good Omens (De bons présages)

Un roman humoristique racontant l'alliance d'un ange et d'un démon tentant d'empêcher l'apocalypse, écrit par deux auteurs anglais que j'aime beaucoup?  Ça ne pouvait que me plaire, mais le danger de mettre la barre trop haute était bien réel...  Et c'est ce qui s'est produit, dans une certaines mesure...

En effet, si j'ai beaucoup apprécié l'humour et les nombreuses références, j'ai trouvé qu'il y avait quelques longueurs dans la première partie.  La grande quantité de personnages donne une intrigue un peu décousue, voire même confuse.  Il m'a semblé que certains auraient pu être éliminés ou combinés.  Quant aux notes comiques en bas de pages, un stratagème que j'apprécie en général, cela fonctionne mieux en version papier que sur la liseuse, où l'on doit constamment interrompre la lecture pour faire l'aller-retour (surtout que cette fonction n'est pas tout à fait au point sur ma Kobo). 

Cela dit, j'ai quand même bien aimé ce roman, en particulier certaines répliques vraiment hilarantes.  On reconnaît la touche de chacun des deux écrivains (les personnages de Death et des sorcières, clairement pratchettiens; les deux vilains démons qui annoncent les méchants Mr Croup et Mr Vandemar dans Neverwhere de Gaiman) et pourtant le ton de l'ensemble reste bien uniforme.  

À lire, donc, pour se bidonner, mais sans s'attendre à un chef-d’œuvre...


Good Omens de Terry Pratchett et Neil Gaiman, 1990, 404 p.  Titre de la traduction française: De bons présages.