27 février 2018

Station Eleven

Je classe ce magnifique roman dans la catégorie «science-fiction» car il fait partie du sous-genre «post-apocalyptique», mais j'espère que cela ne rebutera pas ceux qui évitent généralement le genre.  Car c'est avant tout un livre sur la civilisation, sur la culture, sur ce qui doit être conservé ou reconstruit après qu'une pandémie a* dévasté la terre.  La plume de St. John Mandel, fluide, est entièrement au service de l'histoire et de ses personnages, la plupart attachants mais imparfaits, qu'on découvre au fil des allers-retours entre l'avant- et l'après-cataclysme, dans l'entourage torontois d'un célèbre acteur vieillissant et en suivant les pérégrinations d'une troupe de théâtre et de musique ambulante dans la région des Grands-Lacs.

J'aime beaucoup les romans (et les films) post-apocalyptiques, mais je pense que celui-ci plaira même à ceux qui ne les prisent pas, les trouvant généralement trop noirs ou déprimants.  Ici, même s'il y a des moments de grandes tensions, il y a toujours de l'espoir et de la beauté.  Il est tout simplement bon de se faire rappeler que les choses qu'on prend pour acquises (on pousse un bouton et la lumière jaillit, on est malade et il suffit d'aller à la pharmacie, tout le savoir du monde est à notre portée en quelques clics) pourraient disparaître et que nous devrions donc les apprécier davantage.

* L'indicatif après la locution «après que»!  Mon instinct voudrait le subjonctif mais j'ai appris depuis peu que c'est erroné et j'essaie de corriger cette mauvaise habitude!


Station Eleven d'Emily St. John Mandel, 2014, 315 p. en version numérique.   Titre de la traduction française: Station Eleven.

23 février 2018

Don Quichotte (tome 1)

Heureuse surprise que ce Don Quichotte, l’œuvre que j'ai choisie comme défi de lecture cette année.  Étant donné qu'il a été publié en 1605 (je crois que c'est le livre le plus ancien que j'ai lu depuis l'ouverture du blogue! Il dame le pion à La Princesse de Clèves.), je m'attendais à un style un peu lourdingue, ampoulé, mais non, ça se lit fort bien et c'est même assez amusant.  J'ai noté quelques expressions rigolotes et j'ai particulièrement aimé les dialogues entre Don Quichotte et son écuyer Sancho Panza, les envolées lyriques de l'hidalgo quand il imagine ses futures aventures de façon très détaillée, et le portrait ridicule qu'en fait Cervantès, comme lorsqu’il se met un bol de barbier sur la tête en croyant qu'il s'agit d'un casque!  Malheureusement il y a quelques longueurs, en particulier quand on s'embarque dans les récits des personnages secondaires, voyageurs rencontrés par notre «Chevalier de la triste figure» durant ses périples. Quant aux nombreuses coïncidences abracadabrantes (cette auberge où chaque voyageur qui arrive inopinément est relié à l'intrigue!), je pense qu'il faut les accepter comme faisant partie du genre littéraire.

Pour le tome deux, je change d'édition et de traducteur, mais je pense que cela ne causera pas de problèmes de continuité.  Je me rince toutefois un peu le palais avec un petit roman de SF, Station Eleven d'Emily St. John Mandel, avant de me lancer dans la suite.


Don Quichotte (tome 1) de Miguel de Cervantès, 1605, 628 p.  Titre de la version originale: El ingenioso hidalgo Don Quijote de la Mancha.