25 novembre 2009

The Jane Austen Book Club

Une lecture tout à fait charmante pour tous les amoureux de la romancière anglaise!

Non seulement les membres de ce club de lecture dédié à Jane Austen ont-ils des discussions à la fois pertinentes et amusantes sur les six romans bien-aimés, mais ils tentent d'en appliquer certains préceptes dans leur propre vie et en vivent certaines péripéties sans s'en apercevoir. Le jeu est d'essayer de deviner à quel personnage chacun d'eux correspond le plus. Le tout est fait d'une façon subtile et humoristique, et on pourrait je crois relire plusieurs fois ce roman en y découvrant toujours de nouvelles allusions.
J'ai trouvé très original le procédé qui consiste à narrer l'histoire à la première personne du pluriel, sans qu'on arrive à savoir lequel des membres du groupe parlait en fait. C'est un peu comme si c'était le groupe en entier qui s'exprimait, ou peut-être chacun des personnages en alternance?

Dans les commentaires en quatrième de couverture, la critique du New York Times affirme que ce roman plaira autant aux amateurs d'Austen qu'à ceux qui ne connaissent pas son oeuvre; je ne suis pas trop d'accord. Je crois qu'il faut à tout le moins avoir lu plusieurs des romans de Mrs Austen pour apprécier celui-ci. Les discussions sur les différents personnages ennuieront le lecteur non averti, et tous les petits clins d'oeil qui font le charme de ce livre lui échapperont. Ce qui restera sera somme toute plutôt banal. Mais comme Mrs Austen est de plus en plus à la mode, cela nous laisse quand même un public assez large! Et j'aime beaucoup mieux ce type d'hommage que ceux du genre «Jane Austen et les zombies», ou étaient-ce les vampires ou les loups-garous?

Les billets de Laurence du Biblioblog (qui en a fait une lecture plus sérieuse que la mienne!), de Karine (pas emballée), de Clochette, d'Allie, de Levraoueg, de Cuné...



The Jane Austen Book Club de Karen Joy Fowler, publié chez Plume, 2004, 288 pages en comptant les appendices. titre de la version française: Le Club Jane Austen.

13 novembre 2009

Dewey (The Small-Town Library Cat Who Touched the World)

Vous aimez les chats et les bibliothèques? Ce livre est pour vous!

Sauvé in extremis de la mort par les employés d'une bibliothèque publique, Dewey passa le reste de sa longue vie sur les lieux, donnant une âme à cet immeuble en béton anonyme, conquérant les coeurs de petits et grands et même redonnant espoir à la petite ville de Spencer, Iowa, durant la crise ayant touché le Midwest américain dans les années 80. Vicky Myron, la bibliothécaire en chef, nous raconte comment sa relation avec cet animal hors de l'ordinaire, extrêmement sociable et sensible, changea sa vie et lui apporta confort et soutien dans les moments les plus difficiles.

J'ai éprouvé toute la gamme des émotions durant cette lecture, du rire aux larmes! Certains passages sont très touchants, comme par exemple l'histoire de cette petite fille lourdement handicapée, qui ne faisait jamais un son et gardait les yeux baissés; lorsque Dewey sauta sur la tablette de sa chaise roulante, elle lança un cri de joie et ses yeux se mirent à briller, et elle eut la même réaction chaque semaine lorsque sa classe visitait la bibliothèque. Il est aussi amusant de comparer Dewey aux chats de notre propre vie: mon Bouboule aussi aime dormir dans les boîtes en carton et ne boit jamais dans un bol d'eau (c'est bien meilleur dans la toilette ou dans l'abreuvoir des oiseaux), mais par contre il déteste le yogourt et se cache quand des étrangers arrivent!

J'ai retrouvé dans ce livre la même ambiance que dans The Prize Winner of Defiance, Ohio, celle des petites villes du Midwest où l'entraide et la débrouillardise semblent être la norme et forgent un sentiment d'appartenance à une communauté. Les deux livres présentent également le même genre d'écriture simple, sans figure de style ou fioriture, le but étant, après tout, de rendre un témoignage et non de créer une oeuvre hautement littéraire. C'est donc un bouquin qui se lit sans effort, en quelques heures et qui, soit dit en passant, ferait un excellent choix pour ceux qui tentent de renouer avec l'anglais pour le défi Lire en VO! [Pour les amateurs de félins unilingues (les lecteurs, pas les félins), le livre est traduit en français...]


Les billets d'Allie et de Keisha.



Dewey (The Small-Town Library Cat Who Touched the World) de Vicky Myron, avec Bret Witter, Grand Central Publishing, 2008. 277 pages. Titre de la version française: Dewey.

12 novembre 2009

Sépharade

Une fois n'est pas coutume: comme je participe à l'évènement Chroniques de la rentrée littéraire organisé par Ulike entre autres, qui s'est lancé le défi ambitieux de présenter un article sur chacun des 659 romans de la rentrée littéraire de septembre 2009 avec l'aide de centaines de blogueurs (pour en savoir plus c'est ici) , je vais faire les choses selon les règles de l'art et transcrire la quatrième de couverture pour vous donner une idée plus complète du roman:


Peut-on échapper à son destin? À celui qu'on choisit pour vous? se demande Esther Vital.

Juive marocaine née à Strasbourg, écrasée par le poids de la tradition et de la famille, mais aussi déchirée par la nostalgie des paradis abandonnés -- l'Espagne de Cordoue à Tolède, le Maroc, de Mogador à Fès --, Esther tente de savoir qui elle est, dans l'illusion de la liberté. Lorsqu'elle choisit l'amour comme évasion, tout ce à quoi elle pensait avoir échappé la rattrape. La veille de son mariage, vêtue de la robe pourpre des promises sépharades, Esther découvre les maléfices du mauvais oeil et le terrible secret qui la marque...

À travers cette quête des origines, Éliette Abécassis explore avec émotion et érudition l'histoire des juifs marocains, depuis l'Inquisition jusqu'à l'époque contemporaine, leurs rivalités, leur culture et leurs croyances. Voici le grand roman du monde sépharade.


Comme l'indique cette quatrième de couverture (qui pour une fois donne une bonne idée de l'intrigue sans en révéler trop d'éléments), ce roman est avant tout une quête d'identité, ou plutôt une tentative de réconcilier plusieurs identités différentes. Mais d'abord, qui sont les Sépharades? D'entrée de jeu, je n'en avais qu'une vague idée. Ce sont en fait les descendants des juifs expulsés d'Espagne durant l'Inquisition, au XVe siècle, qui allèrent s'établir en Afrique du Nord, notamment au Maroc, mêlant leur sang à celui des Arabes et des Berbères qui occupaient déjà le territoire. À ce premier exode s'en ajoute un deuxième, puisqu'à l'indépendance du Maroc plusieurs décidèrent de s'en aller, qui pour Israël, qui pour le Canada, qui pour la France, comme la famille dont nous faisons ici la connaissance.

Esther est donc tiraillée entre ces différentes racines, chacune apportant son lot de caractéristiques souvent contradictoires: juive, française, marocaine, espagnole. Sans oublier Israël, la terre promise, qui l'attire mais offre une vie beaucoup plus intense que ce à quoi elle est habituée. Son mariage est donc pour elle l'occasion de faire le point sur ces différentes identités et sur sa relation compliquée avec sa famille accaparante, omniprésente. La situation se complique encore plus lorsque la famille se réunit à Tel-Aviv pour le mariage et que les secrets et rivalités refont surface.

Ce que j'ai aimé avant tout dans cette lecture, c'est la découverte de la culture et de l'Histoire des Sépharades. Abécassis décrit d'une façon très vivante les coutumes, la nourriture, les couleurs, les parfums... Par exemple, sa description de la dafina donne l'eau à la bouche. Il s'agit d'un plat traditionnel que l'on mange le samedi midi pour le Chabbat, qui se prépare la veille et cuit toute la nuit, selon une recette qui se transmet de mère en fille, mais pas complètement car quelle mère voudrait être surpassée par sa fille? Se transformant donc à chaque génération, ce mets composé de viande, de blé, de riz, de pommes de terre, de pois chiches et d'épices nourrit les ventres et les conversations familiales autour de la table. J'ai aussi appris que le couscous est un plat très compliqué à réussir -- j'ai donc tout faux lorsque je le prépare en quelques minutes en le faisant tremper dans l'eau bouillante?

La question de la disparition de cultures plusieurs fois millénaires, qui semblent incompatibles avec la modernité et sont abandonnées par la génération actuelle, est également passionnante et aurait mérité d'être explorée plus en profondeur.

Par contre, l'intrigue elle-même m'a laissée un peu indifférente. À partir du deuxième tiers, les personnages ont commencé à me tomber sur les nerfs, en particulier les femmes, y compris l'héroïne, toutes plus geignardes les unes que les autres. Les hommes sont déjà plus sympathiques, notamment les vieux qui me font penser aux oncles de Solal dans Belle du Seigneur. J'ai trouvé que dans l'ensemble, Abécassis faisait plus ressortir les aspects négatifs des personnalités. Le portrait qu'elle brosse des Sépharades devient donc de plus en plus repoussant, frisant presque la caricature. De plus, le fameux secret est extrêmement prévisible, dès le début, et on ne sait pas trop si c'est voulu, ce que j'ai trouvé agaçant.

À lire, donc, surtout pour la découverte de cette culture si colorée et de cette Histoire d'exil et de paradis perdus!


Sépharade d'Éliette Abécassis, publié chez Albin Michel en 2009, 457 p.

03 novembre 2009

L'Arrache-coeur

Autant vous le dire tout de suite, j'avais adoré L'Écume des jours, lu à l'âge de dix-huit ou vingt ans. IMMENSE coup de coeur. C'est donc avec un mélange d'espoir et de crainte que j'ai entrepris de lire L'Arrache-coeur pour notre Blogoclub, qui célébrait Vian à l'occasion du cinquantième anniversaire de sa mort.

Dès les premières pages, les jeux de mots inventés et les traits d'esprit m'ont fait croire que j'allais retrouver la même magie. Malheureusement, ce souvenir a sans doute joué contre L'Arrache-coeur, car j'ai passé le reste de ma lecture à faire des comparaisons, au détriment de ce dernier. En effet, à part les qualités déjà mentionnées, je n'ai pas retrouvé ce qui avait été si mémorable dans L'Écume...: la poésie, la fantaisie, des personnages attachants, une histoire d'amour inoubliable...

Au contraire, tous les personnages m'ont plutôt semblé antipathiques, même les bébés (il faut le faire, quand même!) Au lieu de la poésie, Vian a adopté un ton volontairement vulgaire et cynique, voulant sans doute choquer les bourgeois de l'époque. Mais les moeurs ont changé, et ce qui était peut-être nécessaire à l'époque n'est plus qu'un peu ridicule aujourd'hui.

Je me demande aussi s'il n'a pas dilué son propos en voulant dénoncer trop de choses: la cruauté envers les personnes âgées, les enfants, les animaux et même les arbres; la bêtise humaine; l'Église; la tyrannie des mères, le désistement des pères; la psychanalyse... Tout y passe!

Ce n'est pas une perte totale, Vian reste Vian et plusieurs passages m'ont bien plu, mais dans l'ensemble, je crois que ce roman a mal vieilli. Avec un titre pareil, je m'attendais à quelque chose de poignant... Non seulement je n'ai pas été «poignée», mais c'est à peine si j'ai été effleurée!


Pour les billets des autres participants du club sur différentes oeuvres de Vian, suivez les liens chez Sylire et Lisa, nos merveilleuses organisatrices.



L'Arrache-coeur de Boris Vian, première publication en 1953. L'édition du Livre de poche illustrée ci-dessus date de 1962 et compte 256 pages.