31 décembre 2018

Bye-bye 2018!

Voici mon petit bilan annuel; petit est l'adjectif qui convient car je suis un peu déçue du total: 33.  Il faut dire que cet été a été peu propice à la lecture de balcon, mon sport favori!  Il faisait bien trop chaud, j'ai passé presque tous mes temps libres à l'intérieur, à l'air climatisé.  Et à l'intérieur il y a plus de distractions: la télé, l'internet, Mina qui veut jouer à lance-la-baballe...  Le début d'année avait été lent, avec plusieurs gros pavés (coucou, M. Cervantès!). Je m'étais rattrapée un peu cet automne avec plusieurs lectures rapides mais la lourdeur de Philip Roth est venue freiner cet élan.

Par contre, si quantitativement j'obtiens à peine la note de passage (tout de même mieux que le pitoyable 26 de 2016), d'un point de vue qualitatif ce fut une excellente année, si bien que le choix de mon traditionnel Top 3 fut déchirant!

Voici la liste de toutes mes lectures (sauf les BD et romans graphiques, que je ne compte pas. De toutes façons, je n'en lis que 3-4 par année).  Pour lire les billets correspondants, vous pouvez consulter l'index dans la colonne de droite, je vais pas me taper tous les liens, hé ho!
  1. It de Stephen King
  2. L'Affaire Guillot (Les Chroniques de Gervais d'Anceny, tome 3) de Maryse Rouy
  3. Mais que lit Stephen Harper? de Yann Martel
  4. Tales of the City de Armistead Maupin
  5. Don Quichotte (tome 1) de Miguel de Cervantès
  6. Station Eleven d'Emily St. John Mandel
  7. Le Plongeur de Stéphane Larue
  8. Don Quichotte (tome 2) de Miguel de Cervantès
  9. Le Peintre d'aquarelles de Michel Tremblay
  10. Claudine à l'école de Colette
  11. Origin de Dan Brown
  12. Confessions of a Part-Time Sorceress de Shelly Mazzanoble
  13. Mon nom est Rouge d'Orhan Pamuk
  14. The Golden Notebook de Doris Lessing
  15. Les Racines du ciel de Romain Gary
  16. Sapiens: une brève histoire de l'humanité de Yuval Noah Harari
  17. A Fine Balance de Rohinton Mistry
  18. Le Collier rouge de Jean-Christophe Rufin
  19. On Cats de Doris Lessing
  20. La Cuisinière d'Himmler de Franz-Olivier Giesbert
  21. A Confederacy of Dunces de John Kennedy Toole
  22. La Salamandre de Marc Paillet
  23. Murder, Mr. Mosley de John Greenwood            
  24. Mémoires d'Hadrien de Marguerite Yourcenar
  25. A Time to Kill de John Grisham 
  26. Les Villes de papier de Dominique Fortier
  27. L'anglais n'est pas une langue magique de Jacques Poulin
  28. Mercredi soir au Bout du monde d'Hélène Rioux
  29. La Petite et le vieux  de Marie-Renée Lavoie
  30. Néons et sakuras d'Alice Michaud-Lapointe et Ginette Michaud
  31. La Peste d'Albert Camus
  32. American Pastorale de Philip Roth
  33. Fanny de Marcel Pagnol  
Abandon:
La Constellation du lynx de Louis Hamelin  -- pas un mauvais livre mais je n'ai pas accroché du tout.  Je pense qu'il s'adresse soit à ceux qui ont bien connu la période d'Octobre 70, soit aux plus jeunes qui ne la connaissent pas du tout.  J'en connaissais juste assez pour être toute mêlée.

Tiens, je remarque qu'il y a des années où je comptais les abandons dans le total, c'est de la triche, non?

Top 3 de 2018:
  • Mémoires d'Hadrien de Marguerite Yourcenar -- l'écrivaine réussit le tour de force de nous faire oublier qu'elle n'est pas elle-même un vieil empereur romain du IIe siècle. 
  • Les Racines du ciel de Romain Gary -- je reprends ici la dernière phrase de mon billet: le genre de livre qui donne envie d'être un meilleur humain.
  • Station Eleven d'Emily St.John Mandel  -- un roman post-apocalyptique qui n'est pas noir mais au contraire rempli de beauté.

Prix citron 2018:
Cette année, deux récipiendaires ex-æquo. Bon, «citron» est peu-être un peu fort, mais ce fut tout de même de grosses déceptions.  Dans les deux cas, ce sont des livres cultes de la littérature américaine, de ces titres qu'on retrouve toujours dans les listes du style «les 100 romans américains qui blablabla». Comme quoi il vaut toujours mieux prendre ce genre de listes avec un grain de sel, même si elles sont amusantes à consulter.
  • A Confederacy of Dunces (La Conjuration des imbéciles) de John Kennedy Toole -- les personnages sont tous plus détestables les uns que les autres, comment s'y intéresser?
  • Tales of the City (Chroniques de San Francisco) de Armistead Maupin -- on dit pourtant cette série très drôle, j'ai à peine souri.  Un roman qui a mal vieilli selon moi, les tomes plus récents sont peut-être mieux.

Prix «Ça sort d'où, ce truc génial?» 2018:
Murder, Mr Mosley de John Greenwood -- je ne connaissais pas du tout cet auteur qui m'a fait rigoler tout haut à plusieurs reprises!  Dire que j'ai failli m'en débarrasser sans le lire après qu'il eut croupi plusieurs années dans ma PAL!

Prix «On n'a jamais trop de beauté dans notre vie» 2018:
Les Villes de papier de Dominique Fortier -- je ne me lasserai jamais de cette plume fine et délicate.

Quelques statistiques:
Lus en VO anglaise: 12
Littérature québécoise: 8
Traduit de l'hébreu: 1
Traduits de l'espagnol: 2
Traduit du turc: 1
Sur la liseuse: 10

Un portrait qui ressemble assez aux années précédentes, sauf en ce qui a trait aux littératures en langues étrangères (autre que l'English), nettement sous-représentées cette année, sans que je sache pourquoi.  Un pur hasard, je pense.

Résolution 2019:
Les habitués du blogue le savent, depuis plusieurs années je me lance un défi, celui de lire une œuvre «qui fait peur», que ce soit à cause de son sujet, de son style ou simplement de son volume impressionnant.  Il y a eu Proust, Céline, Melville, cette année ce fut Don Quichotte de Cervantès, une lecture surprenante par sa modernité!  Pour 2019, j'ai choisi de donner une deuxième chance à un écrivain que j'avais barré de la liste après une mauvaise expérience: Dostoïevski.  En effet, je n'avais pas du tout aimé Crime et Châtiment, mais j'étais peut-être simplement trop jeune quand je l'ai lu, vers 18-19 ans si je me souviens bien.  Comme l'a démontré mon expérience avec La Peste de Camus, il est parfois bon de revisiter après quelques décennies un auteur jusque-là banni de nos LAL.  Depuis quelques années, j'étais tentée par Les Frères Karamazov mais ce salaud de Marcel me l'a complètement divulgâché!  Alors ce sera L'Idiot, et ce sera en février car j'ai déjà recruté une participante du Forum de la Bonne lecture pour une LC (lecture commune).

Et vous, votre année livresque, bonne ou mauvaise? Des projets pour 2019?  Si vous faites un petit bilan sur votre blogue, n'hésitez pas à me laisser le lien dans les commentaires, que j'aille faire un petit tour par chez vous!

À vous tous, mes chers lecteurs, vieux habitués ou simples passants, je souhaite un merveilleux 2019, rempli de coups de cœur et sans aucun citron!

23 décembre 2018

Fanny

C'est avec bonheur que j'ai retrouvé César, Panisse et les autres!  Et aussi la plume de ce cher Pagnol, avec ses expressions si colorées!  «Avoir un polichinelle sous le tablier» (être enceinte), je vais m'en souvenir de celle-là!

Bien sûr, il y a quelques petites choses qui ont moins bien vieilli: traiter un asiatique de jaunâtre, même sous le coup de la colère, cela ne passe plus aussi bien!  Mais l'ensemble reste fort attachant et émouvant, les personnages tout aussi sympathiques et hauts en couleur que dans le premier tome de la trilogie, Marius.  Ajoutant au plaisir, cette vieille édition de 1970 comporte de jolies illustrations et une amusante préface de Pagnol lui-même racontant la création mouvementée de la pièce.  Je lirai la suite, César, sans trop tarder, car ***attention, Divulgâcheur: je suis convaincue que ce couillon de Marius va foutre le bordel dans la vie somme toute heureuse de Fanny!***Fin du divulgâcheur.


Fanny (La trilogie marseillaise, tome 2) de Marcel Pagnol, 1931, 237 p.

21 décembre 2018

American Pastoral (Pastorale américaine)

Dans ce roman de Philip Roth, un de ses plus connus, la désintégration d'une famille du New Jersey devient une métaphore pour la fin du rêve américain, cet espoir que chaque génération pourra offrir à la suivante une vie meilleure que la sienne, fin provoquée par une conjoncture d'événements durant les années 60-70: la guerre du Vietnam, le Watergate, les luttes raciales, la délocalisation des manufactures vers les pays du Tiers-monde, provoquant la ruine de nombre de petites villes.

Sujet fort intéressant, surtout que ces thèmes sont encore d'actualité.  Toutefois, j'avoue avoir eu un peu de peine à accrocher au début du roman.  Je ne voyais pas trop où on s'en allait, et surtout j'ai eu un peu de difficulté à lire la plume dense de Roth en VO -- je ne me souviens pas avoir eu ce problème avec The Plot Against America, peut-être parce que ce dernier est raconté du point de vue d'un enfant, donc avec un vocabulaire plus facile?  Après quelques chapitres, je me suis habituée et j'ai pu mieux apprécier l'histoire... pour déchanter de nouveau rendue au milieu: qu'est-ce que c'est long!  Je ne sais pas si c'est à cause des nombreux retours en arrière dans l'histoire de la famille Levov (une structure narrative qui pourtant me plaît en général), mais j'avais l'impression de ne pas avancer et qu'il ne se passait rien.

Dans la dernière partie, la tension remonte d'un cran et ça redevient passionnant.  La fin m'a interloquée et sur le coup j'étais déçue car certaines questions semblent rester sans réponses...  Mais à bien y penser, Roth nous donne assez de matière pour qu'on puisse conclure par nous-même.  Cela m'a réconciliée quelque peu avec ce bouquin.  C'est une fresque magnifique, un tableau de l'American Way of Life qui vient se péter la face contre un mur...  Cent pages de moins au milieu et ça aurait pu être un gros coup de cœur!  Dommage...


American Pastoral de Philip Roth, 1997, 423 p.  Titre de la traduction française: Pastorale américaine.