28 août 2021

Survivre! Survivre!

La Diaspora des Desrosiers, tome 8

Bon, comme il s'agit d'un tome 8, je vais faire court...  Vous savez déjà tout le bien que je pense de cette série d'un de mes auteurs chouchous, Michel Tremblay!  

Ce huitième tome reprend le même schéma que le précédent, c'est-à-dire qu'on suit plusieurs personnages en parallèle.  Donc, à chaque changement de chapitre, l'on doit se remémorer qui est qui dans cette généalogie compliquée!  J'avoue que je préfère les tomes qui se concentrent sur un nombre plus restreint de personnages, mais j'ai eu bien du plaisir quand même.  Et le titre, qui me déplaisait au départ, convient très bien, finalement.  

Et cette fin, cette fin!  Quel «cliffhanger»!


Survivre!  Survivre!  (La Diaspora des Desrosiers, tome 8) de Michel Tremblay, 2014, 248 p. 

27 août 2021

La Formule préférée du professeur

Petite déception pour ce roman de l'auteure japonaise Yoko Ogawa, roman à la jolie couverture et dont j'avais entendu beaucoup de bien.  Pas qu'il soit complètement inintéressant, au contraire.  C'est une belle histoire d'amitié entre un vieux professeur amnésique, sa femme de ménage et le fils de celle-ci.  J'ai bien apprécié les passages sur les mathématiques, leur côté poétique, ainsi que sur le base-ball (d'ailleurs c'est rigolo, d'après les commentaires que j'ai lus, ce sont les aspects que les lecteurs ont le moins aimés!), et la fin m'a plu.

Si cette lecture s'avérait sympathique de prime abord, trois éléments m'ont fait déchanter.  Premièrement, quelques incohérences dans l'intrigue.  Ainsi, le vieil homme ne se rend pas compte que son joueur de base-ball préféré ne joue plus et les autres personnages font des pieds et des mains pour qu'il ne s'en aperçoive pas, mais il doit bien pourtant se rendre compte que vingt ans se sont écoulés depuis qu'il a perdu sa mémoire à court terme: il reçoit des revues où la date est sûrement inscrite, lorsqu'il sort il doit bien voir que la mode, le style des voitures ont changé, etc.  Deuxièmement, la narratrice fait souvent preuve d'un manque de «gros bon sens» qui m'a agacée, me faisant lever les yeux au ciel.  C'est son garçon de dix ans qui doit la ramener à l'ordre, c'est vous dire!  Troisièmement, et là je m'y attendais mais j'espérais me tromper: les termes de base-ball sont traduits à la va-comme-je-te pousse!  Ils sont soit traduits de façon erronée, soit laissés en anglais.  En se renseignant un peu, la traductrice aurait appris qu'ici au Québec, où ce sport est très populaire, on a développé tout un vocabulaire beaucoup plus adéquat.  

C'était mon premier contact avec cette auteure, et probablement mon dernier...

 

La Formule préférée du professeur de Yoko Ogawa, 2005, traduit du japonais, 247 p.  Titre de la version originale: Hakase no aishita sushiki, 2003.

25 août 2021

Our Man in Havana (Notre agent à La Havane)

Quelle jolie découverte que ce roman d'espionnage à l'humour irrésistible! 

Tout d'abord, le décor est très bien planté.  On est à Cuba juste avant la révolution et l'on sent très bien l'incertitude politique, les magouilles, les complots, la corruption...  Mais surtout, le personnage principal, vendeur d'aspirateur de son état et agent secret par la force des choses, se retrouve dans des situations tout à fait hilarantes!

Fait cocasse, mon cerveau a fait un amalgame avec le film Le Tailleur de Panama (oui, je sais que Panama et Cuba sont deux lieux différents), qui est plutôt tiré d'un roman plus récent de John Le Carré.  Cela m'a permis  d'imaginer le personnage principal sous les traits de Geoffrey Rush, ce qui convient parfaitement.  D'ailleurs, il y a une certaine similarité entre les deux histoires, donc ma cervelle ne déraille pas complètement. 

Est-ce que Graham Greene est toujours aussi drôle?  Si vous avez d'autres titres à me suggérer, je suis preneuse!


Our Man in Havana de Graham Greene, 1958, 220 p.  Titre de la traduction française: Notre agent à La Havane.

20 août 2021

Une Vie

Entre Guy et moi, ça avait mal commencé...  Je n'avais rien compris au Horla (je lisais peu de Fantastique, à l'époque) et j'avais trouvé le personnage principal de Mademoiselle Fifi vraiment trop antipathique...  

Plus de trente ans après, nouvel essai, et là ça a cliqué!  Tout d'abord, je suis épatée par cette plume à la fois élégante et très lisible.  Mais surtout, j'ai été touchée par l'histoire de Jeanne, une femme de la petite noblesse de province, que l'on suit de la fin de l'adolescence jusqu'au début de l'âge mur.  Maupassant fait la critique de l'éducation que recevaient les jeunes filles de la bonne société, qui les laissait bourrées d'illusions et complètement démunies devant les obstacles de la vie, que ce soit dans leur rôle d'épouse ou de mère.  C'est un très beau portrait de femme, tout en sensibilité mais sans pathos.  Sans oublier les magnifiques descriptions de la campagne normande et de la Corse!

Guy et moi on est réconciliés!


Une Vie de Guy de Maupassant, 1883, 278 p.

11 août 2021

Dans le livre des rêves

Il y a quelques années, j'ai lu et beaucoup aimé La Librairie des ombres de Mikkel Birkegaard, mais je ne savais pas qu'un autre de ses romans avait été traduit en français!  Oui, je suis toujours l'actualité littéraire avec autant d'assiduité...

Enfin, le voilà, la couverture est moche mais le livre est chouette.  Il y a bien quelques petites incohérences, voire même quelques erreurs factuelles (peut-être que je n'ai rien compris au système métrique pendant toutes ces années, mais selon mes calculs, un huitième de litre, ça ne donne pas 250 ml, et je ne décrirais pas un bébé naissant comme pesant «à peine» 5 kg...), mais peut-être celles-ci sont-elles dues à la traduction, allez savoir! 

Mais une fois ces petites bourdes pardonnées, j'ai vraiment apprécié cette intrigue remplie d'idées franchement bien trouvées.  Encore une fois, Birkegaard met les livres et la littérature au cœur de son histoire, et ça, on aime!  De plus, l'ambiance m'a fait penser à celle de L'Ombre du vent de Carlos Ruiz Zafon, sauf qu'on est à Copenhague au milieu du XIXe siècle, ce qui est très original.

Fait cocasse, le livre Les Métamorphoses d'Ovide, que je viens tout juste de terminer (péniblement), y est mentionné!


Dans le livre des rêves de Mikkel Birkegaarde, 2013, traduit du danois, 509 p.  Titre de la version originale: Fra drømmenes Bog, 2012.

05 août 2021

Black Out

Que voilà un bon petit thriller bien glaçant!  Glaçant, c'est le cas de le dire puisqu'il décrit une réaction en chaîne qui se produit dans les centrales électriques européennes, plongeant le continent dans le noir et le froid en plein mois de janvier...  Accident, terrorisme?

La description des événements est extrêmement réaliste, on dirait vraiment que cela pourrait se produire!  On constate à quel point l'électricité et l'informatique contrôlent toute notre vie quotidienne: alimentation, eau, systèmes de santé, etc.  L'intrigue se déroule principalement en Europe, mais il n'est pas difficile d'imaginer que la même chose pourrait se produire au Québec, car je pense que nos réseaux sont également reliés à ceux de nos voisins des autres provinces et de la Nouvelle-Angleterre.  Et nous avons de plus en plus dans nos maisons ces fameux compteurs intelligents...

Le dénouement est peut-être un peu facile, mais cela ne m'a pas empêchée d'apprécier cette histoire intelligente, touchante par moments (les pauvres petites vaches, snif!) et bien documentée.

Petite suggestion pour l'éditeur: une liste des personnages avec leur titre d'emploi ainsi qu'un index des acronymes des différents organismes n'auraient pas été de trop, on a parfois un peu de difficulté à s'y retrouver.

 

Black Out de Marc Elsberg, 2015, traduit de l'allemand, 476 p.  Titre original: Blackout.  Morgen ist es zu spät, 2012.

04 août 2021

The Man in the High Castle (Le Maître du Haut Château)

Je n'ai jamais lu Philip K. Dick, mais j'ai apprécié quelques-uns des films tirés de ses romans ou nouvelles (Blade Runner, Minority Report).  Le club de lecture de juillet du forum Livraddict était l'occasion parfaite de découvrir cet écrivain considéré comme un classique de la science-fiction et ce roman souvent cité en exemple quand il est question d'uchronie. 

Première constatation: le style de Dick est plutôt froid.  On passe d'un personnage à l'autre sans s'y attacher.  L'intérêt du roman réside donc ailleurs: c'est un exercice purement intellectuel.  L'auteur nous fait découvrir peu à peu un univers où les Alliés ont perdu la Seconde Guerre mondiale et où Allemands et Japonais se sont divisé le monde, et en particulier les États-Unis.  À nous de découvrir tous les changements que cela a occasionné et d'identifier le point de rupture avec la vraie histoire.  Certains passages, de plus, sont en mode «courant de conscience» (on suit les pensées d'un personnage telles qu'elles se présentent) et les tournures de phrases sont déformées par l'influence de la langue japonaise, deux aspects intéressants mais qui demandent de l'attention et de la concentration.

En gros, j'ai plutôt apprécié ce roman.  Notamment, il fait ressortir à quel point l'histoire est racontée par les vainqueurs.  On entend donc peu parler des camps de concentration, mais les bombardements alliés qui ont rasé certaines villes européennes, faisant des milliers de victimes civiles, sont mentionnés. Alors que bien sûr dans notre réalité, c'est l'inverse!  (À ce sujet, lire le passionnant Voyage d'un Européen à travers le XXe siècle de Geert Mak.  Je n'ai jamais rien lu d'aussi frappant sur les bombardements en Europe.)  À un moment donné, on se croit même dans un thriller ou un roman d'espionnage, c'est palpitant, alors que dans le reste du roman, le rythme est lent.  La fin est intrigante et j'ai hâte d'en discuter avec les autres participants du club de lecture.

Ce qui m'a laissée perplexe, c'est l'aspect temporel de l'intrigue, qui se déroule une quinzaine d'années après la guerre.  Autant de changements en si peu de temps?  Que ce soit au point de vue technologique (colonisation de la Lune et de Mars) ou sociologique (déformation de la langue, nouvelle religion, racisme considéré comme normal), tout ça m'a semblé dur à avaler, pour être honnête.

Bref, j'ai trouvé cette lecture assez prenante mais je ne suis pas sûre que je relirai cet auteur...  à moins que ce ne soit à l'occasion d'un autre club de lecture!  

(La couverture de cette édition numérique m'apprend que cette histoire a fait l'objet d'une série télévisée, quelqu'un l'a vue?)

 

The Man in the High Castle de Philip K. Dick, 1962, 229 p.  Titre de la traduction française: Le Maître du Haut Château.