30 novembre 2017

Le Salut de l'Irlande

Je ne sais trop comment classifier ce roman, c'est un peu un conte (surtout la fin, qui rappelle la chasse-galerie de notre folklore), un peu du réalisme magique (il y a un renard qui parle), c'est un roman politique et contestataire (publié en 1970, après tout) mais aussi un roman d'apprentissage...

D'un point de vue purement matériel, quelle drôle d'expérience de lire ce livre qui tombait en morceau à mesure que je tournais les pages!  Je ne félicite pas les Éditions du Jour pour la qualité de leur reliure; j'ai lu des bouquins bien plus anciens dont la reliure tenait le coup, même en livres de poche!  Il y avait aussi plusieurs coquilles et un passage où tous les verbes qui auraient dû être au passé simple étaient, bizarrement, au futur simple!  Je suppose que ces défauts ont été corrigés dans les éditions suivantes, avis aux intéressés!

Dans l'ensemble, j'ai quand même bien apprécié cette histoire, souvent fort drôle, même si j'avais parfois l'impression qu'il me manquait quelques références ou point de repère pour bien comprendre ce que Ferron voulait sous-entendre entre les lignes.  J'avais d'ailleurs eu la même impression lors de ma première rencontre avec cet écrivain, l'an dernier.

Et voilà qui clôt pour moi ce Québec en novembre!  Merci à Karine et Yueyin pour l'organisation!


Le Salut de l'Irlande de Jacques Ferron, 1970, 222 p.



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21 novembre 2017

Au hasard la chance

(La Diaspora des Desrosiers, tome 6)


(Fait cocasse, les bibliothécaires de la ville de Montréal ne semblent pas s'entendre sur la place de ce tome dans la série: selon les succursales, il est classé tome 5 ou 6 dans le catalogue. Dans mon exemplaire, acheté à la vente de liquidation de la bibliothèque, c'est pourtant clairement indiqué tome 6, comme sur le site de l'éditeur Leméac! Sauf que la bibliothécaire a raturé le 6 et ajouté un 5 au stylo; c'est beau d'avoir des convictions!)

On m'avait prévenu que ce tome n'était pas le meilleur de la série...  J'ai donc diminué mes attentes, ce qui m'a permis de bien apprécier cette lecture, en fin de compte!  Je me suis attachée à cette Ti-Lou, prostituée de luxe qui décide, sur un coup de tête, de prendre sa retraite pendant qu'elle est au sommet de sa gloire et de quitter Ottawa pour s'établir à Montréal.  L'originalité du roman: en quatre chapitres, Tremblay nous présente cinq destins possibles, heureux ou malheureux, selon les choix que Ti-Lou fera en descendant du train. Et ce n'est qu'en épilogue qu'on saura lequel s'est finalement concrétisé.  On visite notamment un grand hôtel du centre-ville, avec ses décors élégants mais pompeux et ses conventions de l'époque victorienne (une femme ne peut entrer seule au bar de l'hôtel!).

Et comme toujours, l'humour et les dialogues piquants sont au rendez-vous!


Au hasard la chance (La Diaspora des Desrosiers, tome 6) de Michel Tremblay, 2012, 158 p.

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19 novembre 2017

Maryse

Un avis un peu mitigé pour ce roman de Francine Noël qui avait pourtant remporté un certain succès à sa sortie, selon mes souvenirs.  Je n'ai pas détesté mais quelques défauts m'ont empêchée d'adhérer complètement à cette chronique de la vie quotidienne d'une jeune Montréalaise dans la vingtaine et de son groupe d'amis.

Pour: des personnages secondaires attachants, une peinture réussie de la société post-révolution tranquille, toute chamboulée, de cette jeunesse en quête de nouveaux repères, un petit côté «réalisme magique» amusant, une fin satisfaisante.

Contre: on se perd dans la multitude de personnages, la Maryse en question peut parfois tomber sur les nerfs avec ses jérémiades, quelques longueurs (le conte sur les graffitis des murs de l'université semble interminable et n'apporte rien au récit, sautez-le sans hésiter!).


Maryse de Francine Noël, 1983, 426 p.


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03 novembre 2017

Le Temps retrouvé

(À la recherche du temps perdu, tome 7) 

Eh bien voilà, j'ai fini la fameuse «Recherche» (comme on l'appelle entre initiés).

Première réflexion sur ce dernier tome: ouf! une chance que toute la série n'était pas aussi ennuyante!  En effet les premiers deux tiers sont plutôt soporifiques, à part quelques beaux passages sur l'art, sur Saint-Loup.  Il ne se passe rien ou presque.  Il y a un bon cinquante pages interminables sur les différents changements qu'on observe et qui nous frappent chez des gens qu'on n'a pas vus depuis plusieurs années: changements physiques, intellectuels, sociaux, etc.  L'idée était bonne, celle de nous faire retrouver différents personnages lors d'une matinée mondaine chez le prince de Guermantes, et cela donnera au narrateur un choc salutaire lui faisant comprendre l'urgence de se lancer enfin dans la grande œuvre dont il vient par ailleurs d'avoir l'intuition, lui qui avait plutôt abandonné l'idée de devenir écrivain, se croyant sans talent.  Mais c'est long, tellement long, et il y a beaucoup de répétitions!

C'était le pot, voici les fleurs: j'ai vraiment beaucoup aimé le dernier tiers.  Il y a des phrases magnifiques sur la littérature, sur la vie et la mort, et on continue à retrouver les principaux personnages de la série sans maintenant qu'il y ait de longueurs. La Première Guerre mondiale est terminée et il y a eu un grand brassage des classes sociales.  Je ne veux rien divulgâcher mais disons que certains bourgeois se retrouvent «au top» alors que certains nobles ne sont plus aussi bien considérés.

Comme j'ai lu ce tome sur ma liseuse en version libre de droits (merci, Bibliothèque électronique du Québec!) qui ne comprend pas d'image en couverture, j'ai choisi, pour illustrer ce billet, celle, parmi les différentes éditions papier, qui me semblait la plus représentative du roman.  J'aime beaucoup celle ci-dessus, car il y a plusieurs scènes où le narrateur déambule dans Paris, seul ou avec M. de Charlus, et surtout il y a une scène où il trébuche sur des pavés inégaux, ce qui lui rappelle son voyage à Venise et lui donne l'intuition du «Temps retrouvé», c'est-à-dire la manière dont certaines impressions font un pont entre des événements passés et actuels, entre le passé et le présent, intuition qu'il avait éprouvée déjà quelques années plus tôt lors du célèbre épisode des madeleines trempées dans le thé.  C'est en explorant ces impressions qu'il pourra enfin devenir écrivain. 

Quelques rélexions sur la série complète.  J'éprouve une grande fierté à l'avoir terminée car avouons-le, le style de Proust n'est pas des plus faciles.  Il est connu pour ses longues phrases, mais je ne pensais pas que ce serait à ce point!  J'ai dû à plusieurs reprises en reprendre du début pour en comprendre la structure.  Toutefois, je me suis rendu compte que cette difficulté même fait partie du plaisir.  Pourquoi tout serait-il facile?  Lorsqu'on a un effort à fournir, le plaisir s'en trouve décuplé. Et ce qui me reste, une fois la dernière page tournée (virtuellement!), en plus de cette fierté, c'est l'impression d'une grande beauté, tant de la langue que des idées.

Le beau billet de Karine, que je remercie encore une fois puisque c'est elle qui m'a donné le goût de me lancer dans l'aventure!


Le Temps retrouvé (À la recherche du temps perdu, tome 7) de Marcel Proust, 328 p. en version numérique, 1927.