30 juin 2021

La dernière fois qu'on l'a vu, c'est au Perrette

Je crois que c'est chez Karine, du blogue Mon Coin lecture, que j'ai entendu parler pour la première fois de ce livre et de son auteur, Claude Champagne.  Il faut dire qu'il a surtout écrit pour la jeunesse et le théâtre, n'ayant à son actif qu'un seul roman pour adultes avant celui-ci.

Eh bien, merci ma chère Karine de me l'avoir fait découvrir, car j'ai beaucoup aimé ce court roman qui se déroule durant l'été 1978, dans l'est de Montréal.  On y fait la connaissance d'un petit groupe de garçons d'une douzaine d'années.  Un de leurs camarades d'école a disparu depuis plusieurs jours et ils tentent de le retrouver, échafaudant des théories plus abracadabrantes les unes que les autres.

Malgré des thèmes sérieux (pédophilie, intimidation, et bien sûr enlèvement d'enfant), l'ensemble reste léger grâce aux amusants dialogues en joual, et aux nombreuses références aux années soixante-dix qui parleront surtout aux lecteurs québécois de la génération X, ceux qui se souviennent d'être allés acheter des «Sip-Sacks» et des outils en fudge au Perrette du coin.  En effet, le drame horrible qui se joue en arrière-plan (le lecteur apprend dès le début que le petit garçon a en fait été assassiné) restera irréel pour ces pré-ados préoccupés par l'approche de la fin des classes et de la dernière danse de l'année scolaire, où ils auront peut-être l'occasion d'embrasser une fille!

Intercalés ici et là se trouvent des passages se déroulant quarante ans plus tard et qui sont teintés de nostalgie, de désillusion, faisant ressortir encore plus l'insouciance des enfants.  

Une belle lecture, un bouquin que j'ai dévoré en deux jours! 


 La dernière fois qu'on l'a vu, c'est au Perrette de Claude Champagne, 2020, 143 p.

26 juin 2021

L'espace d'un an

Les Voyageurs, tome 1

Voici un petit roman de science-fiction fort agréable à lire!  Les personnages sont attachants, bien développés, et l'univers qu'on découvre peu à peu l'est également.  C'est avec grand plaisir qu'on suit les aventures de l'équipage du Voyageur, ce petit vaisseau rafistolé avec les moyens du bord et qui a pour fonction de creuser des tunnels dans le tissu même de l'espace-temps pour permettre des voyages rapides d'un bout à l'autre de la galaxie. 

Petit bémol, j'ai trouvé le message sur la tolérance et la diversité un peu trop appuyé.  C'est comme si Becky Chambers avait voulu cocher toutes les cases:  un couple homosexuel, check!  Un nain, check!  Des humains de toutes couleurs, check!  Des familles atypiques, check!  Et ainsi de suite.  Je n'ai rien contre l'inclusion, au contraire, mais je préfère qu'elle se fasse de façon plus subtile.  Par contre, les liens d'amitié, d'amour et de loyauté tissés entre les personnages sont présentés avec beaucoup plus de finesse et j'ai bien apprécié cet aspect de l'histoire, de même que la réflexion sur l'intelligence artificielle, un questionnement philosophique qui va réellement se poser à l'humanité dans les prochaines décennies..

La fin est particulièrement réussie et j'aurais bien pris quelques autres épisodes aussi palpitants un peu plus tôt dans l'intrigue, plutôt tranquille jusque-là.  Clairement, l'auteure a préféré privilégier les contacts entre les espèces et le choc des cultures aux dépens de l'action.  Mais ne boudons pas notre plaisir... Ce fut une lecture bien sympathique et j'ai déjà hâte de lire la suite, même si ce premier tome se suffit à lui-même (je rassure ainsi ceux qui hésiteraient à se lancer dans une quadrilogie, avec peut-être d'autres tomes à venir, qui sait?).

 

L'Espace d'un an (Les Voyageurs, tome 1) de Becky Chambers, traduit de l'anglais, 2016, 356 p.  Version originale anglaise: The Long Way to a Small, Angry Planet (Wayfarers, tome 1), 2014.

15 juin 2021

Cat Crimes (La Griffe du chat)

Le problème des anthologies de nouvelles, c'est qu'elles peuvent être inégales.  Certaines nous sembleront plus intéressantes que d'autres, c'est presque inévitable.

Et c'est bien ce qui se produit dans ce recueil de nouvelles à saveur policière, écrites par différents auteurs, américains pour la plupart, et mettant en scène des chats dans des rôles de premier plan ou secondaires.  J'ai trouvé certaines histoires amusantes (ou tristes dans quelques cas) mais certaines autres se sont avérées prévisibles et bourrées de clichés.  Dans deux des cas, le fait d'être inclus dans une anthologie à thème félin vendait la mèche, en quelque sorte, car on n'était pas censé deviner qu'un des personnages (au nom très humain comme Sarah ou Hector, et décrit de façon ambiguë) était un chat, et la chute était donc complètement gâchée. 

Cela reste tout de même une lecture agréable, mais dans une semaine je ne me souviendrai d'aucune de ces histoires. 


Cat Crimes, édité par Martin H. Greenberg et Ed Gorman, 1991, 260 p.  Titre de la traduction française: La Griffe du chat.

11 juin 2021

A Wizard of Earthsea (Le Sorcier de Terremer)

Earthsea (Terremer), tome 1

Quelle belle découverte!  Ce n'est que récemment que j'ai entendu parler de Ursula Le Guin et franchement je me demande pourquoi elle n'est pas plus connue: est-ce parce qu'elle est une femme, dans un genre littéraire dominé par les hommes jusqu'à tout dernièrement?

L'intrigue est assez classique: on assiste à l'enfance et à l'apprentissage d'un magicien, puis à ses premières aventures, à ses premiers voyages.  On retrouve d'ailleurs quelques motifs qui rappellent fortement Tolkien, comme un objet maléfique exerçant un pouvoir de séduction quasi irrésistible, ainsi que les monstrueux Serviteurs dudit objet, que j'ai imaginés sous les traits des montures ailées des Nazguls, dans la version de Peter Jackson du Seigneur des anneaux

Plus que l'histoire elle-même, c'est la plume de Le Guin qui m'a enchantée.  Quelle force d'évocation!  Elle dresse la situation en quelques mots, laissant notre imagination faire le reste.  C'est un style qui ne plaira pas à tous les lecteurs, mais moi j'ai tout simplement adoré cette confiance en notre intelligence.  Par exemple, le système de magie n'est pas décrit en détail, comme dans d'autres œuvres du genre.  On comprend simplement au fur et à mesure que les pouvoirs des magiciens sont liés aux «vrais noms» des choses et des créatures ainsi qu'aux éléments naturels (terre, vent, océan, etc.). 

Attendez-vous à voir un billet sur le tome 2 apparaître dans les prochaines semaines!  J'ai très hâte de le lire, surtout qu'on m'a dit qu'il est encore meilleur que le tome 1!


A Wizard of Earthsea (Earthsea, tome 1) de Ursula Le Guin, 1968, 224 p. Titre de la traduction française: Le Sorcier de Terremer (Terremer, tome 1).