30 juillet 2007

Malicorne

Malicorne, d'Hubert Reeves, publié aux Éditions du Seuil/Points en 1990. 216 p. en comptant les appendices et les notes.
«Un grand ballet de pollen se donne dans l'air bleuté quand, de la main, je cache le Soleil matinal.» C'est par cette jolie phrase que s'amorce Malicorne, qui annonce en sous-titre: Réflexions d'un observateur de la nature. Mais, s'il est un peu question de la nature, et aussi de poésie, des sciences, de liberté et de necessité, on est bientôt entraîné vers les hautes sphères de l'abstraction, et c'est là que pour moi le bât blesse.
J'ai haï les cours de philosophie au CÉGEP, alors de se demander si le nombre peut exister sans le nombrant (le cerveau humain capable de concevoir le nombre) et vice versa -- version aristotélicienne de l'oeuf ou la poule, franchement cela me fait un peu suer (pour rester polie) et je décroche complètement.
Certains passages sont intéressants, mais dans l'ensemble, ce livre m'a un peu ennuyée, cela m'attriste de le dire; pourtant j'avais beaucoup aimé deux autres de ses livres, Chroniques du ciel et de la vie et Chroniques des atomes et des galaxies. Ce n'est jamais bon signe lorsqu'on regarde constamment combien de pages il reste...

Prochaine lecture: Luz ou le temps sauvage, d'Elsa Osorio, pour le club de lecture des blogueuses -- il faudra donc attendre le 1er septembre pour la critique!

27 juillet 2007

Je suis un chat


Je suis un chat, de Natsume Soseki, traduit du japonais, publié chez Gallimard (collection Connaissance de l'Orient) en 1978. 445 p. Date de parution de la version originale: 1905.

(L'illustration est la couverture de l'édition de poche, qui est ma foi fort jolie...)

L'idée de départ était bonne. Il s'agit d'une suite de petites scènes de la vie quotidienne d'un Japonais professeur de littérature anglaise (Natsume Soseki (1867-1916) en était un, d'ailleurs), vues et analysées par le chat de la maison, un animal très spirituel et cultivé. Certains passages sont assez amusants, voire charmants. L'ennui, c'est qu'aucun des personnages n'est vraiment sympathique, pas même le chat lui-même par moments! Et comme il n'y a pas vraiment d'intrigue (en tous cas, pas après 150 pages, soit le tiers du roman!), cela devient un peu lassant. Mais il intéressera sûrement les passionnés de culture japonaise, puisqu'il offre une critique cynique de la société japonaise du début du XXème siècle, une période de transition entre le Japon féodal du passé et une société moderne et ouverte sur le monde occidental.

Je crois que c'est le genre de livre à lire plutôt à petites doses, quelques pages à la fois, un peu comme je fais avec mon cher Duc de Saint-Simon (dont les Mémoires, j'espère qu'il ne m'en voudra pas de le dire, font une excellente lecture de cabinets...). Je l'ai donc laissé à mon bureau, pour meubler mes heures de repas.


Prochaine lecture: je suis en train de finir Malicorne, d'Hubert Reeves, et ensuite ce sera Luz ou le temps sauvage, d'Elsa Osorio, pour le club de lecture des blogueuses!

25 juillet 2007

Club, vous avez dit club?

J'ai toujours rêvé de faire partie d'un club de lecture, mais aucun de mes amis n'est à la fois passionné de lecture et assez disponible. Enfin la blogosphère va m'en donner l'occasion! Je me joins au club de lecture des blogueuses! Pour plus de détails, voyez le blog de Sylire, que je remercie au passage en même temps que l'autre organisatrice du club, Lisa. La formule adoptée est souple et peu contraignante, puisque l'on a deux moix pour lire le livre sélectionné.

Pour le 1er septembre, nous allons lire le roman Luz ou le temps sauvage d'Elsa Osorio. Ça tombe bien, il est justement disponible à la succursale de la bibliothèque municipale la plus proche de chez moi. En plus, je n'avais jamais entendu parler de ce livre, donc je pars vraiment sans idée préconçue.

Si vous voulez participer, et recevoir l'invitation pour voter pour le prochain choix de lecture, laissez donc un commentaire ici Plus on est de fous, plus on rit!

23 juillet 2007

Frère Cadfael fait pénitence


Frère Cadfael fait pénitence, d'Ellis Peters, publié chez 10/18 (collection Grands détectives) en 1995; 311p. Titre original: Brother Cadfael's Penance, 1994.

Tout ce que je savais, c'est que ces romans policiers avaient fait l'objet d'une série télévisée (avec Derek Jacobi dans le rôle titre), c'est tout. Mais il paraît que de nombreux fans vouent un véritable culte au frère Cadfael, allant jusqu'à visiter les lieux où se déroulent les intrigues.

On se trouve ici à la jonction du roman policier et du roman historique, un peu comme dans Le Nom de la rose d'Umberto Eco (dans les deux cas, le personnage menant l'enquête est un moine du Moyen-Âge) mais en beaucoup plus léger et moins érudit (à ma grande honte, je dois avouer que j'ai abandonné Le Nom de la rose après 100 pages, même si j'avais adoré le film!).

Cadfael tente de retrouver son fils naturel qui a été pris en otage lors de la prise d'un château-fort et dont on a perdu la trace. Un meurtre se produit, mais sa résolution est presque accessoire, c'est l'intrigue politique (la guerre entre les partisans du roi Étienne et ceux de l'impératrice Mathilde, tous deux prétendant au trône d'Angleterre) et surtout le sauvetage de l'otage qui sont mis en avant-plan. Un seul petit caveat: au début il y a une abondance de personnages, je vous conseille de faire une petite liste classée par allégeance, sinon c'est un peu dur de s'y retrouver.

Je me demandais si le fait de ne pas lire les romans dans l'ordre (celui-ci est un des derniers) occasionnerait des problèmes, mais pas du tout. Certains personnages sont récurrents, mais on en sait juste assez sur eux pour que ce ne soit pas frustrant.

Une lecture agréable; je vais certainement en lire d'autres, si possible en version originale.


Prochaine lecture: Je suis un chat, de Natsume Soseki.

20 juillet 2007

Quelle héroïne de conte de fée êtes-vous?



Vous êtes Blanche-Neige

Petite vous deviez être très sage. Attentive, disciplinée, désireuse de bien faire. N'ayez pas peur de sortir des sentiers battus, dans votre vie ou votre tête. L'imagination vous fera la vie plus belle et plus facile, parfois. Car les autres comptent sur vous, peut-être même un peu trop.



Assez vrai, je crois... J'ai pris ce petit quizz chez Anjelica. Pour l'essayer, c'est ici!

14 juillet 2007

La première phrase...

La première phrase d'un roman, c'est tout un art. Elle doit nous happer, nous intriguer, bref nous donner le goût de lire la deuxième!

Certaines premières phrases sont devenues des classiques. Voici peut-être la plus célèbre:

Longtemps je me suis couché de bonne heure. (Marcel Proust, Du côté de chez Swann)

Et celle-ci, assez connue aussi:

Aujourd'hui maman est morte. (Albert Camus, L'Étranger)

Et dans un genre tout à fait différent, une de mes préférées:

Doukipudonktan, se demanda Gabriel excédé. (Raymond Queneau, Zazie dans le métro)

Du côté anglophone, la plus célèbre est sans doute celle de Charles Dickens dans A Tale of Two Cities: «It was the best of times, it was the worst of times». Mais bien peu de gens savent ou se souviennent qu'en fait la phrase ne s'arrête pas là:

It was the best of times, it was the worst of times; it was the age of wisdom, it was the age of foolishness; it was the epoch of belief, it was the epoch of incredulity; it was the season of Light, it was the season of Darkness; it was the spring of hope, it was the winter of despair; we had everything before us, we had nothing before us; we were all going directly to Heaven, we were all going the other way.


Celle-ci a été remise à la mode récemment par le film The Hours:

Mrs. Dalloway said she would buy the flowers herself. (Virginia Woolf, Mrs Dalloway)


J'ai failli en oublier une vraiment classique, très succinte:

Call me Ishmael. (Herman Melville, Moby Dick)


À l'opposé, une phrase est reconnue pour être une des pires, l'archétype même du cliché, celle du pauvre Edward Bulwer-Lytton (un écrivain anglais du XIXème siècle), rendue célèbre par ce cher Snoopy (dont toutes les tentatives littéraires commençaient par ces mots, et se soldaient toutes par des échecs!):

It was a dark and stormy night; the rain fell in torrents, except at occasional intervals, when it was checked by a violent gust of wind which swept up the streets (for it is in London that our scene lies), rattling along the house-tops, and fiercely agitating the scanty flame of the lamps that struggled against the darkness.


Une devinette: celle-ci, elle vient d'où, d'après vous? Et défense de googler, c'est triché!

Colin terminait sa toilette.

En voici quelques unes tirées des romans que j'ai lus récemment:

La chaleur du soleil semblait fendre la terre. (Laurent Gaudé, Le Soleil des Scorta)


Aurélien Rochefer était devenu apiculteur par goût de l'or. (Maxence Fermine, L'Apiculteur)


There was no possibility of taking a walk that day. (Charlotte Brontë, Jane Eyre)

Dans le cristal des verres à cognac pansus se reflétaient les bougies qui brûlaient dans les candélabres d'argent. (Arturo Pérez-Reverte, Le Maître d'escrime)

Une enveloppe cachetée est une énigme qui en renferme d'autres. (Arturo Pérez-Reverte, Le Tableau du Maître flamand)


Pour finir, une des plus anciennes, LA première phrase des premières phrases:


Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre.

C'est vraiment ce qui s'appelle commencer par le commencement. Ces gens-là savaient ce qu'ils faisaient, c'est moi qui vous le dis!



À votre tour. Quelle est la première phrase du bouquin que vous lisez en ce moment? Quelles premières phrases vous ont marqués?

11 juillet 2007

Le Soleil des Scorta

Le Soleil des Scorta de Laurent Gaudé, publié chez Actes Sud en 2004. 247 p.


Un seul regret: il y avait là matière à une formidable saga, ou au moins une grosse brique de sept cents pages: plusieurs générations d'une même famille, une malédiction, un village brûlé par le soleil, un voyage... Et aussi la sagesse durement acquise au fil des ans, tentant de contrebalancer la folie inhérente à la lignée; et la fierté d'appartenir à cette famille éprouvée par le malheur et la pauvreté. Mais le style de Laurent Gaudé, c'est une grande simplicité, la pureté, l'évocation plutôt que la description. Et ma foi, c'est très bien ainsi.

Mon passage préféré est celui du festin sur le quai de pêche. Il est trop long pour que je le transcrive ici, mais imaginez: le vent chargé de sel, le bruit des vagues, du risotto aux fruits de mer, des calmars frits, des poissons et des crevettes grillés sur un feu de bois... Et tous les gens qu'on aime autour de soi. Le bonheur.


La critique d'Allie, de Jules (qui elle aussi aurait aimé quelque chose de plus étoffé, mais qui, elle, est restée sur sa faim!), de Frisette, de So...


Prochaine lecture: Frère Cadfael fait pénitence d'Ellis Peters.

04 juillet 2007

The Goodbye Summer


The Goodbye Summer de Patricia Gaffney, publié chez Harper Collins en 2004. 389 p.


Après une lecture 100% intellect, en voici une qui s'adresse plutôt aux émotions. De temps en temps, j'aime bien ce genre de bouquin. On ne se casse pas la tête, on embarque dans l'histoire et on se laisse mener. De la même auteure, j'avais lu et beaucoup aimé The Saving Graces, qui parle surtout d'amitié féminine, ainsi que Circle of Three, sur les relations entre trois générations de femmes; et aussi Flight Lessons, mais celui-là ne m'a pas laissé un souvenir impérissable puisqu'il a fallu que j'aille consulter le résumé sur Amazon pour me le remettre vaguement en mémoire.

Ce livre-ci parle de deuil, de la vieillesse, du sentiment d'abandon, de quête d'identité. Et en plus il y a un chien très mignon! Dans l'ensemble, j'ai bien aimé, les personnages sont attachants, on veut savoir ce qui va leur arriver, mais il y a quelques longueurs, et certaines parties sont un peu prévisibles. Si vous ne connaissez pas cette auteure, je vous recommande de commencer plutôt par The Saving Graces, de loin mon préféré.




Prochaine lecture: Le Soleil des Scorta de Laurent Gaudé.

01 juillet 2007

Chroniques des atomes et des galaxies

Chroniques des atomes et des galaxies, de Hubert Reeves, publié aux Éditions du Seuil en 2007. 202p.

Oulala! Ce livre donne le vertige! Cette idée d'infini, que voulez-vous...

Son livre précédent, Chroniques du ciel et de la vie (2005), abordait surtout des thèmes écologiques. Dans celui-ci, on nage dans la physique plus théorique. Mais M. Reeves accomplit tout de même le tour de force de nous faire comprendre d'une façon presque intuitive des trucs passablement abstraits: le Big Bang, la matière sombre, les quarks... Bon, la courbure du cosmos, j'y arrive toujours pas, mais au moins ce cher Hubert me rassure: il paraît que c'est assez normal. Les deux livres se rejoignent quand même, comme le souligne l'auteur dans l'avant-propos:


«Ces chroniques des atomes et des galaxies nous parlent de cet univers qui nous a engendrés. Elles s'adressent à la question de notre origine: "D'où venons-nous et comment en sommes-nous venus à exister?" Les Chroniques du ciel et de la vie publiées précédemment s'adressaient, elles, à la question de notre destin: "Comment agir pour ne pas nous éliminer nous-mêmes?" Ces deux interrogations, sur le passé comme sur l'avenir, se rejoignent dans le cadre de nos préoccupations écologiques.»

Je suis fascinée par la théorie des univers miroirs, dont je n'avais jamais entendu parler. Le cosmos pourrait être comparé à une pièce dont tous les murs sont recouverts de miroirs. Ces miroirs se renvoient les images et tous les objets de la pièce semblent se répéter à l'infini. L'univers pourrait n'occuper qu'un espace restreint et contenir un petit nombre de galaxies, et à partir d'un certains point c'est en fait leur image, répétée infiniment, que l'on aperçoit. Je ne sais pas pourquoi, je trouve ça vraiment chouette, comme idée!

Aussi, le passage sur les neutrinos m'a donné un petit frisson:


«Le Soleil nous inonde de ces particules. À chaque seconde, quarante-cinq milliards de neutrinos, en provenance de notre étoile, traversent notre corps sans que nous en ressentions le moindre effet.»

Et en plus, c'est 24 h/24, car même la nuit, on n'est pas tranquille! En effet, les neutrinos traversent la masse de la terre comme si de rien n'était! Mais comme ça existe depuis que le monde est monde et qu'apparemment personne n'en est mort, ça devrait aller.

Un bouquin assez fascinant, que la présentation en courtes chroniques rend plus facile à digérer! Je ne lirais pas uniquement ce genre de livre, mais une fois de temps en temps, ça fait du bien de se faire travailler les méninges un peu.



Prochaine lecture: The Goodbye Summer, de Patricia Gaffney.