11 mars 2017

Rien ne s'oppose à la nuit

Quel beau roman autobiographique que celui-là!  Delphine de Vigan, que je ne connaissais que de nom, y décrit de façon fort émouvante mais sans complaisance la vie de sa mère, qui était bipolaire et qui s'est suicidée.  Née dans une famille nombreuse et extravagante, celle-ci eut une enfance tumultueuse, marquée par plusieurs tragédies, et ses blessures subsisteront jusqu'à l'âge adulte.  Mais s'il y a beaucoup de zones d'ombre, il y a aussi plusieurs passages lumineux et s'il est triste, le récit, qui se présente en fait comme une enquête, n'est jamais déprimant.


Rien ne s'oppose à la nuit de Delphine de Vigan, 2011, 439 p.

06 mars 2017

Mrs Dalloway


En commençant ce roman de Virginia Woolf – première rencontre entre cette écrivaine et moi – j’ai cru avoir des flashbacks de mon expérience peu concluante (c’est un euphémisme) avec Faulkner il y a un an ou deux.  Le style est celui du stream of consciousness (courant de conscience), on saute donc du coq à l’âne et c’est parfois difficile à suivre.  Il faut dire que j’avais une édition numérique que j’ai trouvée dans un lot que Gropitou a téléchargé je ne sais où et que la qualité de la numérisation laissait à désirer.  C’est fou comme des petits détails de mise en page ou de ponctuation déficientes peuvent rendre la lecture ardue.  Lorsque je me suis plutôt tournée vers une édition de meilleure qualité, celle du prêt numérique de la BAnQ, c’était déjà beaucoup plus plaisant, surtout que les notes explicatives aidaient grandement à la compréhension.  Par exemple, la phrase «Lords, Ascot, Ranelagh and all the rest of it» prend tout son sens lorsqu’on comprend que Lords désigne ici  un terrain de sports équestres (tout comme Ascot et Ranelagh) et non des seigneurs ou des nobles.

Woolf dresse un portrait de la société londonienne des années 1920 en nous faisant connaître les pensées de différents individus au cours d’une seule journée.  L’idée est excellente mais son style d’écriture selon moi un peu prétentieux empêche de s’attacher aux personnages.  Dommage car ceux-ci sont fort bien dépeints.  Le portrait de l’ancien soldat souffrant de toute évidence d’un stress post-traumatique (ce qu’on appelait à l’époque «shell shock») est particulièrement saisissant.

Aussi la visite de Londres doit être plus intéressante quand on connaît la ville.   J’ai aimé par contre que les résonnements de Big Ben ponctuent le roman, marquant les étapes de la journée.



Mrs Dalloway de Virginia Woolf, 1925, 214p.  Titre de la traduction française: Mrs Dalloway.