22 mars 2008

Nouveau chouchou...

Il rejoint Viggo et Colin... *soupir*



















Une chance que Gropitou lis rarement mon blog...

21 mars 2008

Les Bienveillantes (3)

Tout d'abord, un mot d'avertissement, pour qu'il n'y ait surtout pas de malentendu. Je ne cherche absolument pas à excuser, d'aucune façon, les gestes atroces qui ont été commis contre des populations entières durant la Deuxième Guerre mondiale. Ce que j'essaie de faire, c'est de comprendre comment cela a pu arriver, ce qui dans le cerveau humain, dans la nature humaine, a pu permettre à ces gestes d'être perpétrés. (De là à tracer un parallèle avec ce qui se passe encore aujourd'hui à plusieurs endroits dans le monde, il n'y aurait qu'un pas...)

C'est pourquoi je trouve ce livre (que je n'ai pas encore fini, hé non! Mais ça s'en vient, j'en suis aux deux tiers!) à la fois si palpitant et si difficile à lire. Il nous montre comment ces gens ont pu commettre des crimes innommables, supporter l'insupportable, en se concentrant sur les aspects logistiques et techniques: mode d'exécution quand les munitions sont limitées, moyens de transport, lieu, façon sécuritaire de disposer des corps, etc.

Comment aussi le cerveau de ces gens avaient été préparé par la propagande du parti, et ce durant des années avant la guerre. Cela permettait à leur cerveau une rationalisation des actions commises: les Juifs sont prédisposés racialement à être des saboteurs, il faut donc les éliminer à mesure qu'on conquiert du terrain pour assurer nos arrières, de même que les tziganes, les communistes. Et ce serait cruel (comble de la mauvaise foi) de tuer les hommes et de laisser les femmes et les enfants sans ressources, il vaut mieux donc les éliminer aussi!

En général, j'ai beaucoup de difficulté avec les romans où le personnage principal est antipathique. Il faut que je puisse lui trouver au moins quelques qualités sinon je n'accroche pas, a fortiori lorsque le récit est à la première personne comme ici. C'est pourquoi j'étais craintive au début de ce bouquin: un officier des SS, qui en plus travaille à l'organisation des massacres? Hé bien, ce doit être que l'auteur a un grand talent, car j'y suis arrivé. Oui, le personnage en arrive à être presque sympathique, même. Je crois que le paragraphe que je vous ai cité dans un billet précédent y est pour beaucoup. Particulièrement la phrase «(...) excusez-moi, il y a peu de chances pour que vous soyez l'exception, pas plus que moi.»


Paradoxalement, le fait que les scènes les plus horribles soient au début du roman y aide aussi (j'aurais cru le contraire). Sans oublier ces actes, on les accepte, d'une certaine façon, et on continue. Non, je ne pourrais même pas dire qu'on les accepte, mais on les classe dans un coin du cerveau parce qu'ils sont pour l'instant incompréhensibles. Aussi le fait que le personnage se soit rendu malade physiquement, sans que lui-même ne fasse le lien entre ce qu'il a dû faire et ses problèmes de santé, nous permet de voir qu'il restera marqué dans son corps et dans son âme, qu'il ne s'en sortira pas indemne.


Autant lorsqu'un héros est formidable, on s'y identifie et on voudrait croire que nous aussi, dans les mêmes circonstances... autant ici, à l'inverse, on se rassure (étrangement) sur l'humanité entière en se disant que les humains sont faits ainsi et que nous aussi on aurait peut-être agi ainsi... Enfin, je m'explique mal en quoi je trouve cela réconfortant! Si ces gens ont commis des atrocités, ce n'est pas parce qu'ils étaient tous foncièrement méchants, mais parce que leur cerveau a été conditionné pour cela. Et seuls quelques spécimens exceptionnels arrivent à combattre ce conditionnement. Il y a donc de l'espoir, car un cerveau pourra aussi être conditionné pour le Bien, si seulement on arrive un jour à s'entendre sur ce que c'est exactement...


Ok, j'avoue que tout cela est assez confus, moi-même je m'y perds, il n'y a rien de simple dans cette histoire-là! Mais croyez-le ou non, au bout du compte, j'ai eu plus de facilité à m'identifier (même si seulement très partiellement, hein?!) à un officier SS qu'à un poète du Moyen-Âge!!


La suite dans quelques jours...


Mes billets précédents sur ce livre: mes premières impressions, un drôle d'extrait.

10 mars 2008

Les Bienveillantes (2)

Dans un hôtel de Berlin, Max descend chez ses voisins qui font la fête, l'empêchant de dormir:

Une belle grande femme en tenue de soirée un peu négligée m'ouvrit, les
yeux brillants. «Oui?» Derrière elle, la musique rugissait, j'entendais
des tintements de verres, des rires affolés. «C'est votre chambre?» demandai-je,
le cœur battant. -- «Non. Attendez.» Elle se retourna: «Dicky! Dicky! Un
officier te demande.» Un homme en veston, un peu ivre, vint vers la porte;
la femme nous regardait sans cacher sa curiosité. «Oui, Herr
Sturmbann­führer? fit-il. Que puis-je pour vous?» Sa voix affectée,
cordiale, presque brouillée traduisait l'aristocrate de vieille souche. Je
m'inclinai légèrement et débitai d'un ton le plus neutre possible: «J'habite la
chambre au-dessus de la vôtre. Je reviens de Stalingrad où j'ai été
griè­vement blessé et où presque tous mes camarades sont morts. Vos
festi­vités me dérangent. J'ai voulu descendre vous tuer, mais j'ai
téléphoné à un ami, qui m'a conseillé de venir vous parler d'abord. Alors,
voilà, je suis venu vous parler. Il vaudrait mieux pour nous tous que je n'aie
pas à redescendre.»

Je sais que ce n'est pas drôle du tout, mais je n'ai pas pu m'empêcher de rire. J'aimerais bien pouvoir sortir ce genre de réplique à mes voisins du dessus lorsqu'ils font la bamboula.

04 mars 2008

Les Bienveillantes (1)

Les Bienveillantes de Jonathan Littell, publié chez Gallimard en 2006. 903 p.


Ceci n'est pas mon commentaire définitif sur Les Bienveillantes de Jonathan Littell, puisqu'après trois semaines je ne suis même pas rendue à la moitié de cette énorme brique. J'avance à pas de tortue, c'est passionnant mais extrêmement dense, tant au niveau de la présentation visuelle que du contenu!

En attendant, je voulais partager avec vous cet extrait, dont la lecture m'a rappelé les interrogations que j'ai eues lors de la lecture de Luz ou le temps sauvage d'Elsa Osorio l'été passé, et en fait les interrogations que j'ai chaque fois que je lis quelque chose se rapportant à un génocide, à une guerre civile, etc, et ce depuis mon tout premier contact avec cette réalité, le journal d'Anne Frank lu vers l'âge de 13-14 ans.

Je me suis toujours demandé comment de telles atrocités à grande échelle pouvaient se produire. Car si on peut concevoir que quelques fous sanguinaires aient réussi à se hisser à des positions de pouvoir, comment expliquer que le reste de la population ait soit participé, soit fermé les yeux, pendant des mois ou des années, et que seuls une petite poignée de braves aient tenté de résister?

Pour ceux qui ne connaissent pas Les Bienveillantes, le narrateur est un officier SS et l'histoire se déroule durant la Deuxième Guerre mondiale, sur le front russe.

Encore une fois, soyons clairs: je ne cherche pas à dire que je ne suis pas coupable de tel ou tel fait. Je suis coupable, vous ne l'êtes pas, c'est bien. Mais vous devriez quand même pouvoir vous dire que ce que j'ai fait, vous l'auriez fait aussi. Avec peut-être moins de zèle, mais peut-être aussi moins de désespoir, en tout cas d'une façon ou d'une autre. Je pense qu'il m'est permis de conclure comme un fait établi par l'histoire moderne que tout le monde, ou presque, dans un ensemble de circonstances donné, fait ce qu'on lui dit; et, excusez-moi, il y a peu de chances pour que vous soyez l'exception, pas plus que moi. Si vous êtes né dans un pays ou à une époque où non seulement personne ne vient tuer votre femme, vos enfants, mais où personne ne vient vous demander de tuer les femmes et les enfants des autres, bénissez Dieu et allez en paix. Mais gardez toujours cette pensée à l'esprit: vous avez peut-être eu plus de chance que moi, mais vous n'êtes pas meilleur. Car si vous avez l'arrogance de penser l'être, là commence le danger.



Peut-être que lorsque les circonstances nous obligent à commettre des actes dont on ne se serait jamais cru capable, notre cerveau s'adapte en inventant des raisons «rationnelles» à ces actes, ou en s'appropriant les raisons habilement fournies par la propagande. Je crois que c'est ce que tente d'explorer ce roman.

Pas très gaies, mes réflexions aujourd'hui, hein? Heureusement qu'il y a eu deux lectures plus légères (ici et ) depuis le livre sur Villon, sinon je crois que je ne serais pas arrivé à enfiler directement avec celui-ci!

01 mars 2008

Je, François Villon

Je, François Villon de Jean Teulé, publié chez Julliard en 2006. 416 p.

J'ai lu l'an dernier une critique élogieuse de ce roman biographique chez le collègue blogueur Bob August. Cependant, alors que d'habitude je saute allègrement sur tout ce qui a trait au Moyen-Âge, je n'avais pas été tentée, sans trop que je ne me souvienne pourquoi.

J'étais donc un peu déçue lorsque j'appris le choix du club de lecture des blogueuses pour le mois de mars. Puis, ayant en main le bouquin en question, je me dis que c'était probablement l'image de la couverture qui m'avait rebutée. Rasserénée, j'ouvris à la première page avec espoir... pour aussitôt déchanter en lisant la première phrase: «Le corps carbonisé fumait encore entre les chaînes du poteau fixé sur un haut socle de pierre.» Le reste du paragraphe était à l'avenant, et par la suite des descriptions très détaillées de suppliciés et de crimes horribles se répétaient à intervalles plus ou moins réguliers.

Je comprends bien que Teulé a voulu nous montrer un Moyen-Âge différent de celui, par exemple, de Jeanne Bourin. Un Moyen-Âge où pour des crimes mineurs on vous enterre vivant, on vous fait bouillir à petit feu. Mais personnellement mon Moyen-Âge, je le préfère un peu moins gore. Surtout que le Villon qu'on nous présente est 100% antipathique, à la limite même du psychopathe. Je sais, je juge des actes commis au XVème siècle avec mes valeurs du XXIème. Y a-t-il moyen de faire autrement? Je ne suis pas capable de me défaire d'une certaine idée de la valeur de l'être humain en tant qu'individu.

J'ai failli plusieurs fois abandonner cette lecture. C'est peut-être une sorte de curiosité malsaine qui m'a retenue (jusqu'où ira-t-il?). La même curiosité qui nous fait nous tordre le cou lorsqu'il y a un accident sur l'autoroute. Et il y a aussi quelques scènes savoureuses: Villon obligé de se déguiser en fou du roi, avec chapeau à clochettes et poulaines démésurées; Villon apercevant pour la première fois une autruche, qu'il prend pour une poule géante; Villon dérobant pour la deuxième fois la bourse du Duc d'Anjou... C'était aussi une bonne idée d'imaginer dans quelles circonstances les principaux poèmes ont été créés. Malheureusement, cela ne compense pas le dégoût inspiré par d'autres passages, beaucoup plus nombreux.

J'aurais également apprécié qu'on nous rappelle en annexe les faits connus de la biographie du poète. J'ai trouvé qu'il était difficile de distinguer l'historique du fictif.


Pour connaître l'avis des autres membres du Club, voyez les liens chez Sylire ou chez Lisa!

Aussi, des avis beaucoup plus positifs que le mien: ceux de Coeur de Chêne du Biblioblog, de Thomthom, de Yueyin, et de Lo.