12 mars 2012

Renard bleu

L'heure est à la confession. Mon père, j'ai péché, j'avais acheté ce roman jeunesse pour ma nièce et je l'ai lu avant de le lui donner; il paraît que cela ne se fait pas. Mais ce n'est pas entièrement ma faute, monsieur le juge, c'est Gropitou qui prenait une éternité à finir de faire le tour de la bouquinerie! Alors moi je me suis assise dans les marches et j'ai fait la gaffe de le feuilleter, puis de survoler les premières pages... Et comme en cinq minutes je me suis esclaffée au moins trois fois à haute voix, je n'ai plus eu le choix, monsieur l'agent. Heureusement d'ailleurs que dans une librairie (et a fortiori une librairie de livres usagés) on est entre initiés, personne ne m'a regardée comme si j'étais folle, contrairement à ce qui se passe quand je lis en couinant dans les transports en commun.

Vous me connaissez pourtant, je ne suis pas forte sur le roman jeunesse et comprends mal, en passant et en général, l'engouement d'adultes majeurs et vaccinés (je sais, adultes majeurs c'est un pléonasme, c'est exprès, c'est une figure de style, Mme G. prof de Français secondaire III serait fière de moi) pour ce genre littéraire.  (Oui, je suis un peu snobe et je l'assume entièrement.)  Cela prenait la force d'attraction d'un Yves Beauchemin pour vaincre ma résistance!

Trêve de balivernes, venons-en au roman, direz-vous avec raison. Hé bien, j'ai beaucoup aimé! C'est frais, c'est rigolo, il y a un peu de suspense (bien que j'aie deviné assez rapidement ce qu'il en était de cet enfant qui dort depuis quatre-vingt-dix ans...).  C'est une sorte de conte avec sorcière, fantômes, animaux parlants et quête à accomplir, mais remis au goût du jour puisqu'on y voyage en hélicoptère plutôt qu'en carosse, qu'on passe quelques nuits au Château Frontenac plutôt qu'à l'auberge et qu'au lieu du Roi l'on rencontre le Premier Ministre du Québec et ses courtisans les fonctionnaires de différents ministères, au charabia nécessitant un interprète!  On retrouve de nombreux clins d'oeil pour les lecteurs adultes, petites allusions qui passeront sûrement six pieds par-dessus la tête des ados, comme par exemple ce millionnaire Paul Desmarigots, grosse légume de la Coleslaw Corporation...

Monsieur Beauchemin, à quand la suite?  Peut-être une aventure mettant en vedette l'ours Gustave ou Bruno le squelette?


Le Renard bleu d'Yves Beauchemin, 2009, 375 p.

8 commentaires:

  1. Tu es drôle Grominou!!! :) Je le note car moi je n'ai personne à qui l'offrir, je pourrai lire l'esprit tranquille! hihihihi

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  2. Et dans pas si longtemps ce sera Émil qui le lira...
    ;-)

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  3. Un écrit différent de ce qu'écrit Beauchemin et je n'ai pas détesté du tout.

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  4. Suzanne: Différent, en effet!

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  5. Vieux Chagrin19 mars, 2012 14:28

    Tu as eu raison, Grominou, de succomber aux charmes de Renard Bleu – et tu m'y as fait succomber aussi. Depuis longtemps je lorgnais régulièrement ce livre à la biblio, mais chaque fois avec un mouvement de recul: pas question pour moi de lire un livre dont la couverture me semblait vraiment trop... trop quoi, je ne savais pas, mais j'avais pas le goût. Voilà l'effet d'une couverture trop ceci ou cela! Ta rigolade m'a décidée à tenter le coup: j'ai plongé – et rigolé moi aussi!

    A ma biblio, le livre est d'ailleurs classé «adultes» et non «jeunesse», et avec raison: malgré mon âge ultra accompli j'ai été captée à fond. J'ai été accrochée mieux encore que par les meilleurs polars. Tout du long on se demande si on n'est pas en train de petter une coche – et comment il se fait qu'on n'a pas eu connaissance des nombreux reportages parus dans les journaux au moment des événements – qu'il ne faut pas rapporter ici!

    Chapeau à Yves Beauchemin, et chapeau à toi qui nous le fais connaître!

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  6. Vieux-Chagrin: Je suis moi aussi très influencée par les couvertures, en bien ou en mal! Dans ce cas-ci toutefois, c'est un article paru lors de la parution désignant ce livre comme un roman jeunesse qui l'avait déconsidéré à mes yeux.

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  7. Ah Ah j'adore ta confession ! Je fais aussi souvent ce genre de péchés...

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  8. Liliba: Que celui qui n'a jamais péché nous jette le premier... pavé!
    ;-)

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