
J'ai adoré le premier tiers du roman, narré par la jeune Evelina, Métisse qui a passé son enfance dans une réserve près de la ville de Pluto, North Dakota. J'ai été émue d'apprendre que les Métis de cette région sont des descendants des colons français de l'Ouest canadien et qu'ils ont incorporé des mots français dans leur langue. Ces Métis ont quitté le Canada après la mort de Louis Riel. J'ai particulièrement aimé les personnages du grand-père Mooshun et de son frère Shamengwa, le violoneux. Leurs conversations avec le curé blanc qui tente de les ramener dans le giron de l'Église sont de vraies pièces d'anthologie. Le passage où Moonshun raconte le lynchage des Indiens injustement accusés du massacre d'une famille blanche est un bijou, mélange de comédie et de drame en parfait équilibre, où l'humour vient renforcer l'émotion et l'indignation, et vice-versa.
On change ensuite de narrateur; j'ai continué à bien apprécier l'histoire des premiers colons blancs venus s'établir en plein hiver dans cette région et dont la vie fut sauvée par le talent de chasseur de leur chien et par la débrouillardise de leurs guides métis. C'est par la suite que cela se gâte: j'ai été frustrée par toutes les digressions amenées par les narrateurs suivants, chacun contant son histoire avec comme seuls liens cette région et quelques personnages qui reviennent d'un chapitre à l'autre, descendants des premiers colons et des deux frères métis. Lorsqu'on revenait à la trame principale, je me réjouissais, pour être de nouveau dépitée lorsqu'on s'en éloignait.
Finalement, une lecture en dents de scie, alternant les éclats de rire et les claquements de langue exaspérés.

The Plague of Doves de Louise Erdrich, 2008, 314 p. Titre de la traduction française: La Malédiction des colombes.