11 août 2016

Le Côté de Guermantes


***Attention, divulgâcheur!***

Encore un plaisir de retrouver mon cher Marcel et son style incomparable.  D'ailleurs, est-ce moi qui s'y habitue?  Ses phrases m'ont semblé moins tarabiscotées dans ce tome-ci.  Par contre, amateurs d'action, s'abstenir: à part le passage (émouvant) de la mort de la grand-maman et une bonne engueulade avec monsieur De Charlus, il ne se passe à peu près rien dans ce tome.  On dirait même que Proust évite volontairement tout ce qui pourrait mettre un peu d'animation!  Ainsi, le narrateur glisse nonchalamment qu'il s'est battu en duel, sans donner plus de détails, simplement pour discuter du vocabulaire utilisé par Albertine pour décrire ses témoins!  Était-ce si banal, un duel, à la fin du XIXe siècle?

Proust continue plutôt sa description de la société qui l'entoure, société maintenant très divisée au plus fort de l'Affaire Dreyfus qui fait ressortir l'antisémitisme presque omniprésent.   Grâce aux rencontre faites à Balbec dans le tome précédent, le narrateur réussit à s'introduire dans le monde de la noblesse, qu'il nous décrit avec humour.  Comme il le remarque lui-même, on s'y perd un peu dans tous ces titres, un même personnage pouvant en changer (ainsi la princesse des Laumes du premier tome est-elle devenue la duchesse de Guermantes à la mort de son beau-père) mais en plus, depuis l'Empire, le même titre a pu être attribué à quelqu'un alors qu'il appartenait déjà à quelqu'un d'autre!  Une chatte y perdrait ses chatons!

En même temps, il poursuit son étude du pouvoir d'évocation des mots et s'amuse du langage coloré de sa bonne Françoise comme de celui de la noblesse, mêlé tour à tour d'expressions bourgeoises à la mode ou  «Vieille France».

Par contre il nous laisse sur un genre de cliffhanger (y a-il un équivalent français à cette expression? L'OLFQ suggère suspens, mais ça ne me semble pas tout à fait la même chose) et sur une révélation-choc au sujet de Swann dans les toutes dernières pages du roman.  J'ai donc déjà hâte de continuer la série, malgré le titre peu invitant du tome suivant: Sodome et Gomorrhe, et si je ne m'étais pas engagé dans une opération PAL estivale (la dite PAL commençant à prendre vraiment trop d'ampleur), je m'y plongerais peut-être tout de suite!


Le Côté de Guermantes (À la recherche du temps perdu, tome 3) de Marcel Proust, 1920-1921, 547 p. en version numérique. L'illustration ci-dessus ne correspond pas à l'édition que j'ai lue.

4 commentaires:

  1. Ha ha, un cliffhanger chez Proust! Je rame un peu dans ma relecture du 2, mais à me souvenir Du côté de Guermantes c'est mieux.

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  2. Je crois que c'est mon préféré (je n'ai pas encore tout fini).

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  3. Et moi qui n'ai lu que les jeunes filles en fleurs. Mais j'ai l'intention d'y remédier en 2017 en commençant pas le premier.

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