21 décembre 2020

Roma Eterna (Roma Æterna)

(D'abord, pourquoi le Æ fait son apparition dans le titre français?  Juste pour faire ch... suer ou quoi?  Parce que, hein, qui sait le faire par cœur, le Æ majuscule?)

Deuxième uchronie que je lis cette année (l'autre étant, vous vous en souvenez, Civilizations de Laurent Binet).  Pur hasard.  Je n'en lis pas tant que cela, mais j'aime le principe.  Je crois que mon intérêt remonte à un épisode de la série Twilight Zone (ou peut-être Au-delà du réel ou une autre série télé du genre) que j'ai vu, enfant, où les voyages dans le temps sont devenus monnaie courante et où l'on peut aller visiter différentes époques, en touriste.  Un groupe va visiter la Préhistoire.  Ils sont prévenus qu'ils ne doivent absolument pas quitter le sentier balisé car cela pourrait avoir des conséquences insoupçonnées.  Alors bien sûr, un crétin trébuche et met le pied à côté du sentier, écrasant un insecte.  Et quand le groupe revient au présent, il y a des drapeaux à croix gammée partout.

D'ailleurs, le thème des nazis revient souvent dans les uchronies.  Dans Roma Eterna de Robert Silverberg, non seulement il n'en est pas question, mais les nazis ont même été effacés de l'existence!  Pas seulement eux, mais aussi la bombe atomique et plusieurs autres choses, plaisantes ou non.  C'est que l'exode des Juifs d'Égypte a échoué, le christianisme n'a pas pu se développer et ébranler les assises de l'Empire romain, qui a su résister aux invasions barbares.  Le reste de l'histoire s'en trouve changé, et c'est ce que raconte ce roman en plusieurs chapitres se déroulant à différentes époques, de l'Antiquité à nos jours.  

L'idée de départ est fort intéressante, mais plusieurs détails m'ont empêchée d'apprécier pleinement ce roman.  (Et là, je vais devoir divulgâcher quelque peu, veuillez m'excuser.)  D'abord, j'ai trouvé dommage qu'on ne sache pas les raisons de l'échec de l'exode.  Pourquoi ne pas nous avoir raconté cet épisode?  C'est abordé en un seul paragraphe dans une conversation entre deux érudits romains. Il y a quelques autres raccourcis un peu faciles; on se débarrasse notamment de Mahomet en deux coups de cuillère à pot, et hop! pas d'Islam! 

Certains passages sont tout de même réussis.  J'ai particulièrement aimé celui qui décrit une période ressemblant à la Terreur post-révolution française.  Il y en a aussi un qui fait penser à l'assassinat de la famille du tsar Nicolas II; dommage que ce chapitre commence par une quarantaine de pages d'un ennui profond!  J'ai apprécié également les petits clins d’œil à Léonard de Vinci, à Einstein... La fin du roman a su me surprendre, bien que je ne partage pas du tout la conclusion de Silverberg au sujet de l'importance de la religion pour la civilisation.

Dans l'ensemble, une lecture somme toute intéressante mais très inégale. 

 

Roma Eterna de Robert Silverberg, 1989, 396 p.  Titre de la traduction: Roma Æterna.

10 commentaires:

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    1. Il faut tout de même dire que beaucoup de lecteurs l'ont apprécié plus que moi...

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  2. Bien que ta chronique soit mitigée, j'aime tellement les uchronies que je tenterai bien celle-là surtout comme tu le soulignes beaucoup traitent des nazis et là c'est l'empire romain au départ donc ça change un peu.

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    1. Effectivement, l'idée de départ est originale, et le livre est généralement apprécié, donc j'espère qu'il te plaira! N'hésite pas à revenir m'en parler!
      ;)

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  3. Je ne pense pas le lire un jour, mais c'est très intéressant de lire ton avis.
    Concernant l'épisode de série dont tu parles: c'est marrant, ça correspond de près à une nouvelle de Ray Bradbury dans le recueil Histoires de dinosaures.

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    1. Il est bien possible que l'épisode ait été une adaptation de la nouvelle!

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    2. Quand tu dis "Un groupe va visiter la Préhistoire", est-ce que c'est une Préhistoire trèèèèès éloignée, genre 65 millions d'années, et est-ce qu'ils y vont pour chasser le tyrannosaure? :)

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    3. Je t'avoue que c'est très vague dans ma mémoire... Ils vont voir des dinosaures, mais pas les chasser (puisqu'il ne faut rien changer).

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  4. Je me souviens l'avoir lu, sans plus de traces que çà.Les souvenirs sont diffus. Reste qu'un autre fix-up uchronique du même auteur m'est en lecture à venir: "Le nez de Cleopatre" (Rien que le titre flaire l'uchronie). De Silverberg toujours, d'uchronie encore, un court roman: "La porte des mondes" qui fut un juvénile toujours apprécié des grands. Je pense qu'il a eu l'honneur d'une réédition récente.

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    1. Ah je ne savais pas qu'il avait écrit pour la jeunesse. Le Nez de Cléopâtre, ça me fait irrésistiblement penser à Astérix, et maintenant j'ai la chanson du bain de Cléopâtre dans la tête pour le reste de la journée!

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