22 juillet 2025

La plus secrète mémoire des hommes (abandon)

Tiens, ça faisait un moment que je n'avais pas abandonné un livre...  La dernière fois, c'était en 2022!

Ce n'est pourtant pas faute d'avoir tenté de m'accrocher...  Je lisais ce roman de l'écrivain sénégalais Mohamed Mbougar Sarr, lauréat du Goncourt, dans le cadre d'une lecture commune avec des participantes du forum Livraddict, activité que j'ai moi-même organisée!  Cet abandon constitue donc un peu un faux-pas de ma part...  

Mais je n'en peux tout simplement plus du style pompeux, des personnages antipathiques et des discussions interminables sur la littérature.  Pourtant, d'habitude les «livres qui parlent de livres» sont tout à fait dans mes cordes, mais là c'est fait d'une façon à la fois très abstraite et condescendante.  

Il y a bien quelques passages que j'ai appréciés -- le Christ qui débarque de sa croix pour discuter le bout de gras avec le narrateur m'a bien fait rigoler!  Mais ces moments étaient trop rares à mon goût.  

Bref, la vie est trop courte, je passe à autre chose! 


La plus secrète mémoire des hommes de Mohamed Mbougar Sarr, 2021, 457 p. 

20 juillet 2025

Le Gardien du feu

Le roman Le Gardien du feu d'Anatole Le Braz a été choisi pour le club de lecture du forum Livraddict, édition spéciale «pépite méconnue».  Méconnue, c'est évident, je ne connaissais même pas cet écrivain de nom!  Pépite, ça restait à voir...

Eh bien, je confirme, c'est une pépite!  Cet auteur au nom de personnage de bande dessinée a toute une plume.  L'histoire, l'éternel triangle amoureux, pourrait sembler banale, mais elle se distingue par son décor (on est sur la côte bretonne) et son ambiance oppressante, presque gothique.  La Pointe du Raz est un lieu désolé, âpre, battu par les vents, et ses habitants ne sont pas spontanément chaleureux envers les étrangers (incluant toute personne venant d'une autre région de Bretagne), ou du moins ils ne l'étaient pas à la fin du XIXe siècle, selon Le Braz.  

La plume, très agréable, a un petit côté suranné sans jamais sembler désuète.  Quelques expressions bretonnes sont intégrées, faisant couleur locale, avec traduction dans les notes à la fin du volume.     

En bonus, j'ai toujours été fascinée par les phares, et une bonne partie de l'intrigue se déroule dans celui où le narrateur vient d'être engagé comme gardien (d'où le titre, vous l'aurez deviné!).  

Une excellente découverte!  Et la discussion au club de lecture a été fort intéressante, car la fin du roman se prête à différentes interprétations...

 

Le Gardien du feu d'Anatole Le Braz, 1900, 144 p. 

18 juillet 2025

Rocannon's World (Le Monde de Rocannon)

(L'édition offerte en prêt numérique est une intégrale contenant trois romans, et sa couverture n'est pas terrible... Je vous mets plutôt celle-ci, datant des années 70, qui reflète bien l'ambiance!)

Je continue mon exploration de l’œuvre d'Ursula Le Guin avec Rocannon's World, premier roman du Cycle de Hain.  Tout comme dans le célèbre The Left Hand of Darkness, on est ici dans un savant et délicieux mélange de science-fiction et de fantasy.  Ainsi, les personnages peuvent se déplacer à bord de vaisseaux spatiaux ou sur des gros félins ailés!  On se bat à l'épée ou au laser et à la bombe nucléaire! 

Rocannon, le personnage principal, est ethnologue de profession.  Cela donne lieu à d'intéressantes réflexions sur les différents peuples qu'il rencontre sur cette planète qu'il est venu explorer.  Gros coup de cœur pour les Fiia (Fian au singulier), petits humanoïdes joyeux qui m'ont fait penser à des hobbits, télépathie en bonus! 

J'ai toutefois constaté que les thèmes et les symboliques sont moins développés que dans The Left Hand of Darkness.  Il faut dire qu'il s'agit du tout premier roman de cette auteure!   Il faut donc le lire comme un très bon roman d'aventures.


Rocannon's World d'Ursula Le Guin, 1966, 258 p.  Titre de la traduction française: Le Monde de Rocannon. 

03 juillet 2025

Je vous ai vue, Marie

Quand j'étais ado (dans une autre ère géologique, donc), je me souviens avoir adoré le premier roman de François Barcelo, Agénor, Agénor, Agénor et Agénor.  Mes souvenirs de l'histoire elle-même sont flous (voire inexistants) mais j'avais trouvé très original ce type d'humour assez farfelu (humour déjanté, qu'il faut dire maintenant).  Je revisite maintenant l'auteur grâce à ce petit roman ramassé pour une bouchée de pain lors d'une vente de livres élagués de la Bibliothèque de Montréal.

J'ai plutôt apprécié le mélange de comédie satirique et de policier.  Les dialogues, notamment, sont assez amusants.  Seul petit défaut, il y a beaucoup de personnages, on s'y perd, en particulier entre les différents enquêteurs! Une petite liste n'aurait pas été de trop. 

Toutefois ce roman ne me laissera pas un souvenir indélébile.  J'ai l'impression que ce type d'humour semblait très original jadis, mais maintenant c'est beaucoup plus courant!

 

Je vous ai vue, Marie de François Barcelo, 1990, 249 p.

24 juin 2025

Patte de velours, œil de lynx

J'avoue, si j'ai eu envie de lire ce roman malgré les avis mitigés lus ici et là, c'est à cause de la couverture.  Quelle bouille il a ce minou! 

Malheureusement, malgré ce que laisse supposer cette couverture et ce titre, le chat en question a finalement un rôle très secondaire.  Si j'avais lu la quatrième de couverture, j'aurais pu m'en douter, mais je ne les lis jamais de peur qu'elles ne contiennent des divulgâcheurs.  

C'est la relation avec les voisins humains qui prend le devant de la scène, le chat (ou plutôt les deux chats, chaque maisonnée ayant le sien) agissant seulement à titre de déclencheur.  Alors qu'on prévoyait un récit plutôt amusant (toujours à cause de cette couverture), la tension s'installe et on se retrouve dans un thriller sur le thème assez banal de la dispute entre voisins.

On peut m'expliquer le titre de la version française?  Il n'a aucun rapport avec l'intrigue.  Mon ami Google Traduction me dit que le titre original suédois signifie «Œil pour œil, patte pour patte»; tout en mettant encore trop l'emphase sur les félins, ce titre a au moins l'avantage d'annoncer l'ambiance conflictuelle du récit.  

Contrairement à plusieurs lecteurs, j'ai assez aimé la fin, mais je suis quand même déçue du reste.  Le personnage principal est peu attachant et, le roman étant très court, on passe trop rapidement de «ils sont sympas mais un peu bizarres, ces voisins!» à «ma voisine est une psychopathe!».

 

Patte de velours, œil  de lynx de Maria Ernestam, traduit du suédois, 2015, 128 p.  Titre de la version originale: Öga för öga, tass för tass (2014).

22 juin 2025

A Prayer for the Crown-Shy (Une prière pour les cimes timides)

Monk and Robot (Histoires de moine et de robot), tome 2

 (Cette couverture est si jolie, je la laisse en plus grande dimension que d'habitude!) 

Après une lecture un peu glauque (La Porte des Enfers de Laurent Gaudé), quelle bouffée de fraîcheur de se retrouver sur la lune Panga avec nos amis Dex et Mosscap pour la suite de leurs aventures!  

J'ai encore beaucoup apprécié leurs conversations, surtout grâce aux réparties parfois naïves, parfois remplies de bon sens de notre robot envoyé par ses congénères pour enquêter sur les humains.  Les deux personnages sont vraiment fort attachants, et l'amitié qui se développe entre eux est touchante.  

J'ai encore eu un peu de difficulté à m'habituer à l'écriture inclusive, mais je pense qu'en anglais cela passe tout de même mieux qu'en français, puisque cela se limite à l'utilisation du pronom they singulier, sans avoir à accorder les articles et les adjectifs!  N'empêche, je devais parfois relire une phrase pour comprendre si le they se rapportait seulement à Dex (le personnage non-binaire) ou à plusieurs personnes.    

Le tout est très mignon, mais, encore plus que dans le tome 1, il m'a manqué une certaine tension, un mystère ou à tout le moins un enjeu quelconque!  Là, nos deux héros ne font que se promener d'un endroit à l'autre en discutant.  Finalement, j'en suis même arrivée à m'ennuyer quelque peu! 

 

A Prayer for the Crown-Shy (Monk and Robot, tome 2) de Becky Chambers, 2022, 160 p.  Titre de la traduction française: Une prière pour les cimes timides (Histoires de moine et de robot, tome 2).

21 juin 2025

La Porte des Enfers

Oh là là!  En commençant ce roman, je ne m'attendais pas à une ambiance aussi glauque et à des scènes d'une telle violence!  Bien sûr, Laurent Gaudé aime aborder des sujets sérieux, mais je n'ai jamais ressenti cette impression d'étouffement dans les autres romans que j'ai lus -- et pourtant je me souviens de passages assez durs dans Eldorado, par exemple.  

Heureusement, il y a dans cette histoire un côté fantastique qui m’intriguait.  Le narrateur, qui dit être mort et revenu à la vie, est-il un fantôme, un revenant, un fou?  C'est ce qui m'a encouragée à continuer, et finalement, à partir du milieu du roman, j'ai pu apprécier la façon dont Gaudé aborde les thèmes de la mort, du deuil, de la vengeance, du sacrifice et de la mémoire.  

Une des grandes forces de ce roman, ce sont les personnages secondaires, notamment la prostituée transgenre (en 2008, ce genre de personnages n'était pas encore courant) et le vieux curé barricadé dans son église.  

Mais quelle vision sombre de la mort!  On est loin du champ d’asphodèles des Grecs...       


La Porte des Enfers de Laurent Gaudé, 2008, 266 p.