08 novembre 2025

Comédie française: Ça a débuté comme ça...

C'est Gropitou qui m'a acheté ce bouquin dans une vente de livres élagués des bibliothèques de Montréal.  Je ne fais pas partie du public cible des autobiographies de stars, mais il savait que cela pourrait m'intéresser puisque je suis archi-fan de cet acteur, qui est par ailleurs captivant à en entrevue.

Gropitou a eu la main heureuse puisqu'en fait, malgré ce que laisse supposer le titre et la présentation de l'éditeur, il s'agit plutôt d'un genre d'essai sur la littérature et le cinéma (avec un soupçon de philo), entrecoupé de passages autobiographiques et de quelques pages de type journal intime.   

C'est donc tout à fait dans mes cordes!  Luchini nous parle de la relation qu'il entretient depuis des années avec Rimbaud, La Fontaine, Proust, etc.  Il m'a même donné envie de retenter Louis-Ferdinand Céline, après le semi-échec que fut Voyage au bout de la nuit), ce n'est pas rien! 

Petit bémol, il cite un poème d'un certain Philippe Muray qui s'étale sur 8 pages, c'est bien trop long, ça fait remplissage!  Il aurait été préférable de n'en citer que quelques vers plus marquants.

 

Comédie française: Ça a débuté comme ça... de Fabrice Luchini, 2016, 233 p. 

 

07 novembre 2025

L'Or

(Pas terrible, cette couverture...)

Jusqu'à maintenant, je ne connaissais Blaise Cendrars que de nom (nom que je trouve chouette par ailleurs, l'écrivain ayant créé ce pseudonyme à partir des mots «braise» et «cendre»!).  C'est mon ami Stefan (Zweig) qui m'a suggéré ce bouquin quand j'ai lu ses Très Riches Heures de l'humanité (recueil dont je ne vous ai jamais parlé car je le traîne depuis des mois, la deuxième partie, Souvenirs et rencontres, étant un peu ch... ennuyante.  Je pense que je vais me résoudre à le considérer comme un abandon et écrire finalement mon avis...  À faire avant la fin de l'année, pour qu'il entre dans mon bilan annuel!).  En effet, Zweig y parle du même personnage historique, le général Suter, qui fut paradoxalement ruiné à cause de la découverte d'or sur ses terres en Californie lors du fameux Eldorado. 

Après avoir admiré la plume de Cendrars, presque poétique, dans le premier chapitre qui se déroule en Suisse, j'ai trouvé dans les chapitres suivants que le ton était très factuel, presque documentaire.  Cela donne une impression de distance par rapport au personnage (à qui l'on reproche déjà d'avoir abandonné sans aucun remord femme et enfants en Europe!).  Ce n'est qu'à partir du moment où l'action s'établit en Californie qu'on arrive à se rapprocher du bonhomme, à s'émouvoir devant tout ce qui lui arrive et à être vraiment immergé dans l'ambiance des lieux décrits.

Malgré ce petit pépin, cela reste une lecture très intéressante, qui m'a fait découvrir un pan de l'histoire américaine que je ne connaissais que vaguement.

 

Je classe ce livre à la fois en œuvre non romanesque et en roman historique, car l'auteur le qualifie lui-même de biographie romancée. 

 

L'Or de Blaise Cendrars, 1925, 169 p. 

26 octobre 2025

Starter Villain (Superméchant débutant)

Encore une belle découverte faite dans le cadre du Prix Livraddict, catégorie science-fiction.  Toutefois, contrairement à Marge Nantel dont je vous ai parlé dans mon billet précédent, j'avais déjà entendu parler de John Scalzi ici et là, et bien sûr j'avais remarqué cette magnifique couverture lors de la parution de ce roman!

La surprise, c'est à quel point j'ai adhéré à la plume de cet auteur, qui m'a un peu fait penser à Neil Gaiman, version américaine et SF (alors que le British fait plutôt dans l'Urban Fantasy).  Un scénario déjanté, plein de rebondissements et d'imprévus, et surtout des dialogues archi-drôles (je ne sais pas ce que ça donne une fois traduit, mais en VO c'est délicieux -- le passage avec les dauphins, notamment, est désopilant, vous verrez).  

L'histoire?  Un type un peu minable mais sympa apprend que son oncle, qu'il n'a jamais rencontré, est décédé.  On lui demande de représenter la famille lors des funérailles, mais la cérémonie ne se déroule pas comme prévu, et à partir de là tout part en cacahuète! 

Une lecture parfaite si vous avez envie de quelque chose de léger et divertissant, qui ne se prend pas au sérieux.   


Starter Villain de John Scalzi, 2023, 264 p.  Titre de la traduction française: Superméchant débutant.

24 octobre 2025

Vallée du silicium

Très intéressantes, ces chroniques écrites par l'écrivain Alain Damasio lors d'un voyage effectué dans la Silicon Valley, cette région californienne où sont regroupés les sièges sociaux de la plupart des grandes compagnies technologiques (Apple, Meta, Microsoft, etc).

On est plus habitué à trouver cet auteur dans le domaine de la science-fiction...  Mais de nos jours, la réalité rejoint la SF, et on pourrait presque dire qu'elle la dépasse!

Dans chaque chronique, Damasio aborde un sujet différent: le corps hyperconnecté, les voitures autonomes, les très grandes disparités sociales, la surveillance et les contrôles incessants, les possibilités de l'intelligence artificielle, etc.

Le chapitre qui m'a fait le plus capoter (flipper, pour mes lecteurs européens) est celui sur ces gens qui utilisent des gadgets technologiques pour surveiller leur état de santé, leur sommeil, etc.  Il y a même des toilettes qui analysent l'urine et les excréments!  Personnellement, je serais incapable de vivre comme cela; toutes ces données me rendraient plus anxieuse au lieu de me rassurer!  Et comme elles peuvent être partagées en ligne (avec votre médecin par exemple), on peut imaginer toutes les dérives possibles si les compagnies d'assurances ou les employeurs y ont accès.

J'ai trouvé qu'il y avait parfois des contradictions dans les réflexions de l'auteur, et qu'il exagérait à l'occasion.  Mais il est tout à fait normal qu'on ne soit pas d'accord sur tous ces sujets qui évoluent si vite qu'on a de la difficulté à suivre.  Cet essai a avant tout le mérite de soulever des questions et de nous forcer à nous positionner sur ces enjeux de la plus haute importance.  

Petit bémol, Damasio, en écrivain de fiction de haut niveau, écrit ici dans une langue très soutenue, très littéraire, souvent très abstraite et avec de nombreux néologismes.  On met tellement d'énergie à déchiffrer la forme qu'on en oublie par moments de réfléchir au fond.

L'essai est suivi par une nouvelle de science-fiction d'une quarantaine de pages illustrant le danger de remettre notre sort entre les mains d'une intelligence artificielle lors d'une situation d'urgence.  J'avoue avoir eu un peu de difficulté à accrocher au début, car la prémisse m'a semblé un peu dure à avaler.  Mais une fois passé ce petit écueil, cela devient très intéressant et la fin a su me surprendre. 

 

Vallée du silicium d'Alain Damasio, 2024, 336 p.

15 octobre 2025

Code Ardant

 Wow!  Quelle surprise!

Je n'avais jamais entendu parler de cette écrivaine française avant que son roman ne soit mis en nomination pour le Prix Livraddict, catégorie SF.  Je ne m'attendais donc pas à grand-chose en le commençant.

Et me voilà bouche bée en le refermant.  Quelle belle intrigue bien ficelée, alternant en un équilibre parfait entre les scènes d'action haletantes et les moments de répit où les liens entre les personnages se dévoilent!

Au début on ne sait pas trop dans quel monde on évolue, à part qu'on est dans un futur pas trop lointain, quelques générations, et que la civilisation qu'on connaît a en partie disparu.  Il faut être patient, on arrivera peu à peu à rassembler les pièces du casse-tête.  Une autre difficulté vient du fait que les personnages principaux sont désignés parfois par leur prénom, parfois par leur surnom (Le Baril, La Bouée, La Souris, etc).  C'est donc assez mélangeant, cela prend un moment avant de s'y retrouver.  Et il faut aussi s'habituer aux dialogues écrits dans un genre d'«argot du futur»! 

Mais cela vaut vraiment la peine de s'accrocher!  Une ambiance à la Mad Max, métissée d'une belle réflexion sur l'amitié, la communauté, la technologie et sur ce qui fait de nous des humains -- réflexion qui n'est jamais soulignée à gros traits mais reste toujours en arrière-plan, tout comme j'aime. Je n'en dis pas plus, je vous laisse découvrir ce roman!  


Code Ardant de Marge Nantel, 2024, 478 p.

09 octobre 2025

Study for Obedience (Étude pour l'obéissance)

Alors heuuuuu….

J’ai rien compris à ce foutu bouquin!

Et j’aime pas quand un bouquin me fait sentir stupide!

Le fait que je l’ai lu en version originale n’a certainement pas aidé.  L’anglais est d’un niveau assez soutenu, merci.  Pourtant, la plupart du temps je comprenais le sens des mots, mais les phrases ne s’enregistraient pas dans mon cerveau parce que trop abstraites.  Alors je pense que même si je l’avais lu dans la traduction française, le résultat aurait été sensiblement le même.  C’est tout simplement trop plein de non-dits et de digressions vagues.

C’est dommage, car certains passages plus concrets (promenades dans la campagne, interactions avec les villageois) sont assez intéressants. 

J’ai bien failli abandonner, mais le mystère entourant le personnage principal a éveillé ma curiosité, assez en tous cas pour que je persévère. Sauf qu’à la fin je suis restée Gros-Jean comme devant!  Peut-être qu’on était sensé deviner le fin mot de l’histoire et que je ne suis pas assez intelligente.  Grrrr! 

 

Study for Obedience de Sarah Bernstein, 2023, 208 p.  Titre de la traduction française: Étude pour l'obéissance.  Paru en Europe sous le titre Obéissantes et assassines.   

27 septembre 2025

They Do It with Mirrors (Jeux de glaces)

Je continue de revisiter les romans d'Agatha Christie mettant en scène Miss Marple.  Tout comme il y a quelques mois dans Murder at the Vicarage, j'ai beaucoup apprécié ce personnage (que je trouvais décevant quand j'étais ado, je le rappelle).  C'est toute une fin finaude, cette Miss Marple, mais une fin finaude plus subtile qu'un Hercule Poirot, par exemple!  Avec son petit air naïf et son tricot, les méchants ne s'en méfient pas!

Une fois n'est pas coutume, j'ai deviné assez rapidement une partie de la solution, et je n'en suis pas peu fière!  Plusieurs éléments-clés ont tout de même su me surprendre.  L'intrigue est bien ficelée, il faut juste bien s'accrocher au début parce que les relations entre les divers personnages ne sont pas simples: qui est la demi-sœur de qui, untel est le combientième mari d'unetelle?  Heureusement, Agatha prend le soin de répéter souvent ces informations, et ça finit par rentrer!   

 

They Do It with Mirrors d'Agatha Christie, 1952, 224 p.  Titre de la traduction française: Jeux de glaces.