
«Nous n'emportâmes que ce que nous considérions comme le strict nécessaire. Lorsqu'on nous fit ouvrir nos valises à la douane, leur contenu révéla de la façon la plus évidente notre caractère et nos penchants. Les bagages de Margo consistaient en en une multitude de lingeries diaphanes, trois livres sur les régimes amaigrissants et un régiment de petits flacons de lotions contre l'acné. La valise de Leslie contenait deux pull-overs à col roulés et un pantalon, enveloppant deux revolvers, un pistolet, un livre intitulé Soyez votre propre armurier et une grande bouteille d'huile qui dégoulinait. Larry emportait deux malles de livres et un petit sac de cuir où se trouvaient ses effets. Les bagages de Mère étaient judicieusement composés de vêtements et de divers ouvrages sur la cuisine et le jardinage. Pour moi, je n'emportais que ce que je croyais nécessaire à dissiper l'ennui d'un long voyage: quatre livres d'histoire naturelle, un filet à papillon, un chien et un pot à confiture plein de chenilles sur le point de se transformer en chrysalides. C'est ainsi que, bien équipés selon nos goûts, nous quittâmes les rives humides de l'Angleterre.»Ceux qui me connaissent ne seront pas surpris, ce que j'ai aimé avant tout ce sont les descriptions des bêtes que le petit Gerry a réussi (plus ou moins) à apprivoiser: Ulysse le hibou, les deux pies jacasseuses qui mirent à sac la chambre de Lawrence, Géronimo le gecko qui livra un combat épique contre une mante religieuse, etc. Sans oublier les chiens, le fidèle Roger et les deux p'tits nouveaux, Widdle et Puke (Pisse et Vomi, deux noms suggérés par des grands frère à l'humour... particulier!). Ces animaux, ces insectes, ces plantes, Durrell a su retrouver son âme d'enfant pour nous les faire découvrir.
Féeries dans l'île de Gerald Durrell, traduit de l'anglais, 1958, 314 p. Titre de la nouvelle édition (2007): Ma famille et autres animaux. Titre de l'original anglais (1956): My Family and Other Animals.