Première constatation et agréable surprise: Dickens est relativement facile à lire en VO, bien plus que Thomas Hardy, qui m'avait donné du fil à retordre avec
Tess of the D'Ubervilles il y a quelques années, ou même que les soeurs Brontë (avec
Jane Eyre, par exemple).
Deuxième constatation: J'adore Dickens! Je ne l'avais pas lu depuis l'adolescence (
Le Grillon du foyer,
Un Chant de Noël); c'est l'enthousiasme quasi-obsessionnel de
Karine qui m'a donné le goût d'y retourner. Alors merci Karine!
Dans
Great Expectations, on passe vraiment par une foule d'émotions. On rit beaucoup, d'abord, car ce bon Charles est un fin observateur des travers de la société, qu'il met en relief grâce à des personnages secondaires à la limite de la caricature. On est ému aussi, surtout par l'évolution du personnage principal Pip, qui passe d'enfant maltraité à adolescent égocentrique et honteux de ses racines ouvrières pour enfin apprendre, grâce à l'amour et surtout à l'amitié, les vertus de la générosité, de la compassion et de la gratitude. Enfin on frémit maintes fois, car Dickens sait installer des ambiances inquiétantes (un marais brumeux où se terrent des forçats en fuite, les pas d'un inconnu qui grimpe interminablement un escalier obscur...) et un véritable suspense grâce à des méchants vraiment méchants!
Il y a bien de nombreuses coïncidences, qui dans un roman contemporain seraient difficiles à avaler, mais qui passent beaucoup mieux dans un roman victorien. Je dirais même qu'elles font partie des conventions du genre, voire qu'elles ajoutent au plaisir! Si on entend parler, par exemple, d'un cousin disparu trente ans plus tôt dans des circonstances mystérieuses, on se doute qu'il refera surface éventuellement, et on jubile lorsqu'il revient effectivement sous les traits du clochard amnésique ou du riche inconnu rencontré par hasard dans le train.

(Pour la petite histoire, je mentionne que l'édition illustrée ci-haut n'est pas celle que j'ai lue. Le volume emprunté à la bibliothèque [de Dodd, Mead & Company, 1942] possédait une reliure à l'ancienne mode, c'est à dire qui ne comprend plus la page couverture originale. Par contre, il contenait de jolies et amusantes gravures d'époque de F.W. Pailthorpe.)
Quelques billets dans la multitude:
Lilly,
Chiffonnette,
Praline,
Kali,
Joëlle... Et en anglais, celui de
Raych.
Great Expectations de Charles Dickens, 1861, 598 p. Titre français: De Grandes Espérances ou Les Grandes Espérances.