10 septembre 2012

Adieu, Betty Crocker

Un titre vu chez Jessica et qui se trouvait sur ma liste depuis des lustres... En cherchant des livres numériques à télécharger sur ma liseuse en vue d'un petit voyage et du défi Mon Québec en septembre de Karine, j'ai finalement eu l'occasion de passer à l'action!

À la mort de sa tante, femme d'intérieur accomplie qu'il considérait comme la maman parfaite quand il était petit, le narrateur a la surprise d'apprendre qu'elle souffrait en fait d'agoraphobie et n'était pas sortie de chez elle depuis trente ans.  Après avoir interrogé les membres de sa famille, il imagine un dialogue où sa tante lui raconte sa vie, lui explique comment elle s'était accommodée de sa maladie pour finalement avoir une vie relativement heureuse.

 Une réflexion intéressante sur le bonheur, la maladie mentale, la situation de la ménagère dans la société des années pré-70, le tout décrit dans un style léger, humoristique.  Je crois que ce roman plaira surtout aux quarante ans et plus, qui apprécieront les nombreux clins d'oeil rappelant le mode de vie des années 60-70 au Québec.  Car Gravel sait parfaitement trouver ces petits détails authentiques qui nous font nous exclamer: «Ah oui, c'est vrai, je m'en souviens!»

Un extrait:
Arrêtons-nous un peu sur cette table en arborite rouge, et supposons que nous soyons au jour de l’An 1960. J’ai neuf ans. Sur la table, il y a des montagnes de radis frisés et de céleris farcis au Cheez Whiz, une pyramide de carrés aux Rice Crispies, du sucre à la crème, des pailles au fromage, mais surtout, merveille des merveilles, des sandwichs sans croûte. Tandis que les autres invités se pâment sur la dinde qui trône au centre de la table, une belle dinde si uniformément cuivrée qu’elle semble tout droit sortie d’un salon de bronzage, je suis fasciné par ces sandwichs sans croûte, coupés en triangles parfaitement équilatéraux. Si on m’avait demandé à ce moment-là d’échanger ma mère contre tante Arlette, j’aurais accepté sans l’ombre d’un remords: chez nous, les sandwichs avaient toujours une double croûte, et cette croûte était généralement rassie… 
— … Tu aurais échangé ta mère contre ta tante Arlette, dis-tu? 
— N’oublie pas que nous parlons d’un enfant de neuf ans et que nous sommes en 1960. Si les Canadiens de Montréal ont le droit d’échanger Jacques Plante et Doug Harvey aux Rangers de New York, c’est qu’il n’existe plus rien de sacré. J’aurais échangé ma mère contre tante Arlette n’importe quand, oui, sans même essayer de négocier des considérations futures, comme on dit dans le merveilleux monde du sport. Arlette était une excellente cuisinière. Ma mère, non. Ça répond à ta question?


Adieu, Betty Crocker de François Gravel, 2003, 160 p. 
 

10 commentaires:

  1. Il m'a laissé une très bonne impression ce livre. Même si, depuis le temps, je n'aurais pu en parler clairement, j'avais un sentiment positif à son propos.

    Contente qu'il t'ait plu :)

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  2. Jessica: Merci de me l'avoir fait connaître!

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  3. Lise pas de blogue11 septembre, 2012 07:18

    Grominou,

    un autre livre que j'ai beaucoup aimé, pas vraiment à cause des années 60, même si j'ai plus que quarante ans (quarante-seize), mais parce que l'écriture sensible et subtile de François Gravel me va toujours droit au coeur; ce livre est dans ma bibliothèque, parmi d'autres de cet auteur et je sais que je le relirai un jour.

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  4. Lise: Aurais-tu quelques autres titres à me suggérer en particulier?

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  5. Lise pas de blogue11 septembre, 2012 14:56

    Grominou,

    dans ma bibliothèque j'ai "Vous êtes ici" (celui qui m'a fait découvrir François Gravel),"Mélamine blues", et "À deux pas de chez-elle", son premier roman policier, que j'ai adoré! Il a écrit bien des livres, mais je suis très mal placée pour recommander quoi que ce soit, d'autant plus que n'ayant pas de blogue je ne suis pas qualifiée.

    Je lis beaucoup de blogues de livres, suis en général silencieuse, sauf que dernièrement j'ignore quelle mouche m'a piquée mais je suis VRAIMENT trop bavarde.

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  6. Comment ça, pas qualifiée? Ça n'a aucun rapport avec le fait d'avoir un blogue ou pas!!! J'aime beaucoup lire tes commentaires, j'espère que tu vas continuer à être bavarde!
    ;-)

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  7. Ici, je suis d'accord avec Grominou!

    Le fait d'avoir un blogue ne fait pas de nous des gens qualifiés pour parler des livres. Tout le monde peut s'ouvrir un blogue et dire n'importe quoi. :)

    Continuez d'être bavarde, moi aussi j'aime lire vos commentaires!

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  8. Dis donc, tu réussis à me tenter, là! Avec tout ce que je note ce mois-ci, je vais devoir en faire un autre l'an prochain pour lire tout ça!

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  9. Et je suis totalement d'accord avec Jessica et Grominou. Le fait d'avoir un blogue ou pas ne veut strictement rien dire. Je prendrais aussi tes recommandations, Lise!

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  10. Jessica et Karine: Bien dit! Après tout, la plupart des blogueuses (dont moi) n'ont pas de formation particulière en littérature, ni en écriture, à ce que je sache...

    Karine: Justement, je me disais qu'on devrait en faire un événement annuel...
    ;-)

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