«Jeremy made a sort of snorting sound of derision. "I believe I know better, sir, than to trouble you with such nonsense! Ladies in black dresses walking about in snow -storms!"
"I hope you did not speak too harshly to him."
"Me, sir? No, indeed!"
"Perhaps he was drunk. Yes, I expect that was it. I dare say he and David Evans were celebrating the successful conclusion of their business."
Jeremy frowned. "I do not think so, sir. David Evans is a Methodist preacher."
"Oh! Well, yes. I suppose you are right. And indeed it is not much like a hallucination brought on by drunkenness. It is more the sort of thing one might imagine if one took opium after reading one of Mrs Radcliffe's novels."»
Nul besoin d'en avoir fumé du bon pour apprécier ce formidable roman -- formidable tant par son volume (782 pages de petits caractères serrés) que par sa qualité -- racontant les efforts de deux magiciens pour faire revivre la magie depuis longtemps confinée aux livres, ainsi que leur rivalité et leur lutte contre un inquiétant Faery aux cheveux argentés, kidnappeur de jolies femmes. L'originalité de l'intrigue est qu'elle se situe au XIXe siècle plutôt qu'au Moyen-Âge comme c'est généralement le cas, et qu'elle fait cohabiter les magiciens et créatures féeriques avec des personnages historiques comme le duc de Wellington et Lord Byron. Saviez-vous par exemple que c'est grâce à la magie que les Anglais et leurs alliés ont vaincu Napoléon Bonaparte?
Le style d'écriture rappelle Dickens et l'atmosphère oscille entre la légèreté d'un humour subtil, très British, et la noirceur des manoirs humides et des landes désolées, balayées par les tempêtes, des romans gothiques. Même Venise ne vous aura jamais semblée si glauque! Le rythme n'est pas des plus rapides et déplaira sans doute aux amateurs d'action échevelée et d'explosions à répétition. Susanna Clarke est plutôt du genre à installer tranquillement son histoire, à bien camper ses personnages. Toutefois elle ne souligne rien à gros traits, se fiant à l'intelligence du lecteur pour faire les liens nécessaires. Dans de nombreuses notes en bas de page, elle développe la mythologie qui sous-tend l'intrigue, et l'on se prend à croire que oui, le Raven-King a peut-être vraiment existé... Et si comme moi, lisant assis sur votre balcon, vous sursautez au cri de quelque corneille, vous saurez qu'elle est la messagère de ce roi légendaire!
Jonathan Strange & Mr Norrell de Susanna Clarke, 2004, 782 p. Titre de la traduction française: Jonathan Strange & Mr Norrell.
Lu il y a 6-7 ans... j'avais aimé, trouvé ça ambitieux, mais n'y avait-il pas quelques longueurs??
RépondreEffacerJ'ai lu ton billet, tu avais nettement moins aimé que moi... Non, pas de longueurs dans mon cas, je ne me suis pas ennuyée 2 secondes!
EffacerTypiquement le livre que je vois toujours passer sur les blogs sans jamais me pencher sérieusement dessus. Il faudrait peut-être passer à l'action.
RépondreEffacerJe pense que ça pourrait te plaire!
EffacerÇa y est, je l'ai commandé. Je te dirai !
EffacerJe me croise les doigts pour qu'il te plaise autant qu'à moi!
EffacerUn des très rares livres que je n'ai pas pu finir et pourtant je me suis acharné. Quitte à lire de l'uchronie, je préfère et de beucoup Greg Keyes et son age de déraison.
RépondreEffacerAh? tu m'intrigue, je ne connais pas cet écrivain!
EffacerMais personnellement je ne classerais pas ce roman dans l'uchronie, car finalement les événements historiques restent plus ou moins inchangés (Napoléon a vraiment perdu à Waterloo, etc).