03 juillet 2017

­L'amant en culottes courtes

Pour apprécier ce livre (largement autobiographique), il faut d'abord arriver à mettre de côté le léger malaise qui nous saisit en constatant qu'il raconte la liaison entre un petit Français  de 13 ans, en pension pendant un mois à Londres en 1957 pour y perfectionner son anglais, et une jeune étudiante de 20 ans.  Ce qui nous aide, c'est que, passé la scène du premier baiser, c'est toujours le garçon qui prend l'initiative.  Par contre difficile d'oublier qu'il est encore un gamin sur tous les plans autres que sexuels: il construit un avion en modèle réduit, va chaque jour s'acheter du chocolat au drugstore en postant sa lettre quotidienne à sa grand-maman, collectionne les petites voitures Matchbox et surtout, comme il le répète tout le long du roman, il porte des culottes courtes, à une époque où les pantalons étaient réservés aux «grands».

Ce garçon m'a semblé étrangement dégourdi pour un puceau, voulant expérimenter différentes positions et pratiques dès les premières fois.  Cela m'a paru peu réaliste. La jeune fille au contraire m'a agacée par sa passivité et je n'ai pas compris ce qu'elle recherchait dans cette relation, alors qu'elle avait par ailleurs un amoureux de son âge.

Le roman est de plus un peu long, il aurait pu avoir une centaine de pages en moins sans s'en porter plus mal.  Et puis il faut aussi passer par-dessus quelques réflexions un peu réactionnaires de l'auteur (par exemple, il est contre l'éducation sexuelle à l'école. Cette éducation devrait se faire par les pairs, les plus grands passent l'info aux plus petits...  On sait ce que ça donne!)

Là où j'ai vraiment beaucoup aimé ce livre, c'est dans la description du mode de vie de la petite bourgeoisie londonienne, des visites de Londres avec une vieille dame énergique engagée pour la circonstance, des différents membres de la famille, surtout la mère, genre de géante au cœur d'or que j'ai imaginée sous les traits d'une Julia Child britannique, et son mari qui ne dit jamais un mot et ne remplit les grilles de mots croisés qu'à moitié par amour de la modération!  Le tout vu de l’œil d'un petit Français qui a souvent des réflexions savoureuses sur le monde qu'il découvre.

Alors, c'est à lire ou pas?  À vous de voir!


L'Amant en culottes courtes d'Alain Fleischer, 2006, 655 p.

4 commentaires:

  1. On dirait un mélange bizarre! :)

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  2. Un peu, mais tout est raconté du point de vue du petit garçon, ce qui donne quand même une cohésion à l'ensemble.

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  3. Oh que ça a l'air étrange. Je ne suis pas certaine que ce soit pour moi, bien que le côté malsain m'intrigue un peu.

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    1. Bah, c'est peut-être moi qui suis trop prude? Ma mère l'a lu et n'a pas été choquée.

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