Heureusement, le contenu est beaucoup plus agréable que le contenant, grâce à la plume truculente de Garcia Marquez et à une construction fort ingénieuse.
En effet, la mort du titre est doublement annoncée. D'abord à nous lecteurs, dès l'incipit:
Le jour où il allait être abattu, Santiago Nasar s'était levé a cinq heures et demie du matin pour attendre le bateau sur lequel l'évêque arrivait.Mais aussi annoncée à tout le village, dont presque tous les habitants savent plusieurs heures à l'avance que les frères Vicario veulent trucider Santiago Nasar pour une question d'honneur. Tout l'intérêt de l'intrigue réside dans la reconstitution des événements, suite de coïncidences et de hasards qui ont entraîné la réalisation de la menace, comme si le Destin s'en était mêlé.
D'après les commentaires que j'ai lus ici et là, plusieurs y ont vu un drame poignant. Est-ce qu'on a lu le même livre? Moi je l'ai vu plus comme un jeu, presque comme un exercice de style. Le personnage principal n'étant pas complètement sympathique (il profite de chaque occasion pour tripoter la fille adolescente de sa cuisinière), et même s'il est sans doute innocent du crime dont on l'accuse, jamais je ne me suis sentie attristée du sort qui l'attendait. À la limite, j'ai même eu plus de compassion pour les meurtriers, écrasés par le poids de la tradition et la fatalité à laquelle ils tentent en vain d'échapper. Par ailleurs, il y a beaucoup d'humour, et même un petit clin d’œil à Cent ans de solitude lorsqu'un certain colonel Aureliano Buendia est mentionné!
Lisez-le, vous me direz ce que vous en pensez!
Chronique d'une mort annoncée de Gabriel Garcia Marquez, traduit de l'espagnol (Colombie), 1981, 133 p. Titre de la version original: Cronica de una muerte anunciada.
Les couvertures des cahiers rouges ne sont effectivement pas très jolies :)
RépondreEffacerAutant j'avais adoré "Cent ans de solitude" autant je m'étais un peu ennuyée sur celui-ci. Pas le même souffle épique, juste l'ambiance étouffante que quelques pointes d'humour viennent alléger.
C'est sûr qu'on est loin de Cent ans de solitude, ou encore de L'Amour aux temps du choléra. Mais je ne me suis pas du tout ennuyée car j'ai vu cela comme un jeu.
EffacerJe crois que j'avais bien aimé. Le principe de cette mort connue par tous et empêchée par personne m'avait amusée. Ça avait quelque chose de très réaliste.
RépondreEffacerJe viens d'aller relire ta chronique-express... Comme moi tu l'as trouvé intéressant sans être inoubliable! Et je ne suis pas du tout attirée par l'autre titre de GGM dont tu parles, Mémoires de mes putains tristes et qui fait partie des romans préférés de Beigbeder dans le livre que je lis actuellement, Premier Bilan après l'apocalypse. Ça me paraît un peu glauque!
EffacerOui, je ne te conseille pas Mémoires de mes putains tristes. Dans ma chronique sur Chronique d'une mort annoncée, je l'ai qualifié "d'obscur"; je ne me souviens pas de cet aspect-là mais j'en garde un souvenir un peu écœuré: c'est fondamentalement l'histoire d'un homme qui s'offre une prostituée vierge de 13 ou 14 ans pour son 90e anniversaire... :/
EffacerAh mince alors merci de l'avertissement, je vais le fuir comme la peste! Déjà que Beigbeder ne m'avait pas donné trop envie de le lire -- disons que lui et moi n'avons pas trop de goûts en commun, à part quelques exceptions!
EffacerJ'avais adoré ce roman! La construction, la sensibilité, la justesse du récit m'avait ému. Et comme toi, il m'avait fait l'effet d'un exercice de style. J'avais un peu moins aimé L'amour… Et Cent ans fut une des mes plus grands moments d'émotion littéraire. J'hésite à le relire.
RépondreEffacerJ'avais beaucoup aimé L'Amour... mais sans que ce soit une lecture marquante comme le fut Cent ans de solitude... que je n'ai jamais osé relire moi non plus!
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