16 mai 2020

Être du monde

Une œuvre complètement différente des romans historiques auxquels nous a habitués Maryse Rouy.  Il s'agit du récit d'un épisode douloureux de sa propre vie, celui où elle a accompagné sa mère, atteinte de la maladie de Lou Gehrig, dans ses derniers mois d'existence.

Impossible de ne pas être touché par ces événements, racontés de la plume à la fois pudique et généreuse de l'auteure.  Je me disais en lisant que ce serait peut-être difficile à supporter pour quelqu'un qui vit ou a vécu récemment la situation de proche aidant, mais à bien y penser, ce serait peut-être libérateur de constater qu'on n'est pas seul à éprouver toutes ces émotions: non seulement la tristesse, mais aussi la colère, le sentiment d'injustice et la culpabilité.  Sans que j'aie moi-même vécu cette expérience de proche aidant, plusieurs anecdotes m'ont fait penser à mon père, qui a passé les dernières années de sa vie dans un CHSLD.  Certains souvenirs sont empreints de douceur (son sourire quand il nous voyait arriver, les promenades en chaise roulante sur la terrasse ou dans le voisinage) ou sont plus pénibles (les difficultés grandissantes à manger, à parler).  Et aussi comment, après son décès, j'ai continué pendant des semaines à penser régulièrement «tiens, ça, je vais le raconter à papa», tellement j'avais pris l'habitude de noter toute nouvelle ou fait amusant dont nous pourrions discuter ensemble.

Je vous entends dire in petto que ça doit être quand même un peu lourd, comme bouquin...  Eh bien non, car le récit est entrecoupé de petits chapitres racontant la vie quotidienne à bord du cargo sur lequel l'auteure fait une retraite d'écriture, le temps d'une traversée de l'Atlantique.  Ces épisodes sont comme de petites oasis dans cette lecture qui autrement aurait pu être dure.


Être du monde de Maryse Rouy, 2019, 189 p.

4 commentaires:

  1. Oh, je suis tentée. Je travaille avec les personnes atteintes de SLA depuis plusieurs années (je suis la madame qui fournit des appareils pour communiquer quand on ne peut plus parler) alors du coup, ça m'intéresse.

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    1. Attention par contre, la maladie elle-même n'est pas décrite en détail, seulement dans les grandes lignes; c'est surtout la relation entre la mère et ses filles qui est le sujet du livre. Mais oui en tant que thérapeute ça peut t'apporter beaucoup car j'imagine que tu entres en relation non seulement avec les malades mais aussi avec leur proches aidants.

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  2. Ce que tu dis sur tes propres souvenirs est très touchant.

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    1. Oh merci! Ça a vraiment remué beaucoup de souvenirs.

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