05 décembre 2025

Le Dernier Été des Indiens

Alors que j'avais adoré mon premier contact avec Robert Lalonde lors de la lecture de C'est le coeur qui meurt en dernier, il y a une dizaine d'années, nos retrouvailles se sont moins bien déroulées, mon avis sur Le Dernier Été des Indiens étant plus mitigé.

Oh! la plume de Lalonde est toujours formidable, et il y a des passages magnifiques, que ce soit les descriptions de la nature québécoise ou les souvenirs du narrateur, un adolescent de treize ans, concernant son grand-père, décédé récemment et le seul membre de la famille qui le comprenait.  Il faut dire que l'action se situe dans un petit village, dans les années cinquante, avec ce que cela suppose de mœurs étriquées et de commérages. 

Là où j'ai eu un gros malaise, c'est en ce qui concerne la relation amoureuse que le garçon entretient avec un Indien qui lui fait découvrir la sexualité.  L'âge de ce dernier n'est pas précisé, peut-être un grand adolescent, mais on a plutôt l'impression qu'il s'agit d'un adulte...  Tout se passe en douceur et c'est toujours le jeune narrateur qui va rejoindre volontairement son amant, mais tout de même!  Il est toutefois intéressant de remarquer que ce qui choque les villageois à l'époque, c'est plutôt la relation interraciale et homosexuelle, la différence d'âge n'étant pas évoquée comme problématique.  


Le Dernier Été des Indiens de Robert Lalonde, 1982, 158 p. 

04 décembre 2025

La Vallée des rubis

Ayant adoré deux romans de Joseph Kessel (Le Lion il y a bien des années et plus récemment Les Cavaliers), je me doutais que sa plume si évocatrice serait parfaite pour un récit de voyage. 

Et j’avais raison! Dans La Vallée des rubis, il nous transporte en Birmanie (qui s’appelle maintenant le Myanmar) après une brève escale en Inde. Il nous décrit de façon très vivante et imagée les lieux visités et les gens rencontrés lors d’un voyage qu’il a effectué dans les années 50 avec son ami Jean, négociant en pierres précieuses.  Il y a même un certain suspense puisque la région est infestée de brigands, de rebelles et de tigres féroces. 

La quête d’un trésor légendaire sert de prétexte au périple et constitue le fil rouge du récit. L’aventure nous entraîne dans des mines, des marchés, des ateliers, des temples et même une fumerie d’opium, et nous fait rencontrer plusieurs personnages hauts en couleur. 

Voilà une façon fort agréable de voyager à peu de frais! 

 

La Vallée des rubis de Joseph Kessel, 1955, 253 p.  

25 novembre 2025

The Secret of Secrets (Le Secret des secrets)

Après huit ans d'attente, le voici enfin, le Dan Brown nouveau!  Je n'y croyais plus, je pensais que notre symbologiste préféré avait pris sa retraite.  Eh non, revoici notre cher Robert Langdon, plus en forme que jamais grâce aux bienfaits de la natation et... de l'amour! 

Bien sûr, inutile d'essayer de démontrer que Dan Brown est un grand écrivain.  Ses livres sont bourrés de petits défauts, de tics.  Ici, encore plus que dans les tomes précédents, j'ai trouvé qu'il abusait des flashbacks pour nous donner les informations nécessaires à la compréhension de l'intrigue.  Aux moments les plus inopportuns, les personnages se remémorent ce qui c'est passé il y a quelques jours, quelques semaines.  Cela donne une construction plutôt répétitive (action - flashback - action - flashback) qui peut devenir lassante, surtout que cela s'accompagne de quelques longueurs dans la deuxième moitié et d'une conclusion qui s'étire.

(Et ne parlons même pas des placements de produits complètement ridicules -- vraiment, Dan, c'était bien nécessaire qu'un personnage aille s'acheter un café chez Starbucks, qu'une autre s'enduise de parfum Machinchouette?)

C'était le pot, voici les fleurs.  J'ai trouvé passionnante la thématique abordée dans ce roman, celle de la conscience.  Certaines recherches tendent à démontrer que notre cerveau n'est pas le siège de la conscience humaine, ni le réceptacle de nos souvenirs.  Où tout cela se trouve-t-il, alors?  Voilà un questionnement abordé de façon tout à fait crédible, à la frontière entre la science et la métaphysique, et qui va me rester longtemps en tête.

Et comme toujours, un gros point fort de Brown est de nous faire voyager.  Cette fois, il nous emmène à Prague, une ville mêlant architecture médiévale et moderne.  

Alors oui, malgré ses défauts, je dis: lisez ce roman!  


The Secret of Secrets de Dan Brown, 2025, 688 p.  Titre de la traduction française: Le Secret des secrets

12 novembre 2025

Le Dernier Thé de maître Sohô

L'intrigue de ce roman historique n'est pas d'une grande originalité: une jeune femme qui se déguise en homme pour pouvoir exercer un métier, c'est du déjà vu (coucou, Mulan!).  Quant à l'histoire des derniers samouraïs, elle sert de toile de fond à plusieurs films, il me semble.

L'originalité de ce livre vient plutôt de la plume élégante et poétique de Cyril Gély.  En effet, à chaque page il se forme dans notre esprit l'image d'une aquarelle aux couleurs délicates, à la composition épurée.  De temps en temps, une touche d'humour un peu cru vient pimenter le tout (oui, je mélange une métaphore artistique avec une culinaire, c'est mon blogue, je fais ce que je veux!). 

Est-ce qu'une plume, aussi magnifique soit-elle, est suffisante pour faire un bon livre?

Peut-être dans de rares cas, mais ici, cela n'a pas fonctionné pour moi.  À partir du milieu, je dois avouer que j'ai commencé à m'ennuyer un peu.  La fin m'a surprise, ce qui a ravivé mon intérêt, mais c'était un peu tard. 

Une petite déception, donc, mais je n'hésiterai pas à donner une deuxième chance à cet auteur si l'occasion se présente.  Quant à vous, je vous invite à lire ce roman pour vous faire votre propre idée, car il récolte généralement des critiques très élogieuses.


Le Dernier Thé de maître Sohô de Cyril Gely, 2024, 190 p.

11 novembre 2025

Assise, debout, couchée !

Très agréable à lire, ce petit bouquin, mi-essai, mi-récit autobiographique.  Ovidie (qui s'est d'abord fait connaître comme actrice porno, puis comme réalisatrice de documentaires féministes et écrivaine) nous parle des chiens qui ont jalonné sa vie, de l'enfance à aujourd'hui, mais aussi des façons dont les chiens et les femmes sont liés depuis la préhistoire.

Protecteur, compagnon, confident, enfant de remplacement, le chien occupe de nombreuses fonctions dans la vie des humaines.  Il fait également partie de la seule espèce qui subit, tout comme les femmes, des chirurgies purement esthétiques.  Il y a donc de nombreux liens entre lui et nous.

Les idées abordées par Ovidie sont vraiment intéressantes, mais elles auraient pu être plus développées, à mon avis.  Tout reste assez superficiel, c'est un bon point de départ, mais sans plus.

Les parties autobiographiques sont le gros point fort du livre.  Si vous aimez les pitous, je vous mets au défi de ne pas éclater de rire à plusieurs reprises, et surtout de ne pas verser une petite larme à la mort de Raziel, le bulldog anglais.    


Assise, debout, couchée ! d'Ovidie, 2024, 193 p.

08 novembre 2025

Comédie française: Ça a débuté comme ça...

C'est Gropitou qui m'a acheté ce bouquin dans une vente de livres élagués des bibliothèques de Montréal.  Je ne fais pas partie du public cible des autobiographies de stars, mais il savait que cela pourrait m'intéresser puisque je suis archi-fan de cet acteur, qui est par ailleurs captivant à en entrevue.

Gropitou a eu la main heureuse puisqu'en fait, malgré ce que laisse supposer le titre et la présentation de l'éditeur, il s'agit plutôt d'un genre d'essai sur la littérature et le cinéma (avec un soupçon de philo), entrecoupé de passages autobiographiques et de quelques pages de type journal intime.   

C'est donc tout à fait dans mes cordes!  Luchini nous parle de la relation qu'il entretient depuis des années avec Rimbaud, La Fontaine, Proust, etc.  Il m'a même donné envie de retenter Louis-Ferdinand Céline, après le semi-échec que fut Voyage au bout de la nuit), ce n'est pas rien! 

Petit bémol, il cite un poème d'un certain Philippe Muray qui s'étale sur 8 pages, c'est bien trop long, ça fait remplissage!  Il aurait été préférable de n'en citer que quelques vers plus marquants.

 

Comédie française: Ça a débuté comme ça... de Fabrice Luchini, 2016, 233 p. 

07 novembre 2025

L'Or

(Pas terrible, cette couverture...)

Jusqu'à maintenant, je ne connaissais Blaise Cendrars que de nom (nom que je trouve chouette par ailleurs, l'écrivain ayant créé ce pseudonyme à partir des mots «braise» et «cendre»!).  C'est mon ami Stefan (Zweig) qui m'a suggéré ce bouquin quand j'ai lu ses Très Riches Heures de l'humanité (recueil dont je ne vous ai jamais parlé car je le traîne depuis des mois, la deuxième partie, Souvenirs et rencontres, étant un peu ch... ennuyante.  Je pense que je vais me résoudre à le considérer comme un abandon et écrire finalement mon avis...  À faire avant la fin de l'année, pour qu'il entre dans mon bilan annuel!).  En effet, Zweig y parle du même personnage historique, le général Suter, qui fut paradoxalement ruiné à cause de la découverte d'or sur ses terres en Californie lors du fameux Eldorado. 

Après avoir admiré la plume de Cendrars, presque poétique, dans le premier chapitre qui se déroule en Suisse, j'ai trouvé dans les chapitres suivants que le ton était très factuel, presque documentaire.  Cela donne une impression de distance par rapport au personnage (à qui l'on reproche déjà d'avoir abandonné sans aucun remord femme et enfants en Europe!).  Ce n'est qu'à partir du moment où l'action s'établit en Californie qu'on arrive à se rapprocher du bonhomme, à s'émouvoir devant tout ce qui lui arrive et à être vraiment immergé dans l'ambiance des lieux décrits.

Malgré ce petit pépin, cela reste une lecture très intéressante, qui m'a fait découvrir un pan de l'histoire américaine que je ne connaissais que vaguement.

 

Je classe ce livre à la fois en œuvre non romanesque et en roman historique, car l'auteur le qualifie lui-même de biographie romancée. 

 

L'Or de Blaise Cendrars, 1925, 169 p.