20 décembre 2025

Au Royaume des Femmes

Irène Frain nous entraîne en Chine dans les années 1920 en compagnie d'un botaniste excentrique du National Geographic à la recherche du mythique «Royaume des Femmes», une tribu dirigée par les femmes où les hommes ont des rôle subalternes. 

Pure coïncidence, ce roman ressemble énormément à un autre lu récemment: L'Or de Blaise Cendrars.  Dans les deux cas on y retrouve: une histoire vraie, un personnage principal plus grand que nature mais peu sympathique, ayant quitté son Europe natale pour tenter sa chance dans le monde, des péripéties rocambolesques, une attitude colonialiste envers les populations locales...

Par contre, là où L'Or est presque trop concis, ici le récit traîne en longueur!  Cela reste assez intéressant et certaines péripéties sont amusantes (notamment la réception chez un prince tibétain où l'on tente de satisfaire les goûts occidentaux du botaniste en lui servant des tentacules de pieuvre en conserve accompagnées d'un sorbet au dentifrice mentholé!), il y a de fort belles description des lieux visités et des personnages secondaires très pittoresques.  Mais je pense que l'auteure, très bien documentée, a voulu respecter la chronologie exacte des pérégrinations de l'expédition, alors que d'un point de vue purement littéraire il aurait été préférable de couper certains passages...

 

Au Royaume des femmes d'Irène Frain, 2007, 632 p. 

19 décembre 2025

Paris-Briançon

(Je trouve qu'il y a trop de Philippe en littérature contemporaine: Philippe Besson, Philippe Claudel, Philippe Labro, je m'y perds!  Mais passons...)

Il y a longtemps que je voulais tenter un livre de Philippe Besson.  Le thème du club de lecture Livraddict, «un voyage en train», m'en a donné l'occasion. 

Paris-Briançon est un roman plein de qualités.  Une belle plume, un huis-clos comme on les aime, une atmosphère feutrée propre à la confidence, des personnages attachants bien qu'imparfaits, sur lesquels pend une épée de Damoclès puisqu'on nous a annoncé d'entrée de jeu que certains n'arriveront pas à destination...  Est-on devant un nouveau Crime de l'Orient-Express ou quoi?  Suspense... 

Un roman trop court, peut-être?  En tournant la dernière page, et sans pouvoir identifier ce que j'aurais désiré de plus, je reste avec une impression de trop peu, d'être restée sur ma faim.  De plus, il y a un détail irréaliste (et je ne peux en dire plus sans divulgâcher) qui m'a un peu fait décrocher vers la fin.  Comptez sur moi pour attacher de l'importance à des petits trucs insignifiants...

Néanmoins, vu toutes les belles qualités que j'ai énoncées, je lirai certainement d'autres œuvres de cet écrivain (ce n'est pas le choix qui manque). 

 

(Lu en novembre, mais j'avais oublié de publier le billet, quelle étourdie!) 


Paris-Briançon de Philippe Besson, 2022, 208 p.

05 décembre 2025

Le Dernier Été des Indiens

Alors que j'avais adoré mon premier contact avec Robert Lalonde lors de la lecture de C'est le coeur qui meurt en dernier, il y a une dizaine d'années, nos retrouvailles se sont moins bien déroulées, mon avis sur Le Dernier Été des Indiens étant plus mitigé.

Oh! la plume de Lalonde est toujours formidable, et il y a des passages magnifiques, que ce soit les descriptions de la nature québécoise ou les souvenirs du narrateur, un adolescent de treize ans, concernant son grand-père, décédé récemment et le seul membre de la famille qui le comprenait.  Il faut dire que l'action se situe dans un petit village, dans les années cinquante, avec ce que cela suppose de mœurs étriquées et de commérages. 

Là où j'ai eu un gros malaise, c'est en ce qui concerne la relation amoureuse que le garçon entretient avec un Indien qui lui fait découvrir la sexualité.  L'âge de ce dernier n'est pas précisé, peut-être un grand adolescent, mais on a plutôt l'impression qu'il s'agit d'un adulte...  Tout se passe en douceur et c'est toujours le jeune narrateur qui va rejoindre volontairement son amant, mais tout de même!  Il est toutefois intéressant de remarquer que ce qui choque les villageois à l'époque, c'est plutôt la relation interraciale et homosexuelle, la différence d'âge n'étant pas évoquée comme problématique.  


Le Dernier Été des Indiens de Robert Lalonde, 1982, 158 p. 

04 décembre 2025

La Vallée des rubis

Ayant adoré deux romans de Joseph Kessel (Le Lion il y a bien des années et plus récemment Les Cavaliers), je me doutais que sa plume si évocatrice serait parfaite pour un récit de voyage. 

Et j’avais raison! Dans La Vallée des rubis, il nous transporte en Birmanie (qui s’appelle maintenant le Myanmar) après une brève escale en Inde. Il nous décrit de façon très vivante et imagée les lieux visités et les gens rencontrés lors d’un voyage qu’il a effectué dans les années 50 avec son ami Jean, négociant en pierres précieuses.  Il y a même un certain suspense puisque la région est infestée de brigands, de rebelles et de tigres féroces. 

La quête d’un trésor légendaire sert de prétexte au périple et constitue le fil rouge du récit. L’aventure nous entraîne dans des mines, des marchés, des ateliers, des temples et même une fumerie d’opium, et nous fait rencontrer plusieurs personnages hauts en couleur. 

Voilà une façon fort agréable de voyager à peu de frais! 

 

La Vallée des rubis de Joseph Kessel, 1955, 253 p.  

25 novembre 2025

The Secret of Secrets (Le Secret des secrets)

Après huit ans d'attente, le voici enfin, le Dan Brown nouveau!  Je n'y croyais plus, je pensais que notre symbologiste préféré avait pris sa retraite.  Eh non, revoici notre cher Robert Langdon, plus en forme que jamais grâce aux bienfaits de la natation et... de l'amour! 

Bien sûr, inutile d'essayer de démontrer que Dan Brown est un grand écrivain.  Ses livres sont bourrés de petits défauts, de tics.  Ici, encore plus que dans les tomes précédents, j'ai trouvé qu'il abusait des flashbacks pour nous donner les informations nécessaires à la compréhension de l'intrigue.  Aux moments les plus inopportuns, les personnages se remémorent ce qui s'est passé il y a quelques jours, quelques semaines.  Cela donne une construction plutôt répétitive (action - flashback - action - flashback) qui peut devenir lassante, surtout que cela s'accompagne de quelques longueurs dans la deuxième moitié et d'une conclusion qui s'étire.

(Et ne parlons même pas des placements de produits complètement ridicules -- vraiment, Dan, c'était bien nécessaire qu'un personnage aille s'acheter un café chez Starbucks, qu'une autre s'enduise de parfum Machinchouette?)

C'était le pot, voici les fleurs.  J'ai trouvé passionnante la thématique abordée dans ce roman, celle de la conscience.  Certaines recherches tendent à démontrer que notre cerveau n'est pas le siège de la conscience humaine, ni le réceptacle de nos souvenirs.  Où tout cela se trouve-t-il, alors?  Voilà un questionnement abordé de façon tout à fait crédible, à la frontière entre la science et la métaphysique, et qui va me rester longtemps en tête.

Et comme toujours, un gros point fort de Brown est de nous faire voyager.  Cette fois, il nous emmène à Prague, une ville mêlant architecture médiévale et moderne.  

Alors oui, malgré ses défauts, je dis: lisez ce roman!  


The Secret of Secrets de Dan Brown, 2025, 688 p.  Titre de la traduction française: Le Secret des secrets

12 novembre 2025

Le Dernier Thé de maître Sohô

L'intrigue de ce roman historique n'est pas d'une grande originalité: une jeune femme qui se déguise en homme pour pouvoir exercer un métier, c'est du déjà vu (coucou, Mulan!).  Quant à l'histoire des derniers samouraïs, elle sert de toile de fond à plusieurs films, il me semble.

L'originalité de ce livre vient plutôt de la plume élégante et poétique de Cyril Gély.  En effet, à chaque page il se forme dans notre esprit l'image d'une aquarelle aux couleurs délicates, à la composition épurée.  De temps en temps, une touche d'humour un peu cru vient pimenter le tout (oui, je mélange une métaphore artistique avec une culinaire, c'est mon blogue, je fais ce que je veux!). 

Est-ce qu'une plume, aussi magnifique soit-elle, est suffisante pour faire un bon livre?

Peut-être dans de rares cas, mais ici, cela n'a pas fonctionné pour moi.  À partir du milieu, je dois avouer que j'ai commencé à m'ennuyer un peu.  La fin m'a surprise, ce qui a ravivé mon intérêt, mais c'était un peu tard. 

Une petite déception, donc, mais je n'hésiterai pas à donner une deuxième chance à cet auteur si l'occasion se présente.  Quant à vous, je vous invite à lire ce roman pour vous faire votre propre idée, car il récolte généralement des critiques très élogieuses.


Le Dernier Thé de maître Sohô de Cyril Gely, 2024, 190 p.

11 novembre 2025

Assise, debout, couchée !

Très agréable à lire, ce petit bouquin, mi-essai, mi-récit autobiographique.  Ovidie (qui s'est d'abord fait connaître comme actrice porno, puis comme réalisatrice de documentaires féministes et écrivaine) nous parle des chiens qui ont jalonné sa vie, de l'enfance à aujourd'hui, mais aussi des façons dont les chiens et les femmes sont liés depuis la préhistoire.

Protecteur, compagnon, confident, enfant de remplacement, le chien occupe de nombreuses fonctions dans la vie des humaines.  Il fait également partie de la seule espèce qui subit, tout comme les femmes, des chirurgies purement esthétiques.  Il y a donc de nombreux liens entre lui et nous.

Les idées abordées par Ovidie sont vraiment intéressantes, mais elles auraient pu être plus développées, à mon avis.  Tout reste assez superficiel, c'est un bon point de départ, mais sans plus.

Les parties autobiographiques sont le gros point fort du livre.  Si vous aimez les pitous, je vous mets au défi de ne pas éclater de rire à plusieurs reprises, et surtout de ne pas verser une petite larme à la mort de Raziel, le bulldog anglais.    


Assise, debout, couchée ! d'Ovidie, 2024, 193 p.