01 mars 2008

Je, François Villon

Je, François Villon de Jean Teulé, publié chez Julliard en 2006. 416 p.

J'ai lu l'an dernier une critique élogieuse de ce roman biographique chez le collègue blogueur Bob August. Cependant, alors que d'habitude je saute allègrement sur tout ce qui a trait au Moyen-Âge, je n'avais pas été tentée, sans trop que je ne me souvienne pourquoi.

J'étais donc un peu déçue lorsque j'appris le choix du club de lecture des blogueuses pour le mois de mars. Puis, ayant en main le bouquin en question, je me dis que c'était probablement l'image de la couverture qui m'avait rebutée. Rasserénée, j'ouvris à la première page avec espoir... pour aussitôt déchanter en lisant la première phrase: «Le corps carbonisé fumait encore entre les chaînes du poteau fixé sur un haut socle de pierre.» Le reste du paragraphe était à l'avenant, et par la suite des descriptions très détaillées de suppliciés et de crimes horribles se répétaient à intervalles plus ou moins réguliers.

Je comprends bien que Teulé a voulu nous montrer un Moyen-Âge différent de celui, par exemple, de Jeanne Bourin. Un Moyen-Âge où pour des crimes mineurs on vous enterre vivant, on vous fait bouillir à petit feu. Mais personnellement mon Moyen-Âge, je le préfère un peu moins gore. Surtout que le Villon qu'on nous présente est 100% antipathique, à la limite même du psychopathe. Je sais, je juge des actes commis au XVème siècle avec mes valeurs du XXIème. Y a-t-il moyen de faire autrement? Je ne suis pas capable de me défaire d'une certaine idée de la valeur de l'être humain en tant qu'individu.

J'ai failli plusieurs fois abandonner cette lecture. C'est peut-être une sorte de curiosité malsaine qui m'a retenue (jusqu'où ira-t-il?). La même curiosité qui nous fait nous tordre le cou lorsqu'il y a un accident sur l'autoroute. Et il y a aussi quelques scènes savoureuses: Villon obligé de se déguiser en fou du roi, avec chapeau à clochettes et poulaines démésurées; Villon apercevant pour la première fois une autruche, qu'il prend pour une poule géante; Villon dérobant pour la deuxième fois la bourse du Duc d'Anjou... C'était aussi une bonne idée d'imaginer dans quelles circonstances les principaux poèmes ont été créés. Malheureusement, cela ne compense pas le dégoût inspiré par d'autres passages, beaucoup plus nombreux.

J'aurais également apprécié qu'on nous rappelle en annexe les faits connus de la biographie du poète. J'ai trouvé qu'il était difficile de distinguer l'historique du fictif.


Pour connaître l'avis des autres membres du Club, voyez les liens chez Sylire ou chez Lisa!

Aussi, des avis beaucoup plus positifs que le mien: ceux de Coeur de Chêne du Biblioblog, de Thomthom, de Yueyin, et de Lo.

22 commentaires:

  1. Traumatisée par ma lecture de Darling de Teulé, il y a quelques années, je ne souhaitais pas lire cette biographie et en lisant vos commentaires, je n'ai aucun regret.
    C'est sûr que lorsqu'on lit des romans qui se déroulent pendant cette période, force est de constater que la vie y était difficile, voire à court terme !
    Je suis donc engagée dans une autre biographie mais en retard car d'autres impératifs en cours.

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  2. j'ai aimé ce roman. Dur, déroutant voire répugnant. La bio de Verlaine par Teulé est batie sur le même principe : poète maudit et répugnant, poèmes et dessins insérés, mais je l'ai trouvé moins intéressante

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  3. Moi, j'ai aimé ce livre malgré sa dureté, ses personnages antipathiques, ce coté je frole la mort mais je m'esquive, d'un mot, d'un saut, d'une fuite...

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  4. Je comprends tes réserves. Au risque de paraître polémique, quelle est la différence entre le prix de la vie humaine au Moyen Age et celle du travailleur dans notre société hyper libérale? Pour moi c'est le même type de violence exercée sur l'homme...seule l'image que l'on s'en fait est différente. Bref, le fond est identique, seule la forme change.

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  5. Je l'ai bien aimé quand même grâce au talent de conteur de l'auteur sinon je l'aurais bien vite abandonné !!

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  6. Anjelica, quel est le sujet de Darling?

    Amanda: alors je crois que je ne lirai pas la biographie de Verlaine!

    Praline, il faut dire que j'ai souvent de la difficulté avec les livres où le personnage principal est antipathique...

    Katell, je suis d'accord jusqu'à un certain point, certains travailleurs vivent dans des conditions pitoyables et nous choisissons de fermer les yeux... C'est peut-être là la différence: nous fermons les yeux alors qu'au Moyen-Âge la violence constituait un spectacle! Et puis, nous ne faisons pas bouillir les gens, tout de même! Il y a là, je crois, plus qu'une différence de forme. Mais tu soulève un point intéressant.

    Florinette, je dois reconnaître que l'auteur a un talent certain, pour que j'aie réussi à m'accrocher jusqu'à la fin!! ;-)

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  7. J'avoue que c'est vraiment une lecture pas facile... pour mon goût perso, ils auraient pu mettre un peu moins de scènes de tortures et j'aurais préféré... Le moyen-âge en général n'est pas ma période préférée mais je crois que je gagnerais à en apprendre davantage sur le sujet..

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  8. Karine: D'accord avec toi pour ce qui est des scènes de torture!

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  9. Tu demandais chez Joelle si tu étais la seule à ne pas avoir aimé... eh bien non! Moi je n'ai même pas pu le finir! Déjà que le Moyen Âge je n'aime pas trop... les descriptions barbares ont achevées de me convaincre et j'ai occulté les qualité du livre au profit (à tors peut-être) des descriptions à soulever le coeur... Bref, ce type de livre écorche beaucoup trop ma sensibilité et j'ai préféré arrêter là...

    Dans un tout autre ordre d'idée, j'ai mis la main sur le Anne Colemant dont tu as parlé récemment... Je le lirai d'ici quelques semaines :)

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  10. Une lecture pas facile et tout dépend aussi de la perception que l'on a d'un livre ;-) Personnellement j'ai trouvé ce livre intéressant et enrichissant, je suis contente de la voir lu dans le cadre du club car nos différents point de vue s'enrichissent.

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  11. Je me suis dit que je passerais à Darling après ce livre, mais Anjelica vient de me décourager!! ;) Le magasin des suicides, c'est mieux?

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  12. A la lecture, même si je trouvais ça dur, j'avançais en lui pardonnant les scènes de supplices "légaux", en me disant : "ouch, c'est très dur, mais il faut avoir conscience que c'était comme ça à l'époque". Par contre, sur certaines scènes visiblement sans fondement historiques (donc inventé par les méandres du cerveau de Teulé), je me demandais où était le nécessaire ? (viol de sa dulcinée, mise à sac du village, qui rebute Villon lui-même)...

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  13. Jules, quant à moi c'était mon premier Teulé, et je crois bien que je vais en rester là!

    Allie: Si ce n'avait été la lecture du Club, j'aurais certainement lâché dès le début! Au final, je suis contente de l'avoir lu, ne serait-ce que pour participer aux discussions sur les blogues!
    Le Coleman est effectivement dans un tout autre ordre d'idée! J'espère que tu vas aimer!

    Malice, comme je l'écrivais ci-dessus, je suis contente de pouvoir participer aux discussions du groupe, même si la lecture fut pénible. Je suis d'accord avec ce que tu dis sur la perception d'un livre et j'ajouterais: à un moment précis, car peut-être j'aurais lu ce livre dans un an et l'aurais mieux aimé, ou encore moins!

    Valériane, commentaire intéressant! Je crois que notamment la scène du viol a été dure à surmonter pour plusieurs lectrices, en tout cas ça l'a été pour moi.

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  14. En lisant vos commentaires, je me rends compte que je dois être particulièrement pervers ou détraqué car moi j'ai adoré ce livre. Oui c'est sombre, oui c'est dur. C'était l'époque. Relisez vos manuels d'histoire, vous verrez que c'était dur en ces temps-là. De ce coté donc, Teulé n'a rien "inventé".

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  15. Bob, dans tes manuels à l'école, on parlait de nez coupés, d'humains qu'on enterrait vivants, qu'on faisait bouillir? À quelle école es-tu allé? ;-)

    Non, je blague, mais je suis bien consciente que Teulé décrit une réalité qui a malheureusement existé. Mon point est que ce n'est pas parce que cela a existé que je veux en lire une description aussi détaillée! Pour moi c'était trop, et ces passages trop nombreux m'ont empêchée d'apprécier le reste du livre, fort bien écrit par ailleurs.

    Cela dit, tu n'es ni détraqué ni pervers (enfin, pas que je sache, hein, je ne te connais pas personnellement! hihihi!) puisque de nombreux blogueurs ont adoré ce roman. En fait, j'ai lu plus de commentaires positifs que négatifs, si bien que je me dis que c'est probablement moi qui suis trop sensible! ;-)

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  16. Je trouve que cette critique donne très envie de le lire... aurais-je l'esprit un peu tordu moi aussi ?;)

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  17. Lou, peut-être un peu, oui... Mais non, je blague!!!! ;-) Il m'arrive moi aussi de lire des commentaires négatifs qui me donnent néanmoins envie de lire le livre! Je me demande toujours si c'est insultant de le dire au blogueur concerné... Merci de me démontrer que non!! ;-)

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  18. Elle voulait qu’on l’appelle Darling. Elle y tenait ! Pour oublier les coups reçus depuis l’enfance, les rebuffades et les insultes, pour effacer les cicatrices et atténuer la morsure des cauchemars qui la hantent.Elle voulait que les autres entendent, au moins une fois dans leur existence, la voix de toutes les Darling du mode.Elle a rencontré Jean Teulé.Il l’a écoutée et lui a écrit ce roman.Un livre unique, fascinant. Derrière l’impitoyable lucidité de son humour, Jean Teulé célèbre le flamboyant courage de ceux qui refusent de subir en silence la cruauté imbécile de la vie et des autres.
    Je te note le résumé. Teulé ne nous cache rien de la méchanceté humaine et il y a des scènes très difficiles dans ce livre qui est tiré d'une histoire vraie !

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  19. Anjelica, ça a l'air assez lourd en effet! Je crois que je vais passer mon tour... Merci d'avoir éclairé ma lanterne!

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  20. Tu vois que tu n'es pas la seule à n'avoir pas aimé ... je pense d'ailleurs que vous êtes majoritaires ! Et même si j'ai aimé ce livre de Teulé, j'adore aussi les livres de Jeanne Bourin ... cela donne deux facettes différentes de cette époque !

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  21. Joëlle, en tout cas il a donné lieu à des avis contrastés et de fortes réactions! Parfait dans le cadre d'un club de lecture! Un livre de Jeanne Bourin n'aurait pas engendré autant de discussions!! ;-)

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  22. De mon côté, le moyen-âge ce n'est pas ma tasse de thé et Jean Teulé n'a pas réussi à me réconcilier avec cette période. Malgré les qualités d'écriture j'ai lutté pour atteindre la fin de bouquin.
    J'ai de loin préféré "Le magasin des suicides"

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