30 octobre 2009

The Grapes of Wrath

Il y a longtemps que je n'avais été aussi impressionnée par un bouquin. Impressionnée d'abord par son importance historique. Il me semble que la misère des petits exploités jusqu'à en mourir par les riches n'avait jamais été décrite avec autant de réalisme et de crudité, à part peut-être dans Germinal de Zola. Impressionnée aussi par sa pertinence et son actualité, car il suffit de lire dans les journaux ce qui se passe aux États-Unis depuis le début de la crise économique, l'avidité des banques, les faillites des petites entreprises avalées par les grosses, les familles de chômeurs qui perdent leur maison, pour voir que les choses n'ont pas changé tant que cela. Depuis Roosevelt, il y a quand même des mécanismes pour empêcher que les gens ne crèvent de faim dans la rue, et les syndicats ont aussi fait beaucoup pour les conditions de vie et de travail des ouvriers, mais il y a encore de la place à l'amélioration.

Ce roman pourrait être déprimant, mais il ne l'est pas du tout, car grâce à la force de caractère des personnages et grâce à l'entraide dont ils font preuve devant l'adversité, il subsiste toujours une lueur d'espoir. Je pense notamment au personnage de la mère (dont on ne connaîtra d'ailleurs jamais le prénom: elle est «Ma», la Mère), qui tient la famille à bout de bras et ne se laisse jamais démonter. De nombreux passages amusants viennent également alléger l'atmosphère, notamment ceux décrivant les aventures des deux cadets de la famille, Winfield et Ruthie, dont la candeur est tout à fait rafraîchissante. Par exemple, la scène où ils utilisent pour la première fois des toilettes en porcelaine avec chasse d'eau est très rigolote.

Je suis contente d'avoir lu ce livre formidable en version originale, même si ce n'était pas toujours facile à cause des dialogues en langage populaire qui m'ont parfois donné du fil à retordre. Comment ces dialogues ont-ils été traduits en français? J'ai l'horrible impression qu'on a dû utiliser l'argot, ce que je trouve toujours insupportable lorsqu'une histoire se déroule ailleurs qu'en France. Des mots comme mec ou flingue dans la bouche d'un paysan de l'Oklahoma, moi je décroche automatiquement!


Lu en lecture commune avec Karine, Jelydragon et Restling (dont le billet sera publié plus tard pour faute de panne informatique, la pauvre!). Aussi, le billet de Céline.




The Grapes of Wrath de John Steinbeck, première parution en 1939 chez Viking Press. L'édition de poche de Bantam Books illustrée ci-dessus date de 1964 et compte 406 pages. Titre de la version française: Les Raisins de la colère.

15 commentaires:

  1. Un grand roman, lu en français il y a un bout, j'ignore comment on a traduit les dialogues. En langage rural?
    je viens de terminer mon blog o trésors, je ne sais plus du tout si j'ai commencé à donner les références, bref je ferai un commentaire avec les quatre titres, pour bientôt, à l'endroit indiqué colonne de droite. A plus donc, quand le dernier article sera paru.

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  2. Je l'ai lu il y a deux ou trois ans & je me rappelle avoir pensé que, si les personnages principaux étaient remplacés par des immigrants mexicains illégaux, l'histoire serait facilement transposable à aujourd'hui! Peut-être qu'il y a toujours quelque chose d'intemporel dans l'injustice sociale, je ne sais pas, mais ça m'avait vraiment beaucoup frappée dans The Grapes of Wrath.

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  3. C'est amusant, je pensais justement lire ce même livre qui traine depuis des années dans ma PAL à l'occasion du challenge Lire en VO.
    J'ai encore plus hâte de m'y plonger !

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  4. Tu me donnes le goût de voir ce que ça donne en VO. Et la traduction est plutôt en langage rural. C'est surtout au niveau de la syntaxe populaire qu'on a insisté, bien que quelques termes soient aussi dans le parlé plus populaire. Ca ne m'a pas vraiment dérangée mais faut dire que j'étais prise dans l'histoire!! Ca m'a beaucoup plu aussi... quel personnage, cette Ma!!

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  5. Tu vois que tu as toutes tes chances, même Karine n'a pas été fichue de le lire en anglais ! :o)

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  6. Bladelor: Héhé! En effet! ;-)

    Keisha: Bravo pour avoir complété le défi!

    Amélie: J'ai pensé moi aussi aux Mexicains, pas seulement les illégaux mais aussi ceux que l'ont attire ici au Québec chaque été pour les moissons, je ne connais pas leurs conditions de travail mais j'espère qu'on ne les exploite pas trop!

    In Cold Blog: Bonne lecture, j'ai hâte de savoir ce que tu vas en penser!

    Karine:) Contente de savoir que la traduction est correcte et ne t'a pas empêchée d'apprécier ce chef-d'oeuvre!

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  7. C'est une lecture vraiment prenante.
    J'ai aussi participé à cette lecture commune. Mon billet est sur mon blog.

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  8. Je l'ai lu il y a quelques mois et j'ai eu exactement la même réflexion que toi à propos de l'actualité du sujet de ce roman. Par contre, j'ai été très déçue par la traduction en français, mais je ne suis pas sûre d'avoir un niveau assez bon en anglais pour le lire "dans le texte" !

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  9. J'aime beaucoup Steinbeck. Je n'ai pas encore lu celui-là, mais il m'attend!

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  10. Al: En lisant ton commentaire je suis encore plus contente d'avoir pu le lire en VO! Par contre, je ne le recommanderais pas à quelqu'un qui ne lit pas couramment l'anglais, car les dialogues en dialecte populaire ne sont vraiment pas évident!

    Jelydragon: Je vais de ce pas lire ton billet!

    Allie: J'ai hâte de voir ce que tu vas en penser!

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  11. j'ai tenté ce livre deux fois et je n'ai pu dépasser les 1ères pages. Pour compenser, j'ai vu le film.

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  12. Tu me remets en mémoire un roman que j'ai adoré lire en VF pendant mes études, il y a une éternité.
    Des souris et des hommes m'avaient laissé un excellent souvenir aussi.
    Chapeau pour la VO

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  13. Constance: Pour Des Souris et des hommes, j'hésite un peu car je connais la fin, ayant vu le film avec Gary Sinise et John Malkovich... Mais je relirai Steinbeck, c'est sûr!

    Anjelica: Le film me tente beaucoup maintenant, surtout que j'aime beaucoup Heny Fonda!

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  14. oh! tu m'as linkée! merci! :)
    J'ai étudié ce livre en long, en large et en travers pour l'agreg, je le connais PAR COEUR, et pourtant je sais que je pourrais encore le relire, tant c'est merveilleux.
    Je suis tout à fait d'accord avec ton article, tu rends très bien compte de l'atmosphère du livre.

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  15. Casanova: Décidément, ça va me prendre quelques temps pour m'habituer à ton nouveau pseudo!
    ;-)

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