11 octobre 2014

A Moveable Feast (Paris est une fête)

Dans Islands in the Stream (Îles à la dérive) d'Ernest Hemingway, j'avais beaucoup aimé les passages où le peintre raconte ses années passées à Paris, et j'espérais retrouver la même ambiance dans ce récit autobiographique. Comme en plus on m'avait vanté ce livre, et qu'une autre de ses oeuvres avait été un de mes coups de coeur de 2013, la barre était haute. Peut-être trop...

Certains moments m'ont beaucoup plu. Par exemple, lorsqu'il nous décrit un Paris qui n'existe plus, celui où, au petit matin, un berger se promène dans les rues avec son troupeau de chèvres et son chien, vendant du lait fraîchement trait aux ménagères sur le pas de leur porte.  Ou encore lorsqu'il raconte sa vie de jeune écrivain avec sa femme et éventuellement son fils; comment pour économiser il sautait le repas du midi sans le dire à son épouse et allait plutôt au musée admirer les oeuvres de Cézanne, qu'il voyait d'un tout autre oeil que lorsqu'il avait l'estomac vide, les comprenant différemment, et peut-être mieux, selon lui. Les visites chez Gertrude Stein, qui ne parlait jamais aux épouses des artistes qu'elle invitait chez elle; c'était sa compagne qui s'en chargeait.  Les derniers chapitres sur la relation avec F. Scott Fitzgerald sont poignants: il tentait d'aider celui-ci à travailler, reconnaissant le grand talent de l'écrivain, mais sa femme Zelda le poussait plutôt à boire et à faire la fête.

Malheureusement il y a aussi quelques endroits où je me suis ennuyée, lorsque par exemple il décrit des conversations avec des écrivains que je ne connais pas, qui lui sont d'ailleurs antipathiques et qu'il ne ménage guère.

En fait, en écrivant ce billet deux jours après avoir refermé le bouquin, je m'aperçois que les bouts que j'ai aimés sont ceux qui me sont restés en tête; j'ai peine à me souvenir des autres, et je garderai donc de ce récit un souvenir positif.  Tant mieux!


A Moveable Feast d'Ernest Hemingway, 1964 (publication posthume), 209 p.  Titre de la traduction française: Paris est une fête.

10 commentaires:

  1. Je l'ai relu l'année dernière, et j'ai apprécié pas mal de passages aussi, dont ceux que tu cites... Il n'y pas aussi un mémorable trajet en automobile entre Lyon et Paris ?

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    1. Oui, il va à Lyon avec F. Scott Fitzgerald chercher la voiture décapotable dont le capot est enlevé de ce dernier... Ils doivent s'arrêter chaque fois qu'il pleut! On voit aussi que l'attitude face à l'alcool au volant a bien changé...

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  2. Je pense que j'ai aimé les mêmes bouts que toi. Parce que je ne me souviens que de ça!

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    1. Oui, je pense que seuls ces passages me resteront.

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  3. Comme me le disait ma mère, quand je me chicanais avec ma sœur sur les mérites respectifs des Shreddies et des Rice Krispies, « Les goûts ne se discutent pas ». Moi, j’aime beaucoup ce livre, que j’ai lu plusieurs fois. J’aime surtout l’écriture, pleine de mots simples et de répétitions, ainsi que l’ambiance. Ce n’est pas mon genre. Habituellement il me faut une bonne histoire. (Je dois dire que, par intérêt personnel, je trouve palpitant de lire un écrivain qui parle de son métier…)

    Quelques éléments que je connais de la vie d’Hemingway donnent à mes yeux un sens particulier à certains passages. Il a écrit ce livre avant de mourir. Sa dernière femme a un peu arrangé le manuscrit (un peu trop selon certains, une édition alternative est sortie il y a quelques années, je ne crois pas que c’est celle-là que tu as lue Grominou). La nostalgie de ces pages me semble être celle de quelqu’un qui a été heureux et qui ne l’est plus, quelqu’un que la mort attire.

    Le livre est imprégné de son amour envers sa première femme, Hadley. Dans un des chapitres qui m’a marqué, « With Pascin at the Dôme », Hemingway raconte sa rencontre avec le peintre Pascin, en compagnie de deux modèles, dont une plutôt bitch. Pascin lui propose de coucher avec elle et Hemingway a la bonne idée de refuser. Hélas, il n’a pas cette bonne idée à la fin du livre et trompe son Hadley adorée avec une autre. Ça provoquera la fin de son premier mariage. À la fin de sa vie, il était rendu à l’épouse numéro 4. Il avait presque autant de difficulté à dire non à l’alcool, dont il parle sans arrêt. À boire tout ça, il ne pouvait pas rester en santé. Nous apprenons, à la fin du chapitre sur Pascin, qu’il a fini par se pendre. Hemingway finira par se suicider d’un coup de fusil tandis qu’il travaillait sur ce livre. Qui sait comment sa vie aurait tourné s’il avait fait d’autres choix…

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    1. C'est vrai que j'aurais peut-être dû me renseigner sur sa vie auparavant, cela aurait enrichi cette lecture, lui aurait donné un éclairage différent. Je savais seulement qu'il s'était suicidé et qu'il était alcoolique.

      Effectivement je n'avais pas la nouvelle édition, avoir sû j'aurais tenté de me la procurer! Je n'avais même pas celle qui est illustrée ci-dessus mais une vieille édition reliée à l'ancienne mode des bibliothèques municipales, c'est à dire sans image sur la couverture!

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    2. J'ai lu la première édition, arrangée par la quatrième épouse, j'ai lu la nouvelle édition "restaurée"... et, à ma grande surprise, j'ai préféré la première édition. La nouvelle édition a trop l'air de ce qu'elle est: un manuscrit qui n'est pas terminé. La majorité des coupures faites après la mort d'Hemingway me semblent justifiées. Mais c'est vrai que la quatrième épouse en a trop coupé sur Hadley, la première épouse. Par jalousie? Mystère.
      Et maintenant, je lis le livre que Gertrude Stein a recommandé à Hemingway: "The lodger", de Marie Belloc Lowndes, un suspense sur un tueur qui ressemble à Jack l'éventreur. Je le trouve vraiment très bon. Le livre est libre de droits d'auteur, disponible sur Internet, et je le lis sur ma toute nouvelle liseuse Kobo...

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    3. Ho ho! un nouveau converti à la liseuse? ;-)

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    4. Tu me diras comment tu aimes ta Kobo, moi j'ai une Sony Reader.

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