Les premières pages du Roi transparent de Rosa Montero m'ont ravie. Excellent début que cette jeune paysanne qui se déguise en chevalier pour échapper au viol et à la guerre, et en plus, dans une période et une région que j'aime toujours retrouver en fiction, celle de la Croisade des Albigeois.
Après quelque temps j'ai toutefois éprouvé un genre de passage à vide. Quelques péripéties me semblaient invraisemblables. Par exemple, après quelques mois seulement d'entraînement auprès d'un instructeur et d'une étrange compagne qui lui apprend à lire, notre jeune péquenaude est capable de faire bonne figure à la cour d'Éléonor d'Aquitaine... C'est plus fort que du roquefort, non?
De plus, et oui je sais que je suis fatigante avec ça, l'utilisation du présent de l'indicatif me semble encore une fois peu appropriée à ce genre littéraire. Dans ma lecture précédente, Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants de Mathias Enard, cela ne m'avait pas dérangée, peut-être parce que l'emphase était mise sur la beauté de l'écriture, sur la poésie, sur l'ambiance, alors qu'ici on est clairement en mode «laissez-moi vous raconter une histoire», voire un conte puisque quelques éléments fantastiques y sont même intégrés, dont certains liés à la légende arthurienne. Le choix du temps de verbe est-il celui du traducteur pour se conformer à la mode actuelle?
Heureusement, une fois résignée à ce style et lorsque notre héroïne quitte la cour pour parcourir la région et gagner sa vie, j'ai repris goût à l'intrigue et le reste a été du vrai bonbon. J'ai vraiment apprécié suivre les aventures de ces personnages attachants et ai trouvé intéressantes les réflexions sur la place de la femme dans la société médiévale. L'Histoire occidentale aurait-elle été différente si la religion cathare avait réussi à se répandre? Toutefois je ne recommande pas ce roman aux puristes, car l'auteure, comme elle l'explique elle-même en postface, a pris de nombreuses libertés chronologiques et géographiques, changeant des dates, faisant se rencontrer certains personnages historiques alors que c'est impossible, déplaçant même une abbaye de quelques centaines de kilomètres!
Et ce roi transparent, qu'en est-il, direz-vous? Je ne peux vous raconter sa légende, c'est trop dangereux! (Lisez, vous comprendrez!)
Le Roi transparent de Rosa Montero, traduit de l'espagnol en 2008, 471 p. L'oeuvre originale, Historia del rey transparente, date de 2005.
Je note ! J'ai déjà lu un de ses livres (Belle et sombre) et c'était pas mal du tout même si le niveau était un peu élevé pour moi en VO !
RépondreEffacerSi tu le lis en VO, tu me diras si elle utilise le présent comme temps de verbe... Ça m'intrigue!
EffacerComme je t'envie de savoir lire l'espagnol!
Je n'y manquerai pas si je le lis !
EffacerOui c'est cool de lire en plusieurs langues... Mais toi tu en as déjà deux, c'est la fête aussi !
J'ai acheté ce week-end, d'occasion, un livre dont tu as parlé il y a (relativement) peu : Suite française. Je te dirai. :)
Oooh j'espère qu'il te plaira!
EffacerJe n'ai lu qu'un roman d'elle (Instructions pour sauver le monde), dont je ne garde pas beaucoup de souvenirs, si ce n'est qu'il m'avait beaucoup plu (n'est-ce pas triste, hein, de ne pas se souvenir des détails, que de l'impression?). j'avais noté celui-ci en suivant... on verra. Ca me gêne quand même cette histoire de libertés géographiques et chronologiques. Quant à l'utilisation du présent de l'indicatif, ça me gêne souvent. Dans Wolf Hall, d'Hilary Mantel, j'ai trouvé que ça ne convenait pas.
RépondreEffacerAu moins elle a l'honnêteté de tout expliquer à la fin... Pour ce qui est du temps de verbe, contente de savoir que je ne suis pas la seule! ;-) Et je suis aussi comme toi pour ce qui est des souvenirs flous, d'où la grande utilité de ce blogue! :-D
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