En 1999, le journaliste néerlandais Geert Mak entreprend un grand tour à la fois de l'Europe et du XXe siècle. Chaque mois, il se consacre à une période donnée: il visite les lieux où se sont déroulés les événements, rencontre les témoins (du simple paysan ou soldat jusqu'aux plus haut placés) et cite une quantité impressionnante d'archives (articles de journaux, autobiographies, journaux intimes). Une technique qui n'est pas sans rappeler celle des écrivains Lapierre et Collins (Ô Jérusalem, Cette Nuit la liberté, etc), mais exécutée avec encore plus de rigueur, de méthode.
Une lecture souvent éprouvante -- inutile de souligner que ce siècle a été une succession d'horreurs -- mais aussi pleine d'espoir, car Mak n'oublie pas de nous parler de héros, dont l'Histoire a retenu le nom ou pas, qui ont mis leur vie en danger pour en sauver d'autres ou pour dénoncer l'injustice. Il établit des liens entre différents événements, différentes époques (comme illustré par cette citation), entre le passé et le présent. Il excelle aussi à présenter les deux côtés de la médaille, le point de vue du vaincu autant que celui du vainqueur, ce qui est plutôt rare. Ainsi, les crimes de guerre des Allemands durant la Deuxième Guerre mondiale ont été maintes fois racontés, ceux des Alliés beaucoup moins souvent. Je savais que ces derniers n'y avaient pas été avec le dos de la cuillère lors de bombardements de villes allemandes, mais j'ignorais que ces bombardements avaient été planifiés, non pour détruire des points stratégiques (usines, ponts, etc) mais pour faire systématiquement le plus de victimes civiles possibles, dans un but de démoralisation de la population.
Cent ans d'Histoire en près de mille pages (sans compter les notes et autres appendices): ça ne se lit pas en criant ciseau, mais en disant bravo!
Voyage d'un Européen à travers le XXe siècle de Geert Mak, traduit du néerlandais, 2007, 1058 p. incluant 88 p. d'appendices. La version originale, In Europa/Reizen door de twintigste eeuw, date de 2004.
23 février 2011
17 février 2011
Pour ne pas se retrouver comme les Américains...
Le CRTC se propose de changer la loi interdisant aux médias de publier volontairement des mensonges... La raison cachée? La nouvelle chaîne Sun TV voudrait imiter le «beau travail» de Fox News chez nos voisins d'en bas! Si comme moi cette histoire vous inquiète, dépêchez-vous d'aller signer la pétition mise en ligne par Avaaz (mouvement mondial en ligne qui donne aux citoyens les moyens de peser sur les décisions politiques mondiales, j'avoue, j'ai copié ça sur leur site!), en espérant que la décision finale ne soit pas encore prise irrémédiablement! On est déjà à 78 000 signataires et ça continue à grimper...
05 février 2011
L'Effet papillon...
«Lors de la dégradation de Dreyfus, la foule massée devant les grilles criait "À mort! À mort les juifs!" Le correspondant à Paris de la Neue Frei Presse de Vienne, un juif, fut tellement bouleversé qu'il rentra dans son pays et rédigea les premières phrases de son traité, L'État juif, où était affirmée la nécessité pour les juifs d'obtenir leur propre État. Il se nommait Theodor Herzl. Les tout premiers germes de la formation de l'État d'Israël sont là, dans l'affaire Dreyfus.» (Geert Mak, Voyage d'un Européen à travers le XXe siècle, p. 31)C'est un peu la version temporelle de l'effet papillon, non?
03 février 2011
Chagrin d'école

Après avoir vu l'excellente entrevue de Daniel Pennac par Stéphan Bureau à l'émission Contact, j'ai eu le goût de renouer avec cet écrivain dont j'avais beaucoup aimé les deux premiers tomes de la série des Malaussène. (Pourquoi je n'ai pas continué, d'ailleurs? Je crois que le troisième tome n'était jamais disponible à la bibliothèque, on était au faîte de la popularité de cette série au Québec... Après, j'ai oublié d'y revenir, et nous voilà bien des années plus tard...) Toujours est-il que pour ces retrouvailles j'avais sélectionné Comme un roman, essai sur la lecture dont j'ai lu le plus grand bien chez d'autres lecturophiles. De retour chez moi, je me suis aperçue que j'avais plutôt emprunté par distraction un autre essai (qui flirte avec l'autobiographie), Chagrin d'école, où Pennac raconte ses expériences douloureuses en tant qu'écolier peu doué, puis ses réflexions en tant que professeur de français.
Si j'ai apprécié retrouver sa plume alerte et spirituelle, je pense que le sujet abordé intéressera plus les professeurs et professionnels de l'Éducation, de même sans doute que les anciens cancres et les parents d'élèves en difficulté (cancre étant un mot tombé en désuétude, ce qui ne change probablement pas grand chose à la situation des enfants en question...). Ne faisant partie d'aucune de ces catégories, j'ai lu le tout sans me sentir vraiment concernée. J'ai tout de même relevé certaines pistes de réflexions intéressantes pour tout un chacun, sur l'enfant consommateur, sur notre tendance à généraliser (les jeunes défavorisés font tous partie de gangs de rue), à penser que «c'était donc mieux dans notre temps»... Cela m'a aussi rappelé de nombreux souvenirs d'école, de professeurs formidables ou... moins!
Les billets (parmi tant d'autres) de George Sand, Sophie, Google et Laurence du Biblioblog, Jules, Abeille, Bladelor... Plusieurs de ces commentaires semblent confirmer mon opinion que cet essai intéressera surtout les professeurs et les anciens cancres!
Chagrin d'école de Daniel Pennac, 2007, 305 p.
23 janvier 2011
Abolissons l'hiver!
Nos ancêtres l'avaient bien compris, eux. L'hiver était la saison du repos, des activités d'intérieur, des soirées au coin du feu ou des visites entre voisins, à danser et turluter. D'avril à octobre on trimait dur; la saison morte c'était l'hiver.
Et maintenant? C'est l'inverse! Nous prenons nos vacances en juillet, les enfants et leurs professeurs ont congé de juin à août, la télévision ne diffuse que des reprises, même la construction s'arrête pendant deux semaines!
C'est le constat que fait Bernard Arcand dans cet essai drôle et intéressant. En première partie, il nous dresse la liste des inconvénients de l'hiver, réels ou imaginaires. Puis dans le deuxième chapitre, il démontre que notre mode de vie est organisé comme si l'hiver n'existait pas, comme si nous l'avions vaincu. Enfin en dernière partie il nous expose sa solution.
Cette section est la moins intéressante selon moi, car l'auteur a un peu trop poussé mémère dans les orties. Il est utopique de penser que notre société pourrait se mettre au point mort pendant deux mois, en janvier et février, au point qu'on n'aurait même pas à déblayer la plupart des routes! Sans pousser le bouchon aussi loin, on pourrait imaginer ce que la vie serait si les écoles étaient fermées l'hiver, si plus de travailleurs y prenaient alors leurs vacances... (Je le fais souvent, c'est une pure volupté que de se recroqueviller sur le divan avec un bon livre et une tasse de thé fumant lorsque la tempête fait rage!). Imaginez déjà la circulation et le déblaiement beaucoup plus facile. La conduite après une tempête serait beaucoup moins stressante s'il n'y avait que la moitié des voitures sur la route à l'heure de pointe, non? Surtout que j'ai remarqué depuis quelques années que les gens sont de plus en plus nerveux et impatients dans ces situations, je ne sais trop comment l'expliquer. En décembre, le lendemain de la première grosse tempête de la saison, il y a même un type qui a foncé sur un autre avec son véhicule à la suite d'une altercation, le blessant mortellement!
Bref, malgré une dernière partie plus faible, un essai fort intéressant et qui est l'occasion de nous questionner sur notre propre rapport à cette saison mal aimée!
Le billet d'Allie.
Abolissons l'hiver! de Bernard Arcand, 1999, 110 p.
Et maintenant? C'est l'inverse! Nous prenons nos vacances en juillet, les enfants et leurs professeurs ont congé de juin à août, la télévision ne diffuse que des reprises, même la construction s'arrête pendant deux semaines!
C'est le constat que fait Bernard Arcand dans cet essai drôle et intéressant. En première partie, il nous dresse la liste des inconvénients de l'hiver, réels ou imaginaires. Puis dans le deuxième chapitre, il démontre que notre mode de vie est organisé comme si l'hiver n'existait pas, comme si nous l'avions vaincu. Enfin en dernière partie il nous expose sa solution.
Cette section est la moins intéressante selon moi, car l'auteur a un peu trop poussé mémère dans les orties. Il est utopique de penser que notre société pourrait se mettre au point mort pendant deux mois, en janvier et février, au point qu'on n'aurait même pas à déblayer la plupart des routes! Sans pousser le bouchon aussi loin, on pourrait imaginer ce que la vie serait si les écoles étaient fermées l'hiver, si plus de travailleurs y prenaient alors leurs vacances... (Je le fais souvent, c'est une pure volupté que de se recroqueviller sur le divan avec un bon livre et une tasse de thé fumant lorsque la tempête fait rage!). Imaginez déjà la circulation et le déblaiement beaucoup plus facile. La conduite après une tempête serait beaucoup moins stressante s'il n'y avait que la moitié des voitures sur la route à l'heure de pointe, non? Surtout que j'ai remarqué depuis quelques années que les gens sont de plus en plus nerveux et impatients dans ces situations, je ne sais trop comment l'expliquer. En décembre, le lendemain de la première grosse tempête de la saison, il y a même un type qui a foncé sur un autre avec son véhicule à la suite d'une altercation, le blessant mortellement!
Bref, malgré une dernière partie plus faible, un essai fort intéressant et qui est l'occasion de nous questionner sur notre propre rapport à cette saison mal aimée!
Extrait:
«Pendant cinq mois il faut se méfier également des accidents. Glisser d'un toît qu'on déglace. Perdre pied sur un trottoir et se fracturer un os. Connaître l'infarctus qui suit une séance de pelletage déraisonnable; l'infarctus du citoyen moyen, grassouillet, fumeur au taux de cholestérol élevé ou diabétique inconscient, qui, devant tant de neige, pique une sainte colère, puis s'éteint et monte au ciel. Être frappé par un camion de déneigement conduit par un chauffard. Être décapité par un câble d'acier au cours d'une promenade en motoneige. Culbuter sur la piste de descente quasi olympique du mont Sainte-Anne. Être englouti sous la glace trop mince d'un lac. Se lancer dans l'escalade d'un glacier escarpé. Jouer au hockey. Se faire happer par une souffleuse. Être kidnappé par le Yéti. Recevoir sur la tête un bloc de glace qui tombe du toit. Voir son pare-brise fracassé par un autre bloc qui se détache, sur la route, du camion qui vous précède. Recevoir une boule de neige derrière la tête. Un glaçon en plein cœur. Être aveuglé par la neige. Ne plus pouvoir détacher sa langue d'un barreau de métal. Se couvrir de ridicule en essayant de construire un igloo.
L'hiver est la saison de toutes les misères.»
Le billet d'Allie.
Abolissons l'hiver! de Bernard Arcand, 1999, 110 p.
22 janvier 2011
Martine verse une larme... et moi aussi!
C'est un peu lui qui m'a appris à aimer les livres... Je garde un souvenir émerveillé de plusieurs de ces petits bijoux, non tant à cause des textes, somme toute assez banals, mais à cause des magnifiques illustrations de Marcel Marlier, qui nous a quittés cette semaine.
08 janvier 2011
Lord John and the Brotherhood of the Blade
Un complot politique confus et à la résolution peu satisfaisante, une multitude de personnages, une intrigue décousue, vraiment ce produit dérivé de la célèbre (et bien-aimée) série Outlander n'est pas à la hauteur des autres épisodes. J'avais apprécié le fait que l'aventure précédente de Lord John, qui tenait d'ailleurs plus du polar historique, pouvait se lire de façon indépendante de la série; ce n'est pas le cas ici, notamment à cause de deux ou trois rencontres entre Lord John et Jamie Fraser alors que celui-ci est garçon d'écurie chez les Dunsany, rencontres dont le lien avec le reste du roman est assez ténu et sent le prétexte à satisfaire les fans du sexy rouquin écossais... Seul point intéressant, on apprend les tenants de la relation entre John et son demi-frère par alliance Percy, personnage qui apparaît comme un cheveu sur la soupe dans An Echo in the Bone!
Lord John and the Brotherhood of the Blade de Diana Gabaldon, 2007, 495 p. Non traduit.
Lord John and the Brotherhood of the Blade de Diana Gabaldon, 2007, 495 p. Non traduit.
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