Certaines premières phrases sont devenues des classiques. Voici peut-être la plus célèbre:
Longtemps je me suis couché de bonne heure. (Marcel Proust, Du côté de chez Swann)
Et celle-ci, assez connue aussi:
Aujourd'hui maman est morte. (Albert Camus, L'Étranger)
Et dans un genre tout à fait différent, une de mes préférées:
Doukipudonktan, se demanda Gabriel excédé. (Raymond Queneau, Zazie dans le métro)
Du côté anglophone, la plus célèbre est sans doute celle de Charles Dickens dans A Tale of Two Cities: «It was the best of times, it was the worst of times». Mais bien peu de gens savent ou se souviennent qu'en fait la phrase ne s'arrête pas là:
It was the best of times, it was the worst of times; it was the age of wisdom, it was the age of foolishness; it was the epoch of belief, it was the epoch of incredulity; it was the season of Light, it was the season of Darkness; it was the spring of hope, it was the winter of despair; we had everything before us, we had nothing before us; we were all going directly to Heaven, we were all going the other way.
Celle-ci a été remise à la mode récemment par le film The Hours:
Mrs. Dalloway said she would buy the flowers herself. (Virginia Woolf, Mrs Dalloway)
J'ai failli en oublier une vraiment classique, très succinte:
À l'opposé, une phrase est reconnue pour être une des pires, l'archétype même du cliché, celle du pauvre Edward Bulwer-Lytton (un écrivain anglais du XIXème siècle), rendue célèbre par ce cher Snoopy (dont toutes les tentatives littéraires commençaient par ces mots, et se soldaient toutes par des échecs!):Call me Ishmael. (Herman Melville, Moby Dick)
It was a dark and stormy night; the rain fell in torrents, except at occasional intervals, when it was checked by a violent gust of wind which swept up the streets (for it is in London that our scene lies), rattling along the house-tops, and fiercely agitating the scanty flame of the lamps that struggled against the darkness.
Une devinette: celle-ci, elle vient d'où, d'après vous? Et défense de googler, c'est triché!
Colin terminait sa toilette.
En voici quelques unes tirées des romans que j'ai lus récemment:
La chaleur du soleil semblait fendre la terre. (Laurent Gaudé, Le Soleil des Scorta)
Aurélien Rochefer était devenu apiculteur par goût de l'or. (Maxence Fermine, L'Apiculteur)
There was no possibility of taking a walk that day. (Charlotte Brontë, Jane Eyre)Dans le cristal des verres à cognac pansus se reflétaient les bougies qui brûlaient dans les candélabres d'argent. (Arturo Pérez-Reverte, Le Maître d'escrime)
Une enveloppe cachetée est une énigme qui en renferme d'autres. (Arturo Pérez-Reverte, Le Tableau du Maître flamand)
Pour finir, une des plus anciennes, LA première phrase des premières phrases:
Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre.
C'est vraiment ce qui s'appelle commencer par le commencement. Ces gens-là savaient ce qu'ils faisaient, c'est moi qui vous le dis!
À votre tour. Quelle est la première phrase du bouquin que vous lisez en ce moment? Quelles premières phrases vous ont marqués?
Pour la devinette, je suppose que c'est l'écume des jours de Vian? Parce que, bon, des Colin, doit pas y en avoir cent mille en littérature...
RépondreEffacerJ'avoue ne pas retenir ces premières phrases, hormis les deux premières que tu as citées!
La première phrase de mon bouquin du moment : "le 31 octobre 1946, l'autobus de Bergerac nous déposa, ma mère et moi, devant la place des Arcades, à Saint-Veillant".
Bravo, tu as deviné!
RépondreEffacerIntrigante, ta première phrase! Je vais aller voir sur ton blog s'il y a des indices!
En ce moment, je lis Middlesex de Jeffrey Eugenides: "J'ai eu deux naissances."
RépondreEffacerUn livre qui m'a marquée: Tuesdays with Morrie, Mitch Albom. "His death sentence came in the summer of 1994."
Je me rappelais celle de Mrs.Dalloway...
Middlesex est dans ma LAL, j'ai très hâte!
RépondreEffacerLe Mitch Albom commence raide! C'est une vrai sentence ou c'est au sens figuré? Je ne connais pas du tout ce livre.
Comme je lis présentement un livre sur une théorie de la télévision, la première phrase n'est pas palpitante.
RépondreEffacerPar contre, une première phrase qui m'a frappée, c'est celle de Mobydick, que tu nommes dans ton message. Je ne sais pas pourquoi, elle m'a donné le goût de lire le livre, même si je l'ai entendu dans un film quelconque, mais c'est vrai que c'est un classique.
C'est vrai que dans un livre documentaire, la première phrase n'a pas nécessairement le même impact!
RépondreEffacerPour Moby Dick, je dois avouer que je ne l'ai jamais lu! Je sais que c'est un grand classique, mais on dirait que le sujet (ou l'idée que je m'en fais, peut-être) me rebute.
"Comme nous connaissons mal les premières années du XXe siècle"
RépondreEffacer- Molly Keane
Et la vague les emporta... (roman)
Ouais, ben c'est pas aussi bon et aussi fort que tout ce que tu nous as offert.
Pour Moby Dick, il y a beaucoup de bruits autour d'une nouvelle traduction (voir dans les archives du blogue de Pierre Assouline).
J'avais trouvé la phrase de L'écume des jours; Middlesex est un excellent roman; dépêche-toi de le lire!
RépondreEffacerBob, c'est vrai que ça manque un peu de punch comme première phrase, mais c'est quand même intéressant!
RépondreEffacerSophie, j'attends de le trouver en bibliothèque, mais cela fait plusieurs mois que je n'y suis pas allé! Je voulais faire baisser ma PAL avant, mais il y a toujours des amis ou parents qui me prêtent des livres, alors c'est un vrai supplice de Tantale!
Je lis mon premier livre en français. C'est seulement un livre de Mary Higgins-Clark, traduit en français, mais on doit commencer quelque part!
RépondreEffacerLa première phrase est:
"Ce matin-là, Ellie se réveilla en sursuant, en proie au sentiment qu'un malheur était arrivé."
Mon premiére phrase favourite est de Daphne du Maurier dans le livre Rebecca
"Last night I dreamed I went to Manderley again."
Penny!! Quelle bonne surprise!! Wow, tu te débrouille vraiment bien en français, l'immersion totale, ça donne des résultats!
RépondreEffacerC'est une bonne idée de commencer par quelque chose de pas trop compliqué comme un Higgins-Clark. Le premier livre que j'ai lu en anglais était un Agatha Christie!
Très belle, la phrase de D. Du Maurier!
Merci :). Je vais profiter de ton blog pour practiquer mon écriture en français. Excuses-moi pour des mauvaise orthographe!
RépondreEffacer:)
Bonjour,
RépondreEffacerJ'aimerais bien une traduction valable pour la phrase de Dickens, "It was the best of times, it was the worst of times, it was the age of wisdom, it was the age of foolishness."
Tiens, ma préférée du moment : "On s'en veut quelquefois de sortir de son bain." Je vous laisse deviner ?
Amicalement,
Joël
(au fait, je suis joignable à joelsavd 'arobase' free point fr, et ma question présente un caractère urgent) toujours aussi amicalement,
RépondreEffacerJoël
Ravel de Jean Echenoz!
RépondreEffacer(Hé hé j'ai triché, merci M. Google!)
Je ne suis pas vraiment bonne en traduction, mais je suis sûre qu'il y a moyen de trouver ça quelque part sur le net!
Parmi les meilleures premières phrases (bon d'accord, mes préférées...) se trouvent celles-ci :
RépondreEffacer"Chante, déesse, la colère d'Achille, le fils de Pélée, détestable colère, qui aux Achéens valut des souffrances sans nombre et jeta en pâture à Hadès tant d'âmes fières de héros, tandis que de ces héros mêmes elle faisait la proie des chiens et de tous les oiseaux du ciel -pour l'achèvement du dessein de Zeus-". Homère, L'Iliade.
"Il naquit avec le don du rire, et le sentiment que le monde était fou, et ce fut là son seul héritage." Rafael Sabatini, Scaramouche.
"Il y a plus de mille ans vivait en Bretagne un Enchanteur qui se nommait Merlin." René Barjavel, L'enchanteur.
"Now is the winter of our discontent, made glorious summer by this sun of York." William Shakespeare, Richard III.
Et enfin, quitte à piocher dans la Bible, les plus belles me semblent celles-ci :
"Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le verbe était Dieu." Evangile selon Saint Jean.
"Dieu est en nous et tout autour de nous, pas dans les palais de bois ou de pierre... fend le bois et je suis là, soulève la pierre et tu me trouveras." Evangile apocryphe de Saint Thomas.
Ah, ces Grecs, ils n'y allaient pas avec le dos de la cuillère! Quelle phrase formidable!
RépondreEffacerCelle de Richard III est très connue, je m'en veux de l'avoir oubliée!
Quant à celles de la Bible, je n'ai jamais aimé la première phrase de Saint Jean, beaucoup trop abstraite pour le commun des mortels, donc peu accrocheuse, à mon avis. Celle de Saint Thomas, que je ne connaissais pas, est beaucoup plus belle.
"C'était au temps où j'errais, affamé, dans Christiania, cette ville que personne ne quitte sans en avoir reçu la marque..."
RépondreEffacerKnut Hamsun, La faim
Merci! Mecri! J'ai trouvee la phrase, que j'ai voulue!!!
RépondreEffacerOu commence l'aube?
RépondreEffacerMarc Levy, Le Premier Jour
La première phrase que j'ai préféré jusqu'à ce jour est celle-ci "La première fois qu'Aurélien vit Bérénice, il la trouva franchement laide." dans Aurélien, d'Aragon.
RépondreEffacerCette phrase m'a plu, parce que c'est un début atypique pour une histoire d'amour. Et ce livre fut une grande révélation littéraire pour moi.
Je connaissais juste celle d'Albert Camus 'o'... Mais sinon, il est vrai que quand je commence un livre, j'aime quand le début est bien saisissant n_n ! Par exemple, le début du "théorème des Katherine" (John Green) ou bien encore le début d'Autobiographie d'une Courgette (Gilles Paris) n_n !
RépondreEffacerBeau florilège ! :)
RépondreEffacerJe pense souvent à "In a hole in the ground the lived a hobbit"...
Ah oui, c'est magique!
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