
Dans ce récit autobiographique, Sue Hubbell raconte sa vie dans une ferme du Missouri. Après son divorce, elle a décidé de reprendre seule l'entreprise d'apiculture qu'elle et son mari avaient démarrée. Cette vie solitaire lui convient bien en général, lui permettant de se sentir intégrée à la nature magnifique qui l'environne. Les anecdotes sont regroupées par saison, d'où le titre, bien qu'en réalité elles s'étalent sur plus d'une année. Mais elles sont si délicieuses, drôles, touchantes ou inspirantes que j'aurais bien fait une deuxième fois le tour du calendrier!
Biologiste de formation, elle truffe son histoire de détails scientifiques sur les différentes espèces d'animaux ou de plantes qu'elle observe avec émerveillement sur sa terre, sans que jamais ce soit lourd. Par exemple sur les abeilles:
«Pendant la majeure partie de leur vie, les reines fuient la lumière; elles courent se cacher lorsqu'on ouvre la ruche. Mais la reine qui vient d'émerger est vierge et la lumière l'attire. Encouragée par les ouvrières, elle sort de la ruche et s'envole haut dans les airs pour son vol nuptial. Entourée de faux bourdons -- abeilles mâles -- elle va s'accoupler dix fois ou plus, par séries, s'assurant pour sa vie entière une provision de spermatozoïdes qu'elle utilisera pour féconder les oeufs qu'elle pondra. Pendant l'accouplement, le faux bourdon introduit son pénis dans la chambre de l'aiguillon de la reine, où il demeurera, tandis que lui-même se dégage et tombe sans vie sur le sol, sa fonction dans la colonie accomplie.»
Hé bien! On ne nous disait pas ça dans
Petit Tom et son amie l'abeille, ma principale référence en matière d'apiculture jusqu'à maintenant.
On retrouve aussi beaucoup de faits amusants. Saviez-vous par exemple que le bruant à gorge blanche américain chante «
Old Sam Peabody, Peabody, Peabody!» Il ne cherche donc pas Frédéric comme son cousin québécois? On ne fait pas que rire, par contre, puisqu'il y a aussi de nombreuses réflexions sur notre place dans la nature, sur la femme d'âge mûr, sur les gens, sur la vie en général.
La traduction française n'est pas trop mauvaise, je n'ai tiqué qu'une dizaine de fois, ce qui dans mon cas est un bon signe! Cependant, sur les dix fois, neuf ont été causées par des noms d'animaux, en particulier d'oiseaux. Je sais qu'il n'y avait pas d'Internet dans ce temps-là, mais ç'aurait été trop compliqué d'emprunter un livre sur les oiseaux d'Amérique du Nord à la bibliothèque? Je sais aussi que les nomenclatures ont changé récemment, mais je suis pas mal certaine que le
bluebird n'a jamais répondu au nom d'«oiseau bleu», plutôt de merlebleu ou merle bleu. Quant au
cowbird, qui semble avoir interloqué la traductrice, il s'agit tout simplement du vacher.
Tout au long de ma lecture, je voulais aller m'installer à la campagne et devenir apicultrice, jusqu'au chapitre où elle désensibilise son neveu aux piqûres d'abeilles, qui m'a fait quelque peu changer d'idée... Une seule piqure de guêpe m'a fait me gratter jusqu'au sang pendant trois semaines l'an dernier, alors je vais trouver autre chose. Peut-être la culture des champignons exotiques ou l'élevage des autruches, c'est très en vogue.
Une Année à la campagne de Sue Hubbell, traduit de l'américain, 1983, 249 p. Titre original: A Country Year.