13 janvier 2019

Monsieur le chat

Voici un livre dont je n'avais jamais entendu parler, ni de son auteur, d'ailleurs.  Je cherchais autre chose à la bibliothèque municipale, le titre a accroché mon oeil (surprenant n'est-ce pas?), la couverture était mignonne, et hop! on l'embarque!

Les chats dans la mythologie, dans la littérature, en peinture, les écrivains et leurs chats, François Alyn nous parle des félins d'une plume poétique, en suivant son inspiration, ce qui résulte en un livre au genre indéfinissable, non dépourvu de charme mais un peu désordonné et fourre-tout.

Qui trop aime, mal étreint, comme disait l'autre.  Dans plusieurs chapitres, on papillonne d'un sujet à l'autre sans en approfondir aucun, si bien qu'à la fin on n'a rien retenu même si l'on ne s'est pas ennuyé.  Ailleurs, les thèmes sont mieux définis et c'est alors un vrai plaisir, comme lorsqu'il nous parle du chat Bébert qui suivit Céline dans sa fuite en train à travers l'Allemagne bombardée, caché dans un sac en bandoulière, pour ensuite vivre l'exil avec lui au Danemark, ou de Venise où les chats de gouttière sont maîtres, un passage qui m'a fait penser au très mignon film Kedi que j'ai vu cet automne au cinéma, qui nous présente une autre ville amoureuse de ses félins, Istanbul.

Donc une lecture agréable mais imparfaite, pour amateurs de chats seulement!


Monsieur le chat de Marc Alyn, 2009, 276 p.

31 décembre 2018

Bye-bye 2018!

Voici mon petit bilan annuel; petit est l'adjectif qui convient car je suis un peu déçue du total: 33.  Il faut dire que cet été a été peu propice à la lecture de balcon, mon sport favori!  Il faisait bien trop chaud, j'ai passé presque tous mes temps libres à l'intérieur, à l'air climatisé.  Et à l'intérieur il y a plus de distractions: la télé, l'internet, Mina qui veut jouer à lance-la-baballe...  Le début d'année avait été lent, avec plusieurs gros pavés (coucou, M. Cervantès!). Je m'étais rattrapée un peu cet automne avec plusieurs lectures rapides mais la lourdeur de Philip Roth est venue freiner cet élan.

Par contre, si quantitativement j'obtiens à peine la note de passage (tout de même mieux que le pitoyable 26 de 2016), d'un point de vue qualitatif ce fut une excellente année, si bien que le choix de mon traditionnel Top 3 fut déchirant!

Voici la liste de toutes mes lectures (sauf les BD et romans graphiques, que je ne compte pas. De toutes façons, je n'en lis que 3-4 par année).  Pour lire les billets correspondants, vous pouvez consulter l'index dans la colonne de droite, je vais pas me taper tous les liens, hé ho!
  1. It de Stephen King
  2. L'Affaire Guillot (Les Chroniques de Gervais d'Anceny, tome 3) de Maryse Rouy
  3. Mais que lit Stephen Harper? de Yann Martel
  4. Tales of the City de Armistead Maupin
  5. Don Quichotte (tome 1) de Miguel de Cervantès
  6. Station Eleven d'Emily St. John Mandel
  7. Le Plongeur de Stéphane Larue
  8. Don Quichotte (tome 2) de Miguel de Cervantès
  9. Le Peintre d'aquarelles de Michel Tremblay
  10. Claudine à l'école de Colette
  11. Origin de Dan Brown
  12. Confessions of a Part-Time Sorceress de Shelly Mazzanoble
  13. Mon nom est Rouge d'Orhan Pamuk
  14. The Golden Notebook de Doris Lessing
  15. Les Racines du ciel de Romain Gary
  16. Sapiens: une brève histoire de l'humanité de Yuval Noah Harari
  17. A Fine Balance de Rohinton Mistry
  18. Le Collier rouge de Jean-Christophe Rufin
  19. On Cats de Doris Lessing
  20. La Cuisinière d'Himmler de Franz-Olivier Giesbert
  21. A Confederacy of Dunces de John Kennedy Toole
  22. La Salamandre de Marc Paillet
  23. Murder, Mr. Mosley de John Greenwood            
  24. Mémoires d'Hadrien de Marguerite Yourcenar
  25. A Time to Kill de John Grisham 
  26. Les Villes de papier de Dominique Fortier
  27. L'anglais n'est pas une langue magique de Jacques Poulin
  28. Mercredi soir au Bout du monde d'Hélène Rioux
  29. La Petite et le vieux  de Marie-Renée Lavoie
  30. Néons et sakuras d'Alice Michaud-Lapointe et Ginette Michaud
  31. La Peste d'Albert Camus
  32. American Pastorale de Philip Roth
  33. Fanny de Marcel Pagnol  
Abandon:
La Constellation du lynx de Louis Hamelin  -- pas un mauvais livre mais je n'ai pas accroché du tout.  Je pense qu'il s'adresse soit à ceux qui ont bien connu la période d'Octobre 70, soit aux plus jeunes qui ne la connaissent pas du tout.  J'en connaissais juste assez pour être toute mêlée.

Tiens, je remarque qu'il y a des années où je comptais les abandons dans le total, c'est de la triche, non?

Top 3 de 2018:
  • Mémoires d'Hadrien de Marguerite Yourcenar -- l'écrivaine réussit le tour de force de nous faire oublier qu'elle n'est pas elle-même un vieil empereur romain du IIe siècle. 
  • Les Racines du ciel de Romain Gary -- je reprends ici la dernière phrase de mon billet: le genre de livre qui donne envie d'être un meilleur humain.
  • Station Eleven d'Emily St.John Mandel  -- un roman post-apocalyptique qui n'est pas noir mais au contraire rempli de beauté.

Prix citron 2018:
Cette année, deux récipiendaires ex-æquo. Bon, «citron» est peu-être un peu fort, mais ce fut tout de même de grosses déceptions.  Dans les deux cas, ce sont des livres cultes de la littérature américaine, de ces titres qu'on retrouve toujours dans les listes du style «les 100 romans américains qui blablabla». Comme quoi il vaut toujours mieux prendre ce genre de listes avec un grain de sel, même si elles sont amusantes à consulter.
  • A Confederacy of Dunces (La Conjuration des imbéciles) de John Kennedy Toole -- les personnages sont tous plus détestables les uns que les autres, comment s'y intéresser?
  • Tales of the City (Chroniques de San Francisco) de Armistead Maupin -- on dit pourtant cette série très drôle, j'ai à peine souri.  Un roman qui a mal vieilli selon moi, les tomes plus récents sont peut-être mieux.

Prix «Ça sort d'où, ce truc génial?» 2018:
Murder, Mr Mosley de John Greenwood -- je ne connaissais pas du tout cet auteur qui m'a fait rigoler tout haut à plusieurs reprises!  Dire que j'ai failli m'en débarrasser sans le lire après qu'il eut croupi plusieurs années dans ma PAL!

Prix «On n'a jamais trop de beauté dans notre vie» 2018:
Les Villes de papier de Dominique Fortier -- je ne me lasserai jamais de cette plume fine et délicate.

Quelques statistiques:
Lus en VO anglaise: 12
Littérature québécoise: 8
Traduit de l'hébreu: 1
Traduits de l'espagnol: 2
Traduit du turc: 1
Sur la liseuse: 10

Un portrait qui ressemble assez aux années précédentes, sauf en ce qui a trait aux littératures en langues étrangères (autre que l'English), nettement sous-représentées cette année, sans que je sache pourquoi.  Un pur hasard, je pense.

Résolution 2019:
Les habitués du blogue le savent, depuis plusieurs années je me lance un défi, celui de lire une œuvre «qui fait peur», que ce soit à cause de son sujet, de son style ou simplement de son volume impressionnant.  Il y a eu Proust, Céline, Melville, cette année ce fut Don Quichotte de Cervantès, une lecture surprenante par sa modernité!  Pour 2019, j'ai choisi de donner une deuxième chance à un écrivain que j'avais barré de la liste après une mauvaise expérience: Dostoïevski.  En effet, je n'avais pas du tout aimé Crime et Châtiment, mais j'étais peut-être simplement trop jeune quand je l'ai lu, vers 18-19 ans si je me souviens bien.  Comme l'a démontré mon expérience avec La Peste de Camus, il est parfois bon de revisiter après quelques décennies un auteur jusque-là banni de nos LAL.  Depuis quelques années, j'étais tentée par Les Frères Karamazov mais ce salaud de Marcel me l'a complètement divulgâché!  Alors ce sera L'Idiot, et ce sera en février car j'ai déjà recruté une participante du Forum de la Bonne lecture pour une LC (lecture commune).

Et vous, votre année livresque, bonne ou mauvaise? Des projets pour 2019?  Si vous faites un petit bilan sur votre blogue, n'hésitez pas à me laisser le lien dans les commentaires, que j'aille faire un petit tour par chez vous!

À vous tous, mes chers lecteurs, vieux habitués ou simples passants, je souhaite un merveilleux 2019, rempli de coups de cœur et sans aucun citron!

23 décembre 2018

Fanny

C'est avec bonheur que j'ai retrouvé César, Panisse et les autres!  Et aussi la plume de ce cher Pagnol, avec ses expressions si colorées!  «Avoir un polichinelle sous le tablier» (être enceinte), je vais m'en souvenir de celle-là!

Bien sûr, il y a quelques petites choses qui ont moins bien vieilli: traiter un asiatique de jaunâtre, même sous le coup de la colère, cela ne passe plus aussi bien!  Mais l'ensemble reste fort attachant et émouvant, les personnages tout aussi sympathiques et hauts en couleur que dans le premier tome de la trilogie, Marius.  Ajoutant au plaisir, cette vieille édition de 1970 comporte de jolies illustrations et une amusante préface de Pagnol lui-même racontant la création mouvementée de la pièce.  Je lirai la suite, César, sans trop tarder, car ***attention, Divulgâcheur: je suis convaincue que ce couillon de Marius va foutre le bordel dans la vie somme toute heureuse de Fanny!***Fin du divulgâcheur.


Fanny (La trilogie marseillaise, tome 2) de Marcel Pagnol, 1931, 237 p.

21 décembre 2018

American Pastoral (Pastorale américaine)

Dans ce roman de Philip Roth, un de ses plus connus, la désintégration d'une famille du New Jersey devient une métaphore pour la fin du rêve américain, cet espoir que chaque génération pourra offrir à la suivante une vie meilleure que la sienne, fin provoquée par une conjoncture d'événements durant les années 60-70: la guerre du Vietnam, le Watergate, les luttes raciales, la délocalisation des manufactures vers les pays du Tiers-monde, provoquant la ruine de nombre de petites villes.

Sujet fort intéressant, surtout que ces thèmes sont encore d'actualité.  Toutefois, j'avoue avoir eu un peu de peine à accrocher au début du roman.  Je ne voyais pas trop où on s'en allait, et surtout j'ai eu un peu de difficulté à lire la plume dense de Roth en VO -- je ne me souviens pas avoir eu ce problème avec The Plot Against America, peut-être parce que ce dernier est raconté du point de vue d'un enfant, donc avec un vocabulaire plus facile?  Après quelques chapitres, je me suis habituée et j'ai pu mieux apprécier l'histoire... pour déchanter de nouveau rendue au milieu: qu'est-ce que c'est long!  Je ne sais pas si c'est à cause des nombreux retours en arrière dans l'histoire de la famille Levov (une structure narrative qui pourtant me plaît en général), mais j'avais l'impression de ne pas avancer et qu'il ne se passait rien.

Dans la dernière partie, la tension remonte d'un cran et ça redevient passionnant.  La fin m'a interloquée et sur le coup j'étais déçue car certaines questions semblent rester sans réponses...  Mais à bien y penser, Roth nous donne assez de matière pour qu'on puisse conclure par nous-même.  Cela m'a réconciliée quelque peu avec ce bouquin.  C'est une fresque magnifique, un tableau de l'American Way of Life qui vient se péter la face contre un mur...  Cent pages de moins au milieu et ça aurait pu être un gros coup de cœur!  Dommage...


American Pastoral de Philip Roth, 1997, 423 p.  Titre de la traduction française: Pastorale américaine.

28 novembre 2018

La Peste

Il y a très, très longtemps, j'ai lu et pas trop apprécié L'Étranger de Camus.  Je trouvais le personnage principal antipathique, trop détaché.  J'ai compris ensuite que c'était fait exprès, mais sur le coup cela en avait fait une lecture peu agréable.  Plus récemment, je me suis dit que j'étais peut-être alors trop jeune pour ce livre, que je devrais donner une deuxième chance à l'auteur. Alors quand un participant du forum du Guide de la bonne lecture a suggéré une lecture commune de La Peste, j'ai sauté sur l'occasion.

Je ne le regrette pas car j'ai vraiment beaucoup aimé ce roman.  L'ambiance d'étouffement dans la ville algérienne fermée pour cause d'épidémie, sous un soleil implacable, le sentiment d'exil, de désespoir des habitants, dont certains ont été séparés de membres de leurs familles absents au moment de la fermeture des portes, tout est magnifiquement décrit.  De temps en temps, un vent de fraîcheur, un peu d'humour ou d'espoir viennent alléger le récit: une baignade dans la mer, un moment de repos sur une terrasse paisible. Certains personnages secondaires sont intrigants ou amusants, comme cet écrivain qui retravaille incessamment la première phrase de son roman, changeant un adjectif ici, un verbe là.  Malgré peut-être quelques longueurs au milieu (et quelques passages peu ragoûtants, allô les bubons!), ce fut une lecture passionnante et enrichissante.

Fait cocasse, lorsque notre petite chatte Mina est trop tannante, nous la surnommons «Pesto la Peste», alors je lui ai montré le minou sur la couverture en lui disant que c'était son portrait!


La Peste d'Albert Camus, 1947, 279 p.

15 novembre 2018

Néons et sakuras

Une excellente idée de départ: une mère et sa fille écrivent chacune de son côté le journal de leur voyage au Japon au temps des cerisiers en fleurs, chroniquant leurs impressions sur ce pays dont la culture nous est souvent incompréhensible. Les hôtels, la bouffe, les émissions de télé loufoques (c'est un euphémisme), les villes, la difficulté à entrer en relation avec les habitants, tout est décrit avec justesse et l'impression de dépaysement extrême est fort bien rendue.

J'ai seulement trouvé que cette idée de départ n'avait pas été exploitée à son plein potentiel, tout simplement parce que les auteures ont choisi d'entremêler leur voix sans rien pour les différencier. Un choix volontaire puisque c'est mentionné en quatrième de couverture, où l'on affirme qu'on pourra les distinguer grâce à leur style, mais dans mon cas c'est raté, je ne savais jamais qui parlait sauf si on mentionnait «Alice fait ceci» ou «maman dit cela».  Il était donc impossible de comparer les réactions de ces femmes de générations différentes, et c'était presque toujours comme si une seule personne nous racontait son voyage.

Seul autre petit hic, j'ai trouvé désagréable l'utilisation de la nouvelle façon de contracter les variantes féminines et masculines d'un mot en utilisant des points médians (les japonais·e·s, les piéton·ne·s); autant je trouve que cela a sa place dans les textes administratifs, autant en littérature je trouve cela rebutant.  Peut-être que je vais m'habituer, mais pour l'instant cela me fait décrocher du texte car mon cerveau ne sait pas comment le prononcer dans ma tête, si vous voyez ce que je veux dire.

Aussi, si votre liseuse est un vieux machin antédiluvien comme ma vieille Sony PRS-350 qui ne reconnaît pas les jolis caractères japonais qu'on retrouve en tête de chaque chapitre et assez souvent dans le texte, privilégiez l'édition papier!

Bref, une lecture imparfaite mais tout de même intéressante pour qui aime les récits de voyage.


Néons et sakuras d'Alice Michaud-Lapointe et Ginette Michaud, 2018, 141 p.
 
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08 novembre 2018

La Petite et le vieux

Je pense que je suis un peu âgiste (comme on dit sexiste ou raciste). Je n'en suis pas fière.  Longtemps j'ai hésité à lire Le Vieux qui lisait des romans d'amour de Luis Sepulveda, qu'un collègue m'avait pourtant chaudement recommandé.  Même chose pour Le Vieil Homme et la mer d'Hemingway.  On dirait que quand ça parle de vieux dans le titre, ça doit être soit déprimant, soit un peu gnangnan.  Or, dans les deux cas, ce fut d'immenses coups de cœur.

On dit jamais deux sans trois...  Et... oui!  J'avais pourtant beaucoup aimé Le Syndrome de la vis, lu en 2014, alors pourquoi ais-je tant attendu avant de renouer avec l'auteure Marie-Renée Lavoie?  À cause de ce titre, je ne vois rien d'autre.  Et tout comme dans les deux exemples ci-dessus, c'est un coup de cœur.

Parlant de titre, est-il assez imbécile cet éditeur français (Denoël pour ne pas le nommer) qui a jugé opportun d'intituler ce roman Mr Roger et moi pour la version européenne?  Mr, c'est l'abréviation de mister, non? Pas de monsieur?  Du coup, Roger se prononce à l'anglaise, Rogeur.  Je m'attendais donc à ce que le vieux en question soit un anglophone. Eh bien non, le monsieur est on ne peut plus québécois, émaillant son discours des sacres les plus diversifiés: bout d'viarge, maudit verrat, etc, pour notre plus grand plaisir. Heureusement on est revenu au titre original pour l'édition de poche (Folio).

Bon c'est bien beau tout ce bavardage, direz-vous (ou pas), mais ça parle de quoi? Je crois qu'on peut classer ça dans les romans d'apprentissage, puisque l'héroïne passe de l'enfance à l'adolescence sous nos yeux.  C'est peut-être une hérésie de dire ça mais je trouve que Lavoie est dans la lignée d'un Michel Tremblay, avec ses dialogues en joual, l'atmosphère de quartier urbain (sauf qu'on est ici dans les années 80), avec en particulier le personnage de la mère, une femme forte mais non sans faille, qui finit toutes ses phrases par «cé toute!» pour couper court à tout argument, et celui du père, plus mou et alcoolique.  Et le tout n'est ni déprimant, ni gnangnan, mais plutôt fort drôle et touchant.

Allez, je n'en dis pas plus, je vous laisse découvrir par vous-même la faune de ce quartier de Limoilou.

Au fait, vous en connaissez d'autres, des livres avec des vieux ou des vieilles que je devrais absolument avoir lus?


La Petite et le vieux de Marie-Renée Lavoie, 2010, 160 p.

 
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