La prémisse me semblait un peu artificielle: chaque fois que son ancêtre, le fils d'un propriétaire de plantation du Maryland (un blanc esclavagiste, donc), se trouve en danger, une jeune femme noire du XXe siècle est transportée au XIXe siècle et contrainte de sauver la vie du jeune garçon sous peine de voir sa lignée (et donc elle-même!) disparaître. C'est l'occasion, bien sûr, de confronter les valeurs, les mœurs et les conditions de vie des deux époques; c'est intéressant, mais pour une raison que j'ignore, je n'accrochais pas plus que cela à cette histoire.
C'est à mesure que les personnages sont mieux développés que je me suis sentie de plus en plus intéressée. Les relations entre ceux-ci, tant les deux personnages principaux que tous les autres qui gravitent autour d'eux, blancs et esclaves noirs, sont vraiment bien décrites: pouvoir, amour malsain, jalousie, haine, etc. Dans un environnement aussi glauque, impossible d'avoir des relations saines, que ce soit entre Noirs ou entre Blancs/Noirs.
Tout petit bémol: je me doutais bien qu'il n'y aurait pas d'explication rationnelle à ces voyages dans le temps, mais j'aurais aimé qu'on nous donne une raison pour le fait que ce soit cette jeune femme, plutôt que n'importe quel autre descendant, qui se trouve appelée à la rescousse. Je reste sur ma faim sur ce petit point précis, mais ce n'est pas grave. Après un départ un peu difficile, je ressors très satisfaite de cette lecture et j'ai très hâte de connaître l'avis des autres membres du club!
Kindred de Octavia E. Butler, 1979, 264 pages. Titre de la traduction française: Liens de sang.