Quoi de mieux qu'une atmosphère gothique dans un manoir décrépi de la campagne anglaise? J'ai la réponse: une atmosphère gothique dans un manoir décrépi de la campagne anglaise décrit de la plume efficace de Sarah Waters, voilà quoi!
Nous sommes quelques années après la Deuxième Guerre mondiale et nous suivons le narrateur, un médecin de campagne, dans ses relations avec une famille de l'aristocratie qui tire le diable par la queue en tentant d'entretenir son immense propriété. C'est que l'Angleterre est non seulement encore aux prises avec les restrictions matérielles dues à la guerre, mais elle est surtout en train de changer; tous les privilèges anciennement accordés à cette classe sociale disparaissent. C'est la fin d'une ère... Imaginez Downton Abbey avec seulement une petite bonne, un homme à tout faire, une cuisinière à temps partiel, et pas d'argent pour faire réparer le toit qui coule!
Ça, c'est le décor. Mais qu'il se passe des choses bizarres dans cette maison! Est-elle hantée, y a-t-il une tare héréditaire qui amène les habitants à imaginer tous ces événements étranges ou bien simplement est-ce dû au stress post-traumatique causé par la guerre?
Si vous aimez vos thrillers avec des explosions, de l'action sans arrêt, une fin où la solution vous est donnée sur un plateau d'argent avec un beau ruban rose dessus, ce livre n'est pas pour vous. Ici on est dans un thriller psychologique au rythme plutôt lent (j'ai même détecté quelques longueurs par-ci par-là, seul petit défaut), avec une touche de fantastique, des personnages tout en teintes de gris, et vous devrez utiliser vos méninges. Vingt-quatre heures plus tard, j'y pense encore, à cette fin...
The Little Stranger de Sarah Waters, 2009, 466 p. Titre de la traduction française: L'Indésirable.
25 février 2020
11 février 2020
L'Œuvre au noir
Ah j'ai l'air malin, maintenant! J'avais choisi ce roman comme défi pour 2020 car je croyais qu'il était très hermétique, avec des discussions ésotérico-philosophiques à n'en plus finir! Et finalement, non, s'il y a bien quelques passages plus difficiles (dont un paragraphe que j'ai lu et relu en boucle sans rien y comprendre, la fatigue n'aidant pas; j'ai finalement mis le livre de côté pour me rabattre sur une lecture plus légère ce soir-là!), dans l'ensemble ça se lit assez aisément, même si Yourcenar utilise un vocabulaire recherché.
Du coup, impossible de me rappeler pourquoi, il y a trente ans, j'avais écarté ce roman après en avoir feuilleté les premières pages. Ce n'est qu'après avoir lu et adoré Mémoires d'Hadrien il y a un an ou deux que j'ai décidé de lui donner une deuxième chance, et j'en suis bien contente car j'ai beaucoup aimé retrouver la plume de cette grande écrivaine.
J'ai tout de même quelques bémols, qui ont empêché ce livre d'être un gros coup de cœur. Premièrement, j'ai été déçue que le sujet de l'alchimie soit peu abordé, alors que le personnage est présenté comme alchimiste. On le voit surtout comme philosophe et médecin, et si ses idées sont influencées par les notions reliées à cette science (si je peux utiliser ce terme), on en apprend peu sur la pratique en tant que telle. On se concentre beaucoup plus sur ses activités médicales; or, des romans historiques mettant en scène des médecins, ce n'est pas ça qui manque, alors que les alchimistes ne courent pas les rues dans ce genre littéraire. C'est Gropitou qui a dû être déçu puisque je lui avais justement offert ce livre parce qu'il s'intéresse à ce thème.
Deuxièmement, on s'attache fort peu au personnage principal. On l'admire car c'est un libre-penseur et un athée dans un monde où les religions sont omniprésentes et ce, au péril de sa vie, mais il ne nous émeut pas parce que lui-même reste assez froid et détaché envers ses congénères. C'est sûrement voulu par Yourcenar, qui a décidé de placer son récit principalement dans le registre intellectuel, sans donner trop de place à l'émotion.
C'est tout de même une lecture très intéressante qui va me trotter dans la tête un certain temps. Toutefois, en me basant sur ma propre expérience, je ne la recommanderais pas comme première approche de l'auteure.
L’Œuvre au noir de Marguerite Yourcenar, 1968, 469 p.
Du coup, impossible de me rappeler pourquoi, il y a trente ans, j'avais écarté ce roman après en avoir feuilleté les premières pages. Ce n'est qu'après avoir lu et adoré Mémoires d'Hadrien il y a un an ou deux que j'ai décidé de lui donner une deuxième chance, et j'en suis bien contente car j'ai beaucoup aimé retrouver la plume de cette grande écrivaine.
J'ai tout de même quelques bémols, qui ont empêché ce livre d'être un gros coup de cœur. Premièrement, j'ai été déçue que le sujet de l'alchimie soit peu abordé, alors que le personnage est présenté comme alchimiste. On le voit surtout comme philosophe et médecin, et si ses idées sont influencées par les notions reliées à cette science (si je peux utiliser ce terme), on en apprend peu sur la pratique en tant que telle. On se concentre beaucoup plus sur ses activités médicales; or, des romans historiques mettant en scène des médecins, ce n'est pas ça qui manque, alors que les alchimistes ne courent pas les rues dans ce genre littéraire. C'est Gropitou qui a dû être déçu puisque je lui avais justement offert ce livre parce qu'il s'intéresse à ce thème.
Deuxièmement, on s'attache fort peu au personnage principal. On l'admire car c'est un libre-penseur et un athée dans un monde où les religions sont omniprésentes et ce, au péril de sa vie, mais il ne nous émeut pas parce que lui-même reste assez froid et détaché envers ses congénères. C'est sûrement voulu par Yourcenar, qui a décidé de placer son récit principalement dans le registre intellectuel, sans donner trop de place à l'émotion.
C'est tout de même une lecture très intéressante qui va me trotter dans la tête un certain temps. Toutefois, en me basant sur ma propre expérience, je ne la recommanderais pas comme première approche de l'auteure.
L’Œuvre au noir de Marguerite Yourcenar, 1968, 469 p.
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