24 juillet 2024

La Lionne blanche

Décidément, cette série policière est en passe de devenir une de mes préférées dans ce genre littéraire!

D'abord j'aime beaucoup le personnage principal, le commissaire Wallander.  Il est loin d'être parfait, mais on n'est pas non plus dans le cliché du policier alcoolique et misogyne.  Il essaye d'être un bon père, un bon fils, sans toujours y parvenir.  Il se fâche parfois contre ses collaborateurs mais sait pourtant reconnaître leurs qualités.  D'ailleurs ceux-ci ont énormément de respect pour lui.  Il n'est pas non plus un super-héros; s'il doit escalader une clôture en pourchassant un méchant, ça se pourrait bien qu'il déchire son pantalon!

Mais ce que j'apprécie encore plus, c'est la façon qu'a Mankell de s'inspirer de  l'actualité de son époque, en variant les sujets à chaque tome.  Ici, on est en 1992, en Afrique du Sud.  Nelson Mandela vient de sortir de prison, l'Apartheid sera peut-être aboli, mais certains groupes de la population blanche résistent, en particulier les Boers, dont l'auteur nous rappelle l'histoire.  Un complot se trame dont les ramifications s'étendent jusqu'en Suède!  J'ai adoré que Mankell nous entraîne des bidonvilles jusqu'au bureau du président De Klerk, en passant par Ystad, la petite ville suédoise de ce cher Wallander.  Dépaysement garanti!

Il y a bien un petit truc que j'ai trouvé un peu tiré par les cheveux vers la fin, mais cela n'a pas gâché mon plaisir.  J'ai dévoré ce roman en quelques jours!  Après quelques lectures plus ardues, c'était très agréable de retrouver la plume nette et efficace de Mankell.


La Lionne blanche de Henning Mankell, traduit du suédois en 2004, 487 p. Titre de la version originale: Den vita lejoninnan (1993).

21 juillet 2024

Alexis - Le Coup de Grâce

Alors que j'ai beaucoup aimé mes deux premiers contacts avec Marguerite Yourcenar, ce recueil rassemblant deux courts romans constitue un premier semi-échec...

Alexis:

Même si j'admire toujours autant la plume de Yourcenar, il faut tout de même que la dite plume soit au service d'une histoire présentant un minimum d'intérêt... ce qui n'est pas le cas ici!  L'homosexualité n'étant pas un sujet qu'on pouvait discuter ouvertement à l'époque, le narrateur ne fait que tourner autour du pot pendant 125 pages.  Et comme il est peu sympathique, ses malheurs n'arrivent même pas à nous émouvoir.  J'ai failli abandonner un roman de Yourcenar!!!

Le Coup de Grâce:

Ce deuxième roman, l'histoire d'un amour impossible entre un soldat et la sœur de son meilleur ami, est heureusement plus intéressant.  Là encore, les personnages ne sont pas très sympathiques et l'on s'attache peu à eux, mais au moins il y a un peu d'action et l'ambiance est bien décrite.  J'aurais toutefois apprécié que le contexte historique soit plus à l'avant-plan: on est dans un château décrépi des pays baltes, durant la guerre entre les troupes bolchéviques et anti-bolchéviques germanophiles en 1918, un cadre fort original qui n'est exploité à son plein potentiel qu'à la toute fin du roman.

   

Alexis - Le Coup de Grâce de Marguerite Yourcenar, recueil de deux courts romans parus respectivement en 1929 et 1939, 248 p.

19 juillet 2024

Harrow the Ninth (Harrow la Neuvième)

 The Locked Tomb (Le Tombeau scellé), tome 2

Après un début difficile, une intrigue intelligente et l'humour des dialogues m'avaient permis d'apprécier le tome 1 de cette série au genre indéfinissable (fantastiquo-fantasy-SF?).

En commençant le tome 2, j'ai constaté que j'avais, là encore, un peu de difficulté à plonger dans cet univers.  Certains événements ne concordent pas du tout avec ce qui s'est passé dans le tome 1, et c'est très long avant qu'on commence à comprendre pourquoi. La narration à la deuxième personne du singulier, très étrange (on ne saisit la raison de ce choix que beaucoup plus loin) ne nous aide pas non plus.  J'étais très désarçonnée, mais j'espérais que la situation allait s'améliorer comme dans le cas du tome précédent.  

En général, j'aime beaucoup qu'un auteur nous fasse travailler un peu au lieu de tout expliquer en long et en large.  Mais ici, l'intrigue est tellement tarabiscotée que j'avais de la misère à suivre!  Il y a toutefois de très bons passages, drôles ou intrigants, et on retrouve avec plaisir certains personnages du tome 1.

Quant à l'épilogue, il est tellement bizarre que j'étais fâchée en le terminant!  J'imagine que l'intention de l'auteure était de nous appâter pour la suite, mais dans mon cas l'effet contraire s'est produit, et il y a de fortes chances pour que cette série s'arrête là pour moi...


Harrow the Ninth (The Locked Tomb, tome 2) de Tamsyn Muir, 2020, 512 p.  Titre de la traduction française: Harrow la Neuvième (Le Tombeau scellé, tome 2)

24 juin 2024

La Forêt sombre

Trilogie des trois corps, tome 2

Qui dit deuxième tome d'une trilogie dit billet court sur le blogue.  On a l'impression de répéter ce qu'on a écrit sur le premier tome, et par ailleurs on n'a pas encore un avis général sur la trilogie dans son ensemble.

Donc, comme dans le premier tome, on a une intrigue pleine de rebondissements, beaucoup de détails scientifiques qu'il n'est pas nécessaire de comprendre parfaitement pour suivre l'histoire, une narration un peu froide, ce qui fait qu'on ne s'attache pas tant que cela aux personnages et qu'on en sait peu sur leur vie privée -- l'intérêt réside ailleurs.  Parlant de personnages, je vous recommande de vous dresser dès le début une petite liste car ils sont très nombreux (ma liste en compte quarante-deux) dont la plupart avec des noms chinois qui se ressemblent (Yang, Zhang, Zhuang...).

Il y a bien quelques passages que j'ai trouvés longuets (dont un qui m'a semblé ne pas apporter grand-chose à l'intrigue), mais dans l'ensemble, une lecture passionnante, vivement la suite!


La Forêt sombre (La Trilogie des trois corps, tome 2) de Liu Cixin, traduit du chinois, 2017, 736 p.  Titre de la version originale: Hēi'àn sēnlín (2008)

03 juin 2024

The Hours (Les Heures)

J'ai hésité quelques temps avant de me lancer dans ce roman trouvé dans une boîte à livres.  C'est que j'ai vu l'adaptation cinématographique et que je m'en souviens assez bien, ce qui a souvent tendance à gâcher ma lecture...  Mais ici, cela ne s'est pas produit, et ce, pour trois raisons: 

1) La plume de Michael Cunningham est magnifique et très agréable à lire et la construction du roman est astucieuse.  

2) Lors du visionnement du film, je n'avais pas encore lu le roman Mrs Dalloway de Virginia Woolf.  Même si j'ai plus ou moins aimé ce roman, je pense que sa lecture est essentielle pour apprécier toutes les références qui y sont faites ici.  En effet, chacune des trois femmes qu'on suit dans des chapitres alternés qui se répondent et se complètent a un lien avec l’œuvre de Woolf.  

3) En fait, je me souvenais mal de la fin, si bien que la surprise fut totale!


The Hours de Michael Cunningham, 1999, 226 pages.  Titre de la traduction française: Les Heures.

25 mai 2024

Le Nœud de vipères

Comme j'avais beaucoup aimé Thérèse Desqueyroux, lu pour le club de lecture Livraddict l'an dernier, je n'ai pas hésité une seconde à m'emparer de cet autre roman de François Mauriac, trouvé par ma mère dans la boîte à livres de son quartier!

De sa chambre dans sa maison de la région des Landes, dans le Sud-Ouest de la France, sentant arriver la mort, un vieil homme acariâtre et avare écrit à son épouse et à ses enfants une longue lettre mi-confession, mi-accusation.  Une histoire de vengeance ruminée toute une vie...  Des personnages dignes de Zola, un style sobre, une ambiance du tonnerre, des révélations, des non-dits, une fin qui laisse place à l'interprétation, tout pour me plaire, quoi!


Le Nœud de vipères de François Mauriac, 1932, 216 p.

24 mai 2024

Ten Days in a Mad-House (10 Jours dans un asile)

Quelle femme fascinante elle a dû être, cette Nellie Bly!  Pionnière du journalisme d'enquête, elle s'est fait interner incognito dans un asile pour y observer les conditions de vie des patientes.  Ce qu'elle y a vu l'a horrifiée: nourriture immangeable, bains glacés, chambres non chauffées, et surtout torture physique et mentale.  Sans oublier que la plupart des patientes n'auraient pas dû être là...  Au XIXe siècle, dès qu'une femme dérangeait un tant soit peu, on pouvait facilement s'en débarrasser en l'accusant d'être folle!

Cela dit, une fois qu'on a admiré le courage de cette journaliste, le texte lui-même est plus ou moins intéressant.  Son style est très factuel.  J'aurais aimé un peu plus d'analyse, en particulier dans la dernière partie, qui parle de l'enquête judiciaire déclenchée à la suite de la publication de l'article, et des améliorations apportées aux conditions de vie dans l'asile.  Bien sûr, ces Grand Jury Investigations se font à huis clos, donc elle n'a pu raconter que la séance où elle a elle-même témoigné, mais je suis tout de même restée sur ma faim.

Par contre, je lirai sans doute un jour son récit de voyage Around the World in Seventy-Two Days (elle a battu le record de ce bon vieux Phileas Fogg!), ça doit être passionnant!


Ten Days in a Mad-House de Nellie Bly, 1887, 81 p.  Titre de la traduction française: 10 jours dans un asile.

14 mai 2024

The Narrow Road to the Deep North (La Route étroite vers le Nord lointain)

Comme la prochaine vente de livres élagués des Bibliothèques de Montréal a lieu dans un mois, j'ai pensé que ce serait une bonne idée d'avoir lu au moins un de ceux acquis l'an dernier!  Mon choix s'est porté sur The Narrow Road to the Deep North de Richard Flanagan.  Je n'avais jamais entendu parler ni du livre, ni de cet auteur australien, je l'ai acheté pour la seule mention «gagnant du Booker Prize» en couverture.  Je ne me préoccupe pas tant que cela des prix littéraires, mais celui-là me déçoit rarement (citons notamment Life of Pi (Histoire de Pi) de Yann Martel et The Remains of the Day (Les Vestiges du jour) de Kazuo Ishiguro). 

Je me suis donc lancée à l'aveuglette, n'ayant même pas lu la quatrième de couverture, et le titre et la couverture donnant peu d'indices du sujet...  Il s'agit en fait d'un roman historique qui se déroule pour la plus grande partie dans un camp de prisonniers de guerre au Siam (la Thaïlande, aujourd'hui), mais aussi en Australie et brièvement au Japon.

La partie centrale du roman, celle qui se déroule au Siam, est vraiment excellente.  C'est un pan de l'histoire que je ne connaissais pas: l'utilisation de prisonniers de guerre (ici, des Australiens) comme esclaves pour tenter de construire un chemin de fer à travers la jungle, dans des conditions épouvantables et avec des moyens rudimentaires.  

La première partie, où l'on fait des allers-retours entre différentes époques, m'a beaucoup moins intéressée, surtout parce que les personnages sont peu attachants, mais aussi parce que le style très littéraire de l'auteur rend leurs motivations peu évidentes (ou alors c'est moi qui n'ai pas su lire entre les lignes?).

Quant à la dernière partie, il s'agit d'un long épilogue où l'on découvre ce qu'il advient de chacun des personnages une fois la guerre terminée.  J'ai beaucoup aimé les passages se déroulant au Japon; encore là, c'est un sujet sur lequel je n'ai jamais rien lu -- je ne savais pas, par exemple, que Tokyo avait été intensivement bombardée!  Mais j'ai tout de même trouvé toute cette partie un peu trop longue.

Dans l'ensemble, une bonne découverte, même si à la fin j'avais hâte de passer à autre chose! 


The Narrow Road to the Deep North de Richard Flanagan, 2014, 334 p.  Titre de la traduction française: La Route étroite vers le Nord lointain.

02 mai 2024

20 ans avec mon chat

Quelle est mignonne cette petite chatte prénommée Mî!  Elle me fait beaucoup penser à ma petite Mina, elle aussi une chatte calicot (ce qu'on appelle «chatte d'Espagne» au Québec, pour une raison que j'ignore), elle aussi une chatte abandonnée en bas âge. 

Toutefois, je ne me suis pas autant attachée à la narratrice, que j'ai trouvée un peu froide (envers les humains, parce que pour ce qui est de sa minette, on sent bien qu'elle l'adore!).  Lors de son divorce, notamment, on la sent très détachée, presque indifférente.  J'ai par contre bien aimé lorsqu'elle raconte comment sa relation avec Mî lui a permis de prendre conscience du monde  qui l'entoure, de la nature, des saisons, ce qui lui a permis de réaliser son rêve de devenir écrivain.

J'ai toutefois été troublée par la fin, qui est pénible à cause des graves problèmes de santé de la petite féline.  À la place de sa maîtresse, j'aurais pris des décisions différentes -- mais l'euthanasie est-elle envisageable au Japon?  Ça ne semble même pas avoir été une option ici, en tous cas.

Malgré ces petits bémols, j'ai quand même bien aimé ce récit touchant, lumineux et rempli d'amour.  Pour passionnés des chats seulement!


(N.B. Inaba est le nom de famille de l'auteure, je classe donc ce livre dans les I)


20 ans avec mon chat de Inaba Mayubi, traduit du japonais, 2014, 208 p.  Titre de la version originale: Mi i no inai asa (1999)

30 avril 2024

Carnets du Nil Blanc

C'est une copine du forum Livraddict qui m'a fait découvrir ce récit de voyage de John Hopkins, jeune américain fraîchement diplômé de Princeton qui décide de traverser avec son copain Joe une partie de l'Afrique sur sa moto, une BMW d'un blanc étincelant surnommée «The White Nile».

Après un début un peu longuet (le passage où il raconte sa dernière relation amoureuse m'a semblé de bien peu d'intérêt), le récit devient beaucoup plus enlevant lorsque les deux zigotos arrivent en Afrique.  Je les traite de zigotos parce qu'ils sont tellement imprudents qu'ils ont failli mourir plusieurs fois, n'apprenant jamais de leurs erreurs! 

Ce que j'ai aimé surtout ce sont les descriptions des endroits visités: villes africaines, ruines romaines, paysages du Sahara qui m'ont rappelé le magnifique Terre des Hommes de Saint-Exupéry!  J'ai également trouvé sympa que les deux amis soient amateurs de littérature française, citant régulièrement Proust, Gide, Flaubert et autres.  

Il y a bien quelques phrases d'un goût douteux qu'il faut remettre dans leur contexte -- on est dans les années soixante, même si ce journal de voyage a été publié beaucoup plus tard -- mais également d'autres réflexions qui m'ont semblé très modernes.  Toutefois c'est surtout pour le dépaysement total qu'ils proposent que je recommande la lecture de ces carnets!


Carnets du Nil Blanc de John Hopkins, 2012, 250 p.  Titre de la version originale: The White Nile Diaries.

28 avril 2024

11/22/63 (22/11/63)

Science-fiction, roman historique, roman d'amour, thriller et même une petite touche de fantastique...  C'est bien connu, Stephen King aime mélanger les genres, et le mélange est ici très réussi!

Il est de notoriété publique que ce roman raconte l'histoire d'un voyageur temporel qui tente d'empêcher l'assassinat de John F. Kennedy.  La grosse surprise réside dans le fait que cela ne constitue en fait que la toile de fond des premiers deux tiers du roman.  En effet, notre héros est transporté cinq années avant la date fatidique et vivra toutes sortes de péripéties avant de pouvoir essayer de changer le cours du Destin.  Entretemps, il devra s'adapter à cette époque bien différente de la sienne, rencontrera des gens fort sympathiques ou plutôt inquiétants, le tout en tentant de ne pas trop se faire remarquer! 

Je pense que ce long délai avant d'arriver au sujet évoqué par le titre a pu déplaire aux quelques détracteurs de ce roman.  Quant à moi, une fois accepté qu'on allait faire un long détour, j'ai adoré!  King dresse ici un formidable portrait de l'Amérique des années 50-60.  Seul petit bémol, quelques répétitions dans les premiers chapitres (tout le monde fumait à cette époque, on a compris!).  

King fait même un gros clin d’œil à un autre de ses romans, It (Ça), puisqu'une partie de l'intrigue se déroule à Derry, dans le Maine.  Je vous recommande donc de lire ce roman-là en premier si vous voulez notamment saisir les allusions à un certain clown...


11/22/63 de Stephen King, 2011, 849 p.  Titre de la traduction française: 22/11/63.

26 avril 2024

Piranesi (Piranèse)

Avec ce genre de roman, c’est tout ou rien.  C’est-à-dire qu’on aime beaucoup ou pas du tout.  Heureusement pour moi, j’ai été dans la première catégorie, et pas qu’un petit peu! 

L’histoire?  Je préfère ne rien vous en dire. La longueur de ce billet sera donc inversement proportionnelle au plaisir ressenti durant cette lecture.  Le narrateur, un être bizarre, naïf mais attachant, vous fera découvrir son étrange univers, petit à petit.  Vous ne comprenez rien au début?  C’est normal.  Lisez le moins possible de commentaires avant de commencer.  Déjà, de savoir dans quelle thématique on se trouvait, étant donné qu'il a été sélectionné pour le club de lecture Livraddict, c’était déjà un peu divulgâcheur, j’aurais préféré ne rien savoir du tout! 

En bref, j’ai vraiment adoré cette histoire très originale, tout comme j’avais adoré le premier roman de l’auteure, Jonathan Strange & Mr. Norrell, pourtant complètement différent de celui-ci!  Quel tour de force de Susanna Clarke d’avoir su soutenir notre attention en distillant les informations au compte-goutte!  C’est toujours un jeu risqué, mais le pari est gagné selon moi!  

 

Piranesi de Susanna Clarke, 2020, 245 p.  Titre de la traduction française: Piranèse.

 

01 avril 2024

Proust, roman familial

Quel excellent essai!  Enfin, je dis «essai» mais, en même temps, il s'agit aussi d'un récit autobiographique.  L'auteure raconte en effet comment la lecture d'À la recherche du temps perdu de Marcel Proust lui a ouvert les yeux sur ses relations avec sa famille (elle est issue de deux lignées nobles, l'une remontant au Moyen-Âge, l'autre, les Murat, beaucoup plus récente), en particulier avec sa mère, avec laquelle elle a eu une relation très conflictuelle, mais aussi sur son homosexualité et sur plusieurs autres sujets.

Certains passages trop intellos à mon goût m'ont frustrée (euphémisme pour: j'ai rien compris!), mais l'ensemble se lit très bien, d'ailleurs je l'ai dévoré en quelques jours.  Je crois toutefois qu'il est préférable d'avoir lu toute La Recherche auparavant, et ce, pour deux raisons:  de un, Murat divulgâche allègrement (mais c'est bien sûr inévitable dans ce genre d'essai), incluant la toute fin de l’œuvre; et de deux, ce serait sûrement beaucoup moins intéressant pour quelqu'un qui ne saisirait pas la multitude de références.

Souvent drôle ou touchante, une excellente lecture, peut-être ma meilleure de ce premier trimestre de 2024! 


Proust, roman familial de Laure Murat, 2023, 256 p.

29 mars 2024

The Glass Hotel (L'Hôtel de verre)

Vous commencez à me connaître, je ne lis jamais les quatrièmes de couverture...  Cela me permet d'éviter les résumés trop bavards et d'aborder les œuvres d'un œil frais et sans a priori.  Mais des fois cela me joue des tours!  Comme le roman précédent d'Emily St. John Mandel que j'ai lu était de la SF (Station Eleven, un gros coup de cœur!), je pensais que celui-ci ferait également partie des littératures de l'imaginaire...  J'ai donc passé les cinquante premières pages à attendre que quelque chose de fantastique survienne!  

Remarquez que si j'avais lu la quatrième de couverture en français, j'aurais été tout aussi décontenancée puisque celle-ci laisse croire que toute l'intrigue se déroulera dans l’hôtel du titre, en huis clos.  Or ce n'est pas du tout le cas!  Quant à la présentation en anglais, elle est extrêmement divulgâcheuse, dévoilant un fait qui se passe dans le dernier quart du roman! 

Bref, on dirait qu'il n'y avait aucun scénario parfait.  Heureusement, une fois effectuée la petite gymnastique de cerveau recadrant mes attentes, j'ai pu enfin apprécier ce roman à sa juste valeur.  L'intrigue nous promène d'une île au large de Vancouver jusqu'à New York, dans les milieux financiers en pleine crise économique de 2008, en passant par Toronto et Dubaï.  C'est vraiment très intéressant, même si la quantité de personnages secondaires et les allers-retours dans le temps demandent une certaine concentration.

Un très bon roman, mais qui ne sera pas aussi marquant que Station Eleven.  Ah!  En se quittant, un petit avertissement: il paraît que le plus récent roman de St. John Mandel, Sea of Tranquility, divulgâche The Glass Hotel.  Vous voilà prévenus!


The Glass Hotel d'Emily St. John Mandel, 2020, 320 p.  Titre de la traduction française: L'Hôtel de verre.

20 mars 2024

La Collision des récits

J'ai fait la connaissance de Philippe de Grosbois dans l'excellent balado La Balado de Fred Savard (oui, Fred a décidé que le mot balado était féminin!) dont il est un collaborateur régulier.  Cela m'a donné envie de lire un de ses essais, voilà la chose faite!

Cet essai sur le journalisme et la désinformation est très intéressant car il déboulonne de nombreux mythes et idées reçues.  Par exemple, la désinformation existe depuis longtemps, elle n'est pas causée par les médias sociaux; ceux-ci n'ont fait qu'amplifier le problème.  Également, l'objectivité journalistique n'existe pas.  Même lorsqu'il présente des faits vérifiés, le journaliste fait des choix en ce qui concerne la façon de présenter la nouvelle, à qui il donne la parole (ou pas), etc., et ces choix sont influencés par différents facteurs reliés à sa classe sociale, sa race, son genre, le média pour lequel il travaille, etc.  D'ailleurs, l'auteur lui-même ne se targue pas de neutralité, affichant clairement ses convictions de gauche.

Ce que j'ai aimé surtout, c'est combien cet essai a eu des liens avec l'actualité pendant que je le lisais.  Ainsi, le ministre Pierre Fitzgibbons a traité des journalistes de La Presse et du Devoir de «militants» (sous-entendu: non objectifs) parce qu'ils ont relevé la contradiction de ses propos avec ceux du ministre de l'Environnement concernant le projet d'usine de batteries de Northvolt.  Or, Grosbois parle justement de cette tendance à qualifier de militants les journalistes qui remettent en question les messages des gouvernements ou des grandes compagnie, alors que ceux qui les relaient servilement sont considérés objectifs! 

Il y a eu aussi un article d'Isabelle Hachey dans La Presse (27 janvier) où elle critique le dernier livre de Mathieu Bock-Côté, Le Totalitarisme sans le goulag, publié l'automne dernier.  Mme Hachey a vérifié plusieurs affirmations faites par MBC et a constaté que plusieurs étaient soit fausses, soit grandement exagérées ou prises complètement hors contexte.  Philippe de Grosbois déplore justement qu'on laisse le sociologue chéri de la droite dire les pires énormités sans les contester...  Voilà, Philippe, ton message a été entendu!

Seul petit bémol, j'ai trouvé qu'il y avait quelques répétitions d'un chapitre à l'autre.  C'est sans doute pourquoi j'ai étiré cette lecture sur plusieurs mois!


La Collision des récits de Philippe de Grosbois, 2022, 200 p.

15 mars 2024

Salammbô

Depuis quelques années, j'essaie de donner une deuxième (voire une troisième) chance à des écrivains que je n'avais pas appréciés «dans mon jeune temps»...  Parfois, cela ne fait que confirmer ma première impression (coucou Mme Sand, M. Dosto) mais souvent ce sont de belles surprises: Maupassant, Camus...

J'ai donc tenté de nouveau l'expérience avec Gustave Flaubert, dont le roman Mme Bovary, lu quand j'étais dans la vingtaine, m'avait semblé soporifique au plus haut point.  J'ai vu passer ce titre intrigant, Salammbô, ici et là sur les forums et les blogues, et j'ai donc jeté mon dévolu sur ce livre, sans toutefois relire le résumé...

Première surprise, donc: on se retrouve dans l'Antiquité, à Carthage!  Et l'ambiance est d'entrée de jeu complètement différente de la tranquille province de la pauvre Emma B.  Guerres, chevauchées, tortures, famines, sentiments exacerbés, j'ai cru me retrouver dans un tableau d'Eugène Delacroix! 

J'ai adoré les deux premiers tiers du roman (à part quelques scènes de violence envers des animaux, snif snif!).  Les personnages sont originaux et surtout les descriptions sont absolument formidables!  On est transporté dans cette ville antique, dans un palais magnifique aux multiples chambres secrètes bourrées de trésors, dans des temples mystérieux dédiés à des dieux exotiques et barbares...  (En passant, si vous avez une édition comportant en annexe le chapitre explicatif retiré par Flaubert et publié de façon posthume, lisez-le en premier; il permet de bien mieux comprendre les enjeux politiques et religieux ainsi que la géographie de la ville.)

Malheureusement, les derniers chapitres sont si violents et sordides qu'ils m'ont semblé un peu pénibles même si l'histoire reste intéressante malgré tout.  Disons que Gustave aurait pu mettre moins de complaisance dans la description des scènes de guerre, de torture, de cadavres qui boursouflent au soleil, etc.

Malgré ce bémol, je vais quand même garder un bon souvenir de ce roman et je peux donc affirmer: expérience réussie!


Salammbô de Gustave Flaubert, 1862, 608 p.

02 mars 2024

Le Problème à trois corps

 Trilogie des trois corps, tome 1 


Quel excellent premier tome!  De la science-fiction chinoise, ça fait changement!

Durant la Révolution culturelle, une jeune scientifique est accusée de trahison, et sa seule chance d'éviter la prison est d'aller travailler dans une mystérieuse base militaire.  Je ne vous dis rien de la suite, car tout l'intérêt de l'histoire réside justement dans les divers rebondissements inattendus de l'intrigue!  D'ailleurs, ne lisez pas les quatrièmes de couverture des différentes éditions, plusieurs sont divulgâcheuses comme c'est pas permis!!!

Il s'agit de Hard SF, un sous-genre de la science-fiction avec lequel je ne suis pas familière...  Dans ces œuvres, les informations scientifiques sont abondantes et je craignais d'être dépassée!  S'il y a bien quelques passages où je n'ai pas tout compris (la mécanique quantique et moi, on n'est pas copain-copain), ce n'est pas grave du tout, car cela n'empêche pas de suivre l'intrigue.

Un petit avertissement: ce n'est pas le genre de bouquin où l'on s'attache beaucoup aux personnages.  Tout cela reste très intellectuel et froid, et pourtant c'est passionnant.  Il me semble toutefois que quelques détails restent en suspens, mais peut-être qu'on aura plus d'informations dans le tome suivant!


Le Problème à trois corps (Trilogie des trois corps, tome 1) de Liu Cixin, traduit du chinois, 2016, 424 p.  Titre de la version originale: San Ti (2008).
Note: en chinois, le nom de famille vient en premier; cet auteur doit donc être classé dans les L!


17 février 2024

Kindred (Liens de sang)

Le début de ce roman m'a fait craindre une autre déception envers un livre du club de lecture Livraddict (les deux sélections précédentes, Freshwater de Akwaeke Emezi et Le Soleil des rebelles de Luca Di Fulvio, m'ayant laissé un avis mitigé).  

La prémisse me semblait un peu artificielle: chaque fois que son ancêtre, le fils d'un propriétaire de plantation du Maryland (un blanc esclavagiste, donc), se trouve en danger, une jeune femme noire du XXe siècle est transportée au XIXe siècle et contrainte de sauver la vie du jeune garçon sous peine de voir sa lignée (et donc elle-même!) disparaître.  C'est l'occasion, bien sûr, de confronter les valeurs, les mœurs et les conditions de vie des deux époques; c'est intéressant, mais pour une raison que j'ignore, je n'accrochais pas plus que cela à cette histoire.

C'est à mesure que les personnages sont mieux développés que je me suis sentie de plus en plus intéressée.  Les relations entre ceux-ci, tant les deux personnages principaux que tous les autres qui gravitent autour d'eux, blancs et esclaves noirs, sont vraiment bien décrites: pouvoir, amour malsain, jalousie, haine, etc.  Dans un environnement aussi glauque, impossible d'avoir des relations saines, que ce soit entre Noirs ou entre Blancs/Noirs.

Tout petit bémol: je me doutais bien qu'il n'y aurait pas d'explication rationnelle à ces voyages dans le temps, mais j'aurais aimé qu'on nous donne une raison pour le fait que ce soit cette jeune femme, plutôt que n'importe quel autre descendant, qui se trouve appelée à la rescousse.  Je reste sur ma faim sur ce petit point précis, mais ce n'est pas grave.  Après un départ un peu difficile, je ressors très satisfaite de cette lecture et j'ai très hâte de connaître l'avis des autres membres du club!


Kindred de Octavia E. Butler, 1979, 264 pages.  Titre de la traduction française: Liens de sang.

15 février 2024

Corsaires du Levant

Le Capitaine Alatriste, tome 6

Je savais que ce bon vieux APR serait un bon choix pour me sortir de cette suite de trois lectures décevantes d'affilée!  Enfin un roman que j'ai apprécié de A à Z.

Dans ce tome, Alatriste et Inigo se sont engagés comme soldats sur une galère dont l'équipage, sous couvert d'escorter les navires marchands espagnols, a pour principale activité de pourchasser les Maures pour leur taper dessus, leur dérober leurs trésors et vendre les survivants comme esclaves.

C'est avec grand plaisir, vous l'aurez compris, que j'ai retrouvé la plume enlevée et enlevante de Pérez-Reverte.  J'ai beau être une pacifiste dans la vie, je n'ai pu m'empêcher de vibrer durant ces combats épiques, devant ces morceaux de bravoure et ces exemples de loyauté (bien que, dans ce tome, il y un peu de bisbille entre les deux personnages principaux!).  Et je ne suis pas assez calée en histoire espagnole pour juger si la reconstitution est exacte, mais en tous cas elle est très crédible, tout semble minutieusement documenté.  Comme c'est le cas dans toute la série, l'auteur se garde d'imposer à ses personnages les valeurs d'aujourd'hui; l'esclavage, par exemple, faisait partie des mœurs de l'époque et nos deux héros, sans l'apprécier outre mesure, s'y adonnent tout naturellement.

Seul mini bémol, il n'y a que quelques allusions aux manigances et complots de la Cour dans lesquels trempe habituellement notre duo.  J'ai l'impression qur APR a tout gardé pour le tome suivant, le dernier de la série... Ça promet!


Corsaires du Levant (Le Capitaine Alatriste, tome 6) d'Arturo Pérez-Reverte, traduit de l'espagnol, 2008, 344 p.  Titre de la version originale: Corsarios de Levante (2006).

02 février 2024

Clair de femme

Trois lectures décevantes de suite...  J'espère sortir bientôt de cette mauvaise passe! 

Encore une fois, c'est un avis en demi-teinte qui se dégage.  Il y a dans ce roman de Romain Gary de très beaux passages sur l'amour, le couple, le deuil...  Mais parfois, on saute du coq à l'âne et les dialogues en deviennent incohérents.  En fait, je me demande si le problème ne vient pas du fait qu'il y a beaucoup de dialogues et presque pas de descriptions.  On manque un peu de mise en contexte, il me semble.  D'ailleurs, je n'ai pas été surprise d'apprendre qu'une pièce de théâtre en a été tirée!

Regardez plutôt l'adaptation cinématographique réalisée par Costa-Gavras.  Il y a fort longtemps que je l'ai vue, mais j'en garde un excellent souvenir.  Avec Yves Montand et Romy Schneider dans les rôles principaux, ça pouvait difficilement être mauvais...

Dans l'échelle des Gary/Ajar: meilleur que Lady L. (que j'ai abandonné), moins bon que tous les autres que j'ai lus! 

Note: L'édition de 1982 contient quelques coquilles, dont une qui rend une phrase incompréhensible, j'espère que cela a été corrigé dans les rééditions...


Clair de femme de Romain Gary, 1977, 192 p.

01 février 2024

Le Soleil des rebelles

Hmmm!  M'aurait-on trop louangé cet auteur?  On chante ses louanges partout sur les forums et les blogues; je m'attendais donc à quelque chose d'exceptionnel!  Or, j'ai trouvé que c'était un bon roman historique, sans plus.

C'est surtout le rythme du roman qui m'a causé un problème.  Toute la première moitié m'a semblé longuette.  Ça va, on a compris que le méchant seigneur est un psychopathe, on peut arrêter avec les descriptions de tortures et de pendaisons!  On a même droit à l'information qu'il torturait des poules quand il était enfant, bonjour les clichés!  Autre bémol, j'ai trouvé que les dialogues manquaient un peu de naturel, semblant même parfois ampoulés.

Les personnages principaux sont très attachants, il faut bien le dire.  C'est ce qui m'a permis de continuer, car je voulais savoir ce qu'il allait leur arriver!  Et heureusement, à partir du milieu l'intrigue devient plus mouvementée et surtout moins répétitive.  Par contre, la fin m'a semblé peu vraisemblable.

Dans le genre grosse brique historique, je retournerai plutôt à un bon Ken Follett.  Ce qui me fait penser qu'il me reste à lire plusieurs tomes de sa série Kingsbridge


Le Soleil des rebelles de Luca Di Fulvio, traduit de l'italien en 2018, 640 p.  Titre de la version originale: Il bambino che trovò il sole di notte.

20 janvier 2024

Freshwater (Eau douce)

Moi qui ne lis jamais les quatrièmes de couverture, cette fois-ci j’aurais peut-être dû…  J’ai passé tout le long de cette lecture à essayer de comprendre ce qu’étaient ces entités qui possédaient le corps de la jeune Ada.  Ou plus précisément, je n’arrivais pas à déterminer si Asugharat était une des entités qui étaient là dès la naissance mais qui maintenant avait pu s’incarner du fait d’avoir été nommée par Ada, acquérant ainsi plus de puissance, ou bien une nouvelle entité survenue subitement.  Or, la réponse se trouvait justement dans la présentation de l’éditeur!  J’aurais donc peut-être eu plus de plaisir si j’avais lu cette dernière dès le début.  D’un autre côté, je considère que si un roman doit nous être expliqué pour qu’on le comprenne, il y a un problème!  Cela m’a rappelé l’expérience vécue durant le club de lecture sur The Sound and the Fury de William Faulkner: ceux qui avaient lu la préface au préalable avaient beaucoup plus apprécié le roman que ceux qui avaient dû attendre la dernière partie avant de commencer à y comprendre quelque chose (devinez de quelle équipe je faisais partie?).

C'est comme s'il y avait deux romans imbriqués en un seul : un sur la mythologie nigériane, épicée d'un soupçon de mythes chrétiens et d'une pincée de vaudou; l’autre, un roman sur la folie et/ou la possession par une entité donnant des symptômes ressemblant à des problèmes mentaux (anorexie, automutilation, idées suicidaires, personnalités multiples, schizophrénie, choc post-traumatique...).  Cela m'a donné l'impression que l'auteure n'avait pas réussi à se décider entre les deux concepts.

Bref, beaucoup de bonnes idées mal exploitées (ou alors c’est moi qui n’ai rien compris, ce qui est très possible!).

 

Freshwater de Akwaeke Emezi, 2018, 240 p.  Titre de la traduction française: Eau douce.

07 janvier 2024

Alfie

Après une lecture un peu ardue (coucou M. Rushdie!), quel plaisir de se relaxer les neurones avec une petite SF drôlatique!  Surtout que grâce à une mise en page très aérée, j'ai eu l'impression que ça se lisait tout seul...  J'ai dévoré plus de quatre cents pages en vingt-quatre heures (moi qui suis une lectrice-escargot), ça vous donne une idée?

De quoi ça cause?  On est dans un avenir proche, et une famille de la classe moyenne installe dans sa maison le tout nouveau système de domotique contrôlé par une intelligence artificielle répondant au nom d'Alfie.  Au départ, celui-ci (car cette IA semble être de genre masculin) ne connaît rien des humains et doit donc apprendre à les comprendre pour mieux les servir... ou les espionner?  Cela donne lieu à des réflexions amusantes, surtout en ce qui concerne le comportement du chat Simba!  Je dois dire que j'ai pouffé de rire à plusieurs reprises, sous les yeux interloqués de ma propre minette.  Je vous laisse découvrir la suite, et d'ailleurs ne lisez pas la quatrième de couverture, qui divulgâche un peu trop à mon goût!

Parlant de divulgâcheurs, le seul défaut que j'ai trouvé à ce roman c'est qu'il révèle le coupable du Meurtre de Roger Ackroyd d'Agatha Christie, faute impardonnable à mes yeux!!!  Étrange coïncidence, c'est ce même polar que je me suis fait divulgâcher quand j'étais ado par ce crétin de Petit Robert des noms propres, un incident qui est probablement la cause de la «divulgâchophobie» dont je suis affligée depuis...

Sans que cette lecture soit une expérience inoubliable, j'ai vraiment beaucoup apprécié le mélange des genres SF/policier/comédie de ce roman qui, sous des allures légères, soulève quand même quelques réflexions intéressantes sur la place grandissante que la technologie en général et l'hyperconnectivité en particulier prennent dans nos vies.


Alfie de Christopher Bouix, 2022, 440 p.

05 janvier 2024

Midnight's Children (Les Enfants de minuit)

Dans mon bilan annuel, il y a quelques jours, je vous disais que j'avais eu plusieurs lectures «en dents de scie», avec de très beaux moments et d'autres où je m'emm... royalement...  Ce livre-ci fait partie de ce club!  J'ai même failli l'abandonner à quelques reprises!

C'est très touffu, j'ai dû plusieurs fois retourner en arrière pour me remémorer tel ou tel détail... Sauf que parfois, je n'arrivais pas à retrouver le passage en question, parce qu'en fait, il s'agissait de quelque chose qui nous serait expliqué cinquante pages plus loin! C'était vraiment mélangeant!  De plus, à cause de cette densité, l'auteur se sent régulièrement obligé de faire des rappels et des récapitulations, ce qui donne une impression de répétition (même si c'est utile!).

En outre, j'ai trouvé la prose de Rushdie un peu ardue à lire.  Beaucoup de termes indiens (heureusement que le dictionnaire anglais de ma liseuse en donnait la plupart du temps la définition!), mais ce n'est pas que ça.  J'avais presque l'impression de faire du surplace tellement le style était dense.  Je ne me souviens pas d'avoir eu de telles difficultés avec The Enchanteress of Florence, qui avait été un gros coup de cœur!

Il y a néanmoins de très beaux passages (un qui se déroule dans la jungle, mémorable), et j'aime beaucoup l'humour assez pince-sans-rire de Salman.  L'idée centrale du roman, celle de faire de la vie du narrateur le miroir de la société indienne depuis l'indépendance du pays, est originale et assez bien exploitée, malgré quelques longueurs dans les parties historiques.  Et la fin est excellente, donc je reste sur une note positive, mais je suis quand même bien contente de l'avoir terminé et je ne suis pas sûre que je tenterai d'autres livres de cet écrivain!


Midnight's Children de Salman Rushdie, 1981, 580 p.  Titre de la traduction française: Les Enfants de minuit.