29 août 2008

Voyage en Irlande avec un parapluie

Voyage en Irlande avec un parapluie de Louis Gauthier (1984, 81 p.), tiré du recueil Voyage en Inde avec un grand détour, publié en 2005 aux éditions Fides, comprenant les deux autres romans de la trilogie: Le Pont de Londres (1988, 70 p.) et Voyage au Portugal avec un Allemand (2002, 124 p).


C'est moi ou ce livre est complètement déprimant?

Il pleut tout le temps, les Irlandais sont tous cons; tout ce que le narrateur fait c'est boire et chialer contre la pluie et les Irlandais, et contre lui-même qui ne veut s'enraciner nulle part. Lorsqu'il remarque les similarités entre l'Histoire de l'Irlande et celle du Québec, au lieu de s'en servir pour tisser des liens avec les habitants, avec leur culture, il se détache encore plus. Et quand à dix pages de la fin -- attention, là je suis en train de dévoiler toute l'intrigue, mais il n'y a pas grand-chose à dévoiler vous allez voir, m'enfin vous êtes prévenus... -- il rencontre une jeune et jolie Irlandaise qui s'éprend de lui, on se dit bon, ça y est, il va vivre une fulgurante histoire d'amour et en être transformé. Mais non. Il attrape la gastro, il vomit et a le flux, elle le soigne, puis il se remet à râler et la quitte, elle et l'Irlande.

J'avais emprunté à la bibliothèque un recueil comprenant la trilogie au complet (ce roman est suivi du Pont de Londres et de Voyage au Portugal avec un Allemand), mais je crois bien que je vais abandonner ici, à moins vraiment qu'on me jure que le ton change dans les deux autres...

Des fois, je ne comprends pas pourquoi certains romans ont été si populaires. Suis-je passé à côté de quelque chose, là? Ou bien je n'aurais pas dû faire suivre Où es-tu, berger?, qui m'a fait une si forte impression, par un autre livre sur le dépaysement?

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Prochaine lecture: World Without End de Ken Follett.

27 août 2008

Une blogueuse prend la clé des champs...

Je pars faire le plein de verdure dans un petit coin tranquille!

Et j'apporte avec moi ceci:

Plus de 1000 pages en anglais, écrit petit petit! Vous croyez que j'en aurai assez pour durer jusqu'à dimanche?

J'ai programmé un billet pour vendredi midi, mais n'attendez pas de réponse à vos commentaires (toujours bienvenus, soyez-en assurés!) avant lundi...

Et n'oubliez pas que lundi, en plus d'être férié au Québec, est avant tout la date de publication des billets du Blogoclub de lecture... Soyez au rendez-vous!

26 août 2008

D'où viens-tu, berger?

D'où viens-tu, berger? de Mathyas Lefebure, publié chez Leméac en 2006. 253 p.


Ouf! Qui l'eut cru? Un livre sur un gars qui abandonne une carrière lucrative dans le design publicitaire pour devenir berger en France, une histoire vraie en plus, et ça se lit presque comme un thriller! Sans blague, je l'ai dévoré, au point que j'en ai rêvé la nuit dernière!

Une écriture qui bouscule nos idées préconçues sur le métier de berger (on est loin de la bergère aux tresses blondes avec sa houlette et ses sabots) et aussi sur l'écologie (la réintroduction du loup dans les Alpes, en théorie c'est bien beau, diversité biologique, équilibre de la chaîne alimentaire, tout ça, mais Lefebure nous fait vivre l'autre côté de la médaille, comme si on y était!). En même temps, c'est plein de poésie, de réflexions philosophiques, d'amour, et d'un humour très spécial!

Et ses descriptions de repas de saucissons, de pain de mie, d'huile d'olive et de vin rouge du pays font saliver (par contre, il y a aussi la soupe à la marmotte et les pâtes aux poumons d'agneau, un peu moins ragoûtantes, je dois dire!).

Extrait: [Après plusieurs semaines de dur labeur sur la ferme, on a finalement confié une partie du troupeau à Mathyas pour qu'il fasse ses preuves, avec l'aide du chien de berger Oscar. Tous ce qu'ils ont à faire, c'est d'empêcher les bêtes de franchir la haie de roseaux et d'aller brouter l'herbe du voisin.]


« Oscar, aujourd'hui, je commence à garder. J'ai besoin de toi. Je suis sûr que nous pouvons briller tous les deux. »


Selon ce que j'ai observé, le travail du chien de berger est de faire déplacer le troupeau en lui faisant un peu peur, mais pas trop. Si la limite du pré à brouter est dépassée par dix, le bon chien s'avance d'un pas ou deux, suffisant pour les dissuader. S'ils sont cent, il avance et marque la ligne en grondant, ce qui fonctionne aussi en général. S'ils sont plus, il peut mordre quelques jarrets, et normalement tout rentre dans l'ordre. Si on pousse le troupeau du point A au point B, le chien, quand des moutons sortent de la trajectoire, charge le long de celle-ci, leur fait peur, si bien qu'ils s'y resserrent. Un bon chien est le bras du berger, qui pointe les dissidents, dit : « là, ramasse, charge et reviens. » Oscar comprend le principe de base, mais ne performe pas très bien.

La première demi-heure du quart de garde est à peine écoulée, qu'une douzaine de rebelles pointent leurs sabots dans l'herbe interdite, pour mon plus grand plaisir, car je vais intervenir.


« Oscar, avance! Avance! »


Oscar avance avec enthousiasme, trop d'enthousiasme. Non seulement il charge la douzaine de fautives, mais il traverse la frontière à garder pour charger de l'autre côté, avec zèle et dans tous les sens, perturbant des centaines d'ovins qui broutaient dans le droit chemin, brisant le raclage méticuleux et calme mis en place avec patience par le vieux Baptiste. Je hurle.


« Oscarrrrrrrrrrr, au piiiiied, stoooop, stoooop... »

Oscar n'a plus le contrôle de lui-même, et quand il finit par entendre mes hurlements, ils sont tellement gutturaux qu'il fuit, habitué qu'il est d'être battu chaque fois qu'il fait une connerie. Il se sauve se cacher dans un endroit introuvable, et je me retrouve seul devant le no man’s land. L'adrénaline monte.

Il y a une forte charge d'anxiété dans la voix qui appelle, un quart d'heure durant: « Oscar, au pied... Au pied... Je ne te bats pas, moi, Oscar... Au pied... »

Suffisamment d'anxiété pour que les ovins indociles flairent la faille et tentent à nouveau une percée. Sans chien, c'est un exercice cardiovasculaire violent d'une demi-heure qui s'enclenche, à grand renfort de coups de bâton au sol et de dandinements théâtraux. Sitôt vingt opposants repoussés, sitôt vingt autres se relaient pour manger le gazon prohibé, mettant en oeuvre une intelligence du troupeau que je sous-estimais. Haletant, courant en demi-cercles, intimidant, je suis trempé et à bout de souffle quand Oscar ressurgit dans le lointain, courant héroiquement me porter secours.

Dès son retour au pied, le manège de la rotation cesse. Le troupeau a visiblement pratiqué Sun-Tzu.

Se produit alors un miracle, un miracle que je soupçonnais inhérent au métier, mais que je vis pour la première fois, un miracle que je rêvais et qui me tombe dessus comme une providence: les frontières et leur imperméabilité étant bien testées et établies, l'appétit l'emporte sur la masse moutonneuse, qui broute avec lenteur et calme, une lenteur telle qu'il ne reste qu'à l'observer, attendri, longuement, mollement, jusqu'au point où le temps se suspend.


Le temps est suspendu. On broute. Le temps est suspendu. On broute. Le temps est suspendu, suspendu, suspendu... suspendu...



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Prochaine lecture: Voyage en Irlande avec un parapluie de Louis Gauthier.

24 août 2008

Où en êtes-vous?

J'ai fini mon défi! Et on est seulement en août! Pfff c'était bébé-fafa, comme dirait ma nièce. Il faut dire que j'ai triché en ajustant quelque peu ma liste de départ au fur et à mesure!


Voici donc les six livres que j'ai lus:

Et vous, où en êtes-vous?

22 août 2008

Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran

Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran d'Éric-Emmanuel Schmitt, publié chez Albin Michel en 2001. 85 p.

Tout à fait charmant, ce minuscule roman qui se lit en moins d'une heure. C'est l'histoire d'un petit garçon juif de Paris qui se lie d'amitié avec un vieil épicier musulman. Un livre sur la tolérance, sur la famille recréée, et sur bien d'autres choses encore! Le tout avec un humour tout en légèreté, et des personnages qu'on aimerait connaître.

-- Monsieur Ibrahim! Imaginez que vous êtes dans un bateau avec votre femme et Brigitte Bardot. Votre bateau coule. Qu'est-ce que vous faites?

-- Je parie que ma femme, elle sait nager.


C'était mon premier contact avec Éric-Emmanuel Schmitt, sûrement pas le dernier!

Laurence a beaucoup aimé elle aussi, de même que Lily.


Lu pour le défi Le Nom de la Rose, catégorie «Plante dans le titre».




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Prochaine lecture: D'où viens-tu, berger? de Mathyas Lefebure.

20 août 2008

Le Tueur aveugle (suite)

Le Tueur aveugle de Margaret Atwood, publié chez Robert Laffont en 2002. 584 p. La version originale canadienne-anglaise, The Blind Assassin, date de 2000 et a reçu le Booker Prize.



La traduction, dont je parlais dans mon billet précédent, est restée pourrie jusqu'à la fin... Je n'ai aucun compliment à faire à la traductrice, Michèle Albaret-Maatsch. Non seulement la saveur canadienne du roman n'est pas respectée, mais certaines phrases sont à la limite du compréhensible. Par exemple (un parmi tant d'autres), une réflexion sur le vide n'a plus aucun sens lorsque doughnut hole (cette petite boule de pâte retirée du centre d'un beigne puis frite) est traduit par rond de beignet au lieu de trou de beigne.

Autre aspect négatif, la couverture de cette édition est vraiment laide! Enfin, le portrait de femme est plutôt joli, mais sa peau semble avoir une teinte orange (qui ne ressort pas vraiment dans l'image ci-dessus) à cause de l'horrible fond d'un violet criard! S'il s'agissait d'un concept des années soixante-dix, je comprendrais, mais non -- le roman n'a que six ans! Pour moi, l'aspect physique d'un livre participe grandement au plaisir de la lecture. Alors, là, on n'a pas été choyé.

Bon, j'ai fini de critiquer. L'histoire est vraiment très bien. Une vieille dame nous raconte sa relation avec sa soeur cadette, au caractère fantasque, devenue une écrivaine culte grâce à un roman publié après sa mort dans un accident de voiture. L'action a lieu dans une petite ville industrielle de l'Ontario, puis dans le Toronto mondain des années trente et quarante. Intercalés dans le récit, on retrouve des extraits du roman de la soeur, dans lequel un des personnages raconte à sa maîtresse une étrange histoire se déroulant dans un monde fantastique. On a donc une histoire dans une histoire dans une histoire, et ces histoires se répondent et s'éclairent entre elles.

J'ai le sentiment que, dans de meilleures circonstances, ce bouquin aurait pu devenir un grand coup de coeur... Dommage.



Allie est enthousiaste et ne semble pas avoir été dérangée par la traduction, Chimère a bien aimé; Sentinelle, par contre, n'a pas du tout accroché.

07 août 2008

Le Tueur aveugle

Le Tueur aveugle de Margaret Atwood, publié chez Robert Laffont en 2002. 584 p. La version originale canadienne-anglaise, The Blind Assassin, date de 2000.

Je peux pardonner beurre de cacahuètes au lieu de beurre d'arachides, mais lire des expressions comme ouvrir les esgourdes et brider la bécasse (???) dans un roman se déroulant à quelques heures de route de Montréal, ça fait bizarre. Déjà que je ne suis pas fan des traductions, au moins lorsque l'action se déroule au Canada, est-ce qu'on pourrait avoir un traducteur canadien, s'il-vous-plaît, messieurs les éditeurs?

Quant à la sagesse rétrospective est de dix à chaque oeil, j'en reste baba. Je suppose qu'il s'agit d'une traduction boiteuse de l'expression hindsight is 20/20?

J'en suis à la moitié, l'histoire est excellente, dommage que la traduction soit aussi pourrie!


À suivre...


(Rendons à César, j'ai piqué l'image ici.)


La suite de mon commentaire...