24 juillet 2024

La Lionne blanche

Décidément, cette série policière est en passe de devenir une de mes préférées dans ce genre littéraire!

D'abord j'aime beaucoup le personnage principal, le commissaire Wallander.  Il est loin d'être parfait, mais on n'est pas non plus dans le cliché du policier alcoolique et misogyne.  Il essaye d'être un bon père, un bon fils, sans toujours y parvenir.  Il se fâche parfois contre ses collaborateurs mais sait pourtant reconnaître leurs qualités.  D'ailleurs ceux-ci ont énormément de respect pour lui.  Il n'est pas non plus un super-héros; s'il doit escalader une clôture en pourchassant un méchant, ça se pourrait bien qu'il déchire son pantalon!

Mais ce que j'apprécie encore plus, c'est la façon qu'a Mankell de s'inspirer de  l'actualité de son époque, en variant les sujets à chaque tome.  Ici, on est en 1992, en Afrique du Sud.  Nelson Mandela vient de sortir de prison, l'Apartheid sera peut-être aboli, mais certains groupes de la population blanche résistent, en particulier les Boers, dont l'auteur nous rappelle l'histoire.  Un complot se trame dont les ramifications s'étendent jusqu'en Suède!  J'ai adoré que Mankell nous entraîne des bidonvilles jusqu'au bureau du président De Klerk, en passant par Ystad, la petite ville suédoise de ce cher Wallander.  Dépaysement garanti!

Il y a bien un petit truc que j'ai trouvé un peu tiré par les cheveux vers la fin, mais cela n'a pas gâché mon plaisir.  J'ai dévoré ce roman en quelques jours!  Après quelques lectures plus ardues, c'était très agréable de retrouver la plume nette et efficace de Mankell.


La Lionne blanche de Henning Mankell, traduit du suédois en 2004, 487 p. Titre de la version originale: Den vita lejoninnan (1993).

21 juillet 2024

Alexis - Le Coup de Grâce

Alors que j'ai beaucoup aimé mes deux premiers contacts avec Marguerite Yourcenar, ce recueil rassemblant deux courts romans constitue un premier semi-échec...

Alexis:

Même si j'admire toujours autant la plume de Yourcenar, il faut tout de même que la dite plume soit au service d'une histoire présentant un minimum d'intérêt... ce qui n'est pas le cas ici!  L'homosexualité n'étant pas un sujet qu'on pouvait discuter ouvertement à l'époque, le narrateur ne fait que tourner autour du pot pendant 125 pages.  Et comme il est peu sympathique, ses malheurs n'arrivent même pas à nous émouvoir.  J'ai failli abandonner un roman de Yourcenar!!!

Le Coup de Grâce:

Ce deuxième roman, l'histoire d'un amour impossible entre un soldat et la sœur de son meilleur ami, est heureusement plus intéressant.  Là encore, les personnages ne sont pas très sympathiques et l'on s'attache peu à eux, mais au moins il y a un peu d'action et l'ambiance est bien décrite.  J'aurais toutefois apprécié que le contexte historique soit plus à l'avant-plan: on est dans un château décrépi des pays baltes, durant la guerre entre les troupes bolchéviques et anti-bolchéviques germanophiles en 1918, un cadre fort original qui n'est exploité à son plein potentiel qu'à la toute fin du roman.

   

Alexis - Le Coup de Grâce de Marguerite Yourcenar, recueil de deux courts romans parus respectivement en 1929 et 1939, 248 p.

19 juillet 2024

Harrow the Ninth (Harrow la Neuvième)

 The Locked Tomb (Le Tombeau scellé), tome 2

Après un début difficile, une intrigue intelligente et l'humour des dialogues m'avaient permis d'apprécier le tome 1 de cette série au genre indéfinissable (fantastiquo-fantasy-SF?).

En commençant le tome 2, j'ai constaté que j'avais, là encore, un peu de difficulté à plonger dans cet univers.  Certains événements ne concordent pas du tout avec ce qui s'est passé dans le tome 1, et c'est très long avant qu'on commence à comprendre pourquoi. La narration à la deuxième personne du singulier, très étrange (on ne saisit la raison de ce choix que beaucoup plus loin) ne nous aide pas non plus.  J'étais très désarçonnée, mais j'espérais que la situation allait s'améliorer comme dans le cas du tome précédent.  

En général, j'aime beaucoup qu'un auteur nous fasse travailler un peu au lieu de tout expliquer en long et en large.  Mais ici, l'intrigue est tellement tarabiscotée que j'avais de la misère à suivre!  Il y a toutefois de très bons passages, drôles ou intrigants, et on retrouve avec plaisir certains personnages du tome 1.

Quant à l'épilogue, il est tellement bizarre que j'étais fâchée en le terminant!  J'imagine que l'intention de l'auteure était de nous appâter pour la suite, mais dans mon cas l'effet contraire s'est produit, et il y a de fortes chances pour que cette série s'arrête là pour moi...


Harrow the Ninth (The Locked Tomb, tome 2) de Tamsyn Muir, 2020, 512 p.  Titre de la traduction française: Harrow la Neuvième (Le Tombeau scellé, tome 2)

24 juin 2024

La Forêt sombre

Trilogie des trois corps, tome 2

Qui dit deuxième tome d'une trilogie dit billet court sur le blogue.  On a l'impression de répéter ce qu'on a écrit sur le premier tome, et par ailleurs on n'a pas encore un avis général sur la trilogie dans son ensemble.

Donc, comme dans le premier tome, on a une intrigue pleine de rebondissements, beaucoup de détails scientifiques qu'il n'est pas nécessaire de comprendre parfaitement pour suivre l'histoire, une narration un peu froide, ce qui fait qu'on ne s'attache pas tant que cela aux personnages et qu'on en sait peu sur leur vie privée -- l'intérêt réside ailleurs.  Parlant de personnages, je vous recommande de vous dresser dès le début une petite liste car ils sont très nombreux (ma liste en compte quarante-deux) dont la plupart avec des noms chinois qui se ressemblent (Yang, Zhang, Zhuang...).

Il y a bien quelques passages que j'ai trouvés longuets (dont un qui m'a semblé ne pas apporter grand-chose à l'intrigue), mais dans l'ensemble, une lecture passionnante, vivement la suite!


La Forêt sombre (La Trilogie des trois corps, tome 2) de Liu Cixin, traduit du chinois, 2017, 736 p.  Titre de la version originale: Hēi'àn sēnlín (2008)

03 juin 2024

The Hours (Les Heures)

J'ai hésité quelques temps avant de me lancer dans ce roman trouvé dans une boîte à livres.  C'est que j'ai vu l'adaptation cinématographique et que je m'en souviens assez bien, ce qui a souvent tendance à gâcher ma lecture...  Mais ici, cela ne s'est pas produit, et ce, pour trois raisons: 

1) La plume de Michael Cunningham est magnifique et très agréable à lire et la construction du roman est astucieuse.  

2) Lors du visionnement du film, je n'avais pas encore lu le roman Mrs Dalloway de Virginia Woolf.  Même si j'ai plus ou moins aimé ce roman, je pense que sa lecture est essentielle pour apprécier toutes les références qui y sont faites ici.  En effet, chacune des trois femmes qu'on suit dans des chapitres alternés qui se répondent et se complètent a un lien avec l’œuvre de Woolf.  

3) En fait, je me souvenais mal de la fin, si bien que la surprise fut totale!


The Hours de Michael Cunningham, 1999, 226 pages.  Titre de la traduction française: Les Heures.

25 mai 2024

Le Nœud de vipères

Comme j'avais beaucoup aimé Thérèse Desqueyroux, lu pour le club de lecture Livraddict l'an dernier, je n'ai pas hésité une seconde à m'emparer de cet autre roman de François Mauriac, trouvé par ma mère dans la boîte à livres de son quartier!

De sa chambre dans sa maison de la région des Landes, dans le Sud-Ouest de la France, sentant arriver la mort, un vieil homme acariâtre et avare écrit à son épouse et à ses enfants une longue lettre mi-confession, mi-accusation.  Une histoire de vengeance ruminée toute une vie...  Des personnages dignes de Zola, un style sobre, une ambiance du tonnerre, des révélations, des non-dits, une fin qui laisse place à l'interprétation, tout pour me plaire, quoi!


Le Nœud de vipères de François Mauriac, 1932, 216 p.

24 mai 2024

Ten Days in a Mad-House (10 Jours dans un asile)

Quelle femme fascinante elle a dû être, cette Nellie Bly!  Pionnière du journalisme d'enquête, elle s'est fait interner incognito dans un asile pour y observer les conditions de vie des patientes.  Ce qu'elle y a vu l'a horrifiée: nourriture immangeable, bains glacés, chambres non chauffées, et surtout torture physique et mentale.  Sans oublier que la plupart des patientes n'auraient pas dû être là...  Au XIXe siècle, dès qu'une femme dérangeait un tant soit peu, on pouvait facilement s'en débarrasser en l'accusant d'être folle!

Cela dit, une fois qu'on a admiré le courage de cette journaliste, le texte lui-même est plus ou moins intéressant.  Son style est très factuel.  J'aurais aimé un peu plus d'analyse, en particulier dans la dernière partie, qui parle de l'enquête judiciaire déclenchée à la suite de la publication de l'article, et des améliorations apportées aux conditions de vie dans l'asile.  Bien sûr, ces Grand Jury Investigations se font à huis clos, donc elle n'a pu raconter que la séance où elle a elle-même témoigné, mais je suis tout de même restée sur ma faim.

Par contre, je lirai sans doute un jour son récit de voyage Around the World in Seventy-Two Days (elle a battu le record de ce bon vieux Phileas Fogg!), ça doit être passionnant!


Ten Days in a Mad-House de Nellie Bly, 1887, 81 p.  Titre de la traduction française: 10 jours dans un asile.