Très beau roman, mais ouf! pas facile à lire! Cette histoire, qui se déroule en Inde des années soixante aux années quatre-vingt-dix, demande un certain effort de la part du lecteur.
La plume d'Arundhati Roy est très travaillée, très dense. Il y a beaucoup d'allers-retours dans le temps, beaucoup de non-dits, d'allusions, de métaphores, de faits à peine évoqués qui ne seront expliqués qu'à la fin. De plus, certains événements sont vus à travers les yeux de deux jumeaux de sept ans, avec leur langage propre et leur compréhension limitée du monde des adultes. Que s'est-il donc passé lors de la visite à Ayemenem de l'ex-femme de l'oncle Chacko et de leur fille Sophie?
En récompense de l'effort donné, le lecteur reçoit un fort beau récit, une tragédie poignante mais qui comporte tout de même des moments amusants, doublée de la description d'un pays nouvellement indépendant, attaché à ses traditions, notamment au système de castes, mais en même temps attiré par la modernité à l'occidentale autant que par le communisme chinois. Des thèmes comme les amours interdites, l'amour maternel, la condition féminine et bien d'autres sont abordés. Touche originale, plusieurs des protagonistes sont des chrétiens orthodoxes, alors que d'habitude on nous présente des hindous et/ou des musulmans.
En plus, la couverture est vraiment magnifique!
The God of Small Things d'Arundhati Roy, 1997, 321 p. Titre de la traduction française: Le Dieu des petits riens.
16 novembre 2019
11 novembre 2019
La Mort en bleu pastel
(Les Chroniques de Gervais d'Anceny, tome 4)
Un court billet, car j'ai un peu l'impression de me répéter... Vous savez déjà tout le bien que je pense de cette série!
Dans ce nouvel opus des aventures de l'oblat Gervais d'Anceny, Maryse Rouy entremêle deux intrigues, deux époques: la toute première enquête de Gervais alors qu'il était apprenti drapier à Toulouse, et celle sur le vol d'un manuscrit précieux dans un monastère, plusieurs décennies plus tard.
Ces deux intrigues policières, bien qu'intéressantes, sont presque un prétexte à nous faire connaître la vie quotidienne au Moyen-Âge par une description minutieuse et pourtant parfaitement intégrée au récit. On assiste notamment aux premiers essais d'écriture sur papier de Gervais, qui n'avait jamais utilisé que le parchemin, de texture complètement différente. Comme toujours chez cette écrivaine, la lecture est plaisante, la plume fluide.
Dommage que la série soit finie! J'aurais bien continué à suivre les aventures de ce cher Gervais.
La Mort en bleu pastel (Les Chroniques de Gervais d'Anceny, tome 4) de Maryse Rouy, 2017, 304 p.
clic --> billet récap'
05 novembre 2019
Les Yeux tristes de mon camion
Quand je lis Serge Bouchard, j'entends sa bonne grosse voix d'ours dans ma tête. Quel plaisir!
Tout à tour drôle, émouvant et instructif, souvent tout ça en même temps, Serge nous raconte des passages oubliés de notre histoire, des souvenirs d'enfance (d'où lui vient notamment sa fascination pour les camions et les camionneurs), ou partage ses impressions sur notre société, d'un ton souvent un peu découragé ou indigné, mais toujours avec la grande sagesse et la poésie qu'on lui connaît. Comment se fait-il qu'on ne nous apprend pas à l'école les prouesses des explorateurs et coureurs des bois canadiens-français (qui ne s'appelaient même pas encore comme cela, en fait!) grâce à qui l'Ouest américain a été colonisé? Pas grand-chose non plus sur les autochtones qui nous ont accueillis ici, on ne connaît pas leur nom, celui de leur tribu, en dehors de quelques généralités (ceci a peut-être changé avec les nouveaux programmes scolaires?).
Juste un petit défaut: comme il s'agit d'un recueil de textes dont plusieurs ont été publiés d'abord séparément dans différents magazines, j'ai pu noter quelques répétitions. Rien de bien grave, mais un petit travail d'édition aurait pu éviter cela.
Mon texte préféré: celui où il narre un Noël chez sa belle-sœur, chez qui il craint fort d'être privé pendant trois jours du ragoût de boulettes et du football américain télévisé qui sont pour lui synonymes de temps des Fêtes!
Les Yeux tristes de mon camion de Serge Bouchard, 2016, 216 p.
Tout à tour drôle, émouvant et instructif, souvent tout ça en même temps, Serge nous raconte des passages oubliés de notre histoire, des souvenirs d'enfance (d'où lui vient notamment sa fascination pour les camions et les camionneurs), ou partage ses impressions sur notre société, d'un ton souvent un peu découragé ou indigné, mais toujours avec la grande sagesse et la poésie qu'on lui connaît. Comment se fait-il qu'on ne nous apprend pas à l'école les prouesses des explorateurs et coureurs des bois canadiens-français (qui ne s'appelaient même pas encore comme cela, en fait!) grâce à qui l'Ouest américain a été colonisé? Pas grand-chose non plus sur les autochtones qui nous ont accueillis ici, on ne connaît pas leur nom, celui de leur tribu, en dehors de quelques généralités (ceci a peut-être changé avec les nouveaux programmes scolaires?).
Juste un petit défaut: comme il s'agit d'un recueil de textes dont plusieurs ont été publiés d'abord séparément dans différents magazines, j'ai pu noter quelques répétitions. Rien de bien grave, mais un petit travail d'édition aurait pu éviter cela.
Mon texte préféré: celui où il narre un Noël chez sa belle-sœur, chez qui il craint fort d'être privé pendant trois jours du ragoût de boulettes et du football américain télévisé qui sont pour lui synonymes de temps des Fêtes!
Les Yeux tristes de mon camion de Serge Bouchard, 2016, 216 p.
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03 novembre 2019
Autopsie d'une femme plate
Aussitôt téléchargé, aussitôt lu! En effet, ce roman de Marie-Renée Lavoie est plaisant à lire et comme toujours j'ai beaucoup d'atomes crochus avec cette écrivaine. Par exemple, je partage totalement son aversion pour les souffleuses à feuilles, appareil bruyant et ridicule qui fait son travail moins efficacement que le bon vieux râteau. J'apprécie également son humour; ainsi elle m'a bien fait rire avec son «ça-suffit», cette masse de gras qui remue quand on lève le bras pour dire «ça suffit»!
J'aime beaucoup retrouver des allusions à la culture de notre génération (les motifs spirographiques d'un tapis!). J'ai eu toutefois l'impression, que je n'avais pas éprouvée dans ses romans précédents, qu'elle glisse ici et là des expressions anglaises, histoire de plaire aussi aux plus jeunes... y compris un ou deux f*cking, juron que mes amies et collègues dans la vingtaine utilisent à toutes les sauces, ce qui m'énerve au plus haut point mais ça c'est une autre histoire! D'ailleurs, dans la bouche d'une femme de près de cinquante ans, je trouve cela peu crédible. La langue québécoise ne manque pourtant pas de sacres pour pimenter nos conversations, pas besoin d'en importer des made in USA!
J'ai surtout trouvé que le sujet de ce roman était moins original que ses deux précédents. La femme laissée par son mari pour une plus jeune et qui tente de redonner un sens à sa vie... Ça fait un peu chick-lit pour quarantenaire. Agréable à lire, donc, mais pas inoubliable.
Fait cocasse, le roman est publié en France sous le titre: J'irai danser (si je veux). Je suppose que «plate» ne signifie pas la même chose pour les Français que pour nous. Il est même accompagné d'un glossaire! J'ai bien rigolé en lisant la quatrième de couverture: «frenchage» y est traduit par «flirt»! Hum, non, c'est un peu moins innocent que ça! Si le reste du glossaire est à l'avenant, pas étonnant que certains lecteurs aient eu de la difficulté à suivre (d'après ce que j'ai pu lire sur certains blogues français)!
Autopsie d'une femme plate de Marie-Renée Lavoie, 2017, 244 p.
J'aime beaucoup retrouver des allusions à la culture de notre génération (les motifs spirographiques d'un tapis!). J'ai eu toutefois l'impression, que je n'avais pas éprouvée dans ses romans précédents, qu'elle glisse ici et là des expressions anglaises, histoire de plaire aussi aux plus jeunes... y compris un ou deux f*cking, juron que mes amies et collègues dans la vingtaine utilisent à toutes les sauces, ce qui m'énerve au plus haut point mais ça c'est une autre histoire! D'ailleurs, dans la bouche d'une femme de près de cinquante ans, je trouve cela peu crédible. La langue québécoise ne manque pourtant pas de sacres pour pimenter nos conversations, pas besoin d'en importer des made in USA!
J'ai surtout trouvé que le sujet de ce roman était moins original que ses deux précédents. La femme laissée par son mari pour une plus jeune et qui tente de redonner un sens à sa vie... Ça fait un peu chick-lit pour quarantenaire. Agréable à lire, donc, mais pas inoubliable.
Fait cocasse, le roman est publié en France sous le titre: J'irai danser (si je veux). Je suppose que «plate» ne signifie pas la même chose pour les Français que pour nous. Il est même accompagné d'un glossaire! J'ai bien rigolé en lisant la quatrième de couverture: «frenchage» y est traduit par «flirt»! Hum, non, c'est un peu moins innocent que ça! Si le reste du glossaire est à l'avenant, pas étonnant que certains lecteurs aient eu de la difficulté à suivre (d'après ce que j'ai pu lire sur certains blogues français)!
Autopsie d'une femme plate de Marie-Renée Lavoie, 2017, 244 p.
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01 novembre 2019
Québec en novembre!
Huitième année pour un des événements littéraires chouchous de la blogosphère! En ouverture, nos formidables organisatrices Karine et Yueyin nous suggèrent de concocter un billet de type «Top 10»: vos dix meilleurs livres québécois, dix auteurs préférés, dix livres que vous avez le plus hâte de lire, etc. Étant comme toujours d'une originalité folle, j'ai pensé y aller de mes dix livres préférés à vie, mais franchement, je n'y arrive pas. Comment comparer un Gabrielle Roy ou un Réjean Ducharme lu à treize ans à un Tremblay lu il y a quelques mois? Mission impossible. J'ai donc décidé de m'en tenir à ceux que j'ai lus depuis l'ouverture du blogue. Même là, ce fut déchirant! Juste avec Tremblay, j'aurais presque pu remplir ma liste!
Voici donc, dans aucun ordre particulier,
Mes 10 Coups de cœur québécois (lus depuis 2006):
Bon Québec en novembre, tout le monde! Faites de magnifiques découvertes!
Voici donc, dans aucun ordre particulier,
Mes 10 Coups de cœur québécois (lus depuis 2006):
- Du bon usage des étoiles de Dominique Fortier
- La Petite Fille qui aimait trop les allumettes de Gaétan Soucy
- La Fiancée américaine d'Éric Dupont
- D'où viens-tu, berger? de Mathyas Lefebure
- Un Ange cornu avec des ailes de tôle de Michel Tremblay
- Ma vie avec ces animaux qui guérissent de Victor-Lévy Beaulieu
- Pieds nus dans l'aube de Félix Leclerc
- Il pleuvait des oiseaux de Jocelyne Saucier
- La Tournée d'automne de Jacques Poulin
- Le Charme des après-midi sans fin de Dany Laferrière
Bon Québec en novembre, tout le monde! Faites de magnifiques découvertes!
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