31 mai 2006

Le Clan des Otori (suite 2)

J'aime aussi le fait que le récit est parfois conté à la première personne (du point de vue du héros, Takeo), parfois à la troisième (les parties où Takeo est absent, racontées du point de vue de l'amoureuse, de sa servante, etc...). Cela apporte une certaine diversité et permet d'incorporer différents points de vue. Un roman à plusieurs voix, entièrement à la première personne, mais où plusieurs personnages racontent chacun leur partie de l'histoire, aurait pu être très intéressant, aussi.

22 mai 2006

Le Clan des Otori (suite)

Le historic fantasy permet donc de transmettre «l'esprit» d'une culture, même si de nombreuses libertés sont prises (la géographie est inventée, les personnages n'ont jamais existés, etc).

Par exemple, la description des paysages, qu'ils soient sauvages ou cultivés, me fait penser aux délicates aquarelles des grands maîtres japonais. On y retrouve les jardins cultivés à la perfection, avec leurs petits ponts, leurs sentiers de gravier blanc, leurs étangs ornés de fleurs aquatiques. On reconnaît aussi la beauté des objets du quotidien -- vaisselle en porcelaine, meubles en bois précieux. Bref, l'art de vivre à la japonaise, si différent de notre culture moderne avec ses meubles en contre-plaqué et ses ustensiles made in China!

On y retrouve aussi l'importance de la caste des guerriers (semblables aux samourai, même s'ils ne sont pas nommés ainsi). Toutefois le système seigneurial et les guerres territoriales font beaucoup penser au Moyen Âge occidental... Sans doute s'agit-il d'une constante qui s'est retrouvée dans la plupart des civilisations...

D'autres thèmes universel qu'on retrouve aussi dans cette trilogie sont: les amours contrariées, la loyauté, la persécution de groupes religieux, l'exclusion d'une partie de la population (les fameux intouchables, ou parias, comme en Inde -- je me demande si on les retrouvait aussi au Japon).

20 mai 2006

Le Clan des Otori

Je viens de finir le deuxième tome de cette excellente trilogie. Il s'agit d'un roman du genre historic fantasy, de la même veine que les merveilleux romans de l'auteur canadien Guy Gavriel Kay (inventeur du genre, je crois), mais cette fois-ci dans un environnement inspiré du Japon médiéval.

Qu'est-ce que le historic fantasy? Ma définition maison: cela ressemble à un roman historique classique, mais l'histoire se passe dans un monde inventé, quoique fortement inspiré d'une culture ayant déjà existé. Cela permet donc à l'auteur de prendre des libertés au niveau géographique, historique, etc, tout en donnant au roman une saveur particulière et présentant des points de références pour le lecteur. Cela permet aussi à l'auteur d'ajouter une composante fantastique à l'histoire, ce que le roman strictement historique interdit, bien sûr! Par exemple, dans Le Clan des Otori, certains personnages ont des pouvoirs extra-sensoriels, peuvent se rendre invisibles, etc.

On pourrait argumenter que le historic fantasy est une solution de facilité pour les auteurs aimant le genre historique mais trop paresseux pour faire une recherche approfondie... Il y a peut-être un peu de vrai là-dedans! Comparons par exemple avec les monumentaux et passionnants romans historiques d'Edward Rutherfurd, dont je viens de finir Russka (fascinant quoiqu'un peu long vers la fin). Tous ses romans, en tous cas ceux que j'ai lus, sont construits de la même façon. Il s'agit d'une suite de récits plus ou moins longs, prenant place dans un lieu unique (ville, région ou pays), à différentes époques et avec pour protagonistes des descendants de deux ou trois familles. Cela nous permet donc de voir l'évolution des mentalités, de l'architecture, etc. Comme chaque roman se passe à différentes époques, cela doit demander une somme de travail colossale!

Mais quelle que soit la motivation des auteurs, cela a donné naissance à un genre fort intéressant, alors pourquoi s'en priver?



Le Clan des Otori, par Lian Hearn, publié chez Folio en version traduite de l'anglais.
Russka, par Edward Rutherfurd, publié chez Ballantine Books en version originale anglaise.