24 octobre 2017

L'Arche de Socrate

Toujours aussi bon vulgarisateur, ce Normand Baillargeon!  Dans ce petit bestiaire fort original, ce professeur de sciences de l'éducation à l'UQAM prend pour prétexte le thème des animaux pour introduire quelques concepts philosophiques, et ce, sans douleur et sans prise de tête!  Et avec même un peu d'humour pour pimenter le tout!

Les animaux ont souvent été utilisés pour illustrer, appuyer ou réfuter différentes notions philosophiques.  Baillargeon les a regroupés en trois catégories:
  • Les animaux reliés à des thèmes philosophiques (libre arbitre, déterminisme, doute, etc).
  • Ceux reliés aux enjeux de l'éthique animale (statut et droits des animaux).
  • Ceux illustrant des notions provenant d'autres disciplines mais ayant des répercussions en philosophie.  Ce sont souvent les plus connus: le chat de Schrödinger (physique quantique), le papillon de la théorie du chaos.

Si vous avez aimé Le Monde de Sophie de Jostein Gaarder, vous aimerez sans doute ce recueil d'une trentaine de courtes chroniques puisqu'on y est au même niveau de vulgarisation (vous aurez compris que la philo, j'aime qu'on me la pré-mâche, sinon c'est l'indigestion assurée!).

Du même auteur, je recommande Le Petit cours d'autodéfense intellectuelle, qui, bien qu'écrit il y a plus de dix ans, reste d'actualité en cette ère de fausses nouvelles et de réseaux sociaux envahissants.


L'Arche de Socrate de Normand Baillargeon, 2012, 256 p.

21 octobre 2017

The Falls (Les Chutes)

Décidément Joyce Carol Oates semble bien se prêter aux clubs de lecture...  Je dois mon premier contact avec cette écrivaine américaine au Blogoclub, c'était avec We Were the Mulvaneys et ça avait été un gros coup de coeur.  Et là, c'est une lecture commune avec les copains du Guide de la bonne lecture qui m'a donné l'occasion de ces retrouvailles.

The Falls, c'est avant tout l'histoire d'une femme issue d'une famille puritaine dont le premier mari se suicide en se jetant dans les chutes du Niagara le lendemain de leur nuit de noces, ce qui, on s'en doute, la marquera pour le restant de ses jours et affectera sa relation avec son deuxième mari ainsi qu'avec ses trois enfants, notamment l'aîné dont la paternité est incertaine.

Ce que j'ai aimé surtout dans ce roman, c'est l'ambiance de la ville de Niagara Falls: la description des chutes elles-mêmes, les hôtels de luxe (de moins en moins luxueux au fil des décennies), le grondement et l'humidité des chutes qu'ont ressent à des kilomètres à la ronde, les chutes qui sont vraiment un personnage de l'histoire, un genre de démon mythique qui attire et rend fous ses fidèles; et surtout l'effet du développement industriel sauvage qui rend inhabitable une partie de la région -- inhabitable mais pourtant habitée.  On est bien loin de la vision idyllique présentée aux touristes!

Contrairement à ce qui se passait dans We Were the Mulvaneys, ici on plonge directement dans le drame dès le début, et c'est là selon moi que le bât blesse.  On n'a pas le temps de s'attacher aux personnages avant que tout bascule.  Donc on peut être fascinée par les manifestations de la folie qui touche cette famille qui se croit maudite, mais on ne se sent pas concerné directement.

Par contre, je dois dire que j'aime beaucoup la plume de Oates.  Elle fait confiance à ses lecteurs, elle ne nous livre pas tout, tout cuit dans le bec mais nous laisse faire un bout de chemin par nous-mêmes.  (Ce qui peut tout de même être dangereux...  Le passage de la «Dame en noir» dans le cimetière m'a laissée perplexe et a bien failli me faire décrocher tellement il me semblait en rupture de ton avec le reste!)  C'est donc une auteure que je relirai avec plaisir, peut-être lors d'un autre club de lecture?


The Falls de Joyce Carol Oates, 2004, 481 p.  Titre de la traduction française: Les Chutes.

06 octobre 2017

Dernier inventaire avant liquidation

Je crois qu'en Europe Beigbeder est une figure incontournable des média; ici il est beaucoup moins connu en tant que personnalité publique, ce qui m'a permis d'aborder sans trop d'a priori ce petit bouquin.  (J'avais seulement détesté le film 99 Francs tiré d'un de ses romans, abandonné après une demi-heure, mais je ne l'ai pas retenu contre lui...)

En cinquante chroniques (qui ressemblent assez à des billets de blogue littéraire, finalement!), Beigbeder nous livre ses impressions des cinquante livres marquants du XXe siècle tels que choisis lors d'un sondage organisé par les librairies FNAC et le journal Le Monde, choix assez subjectif, voire biaisé, puisque fait à partir d'une liste de deux cents œuvres préalablement établie par des libraires et des critiques.

Avec beaucoup d'humour et d'auto-dérision, Beigbeder nous parle de chacun de ces livres (pas tous des romans, il y a quelques essais et même des bandes dessinées) et ne se gêne pas pour critiquer certains des choix des lecteurs.  Comme il l'a souligné, on peut penser que ceux qui ont élu l'Ulysse de Joyce ne l'avaient peut-être pas tous lu, et que Le Nom de la Rose d'Eco, aussi bon soit-il, doit en partie sa 12e position à la popularité du film.  Il est assez dur avec certains des auteurs (disons qu'Autant en emporte le vent, ce n'est pas sa tasse de thé! Et il n'a clairement pas aimé Paroles de Prévert autant que moi...) et on peut être d'accord avec lui ou pas, c'est justement ce qui fait l'intérêt de cet exercice.  Il m'a donné le goût de découvrir certains livres dont j'avais peu entendu parler (Sous le soleil de Satan de Bernanos, je ne connaissais que le film de Pialat, que je n'ai pas vu d'ailleurs) ou d'en relire d'autres (Cent ans de solitude!).

Par contre, soyez avertis,  il ne se retient pas de divulgâcher à tour de bras (au moins il nous avertit avant de révéler l'identité de l'assassin dans Le Meurtre de Roger Ackroyd, politesse que n'avait pas eu le Robert des noms propres dans l'article sur Agatha Christie qui m'a empêché à tout jamais d'apprécier ce classique des classiques du polar comme il se devrait).  J'ai donc sauté quelques chapitres sur des œuvres que j'ai l'intention de lire plus ou moins prochainement (Proust, Buzzati, Hemingway).


Dernier inventaire avant liquidation de Frédéric Beigbeder, 2001, 223 p.