29 mai 2010

The Eyes of the Dragon

(Les Yeux du dragon)

Quelle boîte à surprise que ce Stephen King! Avec Needful Things, mon premier contact avec ce prolifique écrivain, j'avais été étonnée par la qualité de son écriture. Ici, c'est surtout sa légèreté et son humour qui m'a surprise. Avec un tel titre et cette couverture, je me doutais que ce serait dans le genre Fantasy, mais je m'attendais à quelque chose de plus corsé. Or, il s'agit ici vraiment d'un conte, avec un bon roi un peu balourd, un prince juste et loyal trahi par un magicien démoniaque aux noirs desseins, et bien sûr un dragon! Peut-être pas un conte pour les enfants, toutefois: à ce que je sache, dans Cendrillon ou Blanche-Neige, il n'est pas question de la flaccidité du pénis du roi et des façons d'y remédier...  Pas dans la version Walt Disney, en tous cas!

M. King a vraiment un grand talent, car malgré cette légèreté et le côté un peu cliché des personnages (mais n'est-ce pas attendu dans ce genre littéraire?), on est vraiment happé par l'histoire et certains passages présentent une tension dramatique importante, notamment la fin.  Oh qu'on le déteste, ce vilain sorcier!!

D'ailleurs, au sujet de la fin, on dirait qu'elle pourrait appeler une suite; est-ce qu'un Kingophile parmi mes lecteurs pourrait me dire si cette suite existe?


The Eyes of the Dragon de Stephen King, 1987. L'édition de poche illustrée ici est de chez Signet et compte 380 pages.

25 mai 2010

New York

Par cupidité, les banques et les courtiers de Wall Street misent sur la spéculation et des stratagèmes financiers douteux pour s'enrichir, laissent la bourse s'emballer, jusqu'à ce que la bulle éclate et que le gouvernement américain doive intervenir à coup de millions pour empêcher le système capitaliste de s'effondrer... 2008, pensez-vous? 1929?  Hé non! 1907, et le Président n'était pas Obama mais Theodore Roosevelt.

L'Histoire est un éternel recommencement, et rarement cette phrase n'a été mieux illustrée que dans cet excellent roman historique, New York, the Novel.  Du XVIIe siècle à aujourd'hui, de la colonie hollandaise de New Amsterdam à la mégalopole post-septembre-2001, Edward Rutherfurd, fidèle à lui-même et au genre qui l'a rendu célèbre, nous convie à un formidable voyage dans le temps.

Sans parti pris, Rutherfurd nous présente le meilleur et le pire de cette ville.  Les immigrants, en vagues successives, y étaient accueillis par la Statue de la Liberté et la promesse d'un avenir meilleur, que plusieurs arrivèrent à concrétiser (c'est le fameux ­­­«Rêve américain»), mais ils étaient souvent victimes de racisme.  Lincoln y fit un discours célèbre sur l'abolition de l'esclavage, mais la population en général était plutôt contre, (les riches marchands pour conserver leurs liens commerciaux avec le Sud, les ouvriers pour protéger leurs emplois menacés par un éventuel déferlement d'anciens esclaves vers les villes du Nord); une manifestation anti-conscription vira d'ailleurs à l'émeute raciale et de nombreux Noirs furent lynchés pour s'être trouvés au mauvais endroit au mauvais moment.

La seule partie que j'ai un peu moins aimée, c'est celle qui se déroule durant la Guerre d'Indépendance. Je l'ai trouvée un peu longue, et le ton un peu didactique (beaucoup d'Histoire, pas assez d'histoires).  Mais il faut dire que j'ai lu il y a quelques mois à peine une autre énorme brique sur ce sujet; ceci explique sans doute cela.  Il reste néanmoins que ce roman plaira surtout aux amateurs d'Histoire en général, et d'Histoire américaine en particulier.  Car comme c'est le cas dans les autres romans de cet auteur, même si l'on croise des personnages historiques célèbres (Benjamin Franklin, George Washington, le ténor Enrico Caruso et autres), les personnages principaux sont des gens ordinaires, ils vivent des vies de gens ordinaires même s'ils sont témoins d'évènements extraordinaires.  Mais pour les inconditionnels de la Grosse Pomme, et ils sont nombreux, ce roman est un must!

Le site de l'auteur

Merci aux éditions Random House pour l'envoi.

New York d'Edward Rutherfurd, publié au Canada chez Doubleday (Random House) en 2009. 862 p. Pas encore traduit.

16 mai 2010

Nous, les enfants...

Tout ce que j'avais aimé de La Beauté des petites bêtes que personne n'aime, de Line Mc Murray, je l'ai retrouvé dans ce livre-ci, sans les aspects que j'avais moins aimés.  C'est donc dire à quel point j'ai apprécié ce petit recueil de récits autobiographiques où l'auteure nous raconte son enfance au bord du lac Sacacomie, en Mauricie. Mme Mc Murray est vraiment à son meilleur lorsqu'elle nous décrit, avec poésie et humour, les petites choses de la Nature: la tortue géante que son père avait capturée, l'orage électrique sur le lac, la succession de chiens de la maisonnée, la cueillette des fraises sauvages au petit matin, la rencontre paisible d'une femelle orignal...   Sans oublier les humains: sa famille, les villageois (le vilain curé, le gentil docteur), et les clients de la pourvoirie tenue par ses parents (notamment Guy Sanche, à qui elle demanda pourquoi il n'avait pas amené Bobinette!)

Une suite vient de paraître, intitulée tout simplement Sacacomie (ici l'article du Devoir), j'ai déjà hâte de me la procurer!

Nous, les enfants... de Line Mc Murray, Éditions Liber, 2004. 165 pages plus 13 pages de photos.

02 mai 2010

The Eyre Affair

(L'Affaire Jane Eyre)

À mi-chemin entre le polar/suspense et la science-fiction, avec même une touche de fantastique, sur un ton léger et d'un comique débridé, rempli de références littéraires, un vrai délice!  En quatrième de couverture, on dit «A silly book for smart people», c'est très juste! (Admirez comment, l'air de rien, je viens de m'inclure dans les «smart people»!)

Détaillons un peu ce micmac:
  • Polar/suspense: Une agente de la section des affaires littéraires des Opérations spéciales britanniques poursuit un dangereux criminel qui dérobe des manuscrits et menace de faire disparaître des personnages bien-aimés de la littérature.
  • Science-fiction:  Les voyages dans le temps sont monnaie courante et l'intrigue se déroule dans un passé récent alternatif (uchronie) où la guerre de Crimée ne s'est jamais terminée, opposant depuis plus d'un siècle la Russie à la Grande-Bretagne.  De plus, la frontière entre la réalité et la fiction est perméable et on peut, grâce à une étrange machine, pénétrer dans un livre et en changer le cours.
  • Fantastique:  Le dangereux criminel possède d'étranges pouvoirs dont la source reste d'ailleurs inexpliquée.  De plus, on trouve en Angleterre des vampires et des loups-garous!  Je rassure tout de suite ceux qui comme moi sont un peu lassés par l'omniprésence de ces créatures très à la mode en littérature comme au cinéma, ici elles jouent un rôle plus que secondaire et ne font qu'ajouter un peu de piquant.  
  • Références littéraires: Dans ce monde alternatif, la littérature a une immense importance (ce qui, avouons-le, renforce la dimension science-fiction/fantastique...).  Richard III est une pièce-culte dont les fans connaissent les dialogues par coeur et assistent aux représentations en costumes d'époque; au lieu de chercher l'identité de l'assassin de John F. Kennedy, les conspirationnistes se demandent si Shakespeare a réellement écrits ses pièces; les amateurs de poésie se font rebaptiser du nom de leur poète favori, si bien qu'il y a des milliers de John Milton dans la seule ville de Londres, et une menace contre un personnage de Dickens devient une affaire d'État!  Mais la principale référence, comme le titre l'indique, est celle au chef-d'oeuvre de Charlotte Brontë, Jane Eyre.  Je dirais même qu'il est fortement recommandé d'avoir lu ce classique anglais au préalable pour bien apprécier l'intrigue, notamment la fin que j'ai trouvée délicieuse! (La  bizarre hallucination auditive de Jane à la fin du roman est enfin expliquée!)
La bonne nouvelle, c'est qu'il s'agit du premier d'une série! Youpi!  D'ailleurs j'ai une question pour ceux qui ont lus les autres tomes: quels classiques anglais est-il essentiel d'avoir lu pour bien les apprécier?  Bon, pour Sauvez Hamlet/Somethig Rotten, je me doute de la réponse, mais quid des autres?

Une excellente sélection du Blogoclub. Pour connaître l'avis des autres participantes, on suivra les liens chez Sylire et Lisa, nos deux chouettes organisatrices.