
Par cupidité, les banques et les courtiers de Wall Street misent sur la spéculation et des stratagèmes financiers douteux pour s'enrichir, laissent la bourse s'emballer, jusqu'à ce que la bulle éclate et que le gouvernement américain doive intervenir à coup de millions pour empêcher le système capitaliste de s'effondrer... 2008, pensez-vous? 1929? Hé non! 1907, et le Président n'était pas Obama mais Theodore Roosevelt.
L'Histoire est un éternel recommencement, et rarement cette phrase n'a été mieux illustrée que dans cet excellent roman historique,
New York, the Novel. Du XVIIe siècle à aujourd'hui, de la colonie hollandaise de New Amsterdam à la mégalopole post-septembre-2001, Edward Rutherfurd, fidèle à lui-même et au genre qui l'a rendu célèbre, nous convie à un formidable voyage dans le temps.
Sans parti pris, Rutherfurd nous présente le meilleur et le pire de cette ville. Les immigrants, en vagues successives, y étaient accueillis par la Statue de la Liberté et la promesse d'un avenir meilleur, que plusieurs arrivèrent à concrétiser (c'est le fameux «Rêve américain»), mais ils étaient souvent victimes de racisme. Lincoln y fit un discours célèbre sur l'abolition de l'esclavage, mais la population en général était plutôt contre, (les riches marchands pour conserver leurs liens commerciaux avec le Sud, les ouvriers pour protéger leurs emplois menacés par un éventuel déferlement d'anciens esclaves vers les villes du Nord); une manifestation anti-conscription vira d'ailleurs à l'émeute raciale et de nombreux Noirs furent lynchés pour s'être trouvés au mauvais endroit au mauvais moment.
La seule partie que j'ai un peu moins aimée, c'est celle qui se déroule durant la Guerre d'Indépendance. Je l'ai trouvée un peu longue, et le ton un peu didactique (beaucoup d'Histoire, pas assez d'histoires). Mais il faut dire que j'ai lu il y a quelques mois à peine
une autre énorme brique sur ce sujet; ceci explique sans doute cela. Il reste néanmoins que ce roman plaira surtout aux amateurs d'Histoire en général, et d'Histoire américaine en particulier. Car comme c'est le cas dans les autres romans de cet auteur, même si l'on croise des personnages historiques célèbres (Benjamin Franklin, George Washington, le ténor Enrico Caruso et autres), les personnages principaux sont des gens ordinaires, ils vivent des vies de gens ordinaires même s'ils sont témoins d'évènements extraordinaires. Mais pour les inconditionnels de la Grosse Pomme, et ils sont nombreux, ce roman est un
must!
Le site de l'auteur.
Merci aux éditions Random House pour l'envoi.
New York d'Edward Rutherfurd, publié au Canada chez Doubleday (Random House) en 2009. 862 p. Pas encore traduit.