31 décembre 2020

Bye-bye 2020 (et bon débarras!)

La pandémie a-t-elle changé vos habitudes de lecture?  Je pense que pour bien des gens la réponse est oui.  Manque de concentration, besoin de réconfort ou d'évasion...  

Dans mon cas cependant, je ne crois pas avoir été tellement influencée.  Il faut dire que j'ai eu la chance de continuer à travailler (avec seulement des modifications pour respecter les mesures sanitaires), et je n'ai pas d'enfant ayant dû faire l'école à la maison.  À part bien sûr ne pas pouvoir voir nos amis et nos familles, le train-train quotidien n'a pas été affecté, et donc les lectures non plus... enfin, pas tellement. 

Passons donc à la traditionnelle liste annuelle:

  1. Rouge Brésil de Jean-Christophe Rufin
  2. A Painted House de John Grisham
  3. Manikanetish de Naomi Fontaine
  4. Neverwhere de Neil Gaiman
  5. L'Œuvre au noir de Marguerite Yourcenar
  6. The Little Stranger de Sarah Waters
  7. The Princess Bride de William Goldman
  8. Quatrevingt-treize de Victor Hugo
  9. The Night Circus d'Erin Morgenstern
  10. Pour mémoire de Dominique Fortier et Rafaële Germain
  11. Le Monde d'hier de Stefan Zweig
  12. Dumb Witness d'Agatha Christie
  13. Être du monde de Maryse Rouy
  14. Vingt-trois secrets bien gardés de Michel Tremblay
  15. L'Adversaire d'Emmanuel Carrère
  16. Into the Forest de Jean Hegland
  17. La Vie secrète des arbres de Peter Wohlleben
  18. La Horde du contrevent d'Alain Damasio
  19. Paris de Edward Rutherfurd
  20. The Wind through the Keyhole de Stephen King
  21. Civilizations de Laurent Binet
  22. Shopaholic takes Manhattan de Sophie Kinsella
  23. Le Père Goriot de Honoré de Balzac
  24. A Study in Scarlet d'Arthur Conan Doyle 
  25. The Historian d'Elizabeth Kostova
  26. 1Q84 (tome 1) de Haruki Murakami
  27.  Les Clefs du Paradise de Michel Tremblay
  28. Terre des hommes d'Antoine de Saint-Exupéry
  29. Trois nouvelles de H.P. Lovecraft (oui je les compte car elles faisaient bien 120 pages à elles trois!)
  30. Le Pendule de Foucault de Umberto Eco
  31. L'Or du roi de Arturo Pérez-Reverte
  32. Roma Eterna de Robert Silverberg
  33. La Nuit de l'erreur de Tahar Ben Jelloun (abandon; je le compte, car j'en ai tout de même lu 175 pages!)

 

Top 3:

Aucune hésitation pour la première place: La Horde du contrevent d'Alain Damasio.  Une expérience de lecture absolument unique.  Pour les deux autres places, c'est moins évident.  Je vais dire L'Adversaire d'Emmanuel Carrère et The Historian d'Elizabeth Kostova, mais redemandez-le moi dans une semaine et ce sera sans doute autre chose.  Comme par exemple Into the Forest de Jean Hegland ou encore The Night Circus de Erin Morgenstern.  Ou bien Le Monde d'hier de Stefan Zweig, ou bien... 

Prix Citron:

Pas de citron cette année, quelques déceptions mais rien de majeur, pas de gros flop!  J'ai bien abandonné un livre (La Nuit de l'erreur de Tahar Ben Jelloun) mais cela ne reflète pas tant la qualité du roman que ma mauvaise disposition pour ce genre d'histoire en ce moment.

Prix Découverte:

Je ne crois pas en avoir parlé ici, mais j'ai expérimenté cette année un nouveau genre littéraire: le manga!  J'ai bien aimé l'expérience!  Je savais déjà qu'il fallait commencer le livre par la fin, si l'on peut dire, mais je ne savais pas que les cases doivent se lire de droite à gauche, et surtout qu'à l'intérieur même d'une case les bulles se lisent dans cet ordre aussi!  Ça demande une petite gymnastique de cerveau mais j'ai été surprise de constater qu'on s'y habitue relativement vite.

Prix «On n'a jamais trop de beauté dans nos vies»:

Décerné à Dominique Fortier en 2018, le prix est remis cette année à Saint-Exupéry pour Terre des hommes et ses descriptions époustouflantes du désert. 

Prix «Ces méchants qu'on adore»:

Arriver à vous donner froid dans le dos tout en vous faisant rire aux éclats, c'est le coup de force accompli par Neil Gaiman avec ses deux tueurs, Mr Croup et Mr Vandemar, dans Neverwhere.


Quelques statistiques:

  • Lus en VO anglaise: 14
  • Littérature québécoise: 5
  • Traduit de l'allemand: 2
  • Traduit de l'espagnol: 1
  • Traduit de l'italien: 1
  • Traduit du japonais: 1
  • Sur la liseuse: 12


Résolution livresque:

Chaque année j'aime me lancer un petit défi, celui de lire une œuvre réputée difficile, qui me fait peur...  En 2020, j'ai eu l'air un peu fou car, un peu à court d'inspiration, j'avais choisi L'Œuvre au noir de Marguerite Yourcenar, qui finalement n'a présenté aucune difficulté! 

Je ne crois pas faire la même erreur en 2021...  J'ai choisi Ulysse de James Joyce, un énorme pavé que bien des lecteurs ont abandonné en cours de route (je connais quelqu'un qui s'y est pris à cinq reprises et n'a toujours pas réussi à passer au travers!).  Contrairement à mes habitudes, je pense le lire en VF, car j'ai déjà jeté un coup d’œil à la VO et le style de Joyce n'a pas l'air facile-facile!  Et je ne pense pas le lire d'une traite mais plutôt étirer cela sur plusieurs semaines, voire quelques mois, en parallèle avec d'autres lectures.  

Et vous, de belles lectures en 2020?  Des projets pour 2021?

 

À vous tous, amis lecteurs, je veux souhaiter du fond du cœur une très belle année 2021, remplie enfin de vrais câlins et de vrais bisous, et surtout de magnifiques lectures! 


28 décembre 2020

La Nuit de l'erreur (abandon)

Oui, j'abandonne!  Ce n'est pas faute d'avoir persévéré, puisque je me suis rendue jusqu'à 175 pages avant de m'y résoudre.  

Pourtant cette lecture avait bien débuté, j'aimais beaucoup me retrouver au Maroc, il y avait un petit côté réalisme magique (une malédiction, un djinn au fond du puits?)...  Toute la partie de l'enfance et de adolescence de la narratrice se lit très bien.  C'est lorsqu'elle atteint l'âge adulte que les choses se gâtent.  On change de narrateur, et cela devient vraiment difficile de distinguer le vrai du faux.  D'une ambiance d'abord onirique, on passe à la confusion, et du coq à l'âne.  Ce roman fait partie de la sélection du Club des irrésistibles de la bibliothèque de Montréal: il a donc plu à bien des gens!  J'ai l'impression que je n'étais pas dans un bon état d'esprit pour ce genre d'atmosphère.  Je n'abandonne pas l'auteur définitivement car j'ai tout de même apprécié sa plume, alors si vous avez des titres à me suggérer...


La Nuit de l'erreur de Tahar BenJelloun, 1997, 313 p.

21 décembre 2020

Roma Eterna (Roma Æterna)

(D'abord, pourquoi le Æ fait son apparition dans le titre français?  Juste pour faire ch... suer ou quoi?  Parce que, hein, qui sait le faire par cœur, le Æ majuscule?)

Deuxième uchronie que je lis cette année (l'autre étant, vous vous en souvenez, Civilizations de Laurent Binet).  Pur hasard.  Je n'en lis pas tant que cela, mais j'aime le principe.  Je crois que mon intérêt remonte à un épisode de la série Twilight Zone (ou peut-être Au-delà du réel ou une autre série télé du genre) que j'ai vu, enfant, où les voyages dans le temps sont devenus monnaie courante et où l'on peut aller visiter différentes époques, en touriste.  Un groupe va visiter la Préhistoire.  Ils sont prévenus qu'ils ne doivent absolument pas quitter le sentier balisé car cela pourrait avoir des conséquences insoupçonnées.  Alors bien sûr, un crétin trébuche et met le pied à côté du sentier, écrasant un insecte.  Et quand le groupe revient au présent, il y a des drapeaux à croix gammée partout.

D'ailleurs, le thème des nazis revient souvent dans les uchronies.  Dans Roma Eterna de Robert Silverberg, non seulement il n'en est pas question, mais les nazis ont même été effacés de l'existence!  Pas seulement eux, mais aussi la bombe atomique et plusieurs autres choses, plaisantes ou non.  C'est que l'exode des Juifs d'Égypte a échoué, le christianisme n'a pas pu se développer et ébranler les assises de l'Empire romain, qui a su résister aux invasions barbares.  Le reste de l'histoire s'en trouve changé, et c'est ce que raconte ce roman en plusieurs chapitres se déroulant à différentes époques, de l'Antiquité à nos jours.  

L'idée de départ est fort intéressante, mais plusieurs détails m'ont empêchée d'apprécier pleinement ce roman.  (Et là, je vais devoir divulgâcher quelque peu, veuillez m'excuser.)  D'abord, j'ai trouvé dommage qu'on ne sache pas les raisons de l'échec de l'exode.  Pourquoi ne pas nous avoir raconté cet épisode?  C'est abordé en un seul paragraphe dans une conversation entre deux érudits romains. Il y a quelques autres raccourcis un peu faciles; on se débarrasse notamment de Mahomet en deux coups de cuillère à pot, et hop! pas d'Islam! 

Certains passages sont tout de même réussis.  J'ai particulièrement aimé celui qui décrit une période ressemblant à la Terreur post-révolution française.  Il y en a aussi un qui fait penser à l'assassinat de la famille du tsar Nicolas II; dommage que ce chapitre commence par une quarantaine de pages d'un ennui profond!  J'ai apprécié également les petits clins d’œil à Léonard de Vinci, à Einstein... La fin du roman a su me surprendre, bien que je ne partage pas du tout la conclusion de Silverberg au sujet de l'importance de la religion pour la civilisation.

Dans l'ensemble, une lecture somme toute intéressante mais très inégale. 

 

Roma Eterna de Robert Silverberg, 1989, 396 p.  Titre de la traduction: Roma Æterna.