21 février 2021

Ce qu'on respire sur Tatouine

En général, je n'aime pas trop les personnages mollassons, qui se laissent dériver au gré des événements.  Ils m'agacent et je trouve difficile de m'y attacher.  

C'était donc mal parti pour ce court roman de Jean-Christophe Réhel, car le narrateur est un genre de flanc mou qui prend systématiquement les mauvaises décisions dans la vie.  Et pourtant, je me suis vraiment prise d'affection pour lui!  Oh! j'ai souvent eu le goût de le secouer, d'abonder dans le même sens que sa soeur: «aide-toi!»  Mais il a su me conquérir grâce à son humour et en particulier son autodérision.  Il faut dire que contrairement à d'autres personnages fictifs, il a une excuse, puisqu'il est atteint de fibrose kystique.  Il vivote donc d'une jobine à l'autre (commis d'épicerie dans un Super C, lutin du Père Noël, etc.) entre deux hospitalisations au CHUM. 

Ce roman nous fait passer par un tourbillon d'émotions.  Je me suis souvent esclaffée tout haut (j'adore les nombreuses références à Star Wars, Die Hard, etc), mais j'ai aussi eu la gorge serrée, j'ai été touchée, mais j'ai également eu un peu mal au cœur, car le narrateur n'arrête pas de cracher du mucus et du sang (sans oublier l'épisode où il vomit sa crème de menthe dans l'escalier du manoir des riches parents de son beau-frère new-yorkais!).  

Je connaissais déjà Jean-Christophe Réhel grâce à ses poèmes publiés chaque samedi dans le journal Le Devoir.  Je ne lis pas beaucoup de poésie, mais j'aime ses vers tout simples qui décrivent le quotidien sans flafla.  Si vous aimez sa poésie, vous aimerez son roman, car on fait facilement le lien entre les deux. 

Un auteur à surveiller! 


Ce qu'on respire sur Tatouine de Jean-Christophe Réhel, 2018, 146 p.

20 février 2021

1Q84 (livre 2, juillet-septembre)

Comme il s'agit du tome 2 de cette trilogie de Haruki Murakami, je vais faire court...  Quand j'aurai lu le troisième, je pourrai vous parler de la série entière de façon plus exhaustive. 

Disons tout d'abord que j'ai beaucoup trop attendu avant de me lancer dans ce deuxième tome.  Avec ma mémoire de poisson rouge, j'avais tout oublié, et j'ai dû aller feuilleter les derniers chapitres du premier livre, lu à la fin de l'été passé.  Passé ce petit écueil, j'ai pu plonger dans cette lecture et je l'ai bien appréciée.  

Tout comme dans le premier tome, on suit en parallèle deux personnages, Tengo et Aomamé.  Seul petit hic, pendant un certain temps, les parties mettant en scène Tengo me semblaient moins intéressantes, j'avais hâte de revenir à Aomamé!  Heureusement, à partir du milieu, la trame de Tengo redevient passionnante et j'ai adoré toute la deuxième moitié.

La fin est assez dramatique, donc c'est sûr que je n'attendrai pas six mois avant de me procurer le tome 3!  Dès ce printemps, ce sera chose faite, cochon qui s'en dédit! 


1Q84 (livre 2, juillet-septembre) de Haruki Murakami, 2009, 496 p.  Titre original: 1Q84 (Book 2).

08 février 2021

François le champi

Mon premier contact avec George Sand eut lieu il y a des lustres et fut totalement raté.  J'avais quinze ans et je détestais ma prof de français. Cette dernière nous avait fait lire un extrait de La Mare au Diable et l'un des sujets à débattre était: Le style de Sand n'est pas mièvre, dites pourquoi.  Vous voyez où ça achoppe?  De un, à quinze ans l'on déteste se faire dire quoi penser, et de deux, je trouvais justement ça mièvre.  Mes références en classiques étaient principalement constituées des Trois Mousquetaires, de Molière et de Cyrano de Bergerac, vous imaginez le gouffre?  

On avance de quarante ans et, à force de lire de bons avis sur cette auteure, je me dis qu'il est temps de lui redonner sa chance.  Je propose une lecture commune à quelques copains d'un forum, et l'on choisit à peu près au hasard ce titre, François le champi, l'histoire d'un enfant trouvé; ça paraît sympathique. 

Le début est prometteur.  En avant-propos, Sand décrit une balade à la campagne avec un ami, un soir d'automne.  La plume est tout simplement magnifique, d'une grande poésie.  Lors de cette promenade, son ami lui lance un défi, celui de transposer en français moderne le récit entendu la veille à l'auberge, conté en langue régionale par un paysan.  

Malheureusement, dès que le roman lui-même commence, j'ai déchanté.  Finie la jolie plume, finie la subtilité.  Le ton est naïf à l'excès, que dis-je, naïf? Mièvre, gnangnan, cucul la praline, tous les synonymes font l'affaire.  Si ce n'était que dans les dialogues, passe encore; on ne s'attend pas à ce qu'un paysan s'exprime comme un universitaire.  Mais non, toute la narration est dans la même veine, et le tout est imprégné de bondieuseries et de bons sentiments à n'en plus finir.  Je me serais crue chez la Comtesse de Ségur, mais sans le petit brin de fantaisie dont je pense me souvenir chez cette dernière.  Ajoutez à cela une intrigue d'une simplicité enfantine et sans aucun intérêt, des personnages unidimensionnels, et vous avez le portrait.  

Bref, deuxième prise contre Mme Sand.  J'ai l'impression toutefois que je suis mal tombée avec ce roman, qui est presque un exercice de style, peut-être intéressant du point de vue linguistique mais insupportable pour la lectrice du XXIe siècle que je suis.  J'ai donc bien envie de lui donner une troisième chance (vous avez des suggestions?), mais comme au baseball, après une troisième prise, elle sera retirée!

Je n'ai pas attribué de Prix Citron lors de mon dernier bilan annuel...  Je peux déjà vous annoncer qu'il y en aura un cette année, et ce roman sera difficile à détrôner!  Son seul point fort: il se lit très vite!  Bon débarras! 


François le champi de George Sand, 1848, 137 p.

07 février 2021

Under the Dome (Dôme)

Tout le long de ma lecture de Under the Dome de Stephen King, j'ai nagé dans l'incompréhension face à l'échec retentissant qu'a été, semble-t-il, la série télévisée qui en a été tirée.  Tous les éléments du succès s'y retrouvent pourtant: une intrigue pleine de suspense mais tout de même relativement facile à suivre, car très linéaire et circonscrite dans le temps, des personnages bien typés, une ambiance post-apocalyptique (même si l'apocalypse se déroule à l'échelle d'un petit village de la Nouvelle-Angleterre, sous les yeux ébahis du reste du monde)...  On peut même faire nous-même le découpage des épisodes au fur et à mesure!

Alors, série ratée, mais le roman, lui?  Eh bien, plutôt réussi, je trouve, même si ce n'est pas mon préféré du maître.  On ne s'ennuie pas, on s'attache à certains personnages, on en déteste d'autres et la fin est vraiment excellente (j'avais très peur que ça sonne bidon ou encore qu'on reste sans réponse, mais non, on en ressort satisfait).  King n'a pas son pareil pour décrire la vie d'une petite ville de la Nouvelle-Angleterre, et ici il met l'emphase sur les luttes de pouvoir et le magouillage politique et financier.  Mais on a quand même l'impression qu'il a un peu étiré la sauce.  Quelques scènes auraient pu être coupées, ce qui aurait notamment permis de diminuer le nombre de personnages secondaires, parmi lesquels on se perd un peu à moins de constamment retourner à la liste fournie au début de l'ouvrage. 

Bref, on passe un bon moment, mais ce n'est pas ce titre que je suggérerais à quelqu'un qui voudrait découvrir cet écrivain.


Under the Dome de Stephen King, 2009, 1072 pages.  Titre de la traduction française: Dôme (en deux tomes).