30 mars 2012

L'Âme du minotaure

C'est toujours un peu délicat lorsqu'une amie nous prête un livre d'un auteur dont on n'a jamais entendu parler. Sera-t-elle insultée si je n'aime pas ça, ou pire si je l'abandonne après vingt pages? C'est donc avec hésitation que j'ai accepté le prêt de cette brique de presque 900 pages -- ça fait long à lire juste pour être polie!

Le début m'a donné quelques sueurs froides. Est-ce que je me trouvais devant une sorte d'«Harlequin chez les nazis»? Cette jeune allemande, secrétaire d'un médecin collaborateur d'Himmler, qui donne sa virginité à un inconnu dans un hôtel, pour apprendre le lendemain matin qu'il s'agit de nul autre que Reinhard Heydrich, qui a la réputation d'être un monstre de cruauté... Changez d'époque et remplacez le général nazi par un millionnaire sans scrupule et vous avez le schéma classique de tout Harlequin qui se respecte, non?

L'aspect historique présentant tout de même un certain intérêt, j'ai décidé de persévérer, et ne l'ai pas regretté. Au fil des pages, en suivant l'évolution de cette relation amoureuse dans l'ambiance malsaine de Berlin et de Prague, je me suis aperçue que l'auteure jouait en fait avec les codes établis du roman d'amour et du roman historique, en arrivant à nous faire oublier que les deux protagonistes principaux sont antipathiques, puis en nous le rappelant par des allusions au travail du général (il fut un des principaux architectes de la «solution finale»), à l'aveuglement presque invraisemblable de la jeune fille.

Au milieu du bouquin, coup de théâtre, et on se retrouve plongé dans un véritable roman d'espionnage.  La description de la planification de la fameuse «nuit des longs couteaux», notamment,  donne froid dans le dos par le cynisme dont font preuve les conspirateurs.

Il y a bien quelques longueurs dans la première moitié, mais la fin est palpitante; d'ailleurs il a fallu que je me retienne pour ne pas demander à l'assistante de mon dentiste de revenir me chercher plus tard, que j'aie le temps de finir!


Le billet d'Allie (et je suis d'accord avec elle, ne lisez surtout pas la quatrième de couverture!).
Mise à jour (2 avril): J'ajoute le billet de Suzanne, que je n'avais pas vu au premier tour...)

L'Âme du minotaure de Dominike Audet, 2010, 875 p.

12 mars 2012

Renard bleu

L'heure est à la confession. Mon père, j'ai péché, j'avais acheté ce roman jeunesse pour ma nièce et je l'ai lu avant de le lui donner; il paraît que cela ne se fait pas. Mais ce n'est pas entièrement ma faute, monsieur le juge, c'est Gropitou qui prenait une éternité à finir de faire le tour de la bouquinerie! Alors moi je me suis assise dans les marches et j'ai fait la gaffe de le feuilleter, puis de survoler les premières pages... Et comme en cinq minutes je me suis esclaffée au moins trois fois à haute voix, je n'ai plus eu le choix, monsieur l'agent. Heureusement d'ailleurs que dans une librairie (et a fortiori une librairie de livres usagés) on est entre initiés, personne ne m'a regardée comme si j'étais folle, contrairement à ce qui se passe quand je lis en couinant dans les transports en commun.

Vous me connaissez pourtant, je ne suis pas forte sur le roman jeunesse et comprends mal, en passant et en général, l'engouement d'adultes majeurs et vaccinés (je sais, adultes majeurs c'est un pléonasme, c'est exprès, c'est une figure de style, Mme G. prof de Français secondaire III serait fière de moi) pour ce genre littéraire.  (Oui, je suis un peu snobe et je l'assume entièrement.)  Cela prenait la force d'attraction d'un Yves Beauchemin pour vaincre ma résistance!

Trêve de balivernes, venons-en au roman, direz-vous avec raison. Hé bien, j'ai beaucoup aimé! C'est frais, c'est rigolo, il y a un peu de suspense (bien que j'aie deviné assez rapidement ce qu'il en était de cet enfant qui dort depuis quatre-vingt-dix ans...).  C'est une sorte de conte avec sorcière, fantômes, animaux parlants et quête à accomplir, mais remis au goût du jour puisqu'on y voyage en hélicoptère plutôt qu'en carosse, qu'on passe quelques nuits au Château Frontenac plutôt qu'à l'auberge et qu'au lieu du Roi l'on rencontre le Premier Ministre du Québec et ses courtisans les fonctionnaires de différents ministères, au charabia nécessitant un interprète!  On retrouve de nombreux clins d'oeil pour les lecteurs adultes, petites allusions qui passeront sûrement six pieds par-dessus la tête des ados, comme par exemple ce millionnaire Paul Desmarigots, grosse légume de la Coleslaw Corporation...

Monsieur Beauchemin, à quand la suite?  Peut-être une aventure mettant en vedette l'ours Gustave ou Bruno le squelette?


Le Renard bleu d'Yves Beauchemin, 2009, 375 p.

07 mars 2012

Dewey's Nine Lives (Les Neuf Vies de Dewey)

Lorsque j'ai su qu'il y avait une suite au charmant Dewey (the Small-Town Library Cat...), j'étais enchantée puisque j'avais beaucoup aimé l'histoire vraie de ce petit chat qui a échappé de justesse à la mort et a été adopté par les employés d'une bibliothèque où il a passé le reste de sa vie, au grand bonheur des gens du lieu.  Ce nouveau livre n'est en fait pas vraiment une suite, mais un recueil de neuf histoires de chats choisies par Vicki Myron parmi les centaines de témoignages qui lui ont été envoyés à la suite du succès du premier tome.  L'idée n'était pas mauvaise et aurait pu donner un résultat sympathique, mais malheureusement, dès les premiers chapitres j'ai commencé à bâiller, à vérifier combien de pages il restait, et ça, ce n'est jamais un bon signe. Il y a bien quelques passages réussis, ceux où l'on parle des chats eux-mêmes; l'ennui c'est que ces passages sont assez courts, le reste de chaque chapitre étant constitué du portrait de la personne dont la vie a été changée par chacun des minous en question, et il s'agit finalement de gens assez ordinaires.  L'un, vétéran du Viet-nam, souffrait d'un choc post-traumatique, l'autre a subi trois divorces et perdu contact avec ses enfants, plusieurs ont été malmenés par les crises économiques, particulièrement dures dans les petites villes américaines du Midwest... Il y a beaucoup de répétitions d'un chapitre à l'autre, et aussi par rapport au premier bouquin. Je l'avoue, j'ai sauté des pages, j'en ai lu d'autres en diagonale. 

Déception. 


Dewey's Nine Lives de Vicky Myron, 2010, 320 p. Titre de la traduction française: Les Neuf Vies de Dewey.