20 septembre 2023

The Adventures of Sherlock Holmes (Les Aventures de Sherlock Holmes)

(Première partie de l'intégrale The Original Illustrated Sherlock Holmes)

Après les romans The Hound of the Baskervilles et A Study in Red, j'ai décidé d'essayer les douze nouvelles regroupées sous le titre The Adventures of Sherlock Holmes.  Un mot sur cette édition, d'abord.  J'aime beaucoup la présentation de type feuilleton, sur deux colonnes par page, et présentant les gravures originales de Sydney Paget.  On est tout de suite dans l'ambiance!

Pour ce qui est des nouvelles elles-mêmes, je les ai trouvées un peu inégales.  Enfin, toutes sont intéressantes mais dans certains cas, la fin tombe un peu à plat...  Par exemple, dans l'une d'elles, Sherlock découvre l'identité du meurtrier après que celui-ci se fut enfui à bord d'un navire... qui fait naufrage avant d'arriver à bon port, donc tout est bien qui finit bien (sauf pour les autres passagers et les membres de l'équipage!)

Néanmoins, je me suis bien amusée et j'ai surtout apprécié tous les petits détails qu'on apprend sur Holmes au fil des pages, toutes ses petites manies, ses déguisements, la haute estime qu'il a de lui-même mais aussi son amitié sincère avec Watson, le narrateur. 


The Adventures of Sherlock Holmes (tiré de l'intégrale The Original Illustrated Sherlock Holmes), 1891-1892, 181 p.  Titre de la traduction française: Les Aventures de Sherlock Holmes.

15 septembre 2023

Cloud Cuckoo Land (La Cité des nuages et des oiseaux)

Dans mon dernier billet, je vous disais que depuis un certain temps j'ai de la difficulté à apprécier mes lectures dans leur entièreté.  Soit j'aime le début mais la fin me déçoit, ou l'inverse.  

Eh bien! ça y est, le mauvais sort est rompu!  Cloud Cuckoo Land est un coup de cœur du début à la fin!  (Et mes lecteurs de longue date savent que je n'attribue pas ce qualificatif à tout venant.)

C'est par un autre roman que j'ai entendu parler d'Anthony Doerr pour la première fois, quand  Barack Obama a mis All the Light We Cannot See (Toute la lumière que nous ne pouvons voir, prix Pulitzer 2015, rien de moins) dans sa liste de lecture d'été.  Le mois dernier, Cloud Cuckoo Land (ou plutôt sa traduction au titre poétique La Cité des nuages et des oiseaux) a été mis en nomination pour le prix Livraddict 2023 section Science-Fiction; j'ai donc décidé que ce serait par celui-là que je découvrirais l'auteur.  Et comme vous l'aurez deviné, je ne le regrette pas! 

Les amateurs de SF pure et dure pourraient toutefois être déçus par ce roman (j'ai vu ce commentaire ici et là).  Il s'agit avant tout d'un roman historique, dont environ un quart seulement se passe dans le futur, avec une intrigue qui fait des allers-retours entre différentes époques.  Vous voilà prévenus!  Par contre si vous aimez les personnages (humains et animaux!) attachants et bien développés, les mélanges de genres littéraires et les constructions intelligentes, vous allez être servis!

On parle de ce roman comme d'une ode à la littérature... J'irais encore plus loin, c'est une ode à la transmission des histoires, qu'il s'agisse d'un manuscrit traversant les siècles, d'une pièce de théâtre montée par des enfants et leur vieux professeur, d'un père racontant un conte à sa fille...  Il y a déjà quelques jours que j'ai fini de le lire et j'y pense encore, dans mon cas cela est significatif!  

Je n'en dis pas plus, lisez-le!


Cloud Cuckoo Land d'Anthony Doerr, 2021, 640 p.  Titre de la traduction française: La Cité des nuages et des oiseaux

30 août 2023

La Cousine Bette

Ces temps-ci, j'ai l'impression que tous mes avis se ressemblent: soit j'aime beaucoup le début d'un livre pour ensuite être déçue, ou vice versa.  On dirait que j'ai de la difficulté à aimer un roman dans son entièreté!

Et tenez-vous bien: c'est encore le cas ici!

En effet, ce roman de Balzac commence de belle façon.  L'intrigue est bien menée, les personnages bien décrits.  Il y a quelques digressions mais elles sont assez courtes.  Et même si l'on peut remarquer quelques longueurs dans le récit, l'intérêt reste soutenu jusqu'au deux-tiers du livre, environ.

Malheureusement, c'est là que tout tourne en eau de boudin.  L'histoire part dans toutes les directions.  Tant de sommes d'argent sont échangées qu'on perd le fil des différentes machinations.  Bette, le personnage le plus intéressant, qu'on voyait déjà peu mais qu'on sentait tirant les ficelles en coulisses, s'efface complètement dans le dernier tiers, où par ailleurs sont introduits de nouveaux personnages qui arrivent comme des cheveux sur la soupe.

Mais le pire, c'est qu'à mesure qu'on avance, les digressions de M. Balzac deviennent de plus en plus insupportables  Misogynes, racistes, réactionnaires...  Par exemple, la gentrification des quartiers de Paris est une bonne chose puisque cela permet d'éloigner les quêteux et les criminels (cela dans un roman dont les personnages bourgeois et aristocrates se salissent les mains dans toutes sortes de machinations et de spéculations, bonjour l'hypocrisie!).  Disons qu'au moment où nous vivons à Montréal une crise du logement pour les familles à revenus modestes, cela m'a particulièrement fait grincer des dents. Si Honoré avait été devant moi, je lui aurais donné une bonne claque en arrière de la tête!  

Mémo à moi-même: les notes de cette édition Garnier Flammarion sont très instructives et aident souvent à suivre l'intrigue et à faire le lien avec d'autres œuvres de La Comédie humaine, mais faire constamment l'aller-retour sur la liseuse est un peu pénible, rendant la lecture laborieuse.  La prochaine fois, privilégier une édition papier!


La Cousine Bette de Honoré de Balzac, 1835, 642 p.

26 août 2023

Le Lac de nulle part

Durant toute la première moitié de ce roman de Pete Fromm, choisi pour le club de lecture de Livraddict du mois d’août, j'ai eu vraiment beaucoup de difficulté à embarquer – c'est le cas de le dire puisqu'il est question d'un voyage en canot!  Parfois, on ne sait pas trop pourquoi on n'accroche pas à un bouquin; cette fois je connais parfaitement les deux raisons.

Premièrement, je me suis fait divulgâcher un élément important de l'intrigue quelques jours avant de commencer la lecture.  J'étais tellement fâchée que cela a bien failli m'enlever le goût de lire ce livre et de participer au club!

Deuxièmement, ce livre n'était pas disponible en version originale à la bibliothèque municipale.  Certains de ceux qui me suivent ici depuis un moment le savent, je suis très capricieuse concernant les traductions, surtout lorsque l'intrigue se passe en Amérique du Nord.  J'ai beau partir avec de la bonne volonté, dès que je remarque un truc qui cloche, je me mets à en chercher d'autres, ce qui m'empêche de bien entrer dans l'histoire.  Et c'est ce qui s'est passé ici:  le jeu enfantin rock-paper-scissors se traduit par roche-papier-ciseaux et non pierre-feuille-ciseaux, il n'y a pas de myrtilles au Canada mais bien des bleuets, la femelle de l'élan est appelée cow en anglais, mais on ne dit pas vache en français, simplement élan femelle, etc.

Je ne suis pas fan non plus des notes de la traductrice.  Soit elle nous précise des choses que l'auteur avait cru bon de nous laisser deviner (par exemple pourquoi les jumeaux s'appellent Al et Trig, alors que le jeu de mots fonctionne tout aussi bien en français), soit elle tombe à côté de la plaque dans ses explications.  Ainsi, l'interjection eh? n'est pas un tic de langage des Canadiens-français mais plutôt des Canadiens-anglais, et Dudley Do-Right, avant d'être le personnage d'un film des années 90 qui fut un gros flop et dont personne ne se souvient, fut surtout un personnage du dessin animé mythique des années 60, Rocky and Bullwinckle.

Heureusement, une fois dépassée la moitié du roman et le passage où l'on apprend ce qu'on m'avait divulgâché, j'ai ressenti un tel soulagement que j'ai pu enfin me concentrer sur l'histoire et m'intéresser au sort des personnages.  Et même si j'avais un peu deviné la clé de l'énigme, j'ai vraiment beaucoup aimé l'ambiance automnale et sauvage de cette deuxième moitié, et la tension qui s'établit et qui monte.

Comme vous voyez, c'est une lecture qui ne s'est pas déroulée dans les meilleures conditions.  J'espère que cela s'est mieux passé pour les autres participantes du club de lecture!


Le Lac de nulle part, traduit de l'américain, 2022, 300 p.  Titre de la version originale: Lake Nowhere.

19 août 2023

The Last Chairlift

Quelle joie d'apprendre que John Irving, un de mes écrivains chouchous, avait publié un nouveau roman!  Le jour même, je me suis empressée d'aller l'emprunter à la bibliothèque municipale et je l'ai commencé peu de temps après.

J'ai d'abord ressenti un grand bonheur à retrouver l'univers d'Irving, son humour, ses personnages déjantés et attachants.  Il est beaucoup question d'homosexualité et d'identité de genre, mais dans son cas, il ne s'agit pas d'un effet de mode -- il abordait ces thématiques dès ses premières œuvres, avec notamment un personnage transgenre dans Le Monde selon Garp (1978).  

Il y a une scène tout à fait délicieuse où la grand-mère du personnage principal (alors âgé d'une dizaine d'années) lui fait la lecture de Moby Dick, commentaires à l'appui: «Remarque bien ce cannibale, Adam!»  Ayant lu ce classique récemment, cela m'a rappelé de bons souvenirs!

Malheureusement, après environ deux cents pages, j'ai commencé à trouver qu'on tournait en rond, qu'il y avait énormément de longueurs et de répétitions.  Et jusqu'à la fin, on aura cette impression, avec de temps en temps, heureusement, des passages poignants ou passionnants (notamment sur l'épidémie de SIDA dans les années quatre-vingts et sur l'indifférence criminelle de Reagan dans ce dossier) et une ambiance «réalisme magique» assez originale.

C'est comme si l'éditeur de ce monstre sacré de la littérature américaine n'avait pas osé lui dire: «Dude, il y a trois cents pages de trop dans ton roman, faut couper, faut couper!»  Dommage...


The Last Chairlift de John Irving, 2022, 891 p.  Pas encore traduit.

22 juillet 2023

The Tenant of Wildfell Hall

Je connaissais déjà les sœurs Charlotte (Jane Eyre, un coup de cœur!) et Emily (Wuthering Heights, qu'à vingt ou trente ans j'avais trouvé un peu trop sombre mais que j'apprécierais sans doute plus maintenant que mes goûts se sont diversifiés), il me restait à découvrir Anne.  La sélection de juillet du club de lecture du forum Livraddict m'en a donné l'occasion.

Malheureusement cela ne s'est pas bien passé...  C'est en partie ma faute: voulant éviter tout divulgâcheur, je n'avais pas lu la quatrième de couverture et je m'attendais à une ambiance gothique: la lande balayée par le vent, des légendes voulant que le manoir soit hanté, que sais-je?  Avouez que la couverture de cette édition pouvait d'ailleurs donner cette impression, non?  Or, ce n'est pas ça du tout.  On est plutôt dans un roman social sur la place de la femme dans la société anglaise, le mariage, la religion, etc.  Sujets en soi intéressants, mais que j'ai trouvés traités d'une plume qui manquait par trop de subtilité.

L'histoire commence plutôt bien: les personnages sont intéressants, les dialogues amusants, les paysages charmants. Dans le voisinage, les commérages vont bon train concernant la mystérieuse locataire du manoir de Wildfell Hall.  Après un certain temps, j'ai toutefois commencé à trouver que l'action prenait du temps à démarrer...  On change alors de narrateur, puisqu'on se retrouve dans le journal de la fameuse locataire et qu'on découvre donc sa véritable identité.  Et là, c'est la catastrophe!  Cette femme, à la fois trop parfaite et d'une bigoterie insupportable (mais présentée comme admirable!), est mariée à un complet salaud égocentrique.  Vraiment, j'en aurais pris un pour frapper l'autre.  D'ailleurs, tous les hommes de leur entourage sont des canailles à différents degrés.  Et le journal en question constitue les deux-tiers du roman!

Quand enfin l'on revient aux personnages du début, ce n'est pas mieux puisqu'on tombe dans le prêchi-prêcha religieux.  J'ai donc finalement passé les trois-quarts du roman à soupirer et à lever les yeux au ciel.

Seul point positif, cela m'a donné envie de retourner à la sœur d'Anne, Charlotte, et j'ai fait des fouilles archéologiques pour retrouver mon vieil exemplaire de Villette...


The Tenant of Wildfell Hall d'Anne Brontë, 1848, 528 p. Il y a au moins cinq ou six titres différents pour les traductions françaises!

11 juillet 2023

The Brethren (L'Engrenage)

Je me sers beaucoup de ma liseuse ces temps-ci, mais il faut bien de temps en temps retourner à ma PAL-papier avant que les livres ne commencent à sentir le moisi...  Et pourquoi pas un petit Grisham?  Je ne lis pas beaucoup de thrillers, mais de temps en temps cela fait changement.

Celui-ci est tout à fait dans la gamme grishamesque classique: les personnages principaux sont trois ex-juges emprisonnés pour diverses fraudes qui, du fond de leur prison floridienne, ont mis sur pied une entreprise de chantage par la poste avec la complicité de leur avocat véreux.  En parallèle, on suit la campagne d'un candidat aux primaires républicaines pistonné par la CIA.  Dans la première moitié du roman, on se demande bien comment ces deux trames vont se rejoindre!

Les personnages sont amusants mais peu sympathiques, donc le suspense ne tient pas au fait qu'on craigne pour leur vie.  On ne peut pas dire qu'on se tienne au bord de notre siège en se rongeant les ongles...  L'intérêt réside plutôt dans l'attente de voir comment vont s'imbriquer les engrenages de la machine élaborée par nos trois filous.  À part quelques petits détails un peu tirés par les cheveux, l'intrigue est assez bien ficelée et originale, et si ce n'est pas le meilleur roman de cet auteur, j'ai tout de même passé un excellent moment. 


The Brethren de John Grisham, 2000, 440 p.  Titre de la traduction française: L'Engrenage.

08 juillet 2023

Encabanée

Je ne sait quoi penser de ce court roman...  J'ai aimé la plume épurée de Gabrielle Filteau-Chiba, sa description des aléas du quotidien d'une femme vivant en solitaire dans une cabane mal chauffée en pleine forêt.  Tout ça est assez réaliste et, si j'ai bien compris, en bonne partie autobiographique.  C'est lorsque l'auteure plonge dans la fiction pure que j'ai décroché: cette rencontre avec un écoterroriste et la romance qui s'ensuit, provoquant chez l'héroïne une prise de conscience écologiste, m'a semblé non seulement peu plausible mais surtout complètement en contradiction avec les idées féministes prônées jusque-là.  Je ne lirai donc pas la suite de la trilogie car j'ai l'impression, d'après les quatrièmes de couverture des deux autres tomes, que cela continue dans la même veine.  


Encabanée de Gabrielle Filteau-Chiba, 2018, 89 p.

07 juillet 2023

Le rouge vif de la rhubarbe

 Mes raisons d'avoir choisi ce roman:
1) J'ai beaucoup aimé Rosa Candida de la même auteure;
2) J'adore la compote de rhubarbe.

J'ai grandement apprécié la première partie du roman.  Le décor, un petit village de pêcheurs en Islande, est bien planté. Les personnages sont sympathiques: l'adolescente handicapée, la vieille dame qui lui sert de grand-mère, l'homme à tout faire du village, etc.  L'intrigue s'annonce intéressante.

Malheureusement, tout se gâte en deuxième partie.  La trame devient décousue, on peine à en suivre le fil, à démêler l'imaginaire du réel.  Et surtout, l'ambiance devient glauque, avec ces apparitions répétitives d'animaux morts, en particulier des oiseaux marins.  J'imagine que cela se veut symbolique, mais je n'ai pas compris l'intention de l'auteure.

Conclusion: 
1) Lisez plutôt Rosa Candida;
2) J'ai envie de compote de rhubarbe.


Le rouge vif de la rhubarbe d'Audur Ava Olafsdottir, traduit de l'islandais, 2016, 157 p.  Titre original: Upphækkuð jörð (1998).

29 juin 2023

Clara lit Proust

J'ai bien failli ne pas accrocher du tout à ce roman!  Dans les premiers chapitres, j'ai retrouvé la même ambiance que dans La Liste de mes envies de Grégoire Delacourt, sauf qu'on se trouve dans un salon de coiffure au lieu d'une mercerie.  Or, je n'ai jamais compris tout le houpla qu'on a fait autour de ce livre-là, que j'ai trouvé franchement moyen.

C'est lorsqu'un client oublie son exemplaire de Du côté de chez Swann au salon de coiffure et qu'enfin «Clara lit Proust», qu'un déclic s'est produit et que mon intérêt a été décuplé. L'intrigue en elle-même reste assez classique: Clara mène une vie peu satisfaisante auprès d'un copain qu'elle ne désire plus et d'un chat qui l'ignore, et son travail est peu stimulant; sa vie sera changée par l'expérience de la lecture, par les nouvelles rencontres que celle-ci provoquera.  Le thème du pouvoir de la littérature de nous ouvrir l'esprit et le cœur, de nous faire comprendre qu'une autre vie est possible, est fort bien exploité ici, mais remplacez Proust par n'importe quelle autre forme d'art et vous pourrez constater que ce n'est quand même pas d'une grande originalité.

Non, ce que j'ai adoré, ici, ce sont les références à l’œuvre elle-même, les citations, les clins d’œil, les discussions entre passionnés de La Recherche.  On sent que l'auteur est fan de Proust, appréciant autant ses qualités que ses défauts et ses petites manies, et il sait parfaitement partager son amour.  Au point qu'il m'a donné envie de relire cette œuvre gigantesque (moi qui relit rarement), ou à tout le moins de me la procurer en version papier pour pouvoir la feuilleter, relire des passages au hasard (le feuilletage sur liseuse, c'est moins ça!).  

Je ne crois pas que je recommanderais ce roman à qui n'a pas lu au moins le tome 1 de La Recherche.  Parce que non seulement vous allez vous le faire divulgâcher mais en plus toutes les références vont vous passer dix pieds par-dessus la tête.  Mais qui sait?  Peut-être vous donnerait-t-il le petit coup de pied au derrière nécessaire pour vous lancer enfin?  À vous de voir.

Je vous laisse avec deux petites citations:

«Elle a lu quoi, douze pages, et elle sait déjà comment ça va marcher entre eux. À elle de s’accrocher, de continuer à avancer, souvent dans le brouillard, parfois dans le noir, de ne pas se formaliser de ses phrases à tiroir et de ses imparfaits du subjonctif, de se munir de patience et,s’il le faut, d’un dictionnaire.  À lui, en retour, à intervalles réguliers, chaque fois qu’elle s’y attend le moins, de l’éblouir. 

Plus elle le lit, mieux elle le comprend.  Il n’emploie pas de mots compliqués, c’est juste que ses phrases, souvent, vont
voir ailleurs. Une fois qu’elle le sait, qu’elle a compris qu’il ne l’abandonne pas mais reviendra la chercher, ça va tout seul.»

«Proust, ce n’est pas difficile, c’est différent.
Mais bon, il pourrait quand même aller à la ligne plus souvent.»


Clara lit Proust de Stéphane Carlier, 2022, 192 p.

26 juin 2023

Robinson Crusoe (Robinson Crusoé)

J'en ai déjà parlé ici, j'aime beaucoup les histoires de naufrages et d'îles désertes.  Elles font souvent ressortir le meilleur et le pire des humains (un peu comme les romans post-apocalyptiques, d'ailleurs!).  Sans oublier le dépaysement qu'elles occasionnent et qu'on savoure bien installé dans son fauteuil et ses pantoufles...

Ce n'était donc qu'une question de temps avant que je me décide à plonger dans le classique des classiques du naufrage, le mythe fondateur du genre: Robinson Crusoé de Daniel Defoe.  Je craignais un peu cette lecture, car on dit souvent que ce roman comporte beaucoup de longueur et un vocabulaire désuet, ayant été écrit au XVIIIe siècle.

En fait de vocabulaire, ce sont surtout les termes spécialisés de la marine qui m'ont donné du fil à retordre, surtout que je lisais la version originale!  Disons que le dictionnaire intégré à la liseuse m'a été fort utile.  Et s'il y a bien quelques longueurs et des passages un peu répétitifs, j'ai beaucoup apprécié les questionnements philosophiques et religieux du personnage, que j'ai trouvés assez modernes sous certains points de vue.  Il y a aussi des petites pointes humoristiques savoureuses.

J'ai par contre été très surprise que le personnage de Vendredi n'apparaisse que très tard dans l'histoire.   Cela m'a un peu déçue!  Je pense que j'avais certains a priori dus à Vendredi ou les limbes du Pacifique de Michel Tournier, lu il y a très longtemps et où, de mémoire, la relation Robinson/Vendredi était le sujet principal!  Autre surprise concernant Vendredi, ce n'est pas un noir comme je le croyais mais un autochtone des Caraïbes.

La fin du roman, qui s'éternise, m'a également désappointée.  Toutefois, malgré ces petits bémols, l'expérience reste très positive et j'en garderai un excellent souvenir!


Robinson Crusoe de Daniel Defoe, 1719, 288 p.  Titre de la traduction française: Robinson Crusoé.

09 juin 2023

A Mercy (Un don)

Oh là là!  Les premières pages de ce roman ont provoqué chez moi un flash-back post-traumatique! Je croyais être plongée de nouveau dans The Sound and the Fury (Le Bruit et la fureur) de William Faulkner, dans la partie où le narrateur est un déficient intellectuel... Expérience pénible s'il en fut!

Ouf!  Cela n'a duré que quelques pages, le reste est beaucoup plus intelligible, et l'on comprend que ce début est narré par une esclave africaine qui baragouine péniblement l'anglais, d'où le vocabulaire approximatif et les tournures de phrases bizarres.

Il reste néanmoins que le style de Toni Morrison demande un certain effort de la part du lecteur.  Cela n'est pas pour me déplaire.  Et le cadre du roman est original: on est en Nouvelle-Angleterre en 1690, il est question d'esclavage d'africains et d'autochtones, mais aussi de servage d'hommes et femmes blancs, d'épidémies, de puritanisme, de superstitions...  

Dommage que j'aie eu un peu de difficulté avec la structure du roman.  On change constamment de point de vue, d'un personnage à un autre.  Ce n'est pas inintéressant, mais cela m'a empêchée de m'attacher aux personnages autant que j'aurais voulu.  De plus après l'expérience incroyable vécue avec Beloved (le roman le plus connu de l'auteure), je m'attendais à plus d'intensité.  Je me dirigeais donc vers une déception, jusqu'au tout dernier chapitre... Et là, surprise!  J'ai absolument adoré cette fin, et j'ai poussé un grand soupir de contentement en tournant (virtuellement) la dernière page!


A Mercy de Toni Morrison, 2008, 176 p.  Titre de la traduction française: Un don.

07 juin 2023

The Invention of Solitude (L'Invention de la solitude)

Ce recueil comprends deux textes: Portrait of an Invisible Man, dans lequel Auster fait le portrait de son père peu de temps après sa mort, et The Book of Memory, où des récits autobiographiques s'entremêlent à des réflexions et des citations sur le thème de la mémoire.

La première partie est passionnante.  Auster a eu une relation difficile avec son père, et l'on comprend pourquoi.  Notamment, ce père était lui-même orphelin de père, ce dernier étant décédé de façon violente (je vous laisse découvrir cet épisode ahurissant!).  C'est très émouvant, entre autre parce qu'à travers tous les défauts de cet homme, Auster tente d'ajouter des points positifs, des qualités à ce portrait plutôt négatif.  

J'ai beaucoup moins apprécié la deuxième partie.  Certains passages sont très intéressants, surtout ceux sur les dernières semaines de son grand-père maternel ou encore les souvenirs de voyages à Paris et à Amsterdam.  Malheureusement, de nombreux passages très abstraits viennent alourdir la lecture et rendent l'ensemble très désordonné.

Coïncidence amusante, j'ai commencé à lire en parallèle Mémoires d'Outre-tombe de Chateaubriand (mon défi de lecture pour 2023) et plusieurs passages portent également sur le thème de la mémoire.  J'adore quand deux œuvres se répondent ainsi!


The Invention of Solitude de Paul Auster, 1982, 173 p.  Titre de la traduction française: L'Invention de la solitude.

29 mai 2023

Le Royaume immobile

Le Paris des Merveilles, tome 3

Quel délice de retrouver ce Paris enchanté imaginé par Pierre Pevel!  Et quel bonheur de retrouver ce beau couple que forment Griffont le mage et Isabel l'enchanteresse (surtout que cette dernière est beaucoup plus à l'avant-plan dans ce tome, jouant les héroïnes de film d'action!)

J'ai toutefois trouvé ce tome légèrement inférieur aux deux premiers.  Il y a beaucoup moins de petits clins d’œil à des personnages historiques, littéraires ou cinématographiques (Arsène Lupin, Méliès, Valentin des Brigades du Tigre, etc).  De plus, il me semble que quelques fils de l'intrigue restent en suspens (par exemple, les rencontres des clans de chats ailés, l'absence de Lord Dunsany au rendez-vous avec la Baronne).  

Par contre, il y a beaucoup d'action et on ne s'ennuie pas une seconde!  J'aurais pris quelques tomes de plus dans cette série (il y a bien quelques recueils de nouvelles, mais ils ne m'attirent pas, sachant que ce sont principalement des nouvelles écrites par d'autres auteurs...).


Le Royaume immobile (Le Paris des Merveilles, tome 3) de Pierre Pevel, 2015, 377 p.

27 mai 2023

Mes contes de Perrault

Ma première rencontre avec Tahar Ben Jelloun ne s'était pas bien déroulée.  J'ai tenté de lire La Nuit de l'erreur il y a quelques années et cela s'est soldé par un abandon, car ce n'était tout simplement pas le genre d'histoire que j'avais envie de lire à ce moment-là.  Toutefois, j'avais plutôt aimé sa plume et m'étais dit que je lui donnerais une deuxième chance un jour.  L'occasion s'est présentée lorsque ce recueil a été choisi pour le club de lecture du forum Livraddict (thème: réécriture de contes).

Comme l'auteur l'explique en avant-propos, il a voulu rendre un hommage aux contes de Perrault qu'il a lus à l'école en leur donnant une saveur arabe, genre «Mille et une nuits».

Je m'attendais à une transposition plus complète... Il y a bien quelques clins d’œil amusants (La petite à la burqa rouge!), mais dans la plupart des cas, seuls les noms des personnages ont une consonance arabe, pour le reste on ne sent pas tellement l'ambiance «Mille et une nuits». Il aurait fallu plus de descriptions d'éléments typiques (nourriture, architecture, habillement, etc).

Dans certains des contes, Ben Jelloun ajoute un message d'inclusion et d'égalité (par exemple, le Petit Poucet a les traits physiques d'un trisomique), mais dans d'autres, la misogynie traditionnelle n'est même pas dénoncée.  J'ai donc trouvé la démarche de l'auteur incohérente de ce point de vue là également.

Pour ne rien vous cacher, j'ai lu les deux derniers contes en diagonale, car il y avait sur ma liseuse un petit Steinbeck qui me faisait de l’œil...

Bref, c'est un deuxième rendez-vous raté, et ça risque d'en rester là! 


Mes contes de Perrault de Tahar Ben Jelloun, 2014, 291 p.

17 mai 2023

The Pearl (La Perle)

Quelle intensité dans ce très court roman!  Le genre où il faut se souvenir de respirer de temps en temps...  Surtout vers la fin, quel suspense! 

Un pêcheur de perles mexicain trouve une perle énorme et parfaite qui viendra bouleverser la vie de sa famille... Steinbeck dénonce la cupidité des hommes, l'hypocrisie des prêtres se rangeant du côté des puissants, l'exploitation de l'ignorance des petites gens.  Cela m'a beaucoup rappelé des pans de l'histoire du Québec, j'en rageais!

Et toujours, cette plume absolument magnifique!  La perle est transformée sous nos yeux en un objet maléfique qui m'a rappelé l'Anneau unique du Seigneur des anneaux (sachant que le roman de Tolkien est l'un de mes préférés à vie), c'est vous dire!


The Pearl de John Steinbeck, 1947, 96 p.  Titre de la traduction française: La Perle.

14 mai 2023

Quand viendra l'aube

Dans la même veine que Pour Mémoire, Dominique Fortier a rassemblé ici des petites vignettes, des images, des impressions de l'été passé au bord de la mer puis du début d'automne à Montréal, dans les mois qui ont suivi la mort de son père.

Il y a des passages magnifiques sur le deuil, l'écriture, et je ne me lasserai jamais de sa plume tout en délicatesse, mais il m'a tout de même manqué un fil rouge reliant tous ces fragments décousus.

Ce recueil est donc à lire comme on lit de la poésie, selon moi, sans nécessairement chercher à voir ce que représente le casse-tête une fois les morceaux assemblés.


Quand viendra l'aube de Dominique Fortier, 2022, 104 p.

12 mai 2023

Good Omens (De bons présages)

Un roman humoristique racontant l'alliance d'un ange et d'un démon tentant d'empêcher l'apocalypse, écrit par deux auteurs anglais que j'aime beaucoup?  Ça ne pouvait que me plaire, mais le danger de mettre la barre trop haute était bien réel...  Et c'est ce qui s'est produit, dans une certaines mesure...

En effet, si j'ai beaucoup apprécié l'humour et les nombreuses références, j'ai trouvé qu'il y avait quelques longueurs dans la première partie.  La grande quantité de personnages donne une intrigue un peu décousue, voire même confuse.  Il m'a semblé que certains auraient pu être éliminés ou combinés.  Quant aux notes comiques en bas de pages, un stratagème que j'apprécie en général, cela fonctionne mieux en version papier que sur la liseuse, où l'on doit constamment interrompre la lecture pour faire l'aller-retour (surtout que cette fonction n'est pas tout à fait au point sur ma Kobo). 

Cela dit, j'ai quand même bien aimé ce roman, en particulier certaines répliques vraiment hilarantes.  On reconnaît la touche de chacun des deux écrivains (les personnages de Death et des sorcières, clairement pratchettiens; les deux vilains démons qui annoncent les méchants Mr Croup et Mr Vandemar dans Neverwhere de Gaiman) et pourtant le ton de l'ensemble reste bien uniforme.  

À lire, donc, pour se bidonner, mais sans s'attendre à un chef-d’œuvre...


Good Omens de Terry Pratchett et Neil Gaiman, 1990, 404 p.  Titre de la traduction française: De bons présages.

30 avril 2023

Thérèse Desqueyroux

Quelle belle découverte que cet écrivain!  Je ne le connaissais que de nom, nous avons maintenant fait connaissance et nous nous reverrons bientôt (je possède un autre de ses romans, Le Nœud de vipères, trouvé en boîte à livres).

Embourbée dans un mariage arrangé depuis son enfance pour réunir deux propriétés adjacentes, Thérèse souffre d'un manque total de stimulation sentimentale, sexuelle mais surtout intellectuelle.  Sa grossesse et la naissance de sa fille ne lui apportent aucun bonheur.  Sombrant dans la dépression, elle commet l'irréparable, presque nonchalamment...  

J'ai été particulièrement épatée par l'ambiance que Mauriac arrive à établir tout au long de l’œuvre.  On étouffe dans cette relation malsaine entre Thérèse et son mari qu'elle a tenté d'empoisonner (je ne divulgâche rien, c'est dit dès le début).  On étouffe dans cette vieille maison de campagne sombre et humide alors que pourtant dehors le vent souffle dans la pinède en transportant des odeurs de champignons et de résine.  On étouffe dans cette famille, dans cette société où l'honneur et la tradition passent avant le bonheur individuel.

J'ai trouvé les thèmes abordés par Mauriac assez modernes, et la fin en particulier a su me surprendre!  Si la plume dans son ensemble m'a beaucoup plu, notamment son côté concret, faisant appel à tous nos sens, je déplore quelques termes un peu datés et qui m'ont fait tiquer -- j'ai noté par exemple l'expression «posséder une femme» (au sens sexuel) qui ne passe plus très bien de nos jours!  Mais c'était le vocabulaire en usage à l'époque, il faut faire avec! 

 

Thérèse Desqueyroux de François Mauriac, 1927, 184 p

19 avril 2023

The Devil in the White City (Le Diable dans la ville blanche)

On dit généralement de ce livre, qui raconte la vraie histoire de l'Exposition universelle de Chicago de 1893, qu'il se lit comme un thriller...  Hmmmm... non!

On y suit en parallèle trois trames: d'une part l'élaboration, la construction et le déroulement du grand événement; ensuite, les meurtres commis par un étrange personnage, un des premiers tueurs en série des États-Unis, dans un immeuble conçu par lui-même pour mener à bien ses noirs desseins; et enfin les obsessions d'un zinzin fanatique du maire de Chicago.

Le hic, c'est que la première trame occupe les trois quarts de l'ouvrage.  Le sujet aurait pu être intéressant, mais il faudrait dire à M. Larson qu'il est louable de bien se documenter sur un sujet, mais qu'après, il faut faire un tri et ne garder que les informations les plus pertinentes.  Là, on a une énumération de tous les pépins rencontrés par les architectes et organisateurs de l'exposition: rivalités, maladie, météo, montée du syndicalisme, problèmes d'approvisionnement et de transport, etc.  Chaque sujet en soi est intéressant, mais le tout est beaucoup trop long!  De temps en temps, notre curiosité est piquée par un chapitre, souvent glaçant, portant sur une des deux autres trames, tueur ou zinzin, mais ce n'est que pour nous frustrer lorsqu'on revient presque aussitôt à la trame principale.

L'auteur aurait dû suivre la méthode de Stefan Zweig, expliquée dans son autobiographie Le Monde d'hier: à partir d'un premier manuscrit regroupant tout le résultat de sa recherche, il coupe, il élague, il condense pour ne garder que l'essentiel.  À la fin de ce processus, un texte qui faisait mille pages n'en comptera plus qu'une centaine!

Seuls les derniers chapitres, passionnants, où un policier tente de retrouver les corps de trois enfants, empêcheront peut-être ce livre de se voir décerner le redouté prix Citron de mon bilan annuel.  J'ai bien dit peut-être.


The Devil in the White City d'Erik Larson, 2003, 449 p.  Titre de la traduction française: Le Diable dans la ville blanche.

12 avril 2023

Les Rivières suivi de Les montagnes

Depuis quelques années, j'explore l’œuvre de François Blais, cet écrivain québécois qui nous a malheureusement quittés l’an dernier.  J’ai lu quelque part qu’il aimait aborder des genres littéraires différents d’un livre à l’autre et cela se confirme dans ce recueil comprenant deux longues nouvelles reliées par quelques personnages communs.  Dans la deuxième nouvelle en particulier, on est carrément dans le fantastique, alors que dans la première, des éléments de fantastique sont seulement évoqués.  Comme l’indique le sous-titre, il s’agit d’histoires de fantômes.

Même s’il est question d’un sujet délicat et qui me met toujours mal à l’aise, la pédophilie, je suis arrivée à apprécier ma lecture de la première nouvelle car, d'une part, cela restait au niveau du fantasme, sans passage à l’acte et sans trop de détails, et que d'autre part, le ton général était humoristique, de cet humour un peu cynique mais pas trop dont sait toujours faire preuve cet écrivain.  Malheureusement, à la fin de cette nouvelle, une phrase trop détaillée, très scabreuse, a vraiment gâché le plaisir que j’avais éprouvé jusque-là!

Heureusement, l’auteur se rattrape dans la deuxième nouvelle.  L’ambiance, assez noire et glauque, est vraiment très réussie pour qui aime ce genre.  Même si l’humour reste très présent, j’ai parfois senti mes poils se hérisser sur ma nuque!

Détail amusant, aucune des histoires ne se déroule au bord d’une rivière ou sur une montagne, et pourtant le titre reste tout à fait pertinent, ce que j’ai trouvé habile.  Je ne vous en dis pas plus, à vous de découvrir…

 

Les Rivières suivi de Les montagnes de François Blais, 2017, 189 p.

 

04 avril 2023

À l'hôtel des Pays d'en haut

Maryse Rouy arrive toujours à nous transporter dans l'espace et le temps grâce à sa plume limpide et son attention pour les détails historiques.  Cette fois, elle nous emmène dans les Laurentides en 1925, dans un hôtel de villégiature, en hiver.  On y rencontre une foule de personnages hauts en couleurs (heureusement d'ailleurs qu'il y a une liste en début de volume): employés et propriétaires de l'hôtel, vacanciers, notables du village de Sainte-Agathe-des-Monts.  Des liens se tissent, alimentés par la jalousie, l'amour, l'amitié, l'appât du gain...

Bien qu'on ne soit pas dans un roman policier au sens strict, on sent qu'un drame va se jouer et l'ambiance est celle d'un cosy mystery (sous-genre du polar très à la mode depuis quelques années).  Cela rend cette histoire très prenante (d'ailleurs je l'ai dévorée en vingt-quatre heures!) 

Pour augmenter mon plaisir, j'ai déjà été invitée deux ou trois fois chez les parents d'un ami qui avaient un chalet à Sainte-Agathe.  Certains noms de lieux me rappelaient des souvenirs (lac des Sables, chemin du Tour-du-lac, etc), ce qui rendait le décor du roman très réel dans mon esprit!


À l'hôtel des Pays d'en haut de Maryse Rouy, 2020,269 p.

02 avril 2023

Three Men in a Boat (to Say Nothing of the Dog) (Trois Hommes dans un bateau)

(Encore une fois, je vous épargne l'horrible couverture de l'édition libre de droits du site Gutenberg!  Le charme désuet de celle des éditions Penguin Books de 1959 convient parfaitement à l'esprit de ce roman de la fin du XIXe siècle.  Dommage toutefois qu'ils aient écourté le titre!)

Voici un petit roman très amusant, sorte de boat novel (variation du road novel, je viens d'inventer le terme, je vous l'offre gratuitement).  Très amusant, dis-je, à condition d'aimer l'humour british, mélange d'absurde et de pince-sans-rire!  Le narrateur est sans pitié, tous les prétextes sont bons durant ce voyage en bateau sur la Tamise pour varloper tout un chacun, de parfaits inconnus à ses meilleurs amis, en passant par le chien Montmorency!  Le seul qui trouve grâce à ses yeux, c'est lui-même!

Seul petit bémol: vers le milieu, j'ai trouvé qu'il y avait quelques longueurs, j'ai failli me lasser...  Je crois que j'aurais dû lire ce livre en parallèle avec autre chose.  Il n'y a pas vraiment d'intrigue, c'est plutôt une suite de petites anecdotes, donc même en espaçant les chapitres, aucun risque de perdre le fil!  En le dégustant à plus petites doses, je crois que je l'aurais encore plus apprécié. 


Three Men in a Boat (to Say Nothing of the Dog) de Jerome K. Jerome, 1889, 240 p.  Titre de la traduction française: Trois Hommes dans un bateau.

30 mars 2023

Bel-Ami

En général, j'ai de la difficulté à apprécier un roman dont le personnage principal est peu sympathique.  Or, c'est le moins qu'on puisse dire de ce détestable Georges Duroy, fils d'humbles villageois, prêt à tout pour s'élever dans la société, y compris et surtout séduire les femmes de ses amis et collaborateurs.  Et pourtant, j'ai adoré ce roman, que j'ai trouvé très prenant et que j'ai lu en quelques jours.

C'est sûrement en grande partie grâce à la plume de Maupassant, à la fois élégante et limpide.  Qu'il nous décrive un joli paysage campagnard, la chambre d'un mourant ou l'ambiance étouffante de Paris un soir de canicule, on a l'impression d'y être.  Et ses portraits sont si justes que les personnages nous semblent familiers.

Dans ce roman-ci, Maupassant est sans pitié envers le monde du journalisme.  Et j'ai l'impression que le tableau qu'il dresse est assez réaliste!  On sait qu'à l'époque, le concept d'objectivité journalistique n'existait pas, et la plupart des journaux étaient plus ou moins ouvertement l'organe d'un parti politique ou d'un groupe (par exemple la haute finance). (Certains esprits chagrins diront que la situation n'a pas beaucoup évolué, mais passons.)

En tournant la dernière page, j'étais presque déçue par la conclusion de l'intrigue, mais plus j'y pense, plus je trouve que cela fait du sens et reste cohérent avec ce que Maupassant dénonce.

En passant, à moins que vous ne soyez un enfant de douze ans, je vous déconseille l'édition Flammarion (collection Étonnants Classiques), qui comporte une quantité ahurissante de notes. Quatre ou cinq par page, c'est insupportable!  Ça va, je sais ce qu'est une gargote, et des bocks, j'en ai dans mon armoire de cuisine!  Heureusement, il y a plusieurs éditions offertes en prêt numérique à la BAnQ, j'ai pu en choisir une autre avant d'avoir envie de lancer ma liseuse par la fenêtre.  L'édition Folio illustrée ci-dessus est très bien.


Bel-Ami de Guy de Maupassant, 1885, 464 p.

25 mars 2023

Vita Nostra

Les Métamorphoses, tome 1

Lorsque le thème que j’avais suggéré, la science-fiction hors des sentiers battus, a été choisi pour le club de lecture de Livraddict, j’étais enchantée.  Toutefois j’étais moins enthousiaste devant le titre retenu au terme du processus: encore une énième histoire d’école/institution pour enfants/adolescents ayant des pouvoirs spéciaux/magiques?  Bon, j’ai déjà été agréablement surprise lors de ces clubs de lecture, j'ai décidé de lui donner tout de même sa chance.

Cela commençait assez bien: on est en Russie, c’est original.  Le personnage principal est assez attachant au départ.  Malheureusement, plus j’avance, plus mon intérêt s’émousse.  Beaucoup de longueurs, des péripéties répétitives…  On ordonne à l’héroïne de ne pas faire telle chose sous peine qu’un grave malheur n’arrive à sa famille, elle le fait quand même, rien de sérieux n’arrive, on lui ordonne de ne pas faire telle autre chose et ainsi de suite.  On nous explique en long et en large les étranges pratiques qu’on force l’héroïne à apprendre, mais comme c’est complètement abstrait, impossible de s’y intéresser.  J’ai poursuivi ma lecture car je voulais tout de même avoir le fin mot de l’histoire, mais cela m’a semblé long, très long!

 

Vita Nostra (Les Métamorphoses, tome 1) de Marina et Sergueï Diatchenko, traduit du russe, 2019, 525 p.  La version originale, Vita Nostra, date de 2007.


20 mars 2023

Un Chien à ma table

Un jour, une petite chienne apparaît à la porte d'une maison isolée dans la forêt.  De toute évidence, elle a été maltraitée et s'est enfuie, et pourtant elle se laisse facilement apprivoiser et apporte au sein du couple âgé qui décide de l'adopter un renouveau de vie et d'amour. 

Il y a un côté très décousu à ce roman, le fil n'est pas toujours facile à suivre, et de plus je n'ai pas saisi plusieurs des très nombreuses références littéraires qui sont données sans explication (ce que je préfère, on peut toujours googler celles qu'on ne comprend pas...).  Mais il y a des passages magnifiques sur la nature, le couple, la vieillesse...  Les scènes mettant en vedette l'animal sont vraiment mignonnes.  Et il règne dans ce lieu pourtant paisible un léger climat d'angoisse très bien évoqué: on craint toujours de voir apparaître l'ancien maître de la chienne, sûrement un salaud de la pire espèce.

À cause des petits bémols énoncés ci-haut, ce roman n'a pas été un immense coup de cœur comme l'avait été La Survivance, qui s'était retrouvé dans le Top 3 de mon bilan annuel, mais j'ai quand même beaucoup apprécié cette lecture.


Un Chien à ma table de Claudie Hunzinger, 2022, 288 p.

06 mars 2023

Le Premier Quartier de la lune

Les Chroniques du Plateau Mont-Royal, tome 5

Plus je lis Michel Tremblay, plus je me rends compte d'un fait: parmi son immense bibliographie, mes œuvres préférées sont celles qui mettent en scène des femmes ou des enfants.  Celles où les hommes sont au premier plan me paraissent souvent presque glauques ou déprimantes.  C'est d'ailleurs pourquoi, il y a bien des années, j'avais abandonné la série des Chroniques du Plateau, après les tomes 3 et 4 que je n'avais que moyennement appréciés.

Après avoir terminé (et généralement adoré) la série de la Diaspora des Desrosiers, j'ai décider de donner une deuxième chance aux Chroniques, et grand bien m'en fit!  Dans ce tome-ci, on suit les deux cousins de treize et dix ans, Marcel et «le fils de la grosse femme» (qui  n'est jamais nommé mais dont on comprend qu'il est l'alter ego de l'auteur) ainsi que leurs mères.  On retrouve aussi le petit côté «réalisme magique» avec la découverte du «jardin enchanté» de Marcel et avec le retour des voisines fantômes, maintenant accompagnées du fantôme du chat Duplessis.

Et bien sûr, il y a toujours les dialogues savoureux de Tremblay.  Un délice!


Le Premier Quartier de la lune (Les Chroniques du Plateau Mont-Royal, tome 5) de Michel Tremblay, 1989, 283 p.

02 mars 2023

Glaise

Des personnages attachants ou détestables, une bonne intrigue, un cadre historique original (une ferme de la France profonde durant la Première Guerre mondiale) et une ambiance du tonnerre (terme de circonstance puisque la foudre joue un rôle dans l'histoire!), ce roman a décidément beaucoup de qualités.

Là où le bât blesse, c'est concernant la plume de Frank Bouysse.  Dès les premières pages, l'adjectif qui m'est venu en tête est «laborieux».  En effet, on sent que le texte a été travaillé et retravaillé.  Effort louable, mais justement on le perçoit trop, cet effort!  La surabondance de qualificatifs, de comparaisons et de métaphores m'a fait lever les yeux au ciel plusieurs fois. 

Ces petits défauts m'ont souvent fait décrocher du roman.  Vous savez, quand on se met à remarquer quelque chose, on dirait qu'on ne voit plus que ça par la suite.  Ça vous arrive?  C'est très dommage, car l'histoire en elle-même est vraiment intéressante, en particulier la fin, et le mélange des genres terroir/noir est bien équilibré.  En toute honnêteté, il a peut-être souffert de la comparaison avec ma lecture précédente, Les Cavaliers de Joseph Kessel, à la plume impeccable.  D'ailleurs, je vous invite à vous faire votre propre idée puisque les commentaires sur Glaise sont généralement très élogieux.  Attention toutefois aux cœurs sensibles, il y a quelques scènes assez violentes dont une avec des détails scabreux dont on aurait pu se passer.


Glaise de Frank Bouysse, 2017, 426 p.

21 février 2023

Les Cavaliers

Je vous l'ai sûrement déjà dit, j'ai généralement de la difficulté à accrocher à un roman dont les personnages principaux sont antipathiques.  Et si en plus il y a de la violence envers des animaux ou des enfants, c'est l'abandon presque assuré.

C'est vous dire la force de la plume de Joseph Kessel (qui m'avait déjà ravie dans Le Lion) puisque malgré la présence des obstacles mentionnés ci-dessus, j'ai pu persévérer dans cette lecture et finalement en être éblouie.  En effet, dès le départ, on se trouve transporté dans les steppes et les montagnes arides de l'Afghanistan grâce à des descriptions à couper le souffle.  On est au XXe siècle mais on pourrait être mille ans plus tôt, si ce n'était l'apparition occasionnelle de petits détails qui semblent presque anachroniques: un camion, la musique d'un tourne-disque, le bruit d'un avion.  Kessel introduit aussi quelques personnages secondaires beaucoup plus attachants: le vieux conteur centenaire, le palefrenier fidèle et surtout l'inoubliable étalon Jehol, si beau et loyal.

Ne vous laissez surtout pas rebuter par la description du sport national bizarroïde et violent qu'est le bouzkachi, sorte de course équestre où tous les coups sont permis et où l'on s'arrache le corps décapité d'un bélier (oui, vous avez bien lu).  On pense au départ que ce jeu à l'attrait incompréhensible pour nos cerveaux occidentaux sera l'enjeu principal du roman.  Heureusement, il n'est que le point de départ du récit qui suivra, à la limite entre le drame psychologique, le thriller et le road novel

Un livre qui a de fortes chance de se retrouver dans le fameux Top 3 de mon bilan annuel!


Les Cavaliers de Joseph Kessel, 1967, 587p.

16 février 2023

Tales from Earthsea (Contes de Terremer)

Earthsea, tome 5

Après une lecture décevante (le tome 4 de la série des Malaussène, de Pennac), quel grand bonheur de me sentir transportée dans un autre monde par la plume toujours si évocatrice d'Ursula Le Guin.  En effet, en quelques phrases à peine, je me suis retrouvée sur une des îles formant l'archipel de Terremer.

Ce recueil comporte cinq nouvelles dans lesquelles l'auteure développe l'histoire de ce monde, en particulier la fondation de l'école de magie sur l'île de Roke.  On y apprendra notamment comment et pourquoi les femmes en ont été exclues.  En général je ne suis pas fan de nouvelles, mais j'ai trouvé que ce recueil se lisait comme un roman puisque les récits ne sont pas totalement indépendants: tous sont reliés aux tomes précédents, et la dernière nouvelle annonce le prochain tome, The Other Wind (Le Vent d'ailleurs).  Seule la deuxième nouvelle m'a semblé un peu plus faible, avec un petit côté presque à l'eau de rose, surprenant chez cette auteure.

Je peux vous assurer que le prochain (et dernier!) tome sera lu cette année!  Par la suite, j'aimerais beaucoup découvrir ses romans de science-fiction.


Tales from Earthsea (Earthsea, tome 5) d'Ursula Le Guin, 2001, 416 p.  Titre de la traduction française: Contes de Terremer (Terremer, tome 5 ou tome 3 dans certaines éditions).

04 février 2023

Monsieur Malaussène

Grosse déception, ce tome 4 de la série des Malaussène, qui m'avait tant fait rigoler jusque-là!

En effet, contrairement à son habitude, et une fois passées les premières pages assez amusantes, Daniel Pennac instaure une ambiance assez glauque, voire déprimante.  De plus, l'action prend un temps fou à démarrer et une fois que c'est fait, l'intrigue se divise en deux enquêtes parallèles extrêmement tarabiscotées.  Et pour planter le dernier clou du cercueil, un revirement de situation complètement invraisemblable survient à la fin.  Attention, je sais bien qu'il faut s'attendre à du loufoque dans cette série, c'est d'ailleurs ce qui fait son charme. Mais il y a loufoque, il y a absurde, et ensuite il y a cette péripétie qui non seulement m'a fait décrocher de l'histoire, mais que j'ai trouvée assez problématique d'un point de vue moral (alors que dans le roman personne ne remet cet aspect en question).  À partir de là, je vous avoue que j'ai survolé assez rapidement les derniers chapitres tant j'avais hâte de passer à autre chose.

Est-ce que je vais continuer cette série, dont Pennac vient d'ailleurs de publier le dernier tome?  Je me pose sincèrement la question.


Monsieur Malaussène de Daniel Pennac, 1995, 623 p.

25 janvier 2023

117 Nord

Si vous aimez que tout soit clair, net et bien expliqué, passez votre chemin.  Ce court roman, première œuvre de Virginie Blanchette-Doucet, est composé de vignettes impressionnistes qu'il faut soi-même interpréter, relier les unes aux autres et placer en ordre chronologique pour reconstituer cette histoire d'amitié, d'amour, de dépossession, de départ et de retour.

J'ai vraiment apprécié le contraste entre le travail déshumanisant de la mine à Val-d'Or, avec ses machines gigantesques et cette poussière qui recouvre tout, transformant les êtres vivants en statues, et celui, à échelle humaine et presque sensuel, de l'atelier d'ébénisterie à Montréal.  Pour une fois, c'est la ville qui est présentée sous un jour plus positif que la région éloignée, c'est original et ça fait changement!

Petite remarque pour l'éditeur: j'aurais bien pris un petit glossaire définissant certains termes propres à l'industrie minière.  Cela m'a pris du temps pour comprendre que le dry, c'est le vestiaire des employés, par exemple.

L'auteure vient tout juste de publier un nouveau roman. Je m'empresse d'en noter le titre dans mon petit carnet: Les Champs penchés.


117 Nord de Virginie Blanchette-Doucet, 2016, 164 p.

22 janvier 2023

The White Company (La Compagnie blanche)

Saviez-vous qu'Arthur Conan Doyle, papa de Sherlock Holmes, n'avait pas écrit que des romans policiers?  Je ne l'ai appris qu'il y a quelques années, grâce à un billet élogieux de ma copine blogueuse Alys.  Je la remercie, d'ailleurs, puisque sans elle je ne me serais peut-être pas lancée lorsque La Compagnie blanche a été sélectionné pour le club de lecture spécial «pépites méconnues» du forum Livraddict, échaudée que j'étais par ma déconvenue lors de l'édition précédente du club pépites (coucou Mr Dickens!) qui s'était soldée non seulement par un abandon de ma part mais même par un prix citron lors de mon bilan annuel!

Et il aurait été fort dommage de passer à côté de ce roman historique bien documenté, aux personnages attachants bien qu'un peu caricaturaux (ce qui ajoute à leur charme, d'une certaine façon), aux dialogues amusants.  En parlant de dialogues, j'étais bien contente d'avoir à portée de doigt le dictionnaire intégré à la liseuse, car Doyle s'est efforcé d'incorporer énormément de vocabulaire d'époque.  S'ajoutant aux tournures de phrases moyenâgeuses et aux magnifiques descriptions de paysages, cela avait vraiment pour effet de nous transporter au XIVe siècle en Angleterre, en France et en Espagne.

Seul petit bémol, j'ai trouvé qu'il manquait un enjeu clair à cette série de péripéties, un but à cette quête.  Car s'il s'agissait seulement de remettre sur le trône d'Espagne ce Don Pedro antipathique et qui s'annonce comme un vrai tyran, ce n'est pas un objectif très stimulant, et d'ailleurs les personnages principaux ont l'air de s'en foutre totalement.

Et maintenant, j'ai très envie de retrouver cette belle plume bientôt...  Ça tombe bien, j'ai un gros recueil des enquêtes de ce bon vieux Sherlock dans ma PAL!

 

(La jolie couverture que je vous ai mise ci-dessus n'est pas celle de l'édition que j'ai lue, les livres libres de droits du site Gutenberg Project ayant souvent des couvertures d'une laideur sans nom.  Vraiment, les copains, une simple page unie avec le titre et le nom de l'auteur ferait parfaitement l'affaire!)


The White Company d'Arthur Conan Doyle, 1891, 343 p.  Titre de la traduction française: La Compagnie blanche.

11 janvier 2023

Collapse (Effondrement)

Je dois vous avouer que je ne suis pas fâchée d'avoir tourné la dernière page de ce volumineux essai (525 pages en grand format, écrit petit et dans une mise en page très dense!) que je traîne depuis la mi-octobre! 

Pas qu'il soit inintéressant, bien au contraire!  Jared Diamond y traite des différents facteurs (environnementaux, sociaux, géopolitiques, économiques, etc.) qui font qu'une société réussira à s'établir et surtout à perdurer dans un environnement donné.  Il décrit donc des sociétés disparues comme celles de l'Île de Pâques, des Vikings du Groenland, des Mayas et d'autres peuplades amérindiennes.  À ce propos, j'ai été bien surprise de découvrir l'existence des Anasazis, ce peuple du Sud-Ouest américain qui développa une civilisation complexe puis s'éteignit pour n'avoir pas su exploiter son environnement de façon durable, entre autres facteurs.  Disons qu'on est loin de l'image idyllique qui nous est généralement présentée des peuples autochtones en parfaite harmonie avec la nature!  

L'auteur évoque également quelques sociétés anciennes qui ont réussi à s'adapter.  Puis il utilise les critères développés dans la partie historique pour décrire les difficultés et réussites contemporaines dans différents pays: États-Unis, Australie, Chine, Rwanda, etc.  Le tout est vraiment instructif, bien qu'on puisse déplorer des répétitions et des longueurs, notamment à cause de passages inutilement détaillés.


Collapse de Jared Diamond, 2005, 525 p.  Titre de la traduction française: Effondrement.

02 janvier 2023

Le Petit Prince

Comme plusieurs, j'ai lu ce joli conte quand j'étais enfant...  J'hésitais à le relire pour ne pas gâcher le merveilleux souvenir que j'en avais (ah! ce dessin du serpent qui a mangé un éléphant!).  Quand ma mère a offert de me prêter le bouquin aux coins écornés et aux pages tachées de mon enfance, cela a piqué ma curiosité; je l'ai glissé dans ma PAL, mais encore là, j'ai attendu plus d'un an avant de me décider!

Heureusement, l'expérience fut des plus agréables.  Une grosse bouffée de nostalgie, ça fait du bien!  Si le ton est encore plus enfantin que je croyais, les adultes y trouvent quand même leur compte, puisque c'est très poétique et symbolique.  Je pensais me souvenir en gros de l'histoire mais certaines péripéties ont su me surprendre, notamment la fin, douce-amère. 

(Mon exemplaire a depuis longtemps perdu sa jaquette, mais je vous mets l'illustration qui aurait dû y figurer!  Et en bonus, juste pour le plaisir, le dessin du serpent!)



Le Petit Prince d'Antoine de Saint-Exupéry, 1943, 97 p.