26 novembre 2011

La Petite Fille qui aimait trop les allumettes

Quel roman d'une habileté démoniaque!  Mon billet sera court car il est difficile d'en parler sans trop dévoiler...  Disons qu'il y a deux adolescents laissés à eux-mêmes à la mort de leur père; ayant toujours vécus dans un isolement quasi total et dans des conditions abjectes, ils ont une vision complètement distordue de la réalité. Et c'est cette réalité qu'ont tente de découvrir peu à peu, à travers leurs mots imagés, leurs tournures de phrases étranges.

Avoir réussi à traiter d'un tel sujet avec tant d'humour et d'invention, c'est un vrai tour de force!  Complètement déstabilisant! Cette histoire va me hanter pendant plusieurs jours, je le sens.  Je suis peut-être dans le champ, mais cela me rappelle un peu Réjean Ducharme (que j'ai lu quand j'étais ado, donc qu'il me pardonne si ça n'a aucun rapport...), un peu aussi le Michel Folco d'Un Loup est un loup.


La Petite Fille qui aimait trop les allumettes de Gaétan Soucy, 1998, 180 p.

21 novembre 2011

Middlesex

Moi, les histoires de changements de sexe, en général je n'embarque pas trop.  Au-delà de Mrs Doubtfire ou de Tootsie, je commence à grincer des dents. Ajoutez à cela l'inceste et on se dirige tout droit vers le désastre.  Et pourtant... Ces deux thèmes sont annoncés dès les premières pages, et je suis restée rivée à ce bouquin!  Jeffrey Eugenides est un génie.

C'est d'abord l'écriture qui m'a plu. L'humour est débridé mais jamais scabreux. Il y a de belles envolées lyriques (Sing now, Ô muse, of the recessive mutation on my fifth chromosome!), des petites bribes d'information disséminées ici et là pour attiser notre curiosité... Eugenides emprunte beaucoup au cinéma, utilisant des techniques comme le flashback, le travelling et plusieurs autres dont je ne connais pas le nom. 

L'hameçon avalé, il ferre le poisson grâce à des personnages attachants et de formidables descriptions historiques: Le pillage de Smyrne par les Turcs en 1922, le Détroit de la prohibition, des émeutes raciales... On croirait y être!

Je n'ai qu'une question pour ceux qui ont lu ce roman: pourquoi le frère de Callie s'appelle-t-il Chapter Eleven? J'avoue que ce détail m'a échappé.

Tiens, en voilà une bonne idée! Courez vous le procurer, lisez-le et ainsi vous pourrez peut-être me donner la réponse. Tout le monde y gagne.


Middlesex de Jeffrey Eugenides, 2002, 529 p.  Titre de la version française: Middlesex.