25 juillet 2012

Le Goût des pépins de pomme

Après tout le tintouin que la traduction française de ce roman allemand a provoqué dans la blogosphère, je m'attendais à quelque chose de formidable.  C'est sans doute pour cela que je suis un peu déçue de le trouver juste «bien». C'est l'histoire d'une jeune femme qui revient dans la maison de campagne que lui a légué sa grand-mère et qui voit tous ses souvenirs de famille remonter à la surface. C'est intéressant et agréable à lire, cela parle de mémoire et d'oubli, des lieux qui nous ont marqués, mais jamais je ne me suis sentie emportée, je suis toujours restée observatrice extérieure. Je pense que la traduction n'a pas aidé, j'ai trouvé le rythme saccadé, le style banal, les dialogues artificiels. D'habitude j'adore les description de jardins et de bouffe, mais là je suis restée indifférente, sauf durant quelques passages plus réussis.

Bref, déception.  D'ailleurs, ai-je imaginé cet engouement universel, est-ce que tout le monde a adoré ce livre sauf moi?  J'ai peut-être été surtout attirée par la magnifique couverture...


P.S. Après un rapide tour non exhaustif de la blogoboule, il semble que les avis soient très partagés, soit on a adoré, soit on n'a pas accroché.  Je ne mets aucun lien, il y en a trop!


Le Goût des pépins de pomme de Katharina Hagena, traduit de l'allemand, 2008 (trad. en 2010), 268 p.

21 juillet 2012

La Chambre

Adolescente je me souviens avoir lu un roman sur l'emprisonnement de la famille royale dans la Tour du Temple après la Révolution française, mais quels en étaient le titre et l'auteur? Dumas peut-être? Cet auteur ne se gênait pas pour prendre parti: les nobles étaient nobles, les autres étaient des rustauds ou des brutes. Le seul parti que Françoise Chandernagor prend ici, c'est en faveur de l'enfant, le petit Louis-Charles qui vécut un véritable calvaire.

Se basant sur des documents d'époque, notamment les archives du Temple, l'auteure a tenté de reconstituer les dernières années de celui qui aurait pu devenir Louis XVII. Arraché à sa mère, il fut quasiment emmuré dans une chambre isolée où il mourut deux ans plus tard, abruti par les privations, le manque de stimulation, les souvenirs de plus en plus vagues «d'avant» et le syndrome de Stockholm qui le fit accuser sa mère des pires vices pour plaire à ses geôliers. Cette chambre se trouvait au coeur d'une machine bien huilée mais déréglée, où chaque mouvement s'accomplissait de façon quasi automatique, indépendamment des autres.  Cette chambre était aussi dans l'oeil d'une tornade politique, secouée par les vagues successives de magouilles et de nettoyages idéologiques dont l'enfant ne prenait vaguement conscience que par les changements de gardiens et d'inspecteurs qu'il remarquait à peine à travers sa torpeur.  Dans cette chambre, il n'est plus un petit garçon mais, selon le point de vue, un symbole, un otage, un fardeau.

Une histoire fascinante, mais à ne pas lire dans un de ces moments où l'Humanité nous décourage, à moins de vouloir enfoncer le clou encore plus...


Le billet de Laurence du Biblioblog.


La Chambre de Françoise Chandernagor, 2002, 290 p.

16 juillet 2012

Les Champs d'honneur

 Comme il y a fort longtemps que j'ai noté ce titre (merci au blogueur inconnu!), je croyais me rappeler qu'il s'agissait d'un roman sur la Première Guerre mondiale. La photo de la couverture m'avait d'ailleurs confortée dans cette idée.  Finalement, il n'en sera vraiment question que vers la fin, en un poignant passage d'une trentaine de pages.

C'est plutôt un livre sur la mémoire, une tentative de rendre immortels ceux qui pourraient tomber dans l'oubli. Car s'il se présente comme un roman, c'est en fait de sa propre famille dont l'auteur nous parle, vue à travers le filtre de ses souvenirs.

J'avoue avoir eu quelques craintes dans le premier chapitre, lorsque l'auteur nous décrit pendant une dizaine de pages les différentes sortes de pluie affectant la région de Nantes et leurs effets sur la population... Un peu plus je me croyais revenue au temps où les écrivains étaient rémunérés à la page et où donc les longues descriptions étaient payantes! Heureusement, le récit reprend par la suite et l'intérêt ne fléchit plus.

Humour et émotion sont au rendez-vous, servis par une belle plume classique, intemporelle donc indémodable.  J'ai particulièrement aimé le personnage de la grande-tante, vieille fille pieuse auteur d'un catalogue des saints permettant de savoir à qui s'adresser pour chaque type de tracas (objets perdus, sécheresse, maladie d'un cochon, etc). Seul petit défaut, on a parfois de la difficulté à s'y retrouver parmi tous les membre de la famille; un arbre généalogique n'aurait pas été de trop.

L'histoire se poursuit dans Des Hommes illustres, où l'on se concentre sur le personnage du père; je l'inscris de suite sur ma liste!


Les Champs d'honneur de Jean Rouaud, 1990, 189 p.

11 juillet 2012

Anansi Boys

À la lecture d'American Gods l'an passé (quoi? C'était en 2009?!? Mon doux que le temps file...), j'avais bien compris qu'entre Neil et moi c'était le début d'une belle amitié. J'avais adoré son humour et son intelligence, et aussi le fait qu'il respecte mon intelligence à moi, ma capacité de faire des liens (et d'utiliser des ouvrages de référence à bon escient là où ma culture mythologique faisait défaut).  Le seul petit hic, ce qui avait empêché ce roman d'être cité dans mes coups de coeur annuels, c'est que le personnage principal n'était pas vraiment sympathique, ayant un caractère un peu froid et détaché (ce qui était voulu, on en apprenait la raison à la fin du bouquin).

Dans Anansi Boys, on retrouve un peu le même style d'histoire et les mêmes qualités, mais avec une atmosphère beaucoup plus chaleureuse et des personnages qu'on aimerait connaître «dans la vraie vie».  Apprenant qu'il est en fait le fils du défunt dieu-araignée Anansi, Fat Charlie est entraîné dans une suite d'aventures rocambolesques par l'arrivée d'un frère, Spider,  dont il ignorait l'existence.  J'ai ri, je me suis exclamée devant certains revirements de situation (ces temps-ci je lis souvent sur mon balcon, mes voisins doivent me penser folle à entendre mes couinements!), et moi qui suis arachnophobique, j'ai jubilé à l'arrivée d'une armée d'araignées! C'est vous dire la force de cette écriture!

Vraiment, j'ai beau me forcer, je ne trouve qu'un seul défaut à ce livre. Quelqu'un pourra dire à Neil de se laver les cheveux avant sa prochaine séance de photos promotionnelles? J'ai beau tenter de me persuader que, non non, c'est juste qu'il y avait une petite bruine ce jour-là à Londres, ça ne marche pas...



Les billets de Tamara, Cachou, Hydromielle (dont l'avis est à l'opposé du mien!), Thom (idem!!).  Décidément, des avis très contrastés!


Anansi Boys de Neil Gaiman, 2005, 336 p. Le titre de la version française est inchangé, bizarrement.

06 juillet 2012

La Porte du ciel

Tout à fait par hasard, après ma lecture de The Help, je continue sur le thème de la condition des Noirs américains, cette fois au XIXe siècle, avant et pendant la Guerre de sécession.

Comme Du Bon Usage des étoiles, lu l'an dernier, avait été un gros coup de coeur, j'avais peur d'être déçue en lisant une des oeuvres suivantes de Dominique Fortier.  Et comme de fait, la barre était peut-être trop haute et je n'ai pas ressenti l'émerveillement vécu lors de la lecture du premier roman.

Pourtant je ne me suis pas ennuyée et j'ai aimé retrouver la belle plume de Fortier, même s'il y manque un petit je-ne-sais-quoi, peut-être un brin de folie. J'ai trouvé quelques-unes des métaphores sur les couleurs (le jeu d'échecs, la crème dans le café) un peu trop appuyées, même si d'autres sont plus réussies, notamment tout ce qui a trait à l'art de la courtepointe (quilting).  D'ailleurs, saviez-vous que des courtepointes accrochées dans des fenêtres indiquaient aux esclaves en fuite les maisons où ils pourraient trouver refuge, et même que leurs  motifs étaient utilisés comme code?

Même si quelques scènes sont dures, c'est une lecture plutôt légère et agréable; on est loin du Beloved de Toni Morrison!  Je continuerai à lire Mme Fortier avec plaisir, j'aime sa façon d'assembler des éléments disparates, et j'ai toujours sur ma liste son deuxième roman, Les Larmes de saint Laurent (et non Les Larmes du Saint-Laurent, comme je l'avais d'abord distraitement écrit!!)


Les billets de Jules, Suzanne et Venise.


La Porte du ciel de Dominique Fortier, 2011, 286 p.

01 juillet 2012

The Help (La Couleur des sentiments)

J'adore ces romans qui présentent un équilibre entre l'émotion, l'humour et une tension dramatique qui monte au fur et à mesure qu'on avance. Et qui, sans en avoir l'air, vous font réfléchir un brin.

Alors même que je cherchais un roman choral (à narrateurs multiples) pour la prochaine édition du Blogoclub, sans le savoir j'en avais un dans la liseuse! En effet, ce sont les voix distinctes des trois personnages principaux qui se font entendre tour à tour: Skeeter, une jeune femme blanche issue d'une famille relativement aisée de Jackson, Mississipi, et Minnie et Aibileen, deux domestiques noires.  On est au début des années soixante et le Sud des États-Unis est en ébullition.  Lorsque Skeeter décide d'écrire un livre sur les relations entre les bonnes noires et les familles blanches qui les emploient, c'est peut-être au péril de leur vie que Minnie et Aibileen acceptent d'y participer en racontant leur histoire. Une amitié qui semblait impossible se développera peu à peu. On mesure tout le chemin accompli en quelques décennies, même si tout n'est pas encore réglé, loin de là! Qu'on pense seulement qu'à l'époque, les lois empêchaient les Noirs de boire aux mêmes fontaines que les blancs, d'acheter des timbres aux mêmes comptoirs postaux, de fréquenter les mêmes cinémas, pharmacies et bibliothèques publiques...

Un roman qui pourrait bien se retrouver dans mes coups de coeur de 2012!


The Help de Kathryn Stockett, 2009, 451 p. Titre de la version française: La Couleur des sentiments.