30 août 2022

La Panthère des neiges

Quelle merveille!  Si ce livre ne se retrouve pas dans mon Top 3 annuel, il recevra le prix «On n'a jamais trop de beauté dans nos vies», c'est sûr et certain!

Après la Sibérie, après Bérézina, Sylvain Tesson nous entraîne maintenant au Tibet, sur les traces de l'élusive panthère des neiges, en compagnie de son ami, photographe animalier de son état, de la fiancée de celui-ci, elle-même cinéaste animalière, et d'un étudiant en philo faisant office d'assistant.  

Pour espérer apercevoir enfin le magnifique félin, il faut rester immobile pendant des heures sur les pentes rocailleuses et désertes, par -20°.  Pour tout divertissement, on apercevra de temps en temps un troupeau de yaks, quelques ânes sauvages, un loup ou un renard, un aigle dans le ciel. Le reste du temps on réfléchit  aux origines de la vie, à la place de l'humain dans tout ça, mais aussi on invente des aphorismes jugés plus ou moins réussis par nos compagnons de bivouac!

Tesson fait ici l'éloge de l'attente, de la patience, du silence, dans un monde bruyant au rythme de plus en plus effréné.  Il me perd parfois avec ses élucubrations philosophiques et l'on a de temps en temps l'impression qu'il se regarde écrire (comme on dit «il s'écoute parler»).  Mais je lui pardonne parce qu'il fait preuve de beaucoup d'humour et d'auto-dérision, que ses descriptions de lieux et d'animaux me transportent et qu'il a parfois des flashs (des fulgurances, pour employer un terme à la mode!) qui me coupent le souffle.

Et puis j'adore qu'au détour d'une phrase apparaissent des références à Proust, à Melville, à Flaubert, à Duras, petits clins d’œil qu'il ne prend pas la peine d'expliquer.  En voilà un qui fait confiance à ses lecteurs, et c'est aussi pour cela que je l'aime!

 

La Panthère des neiges de Sylvain Tesson, 2019, 152 p.

28 août 2022

The House in the Cerulean Sea (La Maison au milieu de la mer céruléenne)

«Un roman qui véhicule de beaux messages»...  Voilà exactement le genre de commentaires qui me fait fuir à toutes jambes!  La couverture, bien que jolie, en rajoute une couche en me faisant penser à un album pour enfants.  C'est donc avec énormément d'appréhension que j'ai entamé ce livre de TJ Klune, mais comme il a été choisi pour le club de lecture d'août du forum Livraddict (thème: histoire se déroulant sur une île) et que j'y ai parfois eu de belles surprises (coucou, M. Pevel!), j'ai décidé de lui donner sa chance.

J'ai été enchantée de découvrir un ton à la Neil Gaiman, avec beaucoup d'humour et un personnage principal dans le genre de ceux qu'on retrouve souvent chez lui, un type un peu minable mais sympathique.  Le point de départ n'est pas des plus originaux (une énième institution peuplée d'enfants aux pouvoirs spéciaux), mais les personnages secondaires le sont, et ils sont de surcroît fort attachants.  

Jusqu'à la moitié du bouquin, je nageais dans un bonheur total.  Malheureusement, cela s'est gâté lorsque les fameux messages politiquement corrects se sont pointés, chaussés d'énormes sabots.  Je suis tout à fait pour l'inclusion, la tolérance, l'acceptation de soi et le respect de la différence.  Je n'ai donc nul besoin de me faire enfoncer ces valeurs dans la gorge avec un manche à balai.  Je préfère nettement lorsqu'un auteur soulève des problématiques, en expose les différentes facettes dans toute leur complexité, mais nous laisse arriver à nos propres conclusions.  Fais confiance à tes lecteurs, TJ!

J'ai aussi trouvé que les conflits se règlent un peu trop facilement et que la fin est un peu prévisible, bien que certains rebondissements aient su me surprendre.  Je reste tout de même avec une impression positive et je recommande sans hésiter ce roman pour quand l'envie d'une lecture doudou vous prendra. 


The House in the Cerulean Sea de TJ Klune, 2020, 300 p.  Titre de la traduction française: La Maison au milieu de la mer céruléenne.

26 août 2022

Shopaholic Ties the Knot (L'Accro du shopping dit oui)

Shopaholic, tome 3 (L'Accro du shopping, tome 3)

Quel plaisir de retrouver les fameuses lettres du banquier de Becky, l'accro du shopping et incorrigible dépensière au grand cœur!  Ces missives me font toujours bien rigoler!  Elle a un nouveau banquier, le pauvre ne sait pas encore ce qui l'attend! 

Après ce petit bonheur initial, j'ai un peu déchanté.  Jusqu'au milieu du bouquin, je trouvais que c'était du remâché des tomes précédents.  Rien d'original, rien de surprenant.  Au point que je me suis demandé si j'allais abandonner le reste de la série (qui compte neuf tomes, plus un hors-série non traduit!).

Heureusement, dans la deuxième moitié l'intrigue se corse, un suspense s'installe et surtout plusieurs péripéties sont vraiment très drôles.  La fin n'est pas plus étonnante qu'il faut, mais tout de même satisfaisante.

Pour ceux qui se posent la question, je vais continuer la série, en m'assurant de bien espacer les tomes pour éviter l'effet répétitif! 


Shopaholic Ties the Knot (Shopaholic, tome 3) de Sophie Kinsella, 2003, 407 p.  Titre de la traduction française: L'Accro du shopping dit oui (L'Accro du shopping, tome 3)

19 août 2022

Sur la lecture

Les premières pages de cet essai sont un pur délice puisqu'on a l'impression de se retrouver à Combray!  Proust y raconte ses souvenirs de lecture d'enfance, quand il se cachait pour lire dans un coin reculé du parc ou qu'il rallumait sa lampe pour lire au lit.

Par la suite, ce cher Marcel partage ses idées sur la lecture (comme le titre l'indique!) et le ton devient très intellectuel.  Selon lui, la lecture ne devrait servir qu'à ouvrir notre esprit et nourrir notre vie spirituelle.  Alors que pour moi, certains livres peuvent nous distraire, nous égayer, nous émouvoir, sans nécessairement faire appel à notre intellect, et c'est déjà beaucoup.  Ce qu'il faut, c'est trouver l'équilibre qui nous convient entre les différents types de lecture.

Je me suis assez reconnue dans la description qu'il fait d'un esprit un peu paresseux que la lecture vient éveiller, stimuler.  C'est d'ailleurs l'effet qu'a produit son essai sur mon cerveau, me donnant l'occasion de me questionner sur ma propre conception de cette activité que je chéris pour plusieurs raisons.

L'essai est suivi d'un court article, Journées de lecture, où il explique qu'il se résout à lire quand il a épuisé toute possibilité de rencontrer quelqu'un en personne ou par téléphone (par l'entremise des «demoiselles du téléphone»!  Comme la technologie a évolué depuis...).  Mon propre ordre des priorités est complètement l'inverse! 


Sur la lecture, suivi de Journées de lecture de Marcel Proust, 1906, 51 p.

09 août 2022

La Première Gorgée de bière et autres plaisirs minuscules

Dans ce recueil de courts billets, à mi-chemin entre récits autobiographiques et poèmes en prose,  Philippe Delerm nous entraîne sur les chemins de la mémoire grâce à une trentaine de petites madeleines de Proust. En effet, tel goût, tel son, telle odeur sont pour lui l'occasion de se rappeler les menus plaisirs de la vie quotidienne: écosser des petits pois, manger un croissant en revenant à pied de la boulangerie tôt le matin, prendre un petit porto...  Bien sûr, chaque lecteur n'aura pas vécu exactement ce qu'il raconte, mais souvent une expérience similaire lui viendra à l'esprit.  Par exemple, nous avons peu à Montréal de ces trottoirs roulants qu'il mentionne (peut-être y en a-t-il à l'aéroport?), mais j'ai souvent ressenti ce qu'il décrit en empruntant des escaliers mécaniques. 

C'est frais et léger, parfait pour ces temps de canicule!  Je lirais bien autre chose de cet écrivain si vous avez des titres à me suggérer!


La Première Gorgée de bière et autres plaisirs minuscules de Philippe Delerm, 1997, 94 p.

08 août 2022

Edge of Eternity (Aux portes de l'éternité)

The Century Trilogy, tome 3 (Le Siècle, tome 3)

Est-ce que ça vous fait la même chose?  Quand je termine une série littéraire, je ressens un sentiment de satisfaction, proche cousin de celui du devoir accompli: voilà, cette trilogie fait maintenant partie de mon bagage culturel.  Il peut s'y ajouter un petit pincement au cœur, une vague tristesse.  Je quitte ce monde, je n'y retournerai pas.  Ces personnages, je ne les verrai plus.  

C'est bien le sentiment qui m'habite alors que je viens de (virtuellement) tourner la dernière page de ce roman, les larmes aux yeux... car la fin est fort émouvante.

Pourtant, je dois avouer que ce tome 3 est légèrement inférieur aux deux premiers.  J'y ai trouvé quelques longueurs, surtout dans les parties où l'on se concentre plus sur la vie personnelle des personnages, leurs petites amourettes, leurs querelles.  Ken, je me fiche de savoir qui a couché avec qui, reviens aux Kennedy, à Martin Luther King, au Mur de Berlin, au Kremlin.  C'est là que tu sais être passionnant, nous tenir en haleine les fesses au bord du siège.  Aussi, Ken, pas besoin, chaque fois qu'on revient à un personnage, de nous redire ce qu'il lui est arrivé dans les chapitres précédents.  Ça va, on est capable de suivre!

Néanmoins, cela reste une excellente lecture, et une excellente fin de trilogie!


Edge of Eternity (The Century Trilogy, tome 3) de Ken Follett, 2015, 970 p. Titre de la traduction française: Aux portes de l'éternité (Le Siècle, tome 3)