Je connaissais déjà les sœurs Charlotte (Jane Eyre, un coup de cœur!) et Emily (Wuthering Heights, qu'à vingt ou trente ans j'avais trouvé un peu trop sombre mais que j'apprécierais sans doute plus maintenant que mes goûts se sont diversifiés), il me restait à découvrir Anne. La sélection de juillet du club de lecture du forum Livraddict m'en a donné l'occasion.
Malheureusement cela ne s'est pas bien passé... C'est en partie ma faute: voulant éviter tout divulgâcheur, je n'avais pas lu la quatrième de couverture et je m'attendais à une ambiance gothique: la lande balayée par le vent, des légendes voulant que le manoir soit hanté, que sais-je? Avouez que la couverture de cette édition pouvait d'ailleurs donner cette impression, non? Or, ce n'est pas ça du tout. On est plutôt dans un roman social sur la place de la femme dans la société anglaise, le mariage, la religion, etc. Sujets en soi intéressants, mais que j'ai trouvés traités d'une plume qui manquait par trop de subtilité.
L'histoire commence plutôt bien: les personnages sont intéressants, les dialogues amusants, les paysages charmants. Dans le voisinage, les commérages vont bon train concernant la mystérieuse locataire du manoir de Wildfell Hall. Après un certain temps, j'ai toutefois commencé à trouver que l'action prenait du temps à démarrer... On change alors de narrateur, puisqu'on se retrouve dans le journal de la fameuse locataire et qu'on découvre donc sa véritable identité. Et là, c'est la catastrophe! Cette femme, à la fois trop parfaite et d'une bigoterie insupportable (mais présentée comme admirable!), est mariée à un complet salaud égocentrique. Vraiment, j'en aurais pris un pour frapper l'autre. D'ailleurs, tous les hommes de leur entourage sont des canailles à différents degrés. Et le journal en question constitue les deux-tiers du roman!
Quand enfin l'on revient aux personnages du début, ce n'est pas mieux puisqu'on tombe dans le prêchi-prêcha religieux. J'ai donc finalement passé les trois-quarts du roman à soupirer et à lever les yeux au ciel.
Seul point positif, cela m'a donné envie de retourner à la sœur d'Anne, Charlotte, et j'ai fait des fouilles archéologiques pour retrouver mon vieil exemplaire de Villette...
The Tenant of Wildfell Hall d'Anne Brontë, 1848, 528 p. Il y a au moins cinq ou six titres différents pour les traductions françaises!