31 décembre 2015

Bye-bye 2015!

C'est maintenant traditionnel, en ce 31 décembre je fais un petit bilan de toutes mes lectures de l'année.  Plusieurs livres mémorables, j'ai vraiment eu de la difficulté à choisir mon top 3!


En ordre chronologique:

  1. La Marche en forêt de Catherine Leroux
  2. À l'ouest  rien de nouveau de Erich Maria Remarque
  3. The Light Fantastic (Discworld, tome 2) de Terry Pratchett 
  4. Nikolski de Nicolas Dickner
  5. Meurtre à l'hôtel Despréaux (Les Chroniques de Gervais d'Anceny, tome 1) de Maryse Rouy
  6. La Vie mode d'emploi de Georges Perec
  7. Le Déchronologue de Stéphane Beauverger
  8. Brida de Paulo Coelho (abandon)
  9. Le Liseur de Bernhard Schlink
  10. Wizard and Glass (The Dark Tower tome 4) de Stephen King
  11. The Philosopher and the Wolf de Mark Rowlands
  12. Texts from Jane Eyre de Mallory Ortberg
  13. Du côté de chez Swann (À la recherche du temps perdu, tome 1) de Marcel Proust
  14. Fall of Giants (trilogie The Century, livre 1) de Ken Follett
  15. Les Cendres d'Angela de Frank McCourt
  16. A Room with a View de E.M. Forster
  17. Ru de Kim Thuy
  18. Into Thin Air de Jon Krakauer
  19. Chercher le vent de Guillaume Vigneault
  20. Les Âmes grises de Philippe Claudel
  21. The Geographer's Library de Jon Fasman
  22. The City of Words d'Alberto Manguel (abandon)
  23. Le Royaume d'Emmanuel Carrère
  24. Le Soleil de Breda (Les Aventures du capitaine Alatriste, tome 3)  d'Arturo Pérez-Reverte
  25. Au fond du labo à gauche d'Édouard Launet
  26. L'Invention de nos vies de Karine Tuil
  27. Pieds nus dans l'aube de Félix Leclerc
  28. Confiteor de Jaume Cabré
  29. Six Degrés de liberté de Nicolas Dickner
  30. Au péril de la mer de Dominique Fortier
  31. La Parole perdue de Frédéric Lenoir et Violette Cabesos
  32. La Cathédrale de la mer de Ildefonso Falcones (abandon)
  33. The Martian de Andy Weir
  34. Elles ont fait l'Amérique (De Remarquables Oubliés, tome 1) de Serge Bouchard et Marie-Christine Lévesque
  35. The Know-It-All de A.J. Jacobs (billet à venir)

Top 3 de 2015:
 
Le choix a été déchirant!  Je vais donc donner une mention honorable à Pieds nus dans l'aube de Félix Leclerc, détrôné à la dernière minute par Le Royaume!  Et Fall of Giants de Follett aurait bien pu s'y retrouver aussi...


Prix citron 2015:

Brida de Paulo Coelho.  Si j'avais peu d'espoir d'être emballée par l'intrigue de ce roman(?) lu dans le cadre d'une lecture commune, c'est surtout le style de cet écrivain pourtant mondialement connu qui m'a déçue, en particulier son manque de subtilité. 


Surprise de l'année:

Du côté de chez Swann de Marcel Proust.  Je ne m'attendais pas à aimer autant ce roman dans lequel, avouons-le, il ne se passe pas grand-chose...  N'eût été quelques longueurs, il aurait fait partie du top 3!


Quelques statistiques:
 
Sur la liseuse: 11
Littérature québécoise: 8
En VO anglaise: 11
Traduits de l'allemand: 2
Traduits de l'espagnol et du catalan: 3
Traduit du portugais: 1
Abandons: 3 (Forte hausse par rapport à l'an passé! Ai-je été malchanceuse ou moins patiente?)


Résolutions 2016

L'an dernier ma résolution était de me lancer dans À la recherche du temps perdu.  J'aurais pu m'engager à continuer la série en 2016, mais j'ai tellement aimé Du côté de chez Swann que ce serait un peu absurde d'en faire une résolution...  Par contre, cette réussite me donne une idée, c'est de viser une autre œuvre qui me fait un peu peur: Voyage au bout de la nuit de Céline.  Voilà, c'est dit, c'est ma résolution pour 2016!


Et vous, des livres marquants, des déceptions, des résolutions?

Je profite de l'occasion pour vous souhaiter, gentils lecteurs, une formidable année remplie de petits trésors de lecture!

27 décembre 2015

Elles ont fait l'Amérique

(De remarquables oubliés, tome 1)

Comme elles sont fascinantes ces femmes, pionnières, artistes, blanches, métisses ou autochtones, qui ont jalonné l'histoire de l'Amérique du Nord!  Pourtant on n'en entend jamais parler, ce à quoi a remédié Serge Bouchard dans ce qui a d'abord été une série de chroniques radiophoniques dont j'ai raté la diffusion mais qui ont été très populaires.  Faisant d'une pierre deux coups, il nous fait aussi comprendre à quel point les Canadiens français (qui ne portaient pas encore ce nom, bien sûr) ont joué un rôle important dans l'exploration et la colonisation de l'Amérique du Nord au grand complet.

Il y a seulement deux petites choses qui m'ont déçue. D'abord l'utilisation complètement farfelue des majuscules (la reine victoria, un fils Métis, [sic et re-sic et etc]) à de multiples reprises, mais peut-être est-ce seulement dans l'édition numérique?  Deuxièmement, le fait que je n'ai pas entendu dans ma tête la grosse voix bourrue de mon mammouth laineux préféré comme cela avait été le cas lors de lectures précédentes.  On dirait que Marie-Christine Lévesque, chargée de la transposition de l'oral à l'écrit, a décidé de lisser les aspérités, choix peu judicieux car le résultat est un peu terne, selon moi.

Un livre très intéressant, bien que certains chapitres auraient pu être écourtés.  C'est pourquoi je recommande de ne pas le lire d'une traite mais d'alterner avec d'autres lectures.


Elles ont fait l'Amérique (De remarquables oubliés, tome 1) de Serge Bouchard et Marie Christine Lévesque, 2011, 442 p.

20 décembre 2015

The Martian (Seul sur Mars)

Une sorte de Cendrillon littéraire...  Andy Weir, un gars un peu nerd passionné d'astronomie, publie en feuilleton sur son blogue un roman de SF, l'histoire d'un astronaute abandonné sur la planète Mars par ses collègues qui le croient mort.  Robinson Crusöé rencontre Apollo XIII.  Les lecteurs du blogue demandent une façon plus conviviale de lire le roman.  Le gars met son texte sur Amazoune, à 99 cents le téléchargement, le minimum exigé par la plate-forme.  Des milliers de téléchargements plus tard, il se fait remarquer par un éditeur, se retrouve dans la liste des best-sellers du New York Times, vend les droits cinématographiques et voilà que Matt Damon joue le rôle du sympathique et débrouillard Mark Watney!

Alors me voilà obligée de ravaler tout ce que j'ai toujours pensé de l'auto-édition.  Je dois maintenant l'avouer, cela peut donner de petits bijoux!  C'est drôle, c'est intelligent, plein de références à des séries, films ou romans.  Bien sûr il y a pas mal de détails scientifiques et techniques, alors si ce genre de choses vous donne de l'urticaire, passez votre chemin.  Mais sinon n'ayez crainte, tout est bien expliqué et le lecteur lambda saura s'y retrouver.  Le tour de force, c'est justement d'avoir réussi à nous amener au-delà de la technique et d'avoir laissé passer l'émotion. J'ai ri plusieurs fois et j'ai même versé quelques larmes.

Il paraît que le film est très bien, qui l'a vu?


The Martian de Andy Weir, 2014, 369 p. Titre de la traduction française: Seul sur Mars.

26 novembre 2015

La Cathédrale de la mer -- abandon!

Il est rare que j'abandonne un roman après 350 pages...

Même si la construction de la cathédrale du titre joue un rôle moins central que dans Les Piliers de la terre,  on ne peut s'empêcher de comparer ce roman avec celui de Follett.  Le fait qu'il se déroule à Barcelone au XIVe siècle lui donne une certaine originalité, et le début était très prometteur.  Mais là où Follett nous fait oublier sa grande érudition, Falcones ne peut s'empêcher de prendre un ton didactique: voici tout ce que je sais sur le métier de portefaix, voici le résultat de mes recherches sur le système monétaire et sur le commerce international, et sur la guerre entre la Catalogne et Majorque, etc.  Là où Follett sait rendre ses personnages si attachants qu'on en verse des larmes lorsqu'il leur arrive malheur, Falcones échoue lamentablement.  J'ai tenté de m'accrocher, espérant retrouver l'intérêt des premiers chapitres, mais le cœur n'y était plus.


La Cathédrale de la mer de Ildefonso Falcones, 2006, traduit de l'espagnol en 2008, 615 p.  Titre de l'original: La Catedral del mar.

10 novembre 2015

Paul à Québec - Le film!

Je vous parle rarement de cinéma...  Mais là, comme le film Paul à Québec est basé sur une bande-dessinée de Michel Rabagliati dont je vous ai déjà parlé, et qu'en plus l'événement Québec en novembre bat son plein, ce billet s'imposait!

En fait, il s'imposait surtout parce que ce film est EXCELLENT!!! Les mots me manquent pour vous dire à quel point.  Les acteurs sont extraordinaires et sont dirigés de main de maître par le réalisateur François Bouvier. Les clins d'oeil à la bande dessinée sont très sympathiques; on voit même les mains de Michel Rabagliati en action!   Mais avant tout, ce qui m'a frappée c'est l'équilibre parfait entre le drame et la comédie, les deux entremêlés si parfaitement qu'on en vient à rire à travers nos larmes.  Et ça, ce n'est pas évident à accomplir, vous en conviendrez. La moindre petite erreur de dosage et tout bascule irrémédiablement.

Chers lecteurs québécois, courez voir ce film, vous ne le regretterez pas!  Et vous chers lecteurs européens, en attendant qu'il sorte dans un cinéma près de chez vous,  vous pouvez vous rabattre sur la BD!

07 novembre 2015

La Parole perdue

Un avis un peu mitigé pour cette aventure historico-métaphysique de Frédéric Lenoir (dont j'avais bien aimé L'Oracle della Luna) et Violette Cabesos.

Premier agacement, il s'agit de la suite de La Promesse de l'ange, des deux mêmes auteurs, mais l'éditeur ne l'a indiqué nulle part.  Tout au plus mentionne-t-on en quatrième de couverture qu'on est «dans la lignée de...».  Bon, me suis-je dit, c'est donc qu'on peut les lire dans le désordre, un peu comme les Dan Brown, dont j'ai lu sans battre un cil le deuxième avant le premier.  Or, ici, il aurait été nettement préférable de procéder en ordre chronologique, car il est fait de nombreuses références au premier tome, jusque dans la résolution de l'intrigue.  Je comprends bien que cela permet aux personnages d'évoluer d'un livre à l'autre, contrairement au Robert Langdon de Brown qui reste imperturbable malgré toutes ses tribulations.  J'aurais juste aimé qu'on m'avertisse, voilà tout.

De plus, l'intrigue elle-même est plutôt tirée par les cheveux.  J'ai essayé de vous la résumer en quelques lignes et j'ai abandonné.  Disons seulement que cette parole perdue est ce que le Christ aurait griffonné dans le sable selon le verset de la bible où il sauve Marie-Madeleine de la lapidation.  Cette dernière aurait-elle confié ces mots à quelqu'un, et cette connaissance aurait-elle subsisté jusqu'à nos jours?  Y a-t-il un lien avec les meurtres de plusieurs archéologues à Pompéi et avec la maladie d'une petite fille qui semble possédée?   Je n'ai rien contre un peu de métaphysique mais je préfère lorsque c'est suggéré plus qu'imposé.  Quant aux dialogues, ils manquent de naturel et le niveau intellectuel de l'ensemble est nettement moins élevé que dans L'Oracle della Luna, à part une courte discussion sur le stoïcisme, ce qui m'a déçue.

Par contre, j'ai beaucoup aimé les chapitres historiques, qu'ils soient médiévaux ou en particulier antiques.  La reconstitution de Rome et de Pompéi au premier siècle après Jésus-Christ est vraiment réussie et le récit de l'éruption du Vésuve donne froid dans le dos.  Et dans la partie contemporaine, le passage où l'on visite les fouilles de Pompéi est tout à fait fascinant.

Un roman qui obtient tout juste la note de passage.


La Parole perdue de Frédéric Lenoir et Violette Cabesos, 2011, 537 p.

06 novembre 2015

Blog-it express ne répond plus!

Suis-je la seule à avoir des problèmes avec le widget Blog-it express? (Il s'agit de ce carré de couleur où j'inscrivais divers messages reliés au blogue ou à l'actualité, qui apparaissait dans la colonne de droite jusqu'à tout récemment.)

Il n'apparaît plus sur mon blogue bien qu'il soit encore installé, et le site est «en maintenance» depuis plusieurs jours...


Addendum:  Je l'ai désinstallé car il semblait maintenant ralentir l'affichage du blogue!  :-(

05 novembre 2015

Au Péril de la mer

Petite déception, disons-le d'entrée de jeu, pour ce roman que j'attendais avec impatience, comme le démontre le fait que je l'ai lu quelques semaines après sa sortie, moi qui suis d'ordinaire en retard de deux ou trois rentrées littéraires.  Mes attentes étaient peut-être trop élevées!

La plume de Dominique Fortier est toujours aussi agréable à lire, je ne me suis donc pas ennuyée.  Mais j'ai eu en terminant une impression d'inachevé, et surtout de décousu. Passer du coq à l'âne, cela convient pour un recueil comme Révolutions, pas nécessairement pour un roman.  Il faudrait au moins un lien entre les parties contemporaines et historiques, comme c'était le cas dans Les Larmes de saint Laurent, or je n'en ai pas vu, hormis le fait que certaines scènes se déroulent au bord de l'océan.  J'ai aussi trouvé que l'on restait toujours en surface des choses, alors qu'elle nous avait habitués à des oeuvres beaucoup plus travaillées.

L'auteure avoue elle-même qu'elle a eu de la difficulté à recommencer à écrire après la naissance de sa fille et le bouleversement total qu'est la maternité.  Disons que ce bouquin était un petit réchauffement pour se remettre en selle!


Au péril de la mer de Dominique Fortier, 2015, 171 pages.


03 novembre 2015

Six Degrés de liberté

Au lieu d'«une femme encore jeune», il dit qu'elle «dispose encore d’une tranche significative de son existence en aval».  Quel fin finaud ce Nicolas!

Comme dans les romans précédents de Dickner, on est dans le thème de la géographie, des voyages.  Les personnages principaux sont du genre à ne pas rentrer dans le rang, jamais.   Une jeune fille fascinée à la fois par l'idée d'évasion et celle de cachette, son ami d'enfance, un hacker de génie (oups, pardon, un pirate informatique, nous dit l'OLFQ), une ex-fraudeuse qui purge sa peine en travaillant comme consultante pour la GRC, sur la piste d'un mystérieux conteneur peut-être utilisé à des fin terroristes.

Trouvez-vous que la littérature québécoise est un peu lourde ces temps-ci?  Inceste, intimidation, suicide, maladie...  Cela fait du bien d'être dans une ambiance plus guillerette, des fois.  On peut compter sur mon cher Nicolas pour nous sortir de l'ordinaire et de la morosité. Même s'il y a dans ce roman quelques moments plus émouvants lorsque la jeune fille visite son père en CHSLD (passages qui m'ont rappelé bien des souvenirs parce que j'ai vécu la même chose il y a quelques années),  on est plutôt en mode léger, ici. Ce qui ne veut pas dire que ça se lise comme de la chick-lit, bien au contraire.  Comme dans Nikolski, on suit plusieurs trames à la fois, et il y a en plus un décalage temporel.  Il faut donc porter attention pour déceler les indices nécessaires.  Dickner ne souligne pas ces indications à gros traits, faisant confiance à son lecteur, ce que j'apprécie particulièrement chez lui.


Six Degrés de liberté de Nicolas Dickner, 2015, 380 p.

01 novembre 2015

1er novembre...

C'est l'heure de Québec en novembre, le rendez-vous annuel organisé par Karine et Yueyin!  Pour ceux qui ne connaissent pas cet événement incontournable de la blogosphère littéraire, il s'agit tout simplement de lire au moins un livre québécois durant le mois et d'en jaser sur votre blogue.  On peut aussi parler de cinéma, de musique, de bouffe, etc.

Pour l'occasion, j'ai déjà deux billets en attente qui paraîtront dans les prochains jours:  Six Degrés de liberté de Nicolas Dickner et Au Péril de la mer de Dominique Fortier.  J'ai aussi une lecture en cours: Elles ont fait l'Amérique de Serge Bouchard et Marie-Christine Lévesque.

En passant, c'est aussi l'occasion ou jamais de compléter votre défi Québec-o-trésors...  Ça se termine le 30 novembre!  Tous les liens sont dans la colonne de droite, sous le logo du défi.

Bonnes lectures québécoises!




16 octobre 2015

Confiteor

Quand Yueyin et Karine se liguent pour nous donner le goût de lire quelque chose, c'est à peu près irrésistible... Mais ça, après le coup de Proust, je le savais déjà!

Impossible de résumer ce roman.  Si ce n'est de dire qu'il s'agit d'une longue lettre d'un érudit espagnol racontant sa vie à la femme qu'il aime et qui n'est plus là.  Ça c'est le canevas, mais il y a beaucoup plus, on passe d'un monastère catalan à Auschwitz en passant par un dispensaire en Afrique.  Cette lettre est presque comme un palimpseste dont les couches précédentes transparaissent à travers les lignes du texte plus récent... si bien que l'inquisiteur et l'officier nazi en viennent à se confondre, le jeune homme et son père aussi. Est-ce à cause de la maladie du narrateur ou est-ce simplement qu'il écrit comme il pense, laissant sa plume aller au rythme de ses divagations?  Ce procédé fait ressortir certains motifs ou archétypes: le mal, la rédemption et surtout la culpabilité, transmise en héritage comme le sont les objets chargés d'histoire que le père a laissés à son fils: un tableau, un violon, une médaille, un manuscrit...  Chacun prétexte à de multiples allers-retours temporels.

Tout ça avec un humour particulier, de belles réflexions sur l'amitié, sur l'art et sur la beauté, et une belle histoire d'amour!  Toutefois, choisissez bien votre moment pour lire cette bonne brique de presque 800 pages, car c'est une lecture qui demande un certain effort de concentration, avec ses sauts abrupts d'une époque à l'autre, souvent en plein milieu d'un paragraphe, sans avertissement, avec ce narrateur qui soudain se met à parler de lui-même à la troisième personne (pour prendre une distance?) et avec une pléthore de personnages (d'ailleurs n'hésitez pas à consulter la liste qui se trouve à la fin du volume, moi j'étais déjà rendue presque à la moitié quand j'en ai pris connaissance!).

Si je me souviens bien,  Karine en avait fait un de ses coups de coeur lors de son bilan annuel de 2014...  Il se pourrait fort bien qu'il se retrouve dans les miens cette année!  Le genre de livre à apporter sur une île déserte, car on ne doit pas se lasser de le relire et rerelire, découvrant toujours de nouveaux liens, de nouvelles couches. 


Confiteor de Jaume Cabré, traduit du catalan, 2013, 779 p.  Titre de la version originale: Jo confesso.


25 septembre 2015

Pieds nus dans l'aube

Le lendemain du jour où j'ai commencé ce roman de Félix Leclerc, qu'aperçois-je dans un pin, de bon matin?  Un geai bleu, comme sur la couverture!  Je n'en avais pourtant jamais vu en ville...  Cette lecture débutait sous les meilleures auspices.

Le narrateur (Félix lui-même?) a entre douze et quatorze ans.  Lui et son ami Fidor se tiennent donc au seuil de l'âge adulte et ne veulent pas le franchir de sitôt, sentant bien que les choses ne sont pas si roses de l'autre côté.  La vie se chargera, par découvertes et réalisations successives, de leur faire sauter le pas: le Père Noël n'existe pas, l'amour peut vous arracher le coeur, on peut être si pauvre qu'on n'a que des haillons pour se vêtir, même en hiver...   Heureusement qu'il y a l'amitié, la famille et la beauté de la Nature!

Les augures n'ont pas menti, j'ai adoré ce... est-ce un roman ou un récit autobiographique, on ne le sait pas trop.  Un peu des deux peut-être.  Toujours est-il que ça m'a vraiment prise aux tripes: c'est notre histoire, ce sont nos racines, ces personnages de défricheurs, de coureurs des bois, de forgerons, de mères de famille nombreuse, ils sont dans nos gènes!


Pieds nus dans l'aube de Félix Leclerc, 1946, 234 p.
 

21 septembre 2015

L'Invention de nos vies

C'est bien parce que les membres du club de l'émission Bazzo.TV ont su partager leur enthousiasme pour ce roman de Karine Tuil (écrivaine dont par ailleurs je n'avais jamais entendu parler)...  Sinon, jamais au grand jamais je n'aurais eu l'idée de lire un roman avec un tel titre!  Ça fait très psycho-pop, non?  Du style «Réinventez votre vie», etc.  Pas mon genre...

En plus, au début j'ai plus ou moins accroché à l'histoire.  Les deux personnages principaux me semblaient peu sympathiques:   l'un avocat très imbu de lui-même, l'autre une vraie chiffe molle qui a tenté de se suicider pour empêcher sa blonde de le quitter.  Disons qu'après les personnages entiers et francs d'Arturo Pérez-Reverte, ma lecture précédente, le contraste était frappant.  C'est l'écriture originale, inventive de Tuil qui m'a retenue.

Puis je me suis prise au jeu de cet échafaudage de mensonges construit par le personnage de l'avocat (musulman qui se fait passer pour juif afin de gravir les échelons de la société new-yorkaise).  Combien de temps pourra-t-il maintenir l'illusion?  Finalement, j'ai vraiment beaucoup aimé ce roman absolument fascinant et très actuel, tant dans sa forme que dans son fond.


L'Invention de nos vies de Karine Tuil, 2014, 492 p.

11 septembre 2015

Au fond du labo à gauche

Dans ce recueil de courtes chroniques, Édouard Launet nous présente les recherches scientifiques les plus farfelues répertoriées dans les magazines spécialisés.  Les manchots (les oiseaux, pas les amputés) tombent-ils vraiment à la renverse lorsqu'un avion les survole?  Peut-on entraîner un pigeon à distinguer un Monet d'un Picasso? (Réponse: oui!)  Si la tartine échappée tombe toujours du côté beurré, est-ce vraiment à cause de la Loi de Murphy?  C'est dur à croire, mais il y a réellement des savants qui sont payés pour étudier ces questions, et bien d'autres toutes plus saugrenues les unes que les autres.

Parfait pour lire dans les transports en commun, en file au cinéma ou dans une salle d'attente... À condition que cela ne vous dérange pas d'éclater de rire en public!


Au fond du labo à gauche d'Édouard Launet, 2006, 192 p.

09 septembre 2015

Le Soleil de Breda

(Les Aventures du capitaine Alatriste, tome 3)


C'est un vrai plaisir de retrouver ce cher Alatriste, toujours aussi imperturbable, avec ses silences, ses yeux clairs et son code d'honneur.  Et son jeune valet Inigo, loyal et drôle, le narrateur.  Et surtout la plume élégante et spirituelle d'Arturo Pérez-Reverte (APR pour les intimes). 

Je dois toutefois avouer que j'ai un peu moins aimé cet opus que les deux précédents (billets ici et ici), tout simplement parce qu'au lieu d'une intrigue de cape et d'épée, on est plutôt dans le roman de guerre.  L'histoire se déroule durant le siège de Breda, en Flandres, pendant la guerre entre l'Espagne et la Hollande.  On est donc dans les tranchées et sur le champs de bataille, et il y a plusieurs scènes violentes.  Je n'ai rien contre ce genre littéraire, j'en lis à l'occasion, mais ce n'est pas nécessairement ce dont j'avais envie à ce moment précis. Et puis le romantisme des deux premiers livres m'a manqué.  

Par contre j'ai été surprise d'apprendre dans la postface que Diego Alatriste et Inigo Balboa sont des personnages historiques!  Inigo aurait d'ailleurs conseillé Vélasquez lorsque celui-ci a peint son célèbre tableau La Reddition de Breda, et Alatriste y aurait même figuré avant d'être effacé, sans doute pour des raisons politiques.

Malgré cette (très légère) déception, je vais quand même continuer la série, c'est sûr et certain!


Le Soleil de Breda (Les Aventures du capitaine Alatriste, tome 3)  d'Arturo Pérez-Reverte, 1999, 290 p.

08 septembre 2015

Le Royaume

Je croyais qu'il s'agissait d'un roman.  Un roman dont l'intrigue se situait au début du christianisme et mettait en scène les apôtres.  Et je ne suis pas la seule à m'être gourée puisqu'à la Bibliothèque de Montréal, dans plus de la moitié des succursales, si j'en juge d'après le catalogue, on a classé ce bouquin dans la section roman.

Dans le prologue, l'auteur nous raconte que pour se documenter sur le sujet de la Foi (et en particulier sur ce qui fait que des gens par ailleurs parfaitement sensés pour la plupart, peuvent croire une histoire aussi abracadabrante que celle de la résurrection du Christ), il a voulu interroger des croyants.  Puis il s'est dit que comme il avait lui-même (brièvement mais avec ferveur) été croyant, il trouverait les réponses à ses questions dans ses propres écrits de l'époque où il lisait et décortiquait chaque jour la Bible.  Et ainsi de suite pendant des pages, pendant en fait un tiers du volume.

Bon, c'est super intéressant, très bien écrit et souvent très drôle, mais le roman, il commence quand?

Hé bien, il n'y en aura pas de roman!  Quand enfin on arrive à la partie qui se déroule en l'an 1 de notre ère, on s'aperçoit que Carrère continue de nous raconter ça sur le ton de la conversation, toujours avec beaucoup d'humour et en faisant de nombreuses comparaisons avec notre temps pour bien tout mettre en perspective: comment vivaient les apôtres, comment on a pu reconstituer tout ça en se basant sur les écrits de l'époque, non seulement les textes religieux mais aussi d'autres sources comme les auteurs romains par exemple. (Elle est vraiment longue cette phrase.  Ça paraît que j'ai lu Proust récemment.  Parlant de Proust, depuis que j'ai lu le premier tome de La Recherche, c'est incroyable le nombre de références proustiennes que j'ai remarquées dans d'autres oeuvres.  Juste dans ce livre, au moins deux ou trois.  Dont une à l'épisode très drôle où les grandes-tantes essaient de remercier un voisin qui leur a fait parvenir une caisse de vin, mais s'y prennent de façon si vague, par crainte de tomber dans la vulgarité, que l'autre n'y comprend rien.  Maintenant,  il faut que je lise Céline, parce que les allusions fréquentes à Voyage au bout de la nuit me passent dix pieds par dessus la tête.  Mais je m'égare.)

Alors, j'ai aimé ou j'ai pas aimé?  J'ai beaucoup, beaucoup aimé, c'est une brique et ça se lit comme rien, mais j'aurais été moins déstabilisée si j'avais su dès le début de quoi il s'agissait.  Je sais, j'ai souvent dit ici que j'adorais commencer un livre dont je ne savais rien,  partir à la découverte, etc, mais il ne faut pas pousser mémère dans les orties.

Un extrait qui donne le ton:

Après avoir quitté Philippes, Paul est allé à Thessalonique, puis de Thessalonique à Bérée, et partout ç'a été le même scénario.  Le jour du sabbat, il prenait la parole à la synagogue, convertissait quelques Grecs judaïsant et soulevait l'hostilité des vrais Juifs qui employaient tous les moyens pour chasser ce concurrent déloyal.  Dans un album de Lucky Luke, on le verrait à chaque fois quitter la ville enduit de goudron et de plumes.

Un autre extrait, où il parle de l'oeuvre de l'historien Ernest Renan (1823-1892) en des mots qui décrivent assez bien sa propre entreprise, en fait:

Mais la Vie de Jésus n'est que la partie émergée de l'iceberg.  Le plus passionnant, ce sont les six volumes suivants de l'Histoire des origines du christianisme, où est raconté en détail cette histoire beaucoup moins connue:  comment une petite secte juive, fondée par des pêcheurs illettrés, soudée par une croyance saugrenue sur laquelle aucune personne raisonnable n'aurait misé un sesterce, a en moins de trois siècles dévoré de l'intérieur l'Empire romain et, contre toute vraisemblance, perduré jusqu'à nos jours.

Je précise que je l'ai lu d'un point de vue athée; si vous l'avez lu et êtes vous-même chrétien, je serais très intéressée de connaître votre avis, car j'hésite à le recommander à des croyants: seront-ils choqués?


Le Royaume d'Emmanuel Carrère, 2014, 630 p.

01 septembre 2015

Québec-o-trésors... en prolongation!

Étant donné le «déménagement» de l'événement annuel organisée par les merveilleuses Karine et Yueyin, j'ai nommé le très populaire Québec en septembre qui devient cette année Québec en novembre, nous avons pensé qu'il serait à-propos de prolonger notre défi Québec-o-trésors jusque-là.  Nous croyons en effet que bien des participants (incluant votre humble servante) ont prévu faire coïncider l'un avec la fin de l'autre!

Alors c'est officiel:  Québec-o-trésors, ça dure jusqu'au 30 novembre 2015!

Vous voulez voir quels livres ont été lus jusqu'à maintenant?  Mon billet récapitulatif est ici

La liste des trésors à lire est ici! (On retrouve ces liens en tout temps dans la colonne de droite.)

Vous ne vous souvenez plus exactement où vous en êtes?  La liste chez Karine est classée par nom de participants!

Encore trois mois pour réussir le défi, c'est jouable, même pour ceux qui n'ont pas encore commencé!



31 août 2015

The City of Words (La Cité des mots) -- Abandon!

Oui, j'abandonne à moitié chemin!  Pas que ce soit inintéressant, au contraire, mais force m'est de constater que Manguel dans le texte est au-delà de mes capacités linguistiques.  Alors que ses livres traduits ont été de purs délices (en particulier Une Histoire de la lecture), celui-ci me fait l'effet d'une corvée, et pendant que j'essaye de me concentrer dessus, surtout lors des (nombreux) passages plus théoriques, je ne pense en réalité qu'à retourner à l'autre bouquin que je lis en parallèle.  Ce n'est pas lui rendre justice, je l'emprunterai plutôt un jour en version française.

À bientôt, Alberto!


The City of Words d'Alberto Manguel, 2007, 166 p.  Titre de la traduction française: La Cité des mots.

28 août 2015

The Geographer's Library (La Bibliothèque du géographe)

Un peu déçue qu'il n'y soit pas plus question de la bibliothèque du titre...  Elle n'est en fait que le point de départ d'une chasse aux trésors qui nous transporte de la Sicile médiévale au Moscou des années quatre-vingts, en passant par l'Estonie, le Yakutsk et d'autres contrées tout aussi exotiques.  Tout ça alors qu'un jeune journaliste un peu branleur d'une petite ville du Connecticut tente de résoudre le meurtre d'un étrange professeur d'Histoire...

Un roman à la Dan Brown, mais en mieux écrit!  Humour, érudition, suspense, voire un brin d'ésotérisme, tout y est, et on ne s'ennuie pas deux secondes! 


The Geographer's Library de Jon Fasman, 2005, 374 p. Titre de la traduction française: La Bibliothèque du géographe. 

18 août 2015

Les Âmes grises

Un peu polar, puisqu'il y a un meurtre et un policier qui mène l'enquête, un peu roman historique vu que ça se déroule durant la Première Guerre mondiale, un peu roman noir vu le climat très glauque qui s'est installé dans ce village situé à quelques kilomètres des tranchées mais dont la plupart des habitants ont échappé à la conscription parce qu'ils travaillent à l'Usine, jugée essentielle pour l'armée.  Beaucoup une critique sociale, aussi, dénonçant l'impunité des puissants, notables ou officiers. 

Inclassable, donc, et pas gai, mais formidable et jamais lourd!  Comme dans Le Rapport de Brodeck, Philippe Claudel est un fin observateur de l'âme humaine, une âme qui n'est ni noire ni blanche mais bien grise, et compliquée.


Les Âmes grises de Philippe Claudel, 2003, 284 p.

15 août 2015

Chercher le vent

Un roman de route...Le début est presque pénible. Un peu comme un Poulin, en moins sympathique, avec plus d'alcool et de cigarettes, et pas de chat.  À part que le premier chapitre m'a rappelé de beaux souvenir puisqu'il se déroule à La Minerve dans les Laurentides, au bord du lac Équerre où ma marraine et mon parrain avaient un chalet.

Le personnage principal (qui s'appelle d'ailleurs Jack comme l'alter ego de Poulin, je suppose que ce n'est pas un hasard...) est un gars dans la trentaine qui tente de se couper de tout sentiment et de tout contact humain à la suite d'un drame et d'une rupture.  Son beau-frère,  au contraire, est maniaco-dépressif et ressent tout à l'extrême.  Le mélange est explosif et les deux n'arrêtent pas de s'engueuler, ce qui devient lassant. 

Il y a quand même de jolies trouvailles et le tout s'améliore indéniablement dans la deuxième partie, qui se passe en Louisiane.  Le narrateur fait des rencontres et vit des évènements qui l'aideront à retrouver son humanité, ce qui rend la lecture nettement plus agréable.

Je garderai donc un souvenir positif de ce roman qui n'est cependant pas le gros coup de coeur que les critiques élogieuses m'avaient fait espérer.


Chercher le vent de Guillaume Vigneault, 2001, 267 p.



13 août 2015

Into Thin Air (Tragédie à l'Everest)

Quel récit palpitant!  Dans une entreprise qui tient autant de la catharsis que du journalisme, Jon Krakauer nous fait le compte rendu de son escalade de l'Everest, expédition qui se termina tragiquement.  Après avoir interviewé la plupart des survivants et d'autres protagonistes, il reconstitue le fil des évènements qui menèrent au drame:  malchances, erreurs de jugement dues à l'hypoxémie (manque d'oxygène dans le sang, qui affecte notamment le fonctionnement du cerveau), à l'entêtement, à l'orgueil ou à d'autres facteurs,  conditions météorologiques. 

Le style d'écriture est journalistique mais laisse tout de même passer toute une gamme d'émotions, de l'émerveillement au désespoir en passant par le sentiment de culpabilité, et même une pointe d'humour à l'occasion.  Le livre est aussi très instructif.  On apprend plein de choses sur l'alpinisme et le Népal.  Ainsi, le mot «sherpa» désigne non pas un métier comme je le croyais, celui de guide, mais bien un groupe ethnique.  Aussi, une montée de cette envergure dure plusieurs semaines car les alpinistes font plusieurs allers-retours entre des camps établis à différentes altitudes pour s'acclimater, avant de se lancer finalement vers le sommet.

En fait, je me suis aperçu que mes connaissances sur l'Himalaya n'allaient pas beaucoup plus loin que ce qu'on apprend en lisant  Tintin au Tibet...

Je suis juste un peu inquiète au sujet de la qualité de la traduction française: Tragédie à l'Everest, ça sonne bizarrement, non?  Tragédie SUR l'Everest, plutôt?  Et je n'ai pas de compliment à faire au concepteur de la couverture ci-dessus.  Les deux grosses barres horizontales éclipsent complètement la magnifique photo de l'Everest tout en camaïeu de gris, prise par l'auteur lui-même.

Un livre tout à fait fascinant, qui vous sortira du train-train quotidien!


Into Thin Air de Jon Krakauer, 1997, 333 p.  Titre de la traduction française: Tragédie à l'Everest.


05 août 2015

Ru

Kim Thuy nous raconte ici son enfance au Vietnam, sa fuite sur un navire de boat people et son arrivée au Québec à l'âge de dix ans. Son récit est présenté par bribes de quelques phrases à quelques pages, de façon désordonnée, un souvenir en amenant un autre.  On fait des allers-retours entre l'enfance et l'âge adulte, entre le Vietnam en guerre, le Québec et de nouveau le Vietnam des années plus tard.  Cette construction a les défauts de ses qualités, comme on dit: c'est tout léger, cela se lit avec grand plaisir, mais je suis un peu restée sur ma faim, j'aurais bien apprécié quelque chose de plus étoffé.  J'en garderai toutefois un excellent souvenir et je relirai certainement cette écrivaine à la plume magnifique, d'une grande force évocatrice.

J'ai particulièrement aimé qu'elle compare les difficultés qu'elle a eues en arrivant au Québec sans connaître la langue ni la culture aux problèmes de son fils qui est autiste:

«Les orienteurs me convoquaient dans leur bureau chaque année parce qu'il y avait un écart flagrant entre mes notes scolaires et les résultats de mes tests de quotient intellectuel, qui frisaient la déficience.  Comment pouvais-je ne pas trouver l'intrus dans la série «seringue, scalpel, crâne, bistouri» alors que je pouvais réciter par coeur le texte sur Jacques Cartier?  Je ne maîtrisais que ce qui m'avait été spécifiquement enseigné, transmis, offert.  C'est pourquoi je comprenais le mot «chirurgien» sans connaître le mot «chéri» ou «salon de bronzage» ou «équitation».  Je savais comment chanter l'hymne national mais pas La Danse des canards ni le refrain des anniversaires.  J'accumulais les connaissances au hasard, comme mon fils Henri, qui peut prononcer le mot «poire» mais pas «maman», puisque nos parcours d'apprentissage sont atypiques, parsemés de détours et d'embûches, sans gradation ni logique.» 


Ru de Kim Thuy, 2009, 144 p.



03 août 2015

A Room with a View (Avec vue sur l'Arno)

Toujours aussi délicieux, ce cher Forster!  Sur un mode plus léger que dans A Passage to India et Howards End, il aborde un de ses thèmes de prédilection, le choc des valeurs dans le monde changeant du début de XXe siècle.  Avec beaucoup d'humour, il nous présente des personnages qui se débattent pour concilier leurs passions et les codes stricts hérités de l'ère victorienne, des codes si rigides qu'ils en deviennent absurdes.

Je me souvenais vaguement du film et j'ai été surprise de constater que la partie qui se passe en Italie est très courte; le reste du roman se déroule dans la campagne anglaise.

Ah cette chère cousine Charlotte, je l'adore et j'aurais aimé qu'elle ait un plus grand rôle! Et ce Cecil, qu'il est détestable! 


A Room with a View de E.M. Forster, 1908, 256 p. incluant l'introduction et les notes.  Titre de la traduction française: Avec vue sur l'Arno.

26 juillet 2015

Les Cendres d'Angela (Angela's Ashes)

Sachant que ce roman avait fait l'objet d'un film, je pensais qu'il s'agissait de l'histoire d'un père alcoolique irlandais qui tente de regagner la garde de ses enfants après la mort de sa femme.  Mais non, si cela se déroule bien en Irlande et si le père est bien alcoolique, la mère est vivante et ce n'est pas ce film-là que j'ai vu.  (Vérification faite, il s'agit plutôt d'Evelyn, avec Pierce Brosnan.)  Je m'attendais donc à quelque chose d'assez dramatique, alors qu'avec des sujets aussi terribles que la misère, la maladie, l'injustice et même la mort, Frank McCourt est arrivé à me faire pouffer de rire à plusieurs reprises, même si j'ai eu aussi la gorge nouée de nombreuses fois.  Né aux États-Unis, il a passé son enfance en Irlande et c'est ce qu'il nous raconte dans ce récit. 

Il a su garder ses yeux et sa voix d'enfant puis d'adolescent, et certaines de ses réflexions sur le monde absurde des adultes sont tout à fait impayables.  Son humour m'a assez fait penser à celui de Roddy Doyle dans The Woman Who Walked into Doors.  Peut-être cette faculté de rire de sujets sordides est-elle typiquement irlandaise?

La traduction est assez bonne, en tenant compte du fait qu'il est toujours difficile de traduire un langage populaire sans tomber dans l'argot trop typiquement parisien.  Le traducteur Daniel Bismuth s'en est plutôt bien tiré, à quelques petites exceptions près.


Les Cendres d'Angela de Frank McCourt, traduit de l'anglais, 1997, 432 p.  Titre original: Angela's Ashes.

18 juillet 2015

Fall of Giants (La Chute des géants)

J'ai tellement aimé Pillars of the Earth et sa suite World Without End que je savais bien qu'éventuellement je lirais la nouvelle trilogie de Ken Follett.  Toutefois le volume de la chose et le nombre de séries que j'ai commencées et pas encore terminées me faisaient hésiter. Puis j'ai reçu le premier tome à ma fête et il a rejoint ma PAL.  Puis j'ai attrapé la fin de la rediffusion de l'entrevue de l'écrivain britannique à l'émission télévisée 24/60.  J'ai eu la piqûre, et le livre s'est magiquement retrouvé tout en haut de la pile!

J'ai été particulièrement frappée par la définition qu'il a donnée de son style d'écriture, le comparant à une fenêtre: on regarde ce qui se passe dehors, pas la fenêtre elle-même.  C'est-à-dire que son style est si fluide qu'il en est transparent.  On ne cesse pas de lire pour l'admirer, on est tout simplement happé par l'histoire racontée.  Venant de terminer le premier tome d'À la recherche du temps perdu de Proust, et sans rien enlever à ce dernier que j'ai d'ailleurs adoré, je dois dire que j'ai trouvé cette lecture bien reposante!  On pourrait dire que Follett et Proust sont aux extrémités opposées du spectre littéraire.  Chez Proust, on s'arrête constamment de regarder par la fenêtre pour s'extasier devant les rideaux...

La force de Follett, c'est avant tout sa capacité de créer des personnages si attachants qu'on a l'impression de les connaître personnellement.  Mais il est aussi maître dans l'art d'intégrer la trame historique à son intrigue si parfaitement qu'on ne s'aperçoit pas qu'on est en train de lire une leçon d'Histoire de neuf cents pages.  On voyage avec plaisir et trépidations du fond d'une mine galloise à la Sibérie, en passant par le palace d'un lord anglais, par les bureaux de la Maison-Blanche et par les bas-fonds de St-Petersbourg, et on en redemande.  Ça tombe bien, il reste deux autres tomes.


Fall of Giants (trilogie The Century, livre 1) de Ken Follett, 2010, 922 p.  Titre de la traduction française:  La Chute des géants (trilogie Le Siècle, livre 1).

03 juillet 2015

Du côté de chez Swann

«Le meilleur roman jamais écrit, toutes cultures confondues» a décrété Denys Arcand à l'émission télévisée du Canal Savoir La Bibliothèque de...  C'est plutôt présomptueux et je n'irais pas jusque là, mais tout de même, son commentaire a éveillé chez moi un certain intérêt pour cette oeuvre immense et qui fait un peu peur.  Ce sont les billets de Karine et de Yueyin en 2014 qui m'ont donné le petit coup de pied au derrière nécessaire.  J'en ai même fait ma résolution du Nouvel An: en 2015, j'allais me lancer dans cette série!

Alors non seulement on est le 3 juillet et je peux affirmer pour une fois avoir accompli ma résolution annuelle, mais en plus j'ai vraiment adoré ce premier tome!  Alors double merci à Denys Arcand, Karine et Yueyin!

Ce premier tome se divise en trois parties.  Dans la première, le narrateur (qui est peut-être Proust lui-même, ou pas) raconte des souvenirs d'enfance reliés au village où il passait tous ses étés, Combray.  La deuxième est narrée à la troisième personne, du point de vue de Swann, un ami de la famille, (bien que le narrateur y fasse quelques incursions) et peut se lire comme un roman séparé, Un Amour de Swann, que d'ailleurs j'avais déjà lu sans en avoir gardé d'impressions marquantes (j'étais peut-être trop jeune ou c'est meilleur en faisant partie d'un tout?) et qui se déroule dans les milieux mondains parisiens.  Dans la troisième partie, très courte, on revient au narrateur et il est surtout question de voyages et de son amour d'adolescent pour la fille de Swann.

C'est sûr qu'en lisant cette oeuvre, il ne faut pas être pressé.  Les phrases sont très longues (j'ai dû souvent les relire car arrivé au bout on ne sait plus quel est le sujet du verbe!) et surtout il ne se passe pas grand-chose!  Amateurs de sensations fortes s'abstenir.  Tout est dans l'ambiance fin de siècle, dans la formidable force évocatrice des mots, dans la psychologie des personnages.  J'ai particulièrement apprécié les personnages secondaires comme les Verdurin et leurs commérages, le docteur Cottard et ses jeux de mots déplacés, et surtout la grande-tante Léonie dont la seule occupation est de surveiller par la fenêtre de sa chambre les activités de ses voisins, au point d'envoyer sa bonne enquêter dans tout le village pour savoir si Mme Unetelle est bel et bien arrivée en retard à la messe!

Et puis comme toujours lorsque je lis des auteurs français du XIXe ou du début du XXe siècle, cette langue admirable me donne le goût de mieux parler.  J'ai noté le «Je suis sans lumière à ce sujet» de la princesse des Laumes et j'ai bien l'intention de l'utiliser à la première occasion au lieu de notre horrible «ché pas» québécois.


Du côté de chez Swann (À la recherche du temps perdu, tome 1) de Marcel Proust, 1913, 503 p.

23 juin 2015

Texts from Jane Eyre (semi-abandon)

Petite leçon d'humilité!  Je croyais m'y connaître assez bien en littérature anglo... Pas assez pour apprécier ce petit bouquin à sa juste valeur, semble-t-il!

L'idée est vraiment originale.  Mallory Ortberg a imaginé les textos qu'auraient envoyés différents personnages de la littérature si cette technologie leur avait été accessible.  J'ai bien ri aux textos de Scarlett O'hara, Jane Eyre, Miss Havisham de Dickens, Ulysse et Circé...  Mais dans de nombreux cas, soit je n'étais pas assez familière avec l'oeuvre en question (je ne connais que les grandes lignes de Moby Dick, ce n'est pas suffisant, on dirait) soit il y avait trop longtemps que je l'avais lue (mon Roi Lear est un peu rouillé), soit le personnage ou l'auteur m'étaient complétement inconnus (qui est J. Alfred Prufrock, pour l'amour?)!   J'ai donc sauté de nombreux chapitres, en ai survolé d'autres; c'est pourquoi je considère cela comme un semi-abandon, et je ne conseille ce livre qu'à ceux qui s'y connaissent vraiment!


Texts from Jane Eyre de Mallory Ortberg, 2014, 226 p.  Pas encore traduit.

16 juin 2015

The Philosopher and the Wolf (Le Philosophe et le loup)

Je ne sais plus sur quel blogue j'ai lu une critique de ce livre (peut-être durant le Projet non-fiction de Flo? Impossible de vérifier, je ne suis plus capable d'accéder à son blogue); c'est dommage car j'aurais bien aimé remercier la blogueuse en question!  Sans elle, je n'aurais sans doute jamais entendu parler de ce bouquin car il semble peu connu dans la blogosphère francophone.

Mark Rowlands est un professeur de philosophie anglais qui a adopté un louveteau alors qu'il commençait sa carrière dans une université américaine.  S'ensuivra une histoire d'amour qui durera quinze ans et changera complètement sa vie. Il nous raconte non seulement cette relation, mais surtout toutes les réflexions que celle-ci a engendrées sur des sujets aussi divers que la mort, la religion, la liberté, la civilisation, le Mal et bien d'autres.  S'il paraît parfois un peu arrogant, on ne peut lui en vouloir car il fait également preuve d'auto-dérision et surtout on sent la profondeur de son amour pour son «frère-loup», Brenin.  De plus, il est un excellent vulgarisateur; il cause Heidegger et Nietzsche sans que notre cerveau n'explose.  Le niveau de langage est juste assez relevé pour qu'on se sente intelligent en le lisant.


The Philosopher and the Wolf de Mark Rowlands, 2008, 244 p.  titre de la traduction française: Le Philosophe et le loup.

06 juin 2015

Wizard and Glass (Magie et cristal)

Tome 4 de la série The Dark Tower (La Tour sombre)

***Divulgâcheur ci-dessous!***

Je ne répéterai pas tout le bien que je pense de cette série...  Vous pouvez lire mes billets sur les trois premiers tomes ici, ici et .  Sachez seulement que la saveur western est encore plus prononcée que dans les précédents: un shérif et ses députés, un saloon et son pianiste, des chevauchées, des fusillades, tout y est! Mais le fantastique est encore présent (notamment une scène assez cauchemardesque à la fin), de même que quelques clins d'oeil à Tolkien (la boule de cristal qui tient à la fois des palantiri et de l'Anneau).

Dans la postface, King annonce qu'il introduira des éléments de Salem's Lot dans les prochains tomes, alors je me demande si je devrais lire ce dernier avant de continuer.  Dans celui-ci il y a des références importantes à The Stand (Le Fléau) et j'étais bien contente de les comprendre.  Quelqu'un peut me conseiller là-dessus?


Wizard and Glass (The Dark Tower 4) de Stephen King, 1997, 672 p.  Titre de la traduction française: Magie et cristal (La Tour sombre 4)

01 juin 2015

Le Liseur

********Attention, spoilers (ou «divulgâcheurs» comme le recommande l'Office québécois de la langue française.  Je trouve ça très mignon, je vais l'utiliser dorénavant; tenez-vous le pour dit!)************

Ce qui commence comme un roman d'apprentissage classique, l'histoire d'amour entre un adolescent et une femme dans la trentaine, se change bien vite en autre chose...  J'aurais bien aimé ne pas savoir en quoi, la surprise aurait été formidable! Mais j'avais vu la bande-annonce du film, je savais donc que la femme serait accusée d'être une nazie. Je n'étais pas sûre d'avoir envie de lire un énième livre sur l'Holocauste -- pas que le sujet soit épuisé, comprenons-nous, je n'étais juste pas certaine d'en avoir le goût en ce moment...  Finalement, comme c'était notre sélection du Blogoclub, j'ai joué le jeu, et j'ai vraiment beaucoup apprécié.  Le point de vue, celui d'un jeune homme de la première génération d'après-guerre allemande, m'a semblé très original et donne lieu à d'intéressants questionnements sur la culpabilité, la responsabilité, la honte.  Le thème de la lecture aurait pu être encore plus développé, vu le titre, mais la fin est très émouvante.


Pour voir les commentaires des autres particpants du club, c'est chez Sylire et Lisa!


Le Liseur de Bernhard Schlink, 1996, 201 p.

07 mai 2015

Brida (abandon)

Les lectures communes et autres clubs de lecture sont souvent l'occasion de faire de chouettes découvertes, des livres que l'on n'aurait pas choisis spontanément.  C'est pourquoi je me prête volontiers au jeu, même lorsque les oeuvres sélectionnées sont a priori en dehors de ma zone de confort, comme c'est le cas pour le titre élu ce trimestre pour la lecture commune du Forum du Guide de la bonne lecture, Brida de Paulo Coelho.

Malheureusement, je ne me suis pas rendue très loin...

Je pensais qu'il s'agirait d'une sorte de fable ou de conte initiatique. Mais Coelho nous dit dès l'introduction que c'est l'histoire d'une femme qu'il connaît!  Autant en fiction j'aime le fantastique, autant dans la «vraie vie» les machins ésotériques me laissent complètement sceptique, voire m'irritent si j'ai l'impression qu'on tente de berner les gens.   Dès la première phrase, «Dans Le Pèlerin de Compostelle , j'ai remplacé deux des Pratiques de RAM par des exercices de perception, appris à l'époque où je faisais du théâtre»,  je me sens exclue et j'ai un mauvais pressentiment.  Première prise!*

Je persévère mais le style d'écriture n'est pas du tout dans mes goûts.  Tout est appuyé, les émotions et motivations de l'héroïne sont soulignées à gros traits, rien n'est laissé à l'imagination ou à la perspicacité du lecteur et il y a beaucoup de répétitions.  Beaucoup de majuscules, aussi: la Tradition, les Dons, la Magie, l'Autre Partie...  Deuxième prise!

«Les gens qui ont le Don à la naissance ont les lobes des oreilles petits et collés à la tête.»  Ai-je besoin d'en dire plus?  Après avoir levé les yeux au plafond, j'aperçois près de ma table de chevet un Stephen King des plus alléchants... Troisième prise, retiré!


*Pour mes lecteurs européens: terme relié au baseball. Après trois prises (essais de frapper la balle), le frappeur laisse sa place au suivant.


Brida de Paulo Coelho, 2010, 297 p.

27 avril 2015

Le Déchronologue

Un roman de SF qui se déroule au XVIIe siècle dans les Caraïbes, déjà, c'est pas banal. La construction du Déchronologue de Stéphane Beauverger n'est pas banale non plus, puisque les chapitres ne sont pas en ordre chronologique.  Au début cela m'a quelque peu désarçonnée, voire agacée, car je trouvais cela un peu gratuit, jusqu'à ce que je comprenne que l'auteur voulait en fait représenter les bouleversements temporels que l'équipage du Déchronologue et son capitaine Henri Villon doivent affronter.  Si au départ l'apparition d'objets étonnants (boîtes de conserve, médicament, appareils de radio, etc) est pour la population locale une source d'émerveillement et provoque un troc intensif, elle annonce de graves dangers, auxquels notre héros devra faire face au péril de sa vie... et de sa sanité!  Tout cela sur fond de flibuste, de manigances politiques et de guérilla autochtone, décrites avec intelligence et d'une fort belle plume .

Si vous aimez à la fois les romans historiques et la Science-fiction, n'hésitez pas!


Le Déchronologue de Stéphane Beauverger, 2009, 558 p.

13 avril 2015

La Vie mode d'emploi

Quelle étrange expérience que la lecture de ce roman! Je devrais plutôt écrire romans, au pluriel, comme on le fait en page couverture, car il y a en fait plusieurs intrigues entremêlées, et le travail qui est donné au lecteur, c'est de s'y retrouver.  Il s'agit d'un véritable casse-tête formé du portrait de chacun des habitants d'un immeuble parisien, mais un casse-tête en quatre dimensions puisque celle du temps entre en jeu.  En effet, le passé des locataires est abordé, mais en plus on évoque tous ceux qui ont habité la bâtisse depuis sa construction au siècle précédent.   Et comme dans un puzzle, le tableau accroché au mur dans le coin gauche et le bocal de poissons rouges sur le guéridon sont tout aussi importants que la jeune fille lisant une lettre à l'avant-plan! Cela est donc le prétexte à de multiples descriptions, listes, énumérations en tous genres.

Heureusement, pour nous aider à démêler les fils, il y a un index détaillé, une chronologie et surtout un plan du bâtiment. J'avais bien tenté de m'en faire un moi-même au fur et à mesure, mais après quelques chapitres c'était la confusion totale. Bon, il faut dire que j'avais oublié qu'en Europe le rez-de-chaussée et le premier sont deux étages distincts...

Une lecture très amusante, des passages rappelant le polar, le récit de voyage, le roman d'aventures, des énigmes et plein de surprises!  À réserver cependant pour un moment où l'on n'est pas trop fatigué car ça demande un peu de concentration et de suite dans les idées!


La Vie mode d'emploi de Georges Perec, 1978, 641 p. incluant les annexes.

14 mars 2015

Meurtre à l'hôtel Despréaux

J'aime beaucoup la plume de Maryse Rouy (voir par exemple mes billets sur sa série Une Jeune Femme en guerre), mais j'avoue avoir toujours eu un faible pour ses romans médiévaux, a fortiori les polars (Les Bourgeois de Minerve, Au nom de Compostelle).  J'étais donc enchantée de constater qu'elle était retournée à ce genre littéraire.

Et je n'ai pas été déçue!  La présentation, d'abord, est fort réussie, avec cette couverture à la fois sobre et élégante, à la texture de parchemin.  On retrouve ensuite le souci des détails, la recherche minutieuse et les personnages attachants auxquels l'auteure nous a habitués.  L'intrigue se déroule dans le Paris du XIVe siècle, alternativement dans le milieu de la bourgeoisie naissante et dans un monastère de la région, et vraiment, on s'y croirait!  D'aucuns trouveront peut-être le rythme du récit un peu lent mais cela ne m'a pas déplu car cela nous permet d'apprécier l'ambiance et la reconstitution historique rigoureuse.

La seule petite chose qui m'a agacée (et je pense que le commentaire s'adresse surtout à l'éditeur), c'est que la lecture est constamment  interrompue par des astérisques qui renvoient au glossaire situé à la fin du volume.  Ce glossaire est en soi une bonne idée (tout le monde n'est pas familier avec les termes reliés à la vie monastique, à la cuisine ou à l'habillement médiévaux); c'est contre les astérisques que j'en ai, qui nous forcent constamment à nous arrêter pour décider si oui ou non l'on a besoin d'aller vérifier la signification exacte du mot.  De plus, certains items sont des explications plus que des définitions et auraient eu leur place en bas de page.  Heureusement, ces interruptions se font de plus en plus rare à mesure qu'on avance dans le roman.

La bonne nouvelle, c'est que le tome 2 de cette série vient de paraître. J'ai déjà hâte de retrouver Gervais et son entourage!


Le billet de Venise.


Meurtre à l'hôtel Despréaux (Les Chroniques de Gervais d'Anceny, tome 1) de Maryse Rouy, 2014, 282 p. 

27 février 2015

Nikolski

J'aime beaucoup la plume de Nicolas Dickner (voir mes billets précédents ici et ici) et c'est avec joie que je l'ai retrouvée. Même son petit côté pédant m'amuse et me réjouit! Qui d'autre que lui peut s'en tirer avec des expressions comme «un regard de sélacien»? 

Dans ce roman, on suit les péripéties vécues par trois jeunes gens qui habitent le même quartier de Montréal, celui du marché Jean-Talon (que je connais bien, ce qui ajoute au plaisir!) dont les destins s'entrecroisent sans vraiment se rencontrer et sont marqués par des thèmes aussi divers que ceux de l'archéologie, des poissons et monstres marins, des cartes routières et guides de voyage, des pirates (informatiques ou pas)...  Sans oublier les livres, de Bob Morane à Moby Dick en passant par un mystérieux bouquin sans couverture.

Seul bémol, j'ai ressenti au milieu du livre une certaine lassitude, un certain flottement.  Les personnages constamment maussades me tombaient un peu sur les nerfs et je ne voyais pas trop où Dickner voulait nous mener.  Heureusement, cela n'a duré qu'une cinquantaine de page (et non quatre cents comme dans The Goldfinch de Donna Tartt!) et je garderai finalement un bon souvenir de ce bouquin, même s'il n'est pas mon préféré de l'auteur. 


Nikolski de Nicolas Dickner, 2005, 323 p.

http://jai-lu.blogspot.ca/2014/11/quebec-o-tresors-le-billet-recapitulatif.html